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Médecin et...bipolaire

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Ben
 Ben
(@jobix)
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Début du sujet  

Bonjour à tous.
Je ne sais pas évidement par ou commencer mais je vais essayer de synthétiser mon histoire puis l'expliquer: on m'a diagnostiqué une bipolarité de type II il y a quelques mois et je suis complètement perdu, au fond d'un épisode dépressif comme jamais.

Je n’écris pas ce message pour me plaindre, mais plutôt pour partager mon expérience, chercher du soutien et des solutions et peut être tomber sur quelqu'un qui a vécu la même descente aux enfers que moi et qui s'en est sorti. Pour garder un peu d'espoir et trouver des pistes pour savoir ce que je dois faire. 

Si vous voulez allez plus vite, passez les explications entre les traits (mais c'est quand même important)
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Je vais expliquer un peu plus en détail mon cheminement.
Je suis issu d'une famille modeste, un frère et une sœur, ou mes parents travaillaient beaucoup et étaient absents. Je les aidais dans leur travail et nous n'avions pas beaucoup de loisirs. Ils nous ont toujours appris que le travail était ce qui était important, tout comme la famille. Je souhaitais faire des études car leur domaine ne m’intéressais pas et je ne voulais pas avoir la même vie qu'eux et lorsque j’étais au lycée, mon grand père est décédé ce qui m'a donné envie de faire médecine, mais aussi parce que j'adorais la bio. J'ai rencontré mes meilleurs amis au collège et au lycée.
Je suis donc parti en fac de médecine, a 130 km de ma famille. Durant mes longues études, j'ai rencontré d'autres personnes à la fac, mais j'ai toujours travaillé dur et ne m'autorisais pas beaucoup de loisirs si ce n'est que les sorties entre copains. Je ne me suis pas "développé personnellement" en somme. Mes amis du collège et lycée, très proches, sont partis aux 4 coins de l'Europe, pour raison professionnelle ou personnelle.
En 5 eme année, alors que je sortais avec une fille, j'ai eu un premier épisode dépressif. Je me mettais la pression par rapport aux examens, comme quoi je n’étais pas assez bon. J'avais des idées suicidaires. J'ai consulté un psychiatre, qui m'a simplement dit que ça allait passer...(psychiatre du SUAPS). J'ai mis un terme a ma relation, j'ai redoublé et je suis un peu plus sorti avec mes amis, c'est passé. J'ai fait un séjour linguistique au Royaume Uni, parce que mon ex avait fait ça et ça m'avait tenté.
En D4, tout se passais bien et j'ai rencontré une fille. Je sortais, on allais voir des amis, la famille, enfin tout roulait quoi. Elle devait changer de ville pour prendre sa spécialité et j'ai donc décidé de la suivre, 6 mois après le début de notre relation, m’éloignant de ma famille et de mes amis de fac géographiquement. J'allais bien, je m'interessais a plein de choses, j'avais des projets, je profitais, je me sentais heureux. Pas hypomaniaque, juste bien.
J'ai rencontré quelques personnes durant l'internat et tout se passais bien.
Mais après un stage d'urgence qui était très fatigant, j'ai eu une autre dépression, très brutale, je rentrais en pleurs ne comprenant pas ce qui se passais. Je suis allé voir mon médecin de famille proche de chez mes parents (donc loin de la ou j'habitais) qui m'a prescrit des antidépresseurs. J'ai essayé d'avoir un suivi dans la ville ou j’étais mais j'ai eu du mal a trouver quelqu'un avec qui ca le faisait et puis entre les stages et les changements de terrain de stage ce n’était pas évident...alors je me prescrivais moi même les antidépresseurs (NE JAMAIS FAIRE CA).
En parallèle, je me suis mis a bosser a fond mes cours le week end, parce que je ne me sentais pas assez bon au travail puisque j'avais été mis en difficulté lors du stage.
Je me suis mis en tête que je serai meilleur medecin si je bossais au Royaume Uni, j'ai pris des cours d'anglais... Je m'investissais a fond dans les stages. Et peu a peu j'ai délaisse ma vie personnelle sans vraiment m'en apercevoir, je ne voulais pas sortir, je n'avais pas d'envies...J'ai fumé du cannabis aussi...
Je pense que j'ai fait un veritable burn out avec depression que je n'ai pas voulu voir et que j'ai vraiment mal reagit.
Au bout de 5 ans de relation, j'ai demandé a faire une pause dans notre couple parce que je ne comprenais pas ce qui se passais, puisque je ne me sentais pas bien mais je ne savais pas pourquoi. Je doutais de notre couple, comme je doutais de plein de choses, j’étais indécis, incapable de prendre des initiatives...J'ai beau etre medecin et connaitre les signes de la depression, c'est difficile de s'auto analyser, d'autant plus que c'etait une depression un peu particulière, post burn out...
Je suis sorti, j'ai essayé de rencontrer des gens notamment a des cours d'anglais puisque je pensais m'installer la bas (mes amis co interne n'habitent pas dans la même ville mais a une bonne heure de route), j'ai fait du sport, de la méditation, j'ai essayé plein de choses pour aller mieux, parfois en faisant n'importe quoi aussi (rencontrer d'autres filles puisque je pensais que ca venait peut etre de mon couple), mais ça s'est amélioré, ma vision du monde n'etait plus pessimiste et je suis devenu plus sur de mes choix, ce que j'avais a faire et ce que je voulais faire au fond du coeur. A ce moment quand ça allait enfin mieux, je suis revenu vers mon amie (avec qui nous restions en contact régulièrement) pour lui dire que je l'aimais sincèrement, que j’étais absent a moi même, que j'etais devenu "une machine a soigner", que je voulais faire des choses pour moi et pour elle, des projets ici avec elle, que je retrouvais un sens a ma vie, profiter avec ceux que j'aime, sortir plus souvent,faire des projets qui me tiennent a coeur...
Elle m'a rejeté. Parce que j'avais une "humeur dépressive". Alors que je n'etais pas du tout comme ça lorsque l'on s'est rencontrés. A la base je suis plutot quelqu'un qui aime et a besoin de contact, qui aime sortir, debrouillard (personnalité hyperthymique ?). 
Et depuis grosse, grosse descente aux enfers. 
L'impression de m’être détruit tout seul, de ne pas avoir fait assez attention à moi, d'avoir fait n'importe quoi, de ne pas avoir réagit assez vite. Et de me sentir extrêmement coupable d'avoir bousillé une relation à laquelle je tenais énormément. Le sens que je voulais redonner à ma vie (profiter avec les gens qu'on aime, me réinvestir dans ma vie personnelle a moi et plus avoir des projets a la con par rapport au travail) n'a plus de sens.

J'ai pleuré tous les jours sans discontinuer pendant plus de 9 mois.
J'ai été plongé et je suis encore dans une très grosse dépression, ca va faire un an et demi... Mais comme j'ai toujours mis le travail en avant, j'ai continué de travailler (je suis en liberal, je fais des rempla, l'arret de travail n'est pas trop possible...). 
J'ai fait une TS par pendaison et a l'issue de celle çi, ma meilleure amie qui habite a plus d'une heure de route, m'a vivement conseillé d'aller voir un psychiatre, ce que j'ai fait. 
Je n'y avais même pas pensé. C'est vrai, on est médecin, c'est pas naturel de s'occuper de sa santé. Et puis j'ai une culture rurale, on attends jusqu'a...
J'ai testé tous les médicaments antidepresseurs pendant un an, vu 3 psychiatre, avec des idées suicidaire présentes tous les jours. J'ai finalement demandé mon hospitalisation (après avoir refusé au début de ma prise en charge). Lors de celle çi, le psychiatre m'a dit qu'il y a de fortes présomption que je sois bipolaire, type II.
Je suis sous traitement, pour l'instant ça ne va pas beaucoup mieux. J'arrive a travailler mais je rentre chez moi sans savoir pourquoi je travaille exactement. J'ai toujours envie de rien, des idées suicidaires bien construites et je serre toujours les dents, en esperant que les médicaments fonctionnent. J'essaye de sortir, de mettre en place des actions, mais c'est difficile quand tu as déjà du mal a te faire a manger, a te laver ou a faire ton ménage.
Mon comportement avec mes amis proches a énormément changé pendant cette année ou j'ai cette humeur dépressive, centrée essentiellement sur la culpabilité et la perte de celle que j'aime et qui me rejette, me sentant vide, nul et incapable, coupable et desesperé. Ils semblent un peu surpris mais jusqu'a la je "cachais" bien les choses, et comme je sortais moins on se voyait moins donc...
Je me retrouve seul dans une ville ou je n'ai plus vraiment d'attaches si ce n'est 2 amis avec qui j'ai réussi a tisser du lien malgré tout (pendant la phase ou j'essayais d'aller mieux), dont un était un collegue que j'avais rencontré lors de ce stage si difficile. Je me suis éloigné de mes amis de fac puisque cela fait maintenant 7 ans que j'ai déménagé et comme j'avais une humeur sub dépressive je ne les voyais pas beaucoup. Je me suis également éloigné un peu de ma famille. Enfin je me sens eloigné, psychiquement.
Je reste pour l'instant dans cette ville parce que mon suivi psychiatrique y est mis en place et parce que j'aimerais bien me sentir mieux avant de prendre la moindre décision. Je suis clairement déstabilisé par le fait que j'ai pris une décision que je ne voulais pas prendre, sous le coup d'une humeur dépressive, alors que je voulais aller mieux, et que les conséquences sont que je déprime encore bien plus.
J'ai du mal a acheter le diagnostic de bipolarité, je pencherai plus pour un burn out bien cogné. Mais les faits me montrent le contraire (ATCD familial de depression mélancolique, ATCD perso de depression, attrait pour les toxiques, doute sur hypomanie, personnalité sous jacente, anxiété)

J’étais comme obnubilé par le burn out, l'idée d'aller au Royaume Uni, que je ne voyais pas ma vie qui se déroulait devant mes yeux. Après cette rupture, je vois ce que je perds, je vois la vacuité de on existence. Je vois que je n'ai pas beaucoup de ressources personnelles (passions, sport, lectures, cinéma,bricolage...) parce que je n'ai pas eu la chance de les développer durant mon enfance mais aussi durant mes études, étant centré sur le travail...comme mes parents. La seule passion que j'ai c'est peut etre la musque, et encore, je suis piètre musicien.
Je vois désormais tous mes amis faire leur vie et je ressens un vide énorme. Je vois à quel point je dysfonctionne depuis déjà bien longtemps et comment ça a foutu ma vie en l'air.
Je suis forcement dégoûté car j'ai toujours travaillé dur pour avoir une vie différente de celle de mes parents, pour me sortir de ce milieu que je ne voulais pas, pour pouvoir offrir a mes enfants si j'en ai un jour ce que je n'ai pas pu avoir (pas forcement en terme de bien matériels) et parce que j'ai toujours eu besoin de travailler plus que les autres, venant d'un milieu ou je n'ai pas été très poussé ou aidé, j'avais une vie super, une copine intéressante que j'aimais et la maladie détruit tout...

Au delà de ma vie personnelle,qui me dégoûte, j'aime ce que je fais, le métier que j'exerce et je suis très apprécié des patients (puisque je fais tout pour eux, puisque je m'investis beaucoup, notamment émotionnellement).
Mais ma vie personnelle est un vrai désastre, et cela retentit sur mes performances professionnelles (rendement, motivation, projets). La dépression se ressent en ce moment dans mon travail, même si je pense que j'arrive encore a travailler correctement.

On m'aurai dit cela il y a 7 ans, je ne l'aurais jamais, jamais cru. Jamais. 

J'en viens du coup à me demander si je suis capable d'exercer ce métier. Est ce que je prends mes décisions en fonction de faits objectifs ou selon mes émotions ? Est ce que me mettre en cabinet libéral, sans contact fréquents avec d'autres professionnels, est bon pour moi ? Est ce que à l'avenir je serai capable d'exercer ce métier ? Est ce que m'investir sur le plan professionnel me permettrai de rebondir après ce que je vis comme un drame sur le plan personnel consécutif a ce qui semble être malgré la possible maladie, un burn out ?
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Je suis donc probablement bipolaire de type II

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Y a t'il d'autres personnes comme moi qui, a 32 ans, alors que normalement c'est l'age ou notre vie se mets en place et se dessine, ou l'on est heureux de faire des projets, d’être avec les siens, de voir ses amis, content d'avoir fini ses études et de profiter sereinement du chemin parcouru, content de se développer, se retrouvent en situation difficile a cause de cette maladie ?

Y a t'il d'autres personnes en situation d'isolement a cause de cette pathologie ? 

Y a t'il d'autres personnes qui malgré une bipolarité, continuent d'exercer, en tant que medecin, si oui dans quelles modalités ? Comment sont ils soutenus ?

Y a t'il d'autres témoignages ?

Que me conseillez vous ? (a part le suivi psychotherapeutique, je fais déjà, bien prendre les traitements, ne pas utiliser de drogues, se renseigner sur la maladie...)

J'ai cherché sur le forum l'exemple de medecins bipolaire, je n'en ai pas trouvé beaucoup.

Question subsidiaire. Est ce normal d'avoir dans la depression des obsessions (le royaume Uni, mon ex...), avec des obsessions principales et d'autres plus secondaires (enfin je ne sais pas si c'est des obsessions, je dirais plutot des centres d’intérêt limités). Comme si on devait se rattacher a quelquechose ? Et le perfectionnisme ? Bref vous n'etes pas obligés de répondre a cette question.

Merci de m'avoir lu. Il y a sans doute des âneries dû a mon état dépressif, j'en suis désole de vous infliger cela. 
Merci d'avance pour vos réponses.


   
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.
 .
(@madcap)
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Salut Ben !

J’espère t’apporter des pistes avec mon ressenti après avoir lu ton témoignage,

Ce que je relève c’est un déséquilibre travail/loisirs liés à ton énergie, tes humeurs : tu bosses à fond quand ça va mal (sûrement pas que, mais particulièrement peut-être?) et tu expérimentes plus de choses dans ta vie personnelles quand ça va bien (je grossis les traits), ou l’inverse : plus tu travailles, moins tu sors, moins ça va, frustration de ne pas avoir autre chose d’épanouissant ?

Ta rupture a affecté le sens que tu étais parvenu à trouver à la vie, ou que tu voulais donner, sans vivre au moment présent, c’est bien ça ?

Je vois aussi une incompatibilité à bosser à fond jusqu’à sept jours sur sept, et sortir, lire, construire une cabane à oiseaux, planter des carottes que sais-je ! Piètre musicien ça te donne du travail pour devenir musicien, j’ai envie de dire ! Je pense qu’il y a un équilibre à trouver dans tout ça, dans l’énergie que tu donnes au travail et celle que tu te donnes pour toi, ta vie, tes passions et ceux qui t’entourent.

Cette rupture t’as-t-elle fait tout perdre ? Elle me semble t’avoir perdre une confiance en toi surtout.

Je compatis, vraiment, je comprends ton désarroi et ta culpabilité ; mais ce que je voudrais dire, c’est que le sens de ta vie tu le trouves en toi-même (c’est facile à dire, oui), ne te laisse pas abattre, tu as pu voir qu’après une pause dans ton couple, tu savais où tu voulais aller, est-ce que ça l’incluait nécessairement (cette personne je veux dire), dans le fondement de ta pensée ? Tu as déjà dû beaucoup changer, après avoir affronté ce post burn out, t’être « nourri d’autre choses », et tu n’es pas responsable de tes « humeurs dépressives ».

 

 

Concernant l’exercice de ton métier, lorsque tu seras stabilisé je pense, pourquoi pas ? Serais-tu capable ? Oui, dans les mêmes conditions : apprends à te connaître, les causes de tes dépressions, les "points de virages"

Et puis : la différence entre la bipolarité et son propre caractère ; ce n'est pas tant savoir si tes choix sont dictés par l'une ou l'autre, mais à quel point une idée venant de ta réflexion, de toi et de ton libre arbitre, peut éclater (et comment elle éclate) sous l'influence d'humeurs exacerbées, à quelle fréquence, est-ce que ça suit un schéma similaire à chaque fois, est-ce qu'il y a un facteur extérieur qui met le pied sur la mine "hypersensibilité", "irritation", "anxiété"... Toutes ces questions auxquelles nous devons réfléchir, enfin pour la mine je métaphorise, en bref : s'étudier soi-même !

L’investissement sur le plan pro en revanche, si ça te permets de tenir les premiers temps, je te dirais oui, mais attention ! Pas trop ! Ne sois pas tenté de t’isoler encore plus pour le travail, garde-toi des moments pour toi, faire des choses qui t’intéressent en dehors, et si c’est le côté « étudier » te paraît stimulant et que tu ressens le besoin de te concentrer sur quelque chose de particulier, je te dirais : inscris-toi à un mooc, fais une étude comparative de la première et deuxième édition de Sur la route… Ou pour du « lâcher-prise » reprends la méditation si tu n’en fais plus, ce genre de choses plus calmes, ou sport, bricolage, mais si tu te sens mal, ne te donnes pas d’objectifs fous, pas « de prétextes » au sentiment de culpabilité (je t’écris et j’écris un peu pour moi aussi sur le coup)

 

En situation d’isolement oui, tu n’es pas le seul ! J’ai viré des amis de ma vie en épisode maniaque, et comme j’écrivais dans un autre post je culpabilise d’avoir fait du mal à quelqu’un que j’aimais alors que je ne savais pas que j’étais bipolaire. Avant diagnostic j’ai perdu des amis comme ça, après aussi. En ce moment je ne vois pas deux amis proches parce que je me sens dans une humeur « dangereuse » pour mes proche et dans laquelle je pourrais me trouver des raisons de les rejeter, et que je n’ai pas encore trouvé la solution en moi-même autre que m’isoler pour le moment.

Aussi, je réfléchis à ce qui dépends de moi, ce sur quoi influe ma bipolarité, à ce qui dépends aussi de l'incompréhension des autres envers moi-même, comme ça le super gâteau "culpabilité", je le découpe en tranches, d'abord je vire les miettes (dans le vide), puis je donne des parts (au vide, je ne donne pas ma culpabilité aux autres, je ne suis pas si généreuse)

 

Désolée pour le métaphores étranges, je suis fatiguée aussi

En tout cas je te souhaite bon courage, tu as parcouru un chemin déjà, il n'est jamais trop tard pour apprendre à s'aimer ! Et la musique, c'est très important la musique,


   
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Tyss
 Tyss
(@tyss)
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Bonsoir, 

Je me reconnais dans ton histoire, j'ai 31 ans, toi c'est la médecine, moi c'est le droit. Père suicidé, mère dépressive. 

Mes grands-parents sont venus du fond de l'Italie pour travailler en France et se sont tués au travail pour que leurs enfants aient comme disait ma grand-mère "une bonne place". La culture du travail est donc importante dans ma famille : tu as un travail, un salaire, c'est le plus important, tais-toi et fais ce que tu as à faire. 

Plus jeune je voulais être avocate, ou fonctionnaire internationale dans une grosse ONG, sauver le monde. J'ai fait du droit et j'ai passé des années à étudier et avoir un job étudiant à côté. Quand je repense à ces années, j'ai l'impression d'un grand gâchis. Je n'en ai pas profité, je ne me suis pas assez amusée, je n'ai pas voyagé, je n'ai pas découvert grand chose. Je n'ai pas de grands souvenirs de cette époque, à part les premières dépressions et les pleurs ininterrompus pendant mes voyages en train qui m'emmenaient à la fac. 

En dernière année, je suis partie à 600 km de ma famille. Ça a été une libération parce que j'ai pu rencontrer de nouvelles personnes, intéressantes, de milieux différents et en même temps un moment très dur, la sensation de solitude m'étouffant. 

J'ai eu mon diplôme, mais je n'ai pas trouvé de travail. Triste réalité de nombreux jeunes diplômés, mais qui m'a fait plonger dans un épisode dépressif, non soigné encore une fois.

Je m'étais déjà rendu compte lors de mon stage dans une grosse structure, que j'avais du mal avec les horaires, le stress, la pression. Je me rappelle dire à mes amies déjà à l'époque que je n'aurai jamais un travail normal, que mon corps ne le supporterait pas. Je me rappelle de mes difficultés et de mon impression d'être nulle, malgré un travail de qualité et les félicitations de mon maître de stage. 

Quelques mois après la fin de mes études, gros craquage, je pète littéralement les plombs d'accumulation de fatigue de mes études et des mes petits boulots. J'ai un accès de colère et me blesse. J'ai encore la marque des points de suture et je me rappelle des heures passées à l'hôpital en pleurant sans pouvoir m'arrêter. 

J'ai ensuite fait plein de petits boulots, puis des métiers plus sérieux, avec toujours, ou de l'ennui qui arrivait rapidement, une envie de changer de boulot, tout ça avec des difficultés à travailler que je réussissais à cacher malgré tout. J'ai au moins cet atout là, celui de donner le change sans rien laisser paraître. 

L'année dernière, j'ai fait ma plus grosse dépressive, celle qui m'aurait menée au cimetière si des amies ne m'avaient pas poussée à consulter. Dépression, antidépresseurs, virage maniaque et diagnostic de bipolarité de type 2 en septembre dernier. 

Je prends mon traitement depuis 6 mois et je vais beaucoup mieux. 

J'ai revu mes projets professionnels et je suis aujourd'hui en reconversion pro pour un métier passion. Je sais que ne serai pas riche, mais je pourrai travailler pour moi, sans pression, sans horaires et à mon rythme. 

Mon rythme de vie à changé: plus de repos, moins de stress. Il faut savoir être égoïste et se faire passer en premier. C'est très dur pour moi, je suis comme toi dévouée aux autres et je me suis toujours fait passer derrière tout le monde. Mais maintenant je commence à comprendre qu'on ne devient pas une mauvaise personne si on se fait passer avant: c'est juste vital pour nous.

J'ai aussi des idées fixes. J'ai l'impression d'être passée à côté de ma vie pendant de nombreuses années. D'autres choses m'appellent, les voyages notamment. Si je m'écoutais, je plaquerais tout pour partir avec un sac à dos en solo. Je ne sais pas comment expliquer ça, c'est vraiment comme si ça m'appelait. Difficile à décrire, mais c'est d'une puissance folle. Je ne sais pas si c'est ce que je dois faire, ou si c'est juste mon cerveau qui fantasme quelque chose pour me sortir de ma petite vie bien réglée.

J'ai toujours eu, depuis petite, de nombreuses questions existentielles: pourquoi est-ce que je suis ici et quel est le but de ma vie ? Qu'est ce ce que je dois en faire ? J'essaye doucement d'apporter des réponses à ces questions, mais elles ne me lâchent pas. 

Autour de moi, les gens achètent des maisons, se marient, ont des enfants, se posent et commencent à rentrer dans leur routine. Ce n'est pas du tout une critique, ils sont heureux et c'est bien là le principal. Moi tout cela me fait peur, au lieu de la stabilité, je vois des chaînes et des boulets. 

Parfois je me dis que j'aimerais bien rentrer dans ce beau moule et ne pas être celle qui a plus de 30 ans n'a toujours pas de boulot, pas de mari, pas d'enfant, pas de bien et qui en plus de tout ça se traîne une maladie incompréhensible pour la plupart des gens. Mais tout ça ce n'est pas moi, alors tant pis si ma famille ne me comprend pas et que je passe pour l'ado de service. 

Je te souhaite d'aller mieux et de réussir à être en paix avec toi même, c'est le plus important et c'est ça qui te fera avancer malgré tout. 



   
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Celine
(@phylline)
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Posts: 53
 

Bonjour Ben et bienvenue!

Il y a bcp bcp de choses dans ton recit et bcp de bon sens egalement.

D un point de vu amoureux, il te faut arriver a tourner la page, faire le deuil, c est le passé et cela nourrit la depression.  Ressasser ne va pas t aider a regarder devant et t ouvrir aux belles choses qui peuvent se présenter a toi. Il faut essayer de changer ses pensées lorsqu elles surgissent.

Sois un peu plus indulgent avec toi même...faire medecine ou veto demande bcp bcp de travail et laisse peu de place au loisir pendant un certain temps pour tous le monde.

Accepter sa maladie, c est le plus gros travail fait sur la voie de la stabilité. Tu apprendra a reperer le moindre signe de monté ou descente anormal et ainsi agir rapidement pour la gerer. Te connaitre et gerer tes emotions seront tes meilleurs armes.

Les medoc seuls ne suffisent pas comme le psychique seul non plus. L un ne va pas sans l autre.

Ne jamais prendre de decision importante en phase basse ou haute

Concernant ton boulot, a toi de trouver la pratique qui te conviennent le mieux. Bon c sur que les urgences c est pas le plus adapté 😂( pour les plus posés: medecine du travail, scolaires, etc..) En liberal, tu as toujours je pense les diner labos pour voir tes collegues ou bien les congrès ( c est une bonne occasion d aller vers les autres😁)

Ce tunnel noir va s arreter et laissera place a la lumière . En plus des medocs il faut aider un peu et mettre en place des choses positives, des actions ( petites au depart mais elles grandiront toutes seules), un peu de sport aussi meme si c dur, petit au depart car les endorphines naturelles libérées sont des anti depresseurs reconnus.

Le rire est excellent contre la depression également! C est tout bete mais sur le forum, echanger des âneries avec 2 personnes m ont aidé a sortir de ma depression en novembre dernier.

Comme toi bcp, bcp de travail!  J ai explosé en plein vol après 8 ans de travail à 7j/7j, 12 h par jour parfois plus...apres cela j ai dormi pendant 6 mois( j ouvrais les yeux chaque jour quand même 😂) et c seulement depuis peu que j arrive a me lever a 8h . Bientot a 7h peut être 😁

Maintenant je ne fais plus ça! Je prend du temps pour moi et mes enfants et me reposer .

Je me laisse le temps de reapprendre a vivre avec cette maladie (je m ennuyais j avais pas assez a gerer de mes aponevrosites plantaires depuis 2 ans, nevrome de morton aux 2 pieds, le dos opéré 4 fois😂)

Depuis quand es tu diagnostiqué exactement et que prend tu comme traitement ? Bon je pense que je ne vais rien t apprendre en te disant que les stabilisateurs d humeurs mettent un peu de temps a être à leur pleine efficacité 😁


   
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Ben
 Ben
(@jobix)
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Bonsoir et merci pour vos messages.

C'est très important pour moi de ne pas me sentir seul. Car en ce moment je me sens très seul. 

D'autant plus quand je travaille, que j’écoute les patients, que je fais le job lorsque certains viennent se plaindre parce qu'ils ont le nez qui coule alors que j'ai une putain de boule au ventre en permanence et que mon cerveau n’arrête pas de bouillonner et ces idées suicidaires plein la tète que j'essaye de contrer.

Effectivement il y a un gros déséquilibre entre les loisirs et le travail. Je n'ai jamais appris a avoir des loisirs, en tout cas dans ma famille c'est pas quelque chose d'inné. J'ai l'impression que mes parents vivent sur une autre planète. Mais moi aussi d'ailleurs.

Je n'ai pas vraiment de centre d’intérêt. Je n'aime pas le foot ou le rugby, je ne suis pas fan de lecture par exemple. J'ai l'impression que je ne me suis jamais développé personnellement. Mon éducation a été merdique sur ce point la et je crois que je n'ai jamais su "m'occuper de moi", ni que j'ai eu véritablement confiance en moi.

Effectivement la rupture est arrivée a un moment ou je crois, après avoir récupéré d'une dépression post burn out aggravée par les toxiques, après m’être totalement oublié en tant qu’être, je voyais le sens que je voulais donner a ma vie a moi, j’étais sur de l'aimer (au point de lui dire que j'aimerai être a ses cotées toute ma vie...un peu fleur bleu je sais....mais la depression m'avait fait douter, douter de tout) , et bien sur c’était avec elle que je voyais tout ça, j'avais de nouveau des projets réalistes, de l'optimisme, envie de sortir enfin j'avais l'impression de me retrouver comme j'etais avant, lorsqu'on etait bien tous les deux, lorsque j'allais bien, avant que ce burn out me fasse perdre les pédales et mes priorités. Et dans ma tête, nous avions fait une pause, pas une rupture, le temps que j'aille un peu mieux et quand je sais ce que je veux bam ! Et depuis je sombre mais comme jamais. Oui j'ai l'impression que la rupture m'a fait tout perdre. Parce que je me suis vraiment perdu moi même dans ce burn out, et j'avais tant envie de mettre en pratique avec elle des projets pour moi et pour nous, parce que c'est ça qui comptait, et ça comptait vraiment,pour moi. Parce que je pense que ça m'aurait aidé a reprendre un peu plus confiance en moi en réalisant des choses pour nous, vu que pour moi ça comptait énormément, pour me réapproprier ma vie, la ou elle était, et pas au Royaume Uni ou je ne sais ou.  Parce que quand on perds quelqu'un on perds une partie de soi. Et tout ça s’écroule. Et ces phrases assassine "j'aime ce que tu fais mais pas ce que tu es" "ton humeur dépressive", bah oui après un burn out...

Le sens de sa vie, effectivement on le trouve en soi. Ce que je voulais, c’était mettre en pratique mes valeurs, en particulier la famille, les amis, l'affection, la fidélité, le partage, l’honnêteté. Arrêter de déprimer, souligner le positif dans notre couple et toutes les choses qu'on a réalisé malgré que je n’étais pas bien (et qu'elle a "drivé" pendant ce moment là, je voulais montrer que je pouvais être présent et non plus léthargique, que je pouvais faire des projets) sortir plus souvent ensemble, parsemer du bonheur là ou je n'avais pas pu le faire à cause de la dépression, faire et partager aussi autre cose que de la médecine. Lui montrer que j'avais retrouvé ma curiosité, pour faire toutes les choses qu'on partageai ensemble et même encore plus. En gros je me suis rendu compte que j'avais pas été très bien, que j'avais fait un peu n'importe quoi pour me sortir de là mais que j'avais réussi a reenclencher une dynamique positive et que je voulais vraiment avancer là ou avant j'ai fait du sur place.  

Effectivement je n'ai pas mis l’énergie dans ceux qui m'entourent et là ou j'habite, la ou j’étais dans ma vie, c’était elle qui m'entourait. Comme je vous le disais ma famille est assez loin et mes amis éparpilleés. Je voulais mettre toute mon énergie dans notre relation, puisque cela comptait dans ma vie, puisque je l'avais bien trop mise dans mon travail. Et quand je dis ça, ce n'est pas forcement en terme d'investissement horaire mais plus en terme d'investissement émotionnel, de priorité pour soi. J'ai toujours voulu être un bon médecin, ce que je pense être (mais j'en avais des doutes par le passé/pendant le brun out et cette dépression) j'en ai oublié d’être une bonne personne pour moi même. 

Je me rends compte que j'ai fait ces projets débile a cause du burn out, je me rends compte que le travail prends bien trop de place. Et la je me rends compte que je suis vide, mais vide depuis plusieurs années déjà. Et au delà du fait qu'elle me manque terriblement, ça me tue, ça m'ulcère. Parce que je n'ai pas été capable de décidé et de m'apercevoir de ce qui était bon pour moi. 

Et même maintenant, le psychiatre m'a proposé une hospit, et comme un con j'ai refusé parce que je voulais honorer mon remplacement pendant les vacances scolaires. Je ne sais vraiment pas penser à moi et en même temps je ne veux pas mettre les autres en difficulté. Je vais aussi, après ces rempla, prendre un poste hospitalier en remplacement pour travailler a plein temps pour m’éviter de ruminer et pour avoir du monde autour de moi. Parce que je ne sais plus quoi faire d'autre que le travail, les projets que j'avais tant envie de réaliser ne sont plus réalisables. 

Reprendre la méditation j'ai essayé mais les idées obsessionnelles et les ruminations anxieuses sont bien trop forte. J'ai déjà du mal a me faire a manger...a part "penser" et bosser je ne fais plus grand chose.

 

Tyss ton témoignage me touche beaucoup et me donne un peu d'espoir. Pour l'instant je m'imagine mal changer de métier car j'aime ce que je fais, mais ça a pris trop de place et le coté perso déborde a fond sur le boulot maintenant du coup.  Je ne sais pas comment tes parents travaillaient a fond, mais de mon coté c'etait vraiment a fond. Ils sont agriculteurs avec bcp de boulot, week end compris et ne s'interessaient a rien d'autre que le travail, ils sont je pense assez extrême la dessus. Pour exemple, ils rentrent a 22-23 heure pour souper le soir... Alors forcement les enfants ont un peu été délaissés. Je leur en veux. J'ai l'impression qu'on ne s'est pas occupé de moi alors que je nais pas m'occuper de moi.

Au bout de combien de temps a tu ressenti l'effet du traitement ? Qu'as tu comme traitement ?

Pour ma part, j'ai été "diagnostiqué" (même si de l'aveu du psychiatre, ce diagnostic n'est vraiment pas sur. Çà pourrait s'agir aussi d'un vrai burn out avec dépression sur fond anxieux, que je n'ai pas pris en compte en zappant la psychothérapie et en me prescrivant les antidepresseurs et du fait que je manque de ressources personnelles et d'entourage pour supporter tout ça) en décembre au cours d'une hospit et on a démarré le lithium a ce moment là. J’étais aussi sous Xeroquel mais on l'a arrété en raison de la somnolence (ca m'assomais, du de se lever le matin) pour le remplacer par de Lamictal qu'on monte progressivement.

La je serre les dents que les médicaments fassent effet mais c'est dur.

En combien de temps croyez vous que je puisse ressentir une amélioration ? J'ai beau etre médecin gé, je ne connais pas tout notamment les modalitées en terme d'action de ces médicaments dont la prescription est plutôt l'apanage des psychiatres (mais quand je lis les descriptions du spectre des troubles bipolaire sur le site du CTAH, je m’aperçois qu'on est quand même assez loin de la description typique qui est faite dans les livres ou ce qu'on apprends à la fac...)

Céline, ne pas prendre de décisions en phase haute ou basse, ça j'ai bien bien compris. Ayant pris ma décision de "pause" avec mon ex durant cette dépression...

Je cours une fois par semaine. Je sais bien que le sport, la méditation aide, mais c'est très dur de refaire le même chemin que ce que j'ai fait avant pour me sortir de la depression liée au burn out. Je me demande a quoi ça sert d’être comme ça si c'est pour prendre des décision merdiques, d'avoir fait autant d'année d’étude pour se retrouver dans cette situation, si j'arriverai a être paisible en sachant que c'est de pire en pire.

Le plus dur c'est de ne pas avoir quelqu'un vers qui se tourner, avec qui on peut justement essayer de déconner, se motiver pour faire des choses, avoir le plaisir de partager et recevoir un peu d'amour a un moment ou l'amour qu'on se porte est juste dégueulasse. 

Merci encore pour vos réponses chaleureuses et bienveillantes.


   
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Tyss
 Tyss
(@tyss)
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Bonjour Ben,

Je suis contente de te lire.

Personnellement, je suis sous Quétiapine (Xeroquel). J'ai commencé avec 600 mg pour casser la crise dépressive qui était en train de revenir. Non seulement ça a cassé la crise, mais moi également : fatigue ingérable, impossible de me lever le matin, quand je sortais, je zigzaguais, impossibilité de réfléchir ou de décider, .... J'étais une loque et malgré tout je suis allée travailler. Je remplaçais quelqu'un et je me disais que je n'allais quand même pas faire chercher une remplaçante à la remplaçante à mon chef. Quelle bêtise avec le recul !

Je suis ensuite descendue à 300, puis 150 mg. Pour l'instant c'est le dosage qui me va. On va dire qu'entre le début de la prise de Quétiapine et les premiers vrais effets et améliorations, il y a eu 1 mois et demi à peu près.

Concernant le vide que tu ressens, je le comprends. Ce néant en face de toi. L'impression de n'être rien, que du vent. Pour l'instant tu es en crise, mais quand tu remonteras la pente et que tu auras plus d'énergie, tu pourras te programmer des activités : il y a forcément quelque chose que tu aimeras. Tu pourras t'inscrire dans des associations, club de sport, faire des sorties, etc. Dans quelle ville vis-tu ? Il a peut-être une association qui s'occupe de personnes bipolaires que tu peux solliciter pour t'aider et rencontrer du monde.

Tu ne t'en rends pas compte pour le moment, mai n'oublie pas que tu es une personne unique et complète. Tu es un monde à toi tout seul, pas seulement un monde qui se rattache à un autre et vis à travers une autre personne. Même si enfant tu n'as pas pu te développer comme tu le voulais, tu peux le faire adulte. Tout le monde continue d'apprendre et de grandir chaque jour. Moi personnellement, c'est à 27 ans que j'ai trouvé ma passion et à 31 que je change de mode de vie. Rien n'est jamais trop tard. A partir de ce moment là, tu pourras vivre tes relations amoureuses plus sereinement et ne pas vivre à travers ta compagne.

Pour l'instant, comme tu es en crise dépressive (voir peut-être mixte vu ce que tu décris), je te déconseille la méditation. C'est une pratique assez puissante et quand on est en crise, elle peut faire remonter trop d'émotions négatives. Tu pourras rependre quand tu iras mieux. C'est une méthode qui fait du bien et qui permet de désamorcer les rechutes. Tu pourrais peut-être quand même faire quelques exercices de respiration ou de yoga quand tu as des pics de détresse pour te calmer.

Je sais que c'est difficile, mais pour l'instant il faut prendre soin de toi et te soigner. Si tu avais un cancer, tu n'aurais pas refusé l'hospitalisation proposée par ton médecin, alors pourquoi la refuser pour une maladie psychiatrique ? Tu vas mal, tu as des idées suicidaires constantes et envahissantes : il faut que cela puisse s'arrêter et que tu retrouves du calme. Si cela doit passer par une hospitalisation, fais le. Et ne t'inquiètes pas, le monde ne va pas s'effondrer : tes patients et collègues trouveront des solutions pour te remplacer pendant ton absence. Ne culpabilise pas et pense à toi, c'est le plus important. Ne te dis pas non plus que parce que tu va t'arrêter un temps, ta carrière est fichue : tu es médecin ! Tu pourras toujours retrouver du travail et exercer où et quand tu veux.

Il faut que tu penses à toi et juste à toi. En allant mal, tu ne peux de toute façon pas être là pour les autres et les aider de façon optimale. Tu risques peut-être même de faire des erreurs à cause de la pression, de la fatigue, de la tristesse. Occupe-toi de toi comme tu t'occuperais d'un de tes patients : avec écoute et bienveillance.


   
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Sevillana
(@sevillana)
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Bonjour Ben, je viens de m’inscrire en lisant ton témoignage car je suis médecin moi aussi. 

J’ai fait surtout des dépressions depuis l’adolescence, pas assez graves pour qu’elles soient vraiment prises au sérieux et en charge. Ma famille était autoritaire et pour elle , la dépression ça n’existait pas. 

Du coup, le premier contact avec un psychiatre a été tardif’ vers l’age de 30 ans, lors d’une dépression vraiment sévère avec idées suicidaires avérées. Par la suite, antidépresseurs en continu, lithium, neuroleptiques, anxiolytiques, bref toute la panoplie, dépressions, rémissions... deux épisodes hypomaniaques. Beaucoup d’auto médication . De plus le psychiatre en question était un collègue de travail, je crois qu’il a longtemps minimisé le problème.

Je suis praticien hospitalier et j’ai exercé dans 2 hôpitaux généraux. Ca s’est toujours bien passé avec les patients, j’adore mon travail et notamment le côté relationnel avec les patients avec qui je m’investis pleinement. Je crois que le fait d’avoir une maladie chronique, ça développe l’empathie et on comprend mieux les malades. Ça contraste avec ma vie personnelle dans laquelle je suis plutôt renfermée et solitaire, je suis souvent mal à l’aise avec mes collègues médecins car j’ai peur de leur jugement.pour compenser ça, je bosse deux fois plus. 

J’ai du changer d’etablissement en raison d’un conflit avec une collègue, elle m’a accusée de tous les maux, y compris celui de vouloir la tuer!!! Il s’est après coup avéré que cette personne était paranoiaque et délirante mais le mal était fait , comme j’etais dans une phase dépressive à la suite de mon divorce, l’administration l’a crue et j’ai été mise au placard. Et en pleine dépression, difficile de se défendre...J’ai aussi très mal vécu l’inertie de mes collègues. 

Tout ça a fait que j’ai pu masquer mes symptômes longtemps, et jusqu’a ce que je craque, personne dans mon entourage n’avait rien remarqué . Je n.aurais pas été médecin, j’aurais sûrement consulté beaucoup plus tôt et mieux. Et c’est difficile d’interpreter ses propres symptômes car on connaît la maladie et on soigne même des patients qui ont la même chose . Je n’ose pas appeler à l’aide quand j’en ai besoin car je me dis que mes collègues ont d’autres chats à fouetter, plus graves que moi. 

Je n’ai été diagnostiquée bipolaire qu’a l’age de 49 ans. Je suis depuis suivie par un psychiatre qui n’est pas un collègue de travail, j’ai pu arrêter les neuroleptiques et e lithium que je ne supportais pas. Je suis mieux stabilisée avec lamictal prolactine et stilnox, et un peu de xanax si besoin. Ça n’a pas empêché d’autres rechutes mais c’est mieux et je me sens soutenue. 

J’ai 55 ans maintenant, je continue à travailler à l’hopital mais je ne peux plus travailler à plein temps depuis plusieurs annees maxi 60%. La je suis en temps partiel thérapeutique, sur l’avis du médecin du travail et de la commission de l’ars. Pas le droit de faire des gardes, suis en rqth. Ç’est dur car le sommeil n.est pas bon, mon côté ON fait que je me remets souvent en question , je veux tout le temps améliorer ma pratique et m’investis sur beaucoup de projets, d’ou stress qui me fait A nouveau sombrer . De plus, la pression de l’administration est dure pour toujours en faire plus et j’ai du mal à dire non...

Avec le recul, je ne sais pas si j’ai bien fait de choisir la pratique hospitalière car beaucoup’de Pressions, de luttes de pouvoirs, en libéral, j’aurais été plus tranquille à ne m’occuper que de mes patients. D’un autre côté, j’ai une protection sociale sûrement meilleure 

Voila mon parcours, je te rassure, c’est possible  médecin et bipolaire. mais il faut se protéger et je ne conseille pas la pratique à l’hopital. Désolée pour le côté roman fleuve ... j’espere avoir des nouvelles sur le forum🙂

 

 


   
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Nath
 Nath
(@nath8)
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Bonsoir, 

Bienvenue aux nouveaux  🙂 et courage, Ben, Tyss, Sevilanna, . (@madcap)

Coucou Céline   🙂  J'espère que tu vas bien  😉 

Je n'ai malheureusement pas de conseils à donner puisque je ne suis qu'une aidante. Je ne peux que vous souhaiter de trouver le bon traitement qui vous permettra d'avoir enfin une vie sereine.

Ben, j'espère que tu trouveras bientôt celle qui t'aidera à traverser toutes les épreuves et qui te fera oublier celle, qui, visiblement, écoutait plus la raison que son coeur. Une idée de sortie : O.V.S. (Onvasortir.com). C'est un site de sorties amicales qui permet de se faire un réseau d'amis tout en participant à diverses sorties  😉 Il y en a à peu près partout en France.


   
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zeliefree
(@zeliefree)
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Bonjour Ben, 

Je tenais déjà à vous féliciter pour votre parcours scolaire très sélectif et pour votre courage à continuer votre métier malgré le fait que visiblement, selon moi, vous soyez toujours en profonde dépression. J'ai moi même une bipolarité très grave et je comprends votre souffrance. 

Sur le sujet de votre compagne, je pense qu'elle a rejeté la maladie et pas vous. Après je ne suis pas dans votre couple, pas dans votre histoire, je ne connais pas sa personnalité. Mais certaines personnes fuient les malades psychiques! Et je vais peut être vous alarmer en disant cela mais si elle vous aimait vraiment à l'époque, elle vous aurait soutenu ! Peut être n'était-ce pas une si belle histoire que ça...Et sûrement, si vous passez l'éponge (pourquoi une psychothérapie?) vous pourrez retrouver l'amour, un vrai amour. Ne désespérez pas. 

Je tenais simplement à vous mettre en garde sur ces pensées suicidaires que vous annoncez avoir régulièrement. Je pense que le mieux pour vous serait de vous faire hospitaliser, si vous jugez que votre traitement actuel ne vous stabilise pas, si vos démons vous hantent encore...Avant de vous faire hospitaliser, renseignez vous bien sur l'établissement dans lequel vous souhaitez aller (je vous déconseille les cliniques privées).

"Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort" disait Nietzsche. Vous allez devenir plus fort grâce à ce que vous traversez, croyez moi. Ayez bien cette idée en tête.

Bonne chance et bon courage

 


   
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ver00
(@ver00)
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Bonsoir Ben,

Vous tombez des nues avec ce diagnostic de bipolaire, très dur à admettre quand on est soignant soi même, ( je suis infirmière libérale et bipolaire ) en plus, vous vous dites que c'est sans doute la maladie qui vous a éloigné de votre compagne . Donc vous culpabilisez .  " Si j'avais su avant, tout aurait été différent ! "

On ne peut pas savoir , avant de savoir . Il faut accepter les erreurs faites quand on n'avait pas toutes les données en main .

Quelqu'un vous a dit que votre amour n'était pas si beau que ça, puisque votre compagne vous lâchait en pleine déprime ...Ce n'est pas faux, mais connait elle votre diagnostic ? Elle a peut être le droit de savoir la vérité pour comprendre et réfléchir à son attitude ? Désolée, je dis ce qui me passe à l'esprit, c'est peut être idiot ? Mais, je crois que si j'étais vraiment amoureuse , j'expliquerais  la situation, chiche à me faire jeter encore une fois, mais au moins les choses seraient claires .A vous de voir ...

Il vous faut en plus digérer cette bipolarité, il m'a fallu 8 ans, mais je crois que je suis plus conne que la moyenne ! Finalement, maintenant, je revendique ma bipolarité , elle est mienne, en fond de questionnements existentiels qui m'ont toujours accompagnée . Ce n'est pas forcément une tare . On peut en faire une force . Avec un traitement sur mesure, oui, on est un soignant beaucoup plus humain parce que malade aussi ! Je bosse encore 12 h par jour avec 10 mg d'abilify .J'ai 55 ans . Je me bats dans un blog pour montrer la bipolarité sous un autre angle . Pour que "  l'opinion publique "  nous rendre notre confiance en nous, notre estime qui est le moteur de vie .

Je suis un peu cash, entière, mais j'essaie de vous aider à ma façon, ce n'est peut être pas la vôtre . En tout cas, garder espoir, si le soir vous le perdez, le lendemain , il risque surement de revenir ....Alors, dormez en attendant .... 


   
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mlikia
(@mlikia)
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Je suis également médecin et bipolaire. J’aimerais bcp discuter avec toi.

 


   
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Sevillana
(@sevillana)
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Bonjour Mlikia, je suis contente de pouvoir partager nos expériences et vécus.

Pour ma part, nouvel épisode dépressif récent. Un grand vide survenu d’un coup au boulot Avec idées suicidaires. Ça m’est déjà arrivé mais pas à ce point, toujours quand je suis seule dans mon bureau avec une charge de travail que je n’arrive plus à gèrer. Jamais en présence des patients ni des collègues heureusement. Il y avait eu des signes avant coureurs en dehors du boulot mais que j’avais négligés...

Donc, la je suis en arrêt de travail, adaptation du traitement, je commence à revivre☺️

A plus!

 


   
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Chouette308
(@jj)
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Posts: 1
 

Bonjour Ben, bonjour Mlikia bonjour tout le monde, mon père est également médecin et bipolaire, il s'est récemment fait hospitalisé pour la 5eme fois. Il module ses traitements au gré de ses humeurs et n'arrive donc pas à se stabiliser. C'est phases maniaques et dépressives sont de plus en plus rapprochées et intenses, je ne sais pas quoi faire pour l'aider à aller mieux à accepter et vivre avec sa maladie et surtout je me sens très impuissante face à cela, car très proche de lui et avec un caractère très similaire.. Je suis au fond du seau 

 


   
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ver00
(@ver00)
Famed Member
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@Filledebipo ,

 

Il me semble que lorsqu'on est soignant soi même , c'est encore  plus difficile d'accepter la maladie, on ne croit pas que ça puisse nous arriver, à nous ! J'ai moi même fait un long déni, que faire pour accélérer la prise de conscience ? Personnellement, il a fallu que je me heurte douloureusement à la réalité, que je tombe au fond du trou . Ton père peut venir ici, il est le bienvenu, et s'il veut se nourrir de nos expériences, il souffrira moins et moins longtemps . Bon courage .


   
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Dina
 Dina
(@dina)
New Member
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@mlikia

Mon petit ami est medecin et viens d être diagnostiqué bipolaire a la suite d une depression qui lui a valu un traitement medical. Il ne l accept pas je le vois souffrir et je ne sais pas comment je peux l aider. On est dans des pays differents car il est allé a l extérieur pour sa spécialisation. Je deprime d être inutile dans cette situation qu il traverse er d autant plus qu il me met a l ecart Comme tout le monde. Je suis aussi etudiante en medecine en fin de cycle. 


   
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ver00
(@ver00)
Famed Member
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Posts: 3016
 

@Dina,

Les soignants ont beaucoup de mal à accepter cette maladie .  J'ai 56 ans, et de mon temps, pendant les études , les malades mentaux étaient mal perçus . Je ne sais pas comment le sujet est abordé maintenant, en tout cas, on croit toujours que c'est pour les autres et pas pour soi !

Personnellement, si je n'avais pas abordé la bipolarité autrement, jamais je ne l'aurais acceptée . C'est grâce à mon blog que je m'en sors . Grâce à l'écriture et aux idées qui en découlent . Pour moi, la bipolarité n'est qu'un combat contre nous même, né d'un inconscient insatisfait . Il faut réussir à trouver un accord , pour pouvoir prétendre à un bien être . Mais ça passe par une médication, si petite soit elle, car, l'inconscient n'est pas maitrisable autrement de nos jours . Bon courage, je ne peux que vous parlez de ma méthode , ce n'est surement pas une recette miracle, mais je n'en ai pas d'autres .


   
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