Le Bipolaire inaugure la semaine du témoignage des bipotes et c’est Sandrine qui est la première à témoigner . On reconnaît bien une vie en dents de scie, mais on retrouve aussi une personne bipolaire avec une envie réelle de s’en sortir et avec beaucoup de recul sur sa maladie, la bipolarité . Découvrez sa réaction suite à son diagnostic, comment ont réagit ses proches, comment elle gère sa maladie au quotidien, quel impact ses troubles bipolaires ont eu sur sa vie professionnelle et ses finances ainsi que comment elle aborde l’avenir …

 

Bipolaire mais optimiste pour une vie meilleure …

Témoignage d’une bipolaire de bientôt 46 ans, diagnostiquée il y a seulement 18 mois à la suite d’une TS (tentative de suicide).

 

Mon diagnostic

Après une vie faite de (très) hauts et de (très) bas, une TS m’a amené aux urgences psys, où le hasard m’a fait rencontrer la chef de service du centre expert bipolaire. Et là, en quelques questions, elle a mis le doigt là où ça faisait mal depuis des années… Enfin, j’ai compris ma vie faite de ruptures : sociales, amicales, amoureuses, professionnelles. Ce diagnostic a été un réel soulagement, j’ai versé des larmes de reconnaissance, de re-naissance car enfin je comprenais qui j’étais. Enfin je comprenais mon hyper émotivité, mes phases d’exaltation où la vie me semblait si belle et si facile, comme mes phases de détresse intense où je n’avais qu’une envie : en finir. Enfin quelqu’un était capable de mettre des mots sur mon mal de vivre, sur mon mal à vivre. Enfin…

 

Ma famille et mes amis

Tout mon entourage n’a pas suivi. Certains m’ont lâchée à l’annonce du diagnostic, la peur de la maladie mentale sans doute. Je n’étais plus la copine rigolote qui fait la folle dans les soirées, mais la « dingotte » qui avait voulu mettre fin à sa vie… Ma meilleure amie est toujours là, tout comme ma cousine et mes frères. Mon compagnon a repris la route, lassé sans doute de mon instabilité. Les traitements, les hospitalisations, les interrogations, tout le monde n’est pas capable de suivre le rythme… et surtout, je pense que ma folie nommée fait écho à leur folie cachée, redoutée, elle vient réveiller en eux des démons qu’ils préfèrent ignorer…

 

La gestion de ma maladie

Mon quotidien n’est plus le même qu’avant. Il y a le traitement bien sûr, sans lequel je ne tiendrais pas la route: Depakote, Abilify, Xanax. Et puis la psychothérapie cognitivo-comportementaliste, avec une psy formidable, présente, à l’écoute, qui sait aussi me poser les bonnes questions pour me faire avancer. Et il y a aussi la méditation en pleine conscience, grâce à laquelle j’ai appris à vivre l’instant présent, à me délester d’une partie de mes angoisses liées à une anticipation de l’avenir. Et le TaïChi, qui m’apporte force et équilibre. Et ma chienne, ma toute douce, toujours présente dans les moments de folie comme dans les crises de larmes, qui m’équilibre et me renforce chaque jour davantage. Et enfin, le sommeil et une alimentation équilibrée; bases d’une vie saine sans lesquelles je risque à chaque instant de basculer du côté obscur…

 

Ma vie professionnelle et mes finances

Travailler reste difficile: la fatigue liée au traitement, un métier en lui-même usant… Alors je change d’emploi régulièrement, je vogue de CDD en CDD, ma façon à moi de pouvoir continuer à exercer… Un budget de fait fortement impacté, alors j’ai appris à vivre avec peu, à limiter mes dépenses même en phase hypomaniaque .

Je vis à minima, merci le trouble bipolaire grâce auquel je suis devenue éco-responsable!

 

Ma vision de l’avenir

Face à tout cela, non seulement je reste très optimiste, mais je suis également plutôt heureuse de ce diagnostic : je vis plus fort, plus intensément que la moyenne, j’apprends chaque jour un peu plus sur qui je suis et qui je veux devenir, je travaille sur moi et avance sans cesse… Alors oui, chaque peine est une immense souffrance, chaque deuil est un déchirement absolu, chaque séparation est une violence… mais chaque joie est un bonheur sans nom et chaque sourire me renverse le cœur! Alors je ne regrette pas d’être malade, malgré les périodes douloureuses et invalidantes: grâce au trouble bipolaire, j’apprends chaque jour à vivre mieux et plus intensément.

Sandrine

Bipolarité et joie
Bipolaire et heureuse ?
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  • Bravo pour ce témoignage. Il me redonne espoir alors qu’il est si fragile depuis le diagnostic de ma bipolarité depuis deux ans.
    J’ai compris que le sommeil était très important, que je n’ai pas un stade élevé de la maladie(d’après ce que je lis sur le site de l association)même si ma vie est polluée.
    En fait, je ne comprends pas tout. Ca fait beaucoup d’infos
    Amicalement