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Lorsqu'un bipolaire et une dépressive tombent amoureux

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metalheart
(@metalheart)
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Début du sujet  

Bonjour à tous,

Cela fait plusieurs mois que je cherche sur internet un forum, un lieu où je me sentirais en confiance pour témoigner de mon histoire. Je ne trouve jamais le bon endroit, et finalement aujourd'hui j'ai envie de vous en parler ici.

Je suis désolée si je me trompe d'endroit pour poster ce message.

Pour vous faire un bref résumé, lorsque j'avais 14 ans, j'ai eu un coup de foudre pour un garçon qui jouait de la guitare électrique sur une scène pendant la fête de la musique. Mais le vrai coup de foudre. Je ne l'ai pas revu, je ne savais pas qui il était pendant des mois suivants ce jour, et puis lors de mon inscription au lycée, je me suis retrouvée juste derrière lui, dossiers d'inscriptions en main.

Nous étions en seconde tous les deux, et je suis tombée raide dingue amoureuse de lui. Petit à petit, j'ai réussi à lui parler et à me rapprocher de lui: Nous avons commencé à sortir ensemble. C'était juste trop fort ce qu'on a vécu ensemble. Cela a été compliqué, parce que c'était notre première vraie relation à tous les deux, accompagnées de VRAIS sentiments. C'était aussi l'âge où on ne connaît rien à tout cela, et c'est vrai que nous nous sommes séparés plusieurs fois, nous avons tenté de sortir avec d'autres personnes, et à chaque fois on finissait par se recroiser, et c'était le "coup de foudre" à nouveau à chaque fois: on plaquait tout et on se remettait ensemble. Cela a duré 3 ans.

Il était très spécial, très silencieux, très calme. Il était dans son monde et s'en foutait de ce que les gens pouvaient penser de lui. Pourtant il n'était pas renfermé, absolument TOUT LE MONDE lui parler au lycée, et tout le monde voulait lui parler.

Avec moi, c'était bizarre. Je savais qu'il m'aimait, incroyablement fort, mais il n'arrivait pas à gérer ça. Il n'arrivait pas à me parler ni à m'exprimer ses sentiments, ce qui me rendait dingue car j'arrivais à me mettre en tête qu'il s'en foutait de moi.

Un jour, il m'a avoué qu'il avait été diagnostiqué "à tendance schizophrène" lorsqu'il était petit, mais que tout cela avait disparu lorsque l'on s'était rencontré. Quand il était petit, il voyait tout le temps un chat noir, et personne d'autres ne le voyait.

J'ai compris qu'il y avait bel et bien quelque chose d'anormal pendant notre dernière année au lycée: ce fût l'année de ma première vraie dépression. Nous étions ensemble en début d'année, tout allait plutôt bien. J'ai commencé à me sentir mal, c'était le moment des inscriptions post-bac et je voulais à tout prix faire un métier (celui que j'exerce aujourd'hui) et le conseiller d'orientation m'avait fortement appuyé que je n'y arriverais jamais. Je ne savais donc pas ce que j'allais faire l'année d'après, alors que tous mes amis savaient qu'ils iraient à la fac. Je savais que c'était la fin du lycée aussi, et de ma vie dans ma campagne, et ça me faisait peur. Mon père a fait un début d'AVC, auquel j'ai assisté. Heureusement, il a été sauvé et n'a pas eu de séquelles, mais cela m'a fait réfléchir sur la mort. J'ai en suite commencé à prendre la pilule, et là, prise de poids, changements d'humeur etc. Je me sentais horrible. Et puis l’évènement déclencheur fût le suicide d'un copain du lycée.

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J'ai été complétement bouleversé par cet acte, et je suis partie en dépression. Ce copain était aussi un ami de mon amoureux, et cela l'a fortement déstabilisé.

Un jour sans comprendre, lui qui ne m'envoyait jamais de messages, m'a envoyé un pavé énorme par sms pour m'incendier, me dire que j'étais le diable etc. Je ne me rappelle plus exactement du contenu, tout ce que je sais c'est que j'ai explosé en larmes et je me suis mordu et griffée jusqu'au sang, jusqu'à que ma sœur et ma mère rentre dans ma chambre et m'empêche de me faire du mal.

A partir de là, nous nous sommes séparés. Moi qui ne pleurait jamais, je pleurais tous les matins seules avant d'aller en cours, dès que je rentrais de l'internat et que je rentrais dans la voiture de mes parents, j'explosais en larmes. Plus de contact avec mes parents, humeur "bipolaire" et changeante. Je dormais toute la journée en cours. Bref, une vraie dépression.

Je me suis sortie de tout cela, j'ai quand même passé le concours pour rentrer dans mon école (où soit disant je ne rentrerais jamais à cause de mon cursus littéraire) et j'ai été prise. J'ai déménagé de ma campagne pour aller étudier en ville. J'ai tout quitté, et j'ai tout recommencé.

J'ai eu mon diplôme, et j'ai maintenant le travail de mes rêves. Tout se passait bien jusqu'à l'automne dernier.

J'ai eu à nouveau une baisse de moral, une grosse remise en question, une perte d’intérêt pour tout et un énorme manque de confiance en moi.

Ajouté à cela, fin octobre il me semble, je reçois des messages énormes de mon ex (que je voyais 2/3 fois par an pendant les vacances d'été, avec qui on se souhaitait bon anniversaire par sms, et c'est tout). Son message commençait par "Je pense qu'on ne se reverra plus". J'ai tout de suite paniqué, nous avons beaucoup échangé, il m'a expliqué ce qui n'allait pas. Et puis j'étais rassurée, on se fit la promesse de se voir aux vacances de noël pour en discuter.

Ma sœur vint passer quelques jours chez moi après cela, et j'en discuta avec elle. A ce moment là, j'ai pu enfin avouer que je l'aimais toujours, que son message m'avait fait réfléchir, et que depuis notre rencontre je ne voyais personne d'autre avec qui passer ma vie, et qu'il nous avait juste fallu du temps pour se construire chacun de notre côté, mais que j'étais prête enfin à le retrouver. Je comptais lui avouer tout cela pendant notre entrevue en décembre.

Les vacances de noël arrivèrent, premier jour: une grippe comme je n'en ai jamais eu. De la fièvre pendant 5 jours, et mes projets de redescendre dans mon village natale pour passer quelques jours avec ma famille et voir mon ex tombèrent à l'eau. Je lui envoya un message pour lui dire, il me dit que c'était pas grave et qu'on remettrait cela à janvier.

Début janvier, je vois son nom en suggestion d'ami sur Facebook. Surprise, lui qui déteste les réseaux sociaux, je l'ajoute. Il a 10 amis, et poste des musiques à longueur de journée.

Fin janvier, je bosse la nuit. Je regarde mon fil d'actualité Facebook, et là je vois ses posts: des inepties, mais vraiment. Une écrite qui ne lui ressemble pas du tout. Il poste un message "j'ai cassé ma télé, mon portable, bientôt mon ordinateur. Que quelqu'un vienne me parler sinon je vais vraiment péter un plomb".

Je lui envois un message pour lui demander si ça va, on échange vite fait, il me demande comment moi je vais, je lui expliquer que je passe une nuit merdique au boulot, et je lui renvois un message pour savoir ce qui lui arrive. Il voit mon message, pas de réponse.

Le lendemain, je retourne travailler. Le soir, je rentre chez moi toute guillerette, et je trouve mes 3 colocs assis dans le salon, le regard grave. L'un d'entre eux attend que je m'assois, et je les vois qui me fuient du regard. Ils m'annoncent que mon ex s'est suicidé.

Ce jour là, tout monde est mort avec lui. Je ne peux pas vous expliquer ce que je traverse depuis des mois. Vous ne pourriez pas comprendre, j'ai perdu l'amour de ma vie, la moitié de moi.

Je vis comme une spectatrice depuis janvier, moi qui était connue comme une grande fêtarde, je ne supporte plus de sortir et d'être entourée de monde. J'ai des phases qui durent 2/3 semaines, où je suis au fond du trou.

J'ai eu des crises de folie, j'entends des voix, je sens des présences, je sens des choses.

Je pense au suicide tous les jours. Je pense à le rejoindre. Là où je me fais peur, c'est que je comprends pourquoi il en est arrivé là, je vois les démons qui lui ont fait peur.

Pourtant j'ai une bonne vie, j'ai le métier que j'aime, des amis supers, une famille géniale. Et je ne prends plus de plaisir dans rien. Je crois que je fais cela consciemment, mais j'ai l'impression de volontairement me prendre la tête avec tous mes proches pour doucement couper les ponts, et que ma disparition les fassent moins souffrir.

Je change d'humeur tout le temps, un coup je m'inscris à un club sportif, je vais au cinéma seule, je prends des cours de musique, je bouge. Un autre coup, je reste enfermer dans ma chambre à écouter toujours le même album de Pantera en boucle.

Des fois j'ai l'impression d'imploser, et je me suis fait très peur un jour. J'ai couru dans ma salle de bain pour m'isoler pendant une de mes crises de colère, et j'ai pris un rasoir, j'ai commencé à me taillader vivement l'avant-bras, et j'y ai pris beaucoup de plaisir. Cela m'a fait du bien. Je me fais peur.

Quand je conduis en voiture, j'ai souvent envie d’accélérer et d'en finir.

Je pense à lui tout le temps. Tout le temps. Rongée par les regrets et les remords.

Je suis sur votre forum, parce que je pense que j'ai un FORT penchant vers la bipolarité. Je n'ai jamais vue de psy, et je ne veux pas en voir. Je n'y crois, alors je ne vois pas comment cela pourrait m'aider. J'ai toujours réussi à tout gérer toute seule, et je ne veux pas que ça change. Je ne veux pas prendre de traitements non plus, je ne vais jamais chez le médecin.

J'ai toujours été quelqu'un de très lunatique, mais cette année, c'est pire que tout. J'ai des phases d'insomnies, où je ne mange pas, où je fais des cauchemars où je le vois tout le temps. Je fume de plus en plus de cannabis, il n'y a que ça qui arrive à me faire dormir et à me faire oublier mes rêves. Je me tue au travail aussi, car cela garde mon esprit occupé. Je fais des semaines de 60h, avec des horaires batards, j'enchaine les doubles journées (je travaille dans le spectacle), et dans mes seuls moments de repos, j'ai besoin d'être complétement défoncée jusqu'à ne plus rien comprendre.

Voilà l'état de ma vie actuelle. Cela n'est qu'un bref résumé, c'est tellement plus compliqué que ça.

Je ne sais pas trop ce que j'attends en postant ce message, surement de l'aide, mais comment?

Bonne soirée à vous tous.


   
Citation
Amélie
(@ella)
Active Member
Inscription: Il y a 7 ans
Posts: 5
 

Bonjour Mitsune !

 

Encore une fois, je me suis inscrite sur ce site pour me rapprocher au plus près de ce que vive des patients bipolaires, je ne suis pas bipolaire ni psychothérapeute. Je me suis cependant beaucoup renseignée sur les troubles bipolaires pour mon projet en cours.

 

Concernant ton histoire, que j'ai lue en entier, je pense, si je peux me permettre, que ceci est beaucoup lié à ce que tu as vécu sentimentalement, lorsque l'on vit une séparation amoureuse c'est déjà un traumatisme difficile à gérer et aussi compliqué de parvenir à se reconstruire ensuite, alors quand au au sens propre deuil d'un amour s'impose, j'imagine que la difficulté est encore plus intense et douloureuse.

 

Je ne pense pas que tu sois bipolaire, tu dois "simplement" (désolée pour le mot, car ce n'est pas simple) essayer de relever la tête, comme tu peux, avec ta sensibilité, ton amour, la frustration de ne pas avoir réussi, la culpabilité peut-être qui bien entendu n'es pas d'actualité. 

J'ai un ami, que j'aime beaucoup, qui m'a un jour dit ne pas avoir besoin de psy, qu'il a toujours su répondre aux questions qu'il se posait, seul, cependant, il y a des réponses qu'il n'arrive toujours pas à trouver, et il n'y parviendra peut-être jamais seul. On ne demande pas au psy de réponse à votre place, c'est vous qui répondez aux questions, qui acceptez ou refusez les pistes sur lesquelles il vous emmène, pour voir si vous y trouvez du sens. Et cela peut prendre du temps, un certain recul est parfois nécessaire pour trouver ses propres réponses. Peut-être que ce serait un bon point de départ, mais il faut avant tout avoir envie d'aller de l'avant lorsqu'on décide d'aller voir un psy, afin d'être suffisamment ouvert pour faire ce travail d'introspection et d'accepter aussi les émotions qu'on se refusent, inconsciemment, parce que parfois, nous avons bien plus peur de nous que ce que nous pensons.

 

Je te souhaite en tous les cas de trouver la solution la plus à même aujourd'hui pour que tu puisses, un peu plus sereinement, apprécier les petites choses et retrouver goût à la vie, malgré les épreuves douloureuses.

 

Bien à toi.


   
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alice
(@lorelei28)
New Member
Inscription: Il y a 6 ans
Posts: 1
 

Salut Metalheart, 

je me suis inscrite en partie pour répondre à ton message, très touchant, que j'ai lu il y a trois jours donc si j'ai oublié quelques détails tu me pardonnes... J'espère que tu vas mieux depuis ce 17 octobre... Tu demandes des conseils ou un éclairage sur ce qui t'arrive, ce que je peux te conseiller, c'est de prendre de la distance par rapport à l'impression de devenir folle et un autodiagnostique quelconque. Cette histoire t'as beaucoup secouée, la dépression peut parfois engendrer des idées un peu délirantes, des angoisses, et des formes d'hallucinations... surtout quand elle s'accompagne de la prise de cannabis... essaye déjà de diminuer puis si tu peux d'arrêter ta consommation et vois si ça a un impact positif sur ta dépression et tes manifestations angoissantes... Les horaires décalés et le surmenage quand on travail dans le spectacle, je connais et c'est quelque chose auquel il faut faire attention, et ne pas foncer dans le mur juste pour voir si tu vas craquer ou pas, pas la peine de s'infliger ça... D'autre part, la culpabilité - et peut-être la colère inconsciente envers ton ex - que tu peux éprouver malgré toi face à ce qui s'est passé, t'encourage sûrement à te faire du mal et à être hanté par ses démons à lui, comme si tu portais son fardeau... il faut que tu trouves le moyen de déposer ce sac là, et j'espère que ça se fera le plus rapidement possible. On ne peut pas oublier (voilà pourquoi ça ne résout rien de s'abrutir avec du cannabis), mais remettre les choses à leur juste place pour qu'elles ne t'envahissent pas à ce point, les observer à distance et être capable de les mettre de côté pour avancer quand tu t'en sens capable. Tu termines ce long message en disant que c'est un "bref résumé", c'est le signe qu'à ce moment là en tout cas, tu étais trop happée par l'émotionnel et que tu as du mal à faire le tri dans tout ce qui se passe dans ta tête, essaye de prendre de la hauteur et de voir les choses (événements, idées...) dans leur globalité pour les remettre sur leurs petites étagères... Et si tu as du mal à manger et te sens fatiguée, je te conseille tout bêtement la spiruline, sur moi ça fonctionne pas mal en tout cas 😉 

en espérant que tu n'aies plus besoin de ces conseils,

Alice.


   
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David
(@alien)
Noble Member
Inscription: Il y a 7 ans
Posts: 2099
 

Bonjour

Oui je dois admette,une comment très touchant,j'ai lu deux fois,quoi dit peu être que le destin est imprévisible!

courage quand même!! 


   
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gwenaelle
(@infbipo)
Trusted Member
Inscription: Il y a 6 ans
Posts: 94
 

Bonjour, c'est terrible ton histoire. J'ai pleuré. Et tout ce que tu décris ensuite: les pleurs, les idées de mort permanentes, les trajets en voiture où il semble si simple que tout se termine.... J'ai vécu tout ça aussi. Ca a duré des mois, chaque jour, chaque heure..... Mon amour m'a laissé deux enfants


   
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