Savoir que beaucoup de personnes bipolaires sont sans traitement est en fait un vrai secret de polichinelle … La réelle question est de savoir pourquoi elles ne reçoivent pas de traitement ? Est-ce que ces patients ne se soucient pas vraiment de leur mauvaise santé mentale ? Quel est le pourcentage ? Selon une enquête menée par l’OMS concernant des dizaines d’études sur l’utilisation des traitements psychiatriques, on comptabiliserait entre 30 et 80% de personnes ayant un trouble mental et qui seraient sans aucun traitement !!! Cet article traite des troubles bipolaires, mais il est aussi valable pour les troubles mentaux connexes .
– Quand on parle de traitement, on ne parle pas que des médicaments . Il y a le suivi, l’aide, etc etc … –
Pourquoi la personne bipolaire est sans traitement et comment y remédier ?
Ces résultats sont tout de même impressionnants et on a même réussi à catégoriser distinctement le pourcentage pour chaque trouble psychique et mental :
- Le trouble bipolaire : 50% des personnes souffrant de bipolarité ne reçoivent aucun traitement .
- La schizophrénie : 35% des personnes schizophrènes ne reçoivent aucun traitement .
- Le trouble anxieux : 60% des personnes anxieuses ne reçoivent aucun traitement .
- Le trouble panique : 60% des personnes souffrant d’attaques de panique ne reçoivent aucun traitement .
- Le TOC : 60% des personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs ne reçoivent aucun traitement .
- La dépression majeure : 60% des personnes dépressives ne reçoivent aucun traitement .
- L’alcoolisme : 80% des personnes alcooliques ne reçoivent aucun traitement .
On remarque donc que, mise à part les personnes souffrant de schizophrénie, les personnes souffrant de troubles bipolaires sont celles qui se traitent le mieux . Bien évidemment, ces chiffres sont ceux sortis d’un rapport, ils doivent donc être légèrement inférieurs à la réalité …
Ces chiffres rapportent tout de même que pour chaque trouble spécifique, plus de la moitié des personnes malades ne reçoivent jamais de traitement; alors qu’ils en auraient bien besoin …
Il faut donc se poser la question principale : Pourquoi ces patients souffrant de graves maladies ne reçoivent pas de traitement ? Voici donc quelques causes / raisons qui seraient responsables du manque – ou de la non-prise – de soins et traitements pour les personnes malades souffrant de troubles bipolaires ou autres troubles connexes; Et qui sont pourtant nécessaires …
La honte et la peur
Bien souvent, la personne qui souffre de problèmes mentaux ou psychiques ne cherche pas à se faire aider car elle à honte et peur . C’est principalement dû à la stigmatisation de ces maladies qui est souvent négative et qui discriminante envers les patients en les catégorisant comme « fous » ou « malades mentaux » . Cette « étiquette » peut alors avoir une conséquence néfaste sur la vie professionnelle et sociale du patient atteint d’un trouble bipolaire ou autre .
Généralement, cette peur ou honte se caractérise par des pensées de type :
- J’ai peur de demander de l’aide et des conseils .
- J’ai peur d’être qualifié(e) ou traité(e) de dingue, bargeot ou fou (folle) .
- Je suis gêné(e) et préoccupé(e), j’ai aussi honte de parler de mes soucis et problèmes .
- Je ne veux pas savoir si je suis malade ou si j’ai quelque chose qui ne va pas bien .
Comment remédier à ce sentiment de honte et peur ?
Il faut savoir qu’il est normal d’avoir ce type de pensées communes et ce type de sentiments . Les experts en psychiatrie estiment que 1 personne sur 4 est atteinte d’une maladie psychique ou mentale ! Cela veut donc dire que le malade n’a aucune raison de se sentir seul . Même si la pensée publique actuelle n’arrange rien en stigmatisant perpétuellement les maladies mentales ( comme la bipolarité ), il faut savoir que beaucoup de patients sous traitements sont intéressés et ouverts pour aider et rediriger les personnes en situation de non-prise en charge .
Le manque de clairvoyance ou de perspicacité
Une personne avec des signes visibles d’un trouble mental mais qui affirme qu’il n’y a aucun problème avec elle, qu’elle n’est pas malade ou encore qu’elle n’a pas besoin d’aide; Toutes ces réactions signifient alors une abstinence à tout discernement ou une absence totale de clairvoyance et un manque de perspicacité . Le patient peut également avoir une méconnaissance de sa maladie et ne pas se rendre compte de sa condition de mauvaise santé mentale, dénommée sous l’appellation « anosognosie » . Cette cause est observée chez la majorité des personnes schizophrènes sans traitement . Résultat : Si une personne pense réellement qu’elle n’est pas malade, alors pourquoi devrait-elle chercher à se soigner via un traitement ?
Généralement, ce manque de perspicacité se traduit par des pensées communes de type :
- Il n’y a aucun problème avec moi .
- Mes proches se font du souci à propos de moi . Ils n’ont pourtant aucune raison à cela; Je vais très bien !
- Je ne suis pas bipolaire, je n’ai pas besoin d’être suivi !
Comment remédier à ce manque de perspicacité ?
Quand une personne indique à une autre qu’elle se fait du souci pour elle, il faut la prendre au sérieux, sans toutefois paniquer à la première affirmation ! Le proche de la personne malade peut alors faire une check-list concernant les signes qu’elle perçoit comme des symptômes de troubles bipolaires ou autres . Pour rassurer la personne malade, il faut faire cette liste avec elle afin d’écouter son avis et lui prouver qu’elle a tort . Si un docteur indique également à une personne qu’elle a des problèmes mentaux, alors il faut que la personne s’ouvre à ce professionnel de santé et écoute ses conseils .
La minimisation du trouble
Certaines personnes arrivent à reconnaître qu’elles ont des petits troubles dans leur santé mentale, mais elles ne se sentent pas vraiment malades pour autant ! Pour elles, un trouble bipolaire par exemple, ce n’est pas une vraie maladie, tout le monde peut l’être … Elles sont donc dans une forme de non-acceptation de la maladie ( légèrement différent du déni ), d’où ce rejet ou cette insensibilité et minimisation de leur trouble mental .
Généralement, cette sensibilité minime à la maladie se caractérise par des pensées communes de type :
- Mon problème n’est pas si handicapant, mauvais .
- Tout le monde a des soucis et est stressé dans la vie .
Comment remédier à cette faible sensibilité ?
Nombreuses sont les personnes à reconnaître leurs troubles de l’humeur ou du comportement ( bipolaire ), mais elles minimisent aussi beaucoup les difficultés en se disant que ce n’est pas grave et que ça s’en ira avec le temps … Il faut pourtant savoir que les problèmes des maladies mentales ne disparaissent pas comme ça; « comme par magie » ! Il faut accepter l’aide des professionnels le plut tôt possible . Si la personne n’est pas psychiatre, comment peut-elle se diagnostiquer un trouble qui n’est soi-disant pas sérieux ?!! Seul un psychiatre, expert en troubles bipolaires par exemple, peut alors donner une opinion officielle et établir avec la personne une base de traitement à respecter, suivant les causes du trouble et son intensité .
Le sentiment d’impuissance
Accepter d’être impuissant face à une maladie ou de faire face à un échec est inconcevable pour certaines personnes; surtout si on parle d’un trouble mental = quelque chose qui ne tournerait pas rond dans leur tête selon elles … Pour elles, c’est une obligation d’être capable de se gérer seules, elles n’ont besoin d’aucune assistance, sinon cela veut dire qu’elles sont faibles .
Généralement, ce sentiment de possible échec et d’impuissance se traduit par des pensées de type :
- Je n’aime pas admettre mes défauts et mes échecs .
- Je ne demande pas d’aide car je ne suis pas un(e) bon(ne) à rien ou un(e) perdant(e) .
- Je vais arriver à mieux faire face aux problèmes .
- Mes problèmes sont toujours de ma faute .
Comment remédier à ce sentiment d’insuffisance ?
Il faut bien se dire qu’une maladie mentale ou psychique est aussi grave qu’un cancer ou que le sida . Il faut que la personne se demande ce qu’elle ferait si elle avait cette maladie … Avoir recours à une aide d’un professionnel dans une maladie n’est absolument pas un signe de faiblesse; le responsable du trouble mental est rarement la personne malade .
La crainte d’en parler
Toute personne à toujours un doute sur le fameux « secret professionnel » au niveau de sa santé . C’est un peu comme en amour, le premier pas est le plus difficile ! La méfiance envers le professionnel à qui la personne va se confier cache une réelle inquiétude sur le fait de parler d’un trouble mental avec un étranger ( docteur ) … La personne se demande alors si ce qu’elle va avouer restera bien confidentiel .
Généralement, cette crainte se caractérise par des pensées de type :
- J’ai du mal à faire confiance à quelqu’un et lui avouer mes plus intimes secrets .
- J’ai toujours des doutes sur la confidentialité de mes propos .
- Je veux que personne ne sache que je suis sous traitement pour un trouble bipolaire ( ou un autre ) .
Comment remédier à cette méfiance ?
C’est une obligation : Les médecins sont tenus au secret professionnel; tout ce qui se dit pendant une consultation reste confidentiel, entre le docteur et son patient . – Sauf si il y a une mise en danger mortelle ( patient ou entourage ) ou que cela concerne un acte illégal ( commis ou prévisible ) ! – Toutes informations communiquées sont considérées comme « sécurisées » et ne sont pas diffusées tant que le patient ne donne pas son autorisation . Le thérapeute fait confiance à son patient ( pas de mensonge ) et le patient doit donc faire confiance à son thérapeute ( confidentialité ) . C’est une relation basée sur la confiance mutuelle .
La désolation, l’accablement
Certains patients, en dépression notamment, sont dans un état de déception de la vie . Leurs troubles mentaux leur ont fait oublier tout espoir de s’en sortir, les personnes sont complètement démoralisées . Elles sont persuadées que plus rien ni personne ne peut les aider et que leur état de santé ne s’améliorera plus jamais . Ces « fausses croyances » sont bien le fruit du désespoir et de la mélancolie, elles peuvent représenter une réelle barrière au besoin et à la recherche d’aide …
Généralement, cet accablement et cette consternation se traduisent par des pensées communes de type :
- Je sais très bien qu’il n’y a plus rien ni personne qui peut m’aider .
- J’ai déjà essayé un tas de traitement auparavant et cela ne m’a jamais vraiment aidé .
- J’ai tout essayé, maintenant j’ai envie d’abandonner .
- Le dernier traitement que j’ai eu était horrible et m’a rendu pire, alors c’est finit !
- Tous les médecins que j’ai vus sont des incompétents et n’y connaissent rien à ma maladie, alors j’ai décidé de ne plus en voir !
Comment remédier à ce désespoir ?
On sait qu’une personne souffrant de bipolarité consulte en moyenne 5 médecins différents . Il faut aussi savoir qu’il existe des centaines de traitements possibles pour cette maladie, alors ce n’est pas parce que 1 ou 2 traitements n’ont pas marché que les autres ne marcheront pas ! Chaque jour, des chercheurs prouvent l’efficacité de certains traitements avec des patients, alors un jour, il y aura un traitement pour chaque personne, c’est certain ! Il ne faut pas abandonner au premier échec d’un traitement médicamenteux, au premier suivi psychiatrique non-adéquat à sa personnalité, etc etc … Il ne faut pas baisser les bras, mais plutôt continuer à chercher le bon traitement ( médicament, psy, etc etc … ) et changer si ça ne fonctionne vraiment pas ou si le médecin ne veut pas aller de l’avant ( malheureusement, ça arrive aussi parfois ! ) …
La non-présence des professionnels en santé mentale
Oui, car ce n’est pas toujours de la faute des patients ! Il suffit qu’une personne réside dans une ville un peu isolée, à la campagne, il n’y a pas toujours de médecins spécialistes en troubles mentaux à ce moment-là; et le médecin généraliste n’est pas toujours très qualifié pour ce type de traitement … Quelquefois, c’est le manque d’informations pratiques qui est aussi en cause .
Généralement, le manque de professionnel en santé mentale se caractérise par des pensées communes de type :
- C’est difficile de trouver un spécialiste ou un traitement dans ma ville .
- Je ne sais pas où me renseigner pour trouver un spécialiste ou quelqu’un qui peut me prescrire un bon traitement .
Comment remédier à cette indisponibilité d’un praticien ?
Ça peut être un vrai problème de ne pouvoir trouver un professionnel de santé autour de soi; ou savoir comment le rechercher ! Toutefois, il est toujours possible de contacter son médecin généraliste qui pourra rediriger la personne vers le bon spécialiste; et le plus proche .
Les obstacles quotidiens et contraignants
D’autres barrières ( fréquentes ) à l’accès aux soins spécialisés sont le financement, les contraintes liées au travail ou au social . Beaucoup de personnes sont dans l’incapacité de payer des soins alternatifs et réguliers . Les personnes exerçant une activité professionnelle peuvent aussi avoir du mal à se libérer aux horaires déterminés par les médecins; c’est pareil pour les mères au foyer et la garde des enfants ! Tous ces petits obstacles de la vie quotidienne peuvent empêcher un patient d’avoir un traitement régulier et adapté pour sa maladie .
Généralement, les contraintes socio-professionnelles se traduisent par des pensées de type :
- Je n’ai pas la possibilité de me présenter aux rendez-vous médicaux qui sont identiques à mes horaires de travail ou de la crèche .
- Je n’ai pas les moyens financiers de payer un traitement .
- Je suis trop occupé(e) et je n’ai pas le temps de suivre un traitement .
Comment remédier à ces barrières pratiques ?
C’est vrai que ces barrières de la vie sont assez difficiles à gérer et changer . Mais il existe ( presque ) toujours des solutions : La famille, les amis ou les voisins peuvent déjà aider à surmonter quelques barrières dites de transports ou de gardes d’enfants . Les assistantes sociales sont aussi là pour aider financièrement afin d’amortir les coûts d’un traitement médical qui peut être onéreux dans certains cas . Il faut utiliser toutes les aides possibles afin de pouvoir incorporer, dans un planning journalier, un moment pour le traitement de sa maladie; c’est très important !
Parvenir à trouver une solution pour pouvoir se traiter
Cette précédente liste ne recense pas toutes les causes qui empêchent un patient bipolaire à accéder au traitement dont il a besoin, mais la plupart, les plus fréquentes . Ce qui rend l’accès aux soins encore plus compliqué, c’est quand plusieurs de ces raisons sont associées … Les personnes âgées, les étrangers et les personnes en grande difficulté financière sont les plus touchées par cette absence de traitement; involontaire parfois .
Ce qui serait souhaitable, ce serait d’avoir autant de solutions que de problèmes, mais ce n’est malheureusement pas le cas; il y a toujours plus de problèmes ! – qui sont bien souvent personnels, uniques –
On peut voir que l’entraide joue un rôle essentiel, autant dans l’acceptation de la maladie que dans le soutien envers les problèmes de la vie quotidienne pour accéder à un traitement .
Dans les campagnes, il subsiste toujours ce problème de manque de cliniciens compétant en santé mentale . Ce qui serait intéressant, ce serait d’avoir des professionnels libéraux qui puissent se développer encore plus dans les zones rurales .
Quand une personne est dans le déni ou la non-acceptation de sa maladie bipolaire, il est alors très difficile ( en étant un proche ) de lui faire changer d’avis et accepter qu’elle a un problème grave et qu’il faut le traiter . C’est alors qu’une relation de confiance doit s’installer entre le proche et le bipolaire, car la personne ne pense pas être malade et n’ira donc pas voir un médecin ! Écouter, comprendre, positiver et s’associer, voilà des actions à entreprendre pour minimiser une tension de désaccords à la base, mais pour arriver à conclure une sorte de contrat d’engagement par rapport aux troubles de la personne et arriver à accomplir des objectifs qui seraient de ne plus agir comme auparavant; lui expliquer pourquoi ( causes, conséquences, souhaits, etc etc … ) . Au fur et à mesure, la personne bipolaire comprendra que l’aide d’un médecin lui est nécessaire …
Les problèmes de honte, peur, impuissance ou désespoir sont encore plus complexes à démasquer car la personne peut les cacher pendant très longtemps . Ce sont des vrais complexes d’infériorité, des ressentis du moins, mais au moment où le patient va laisser échapper un de ces complexes, alors la personne proche peut l’encourager à en parler encore plus ouvertement pour pouvoir l’aider à sortir de cette grande détresse qu’il se crée, notamment dû par la stigmatisation du public liée aux troubles bipolaires et psychiatriques . La discrimination dans cette thématique de santé peut être très blessante et rendre la volonté d’avoir besoin d’un traitement très difficile à affirmer et surmonter .
Le traitement des troubles bipolaires existe : Il est unique à chaque patient . Il suffit juste de persévérer jusqu’à obtenir son propre traitement efficace qui stabilisera la maladie .
Les expériences négatives sont ( malheureusement trop souvent ) le lot quotidien des personnes souffrant du syndrome de bipolarité, et pouvoir trouver de l’espoir / l’aide est parfois une réelle bouffée d’oxygène . Avec une relation de confiance, tel un partenariat, les causes et croyances peuvent alors devenir complètement ironiques et incohérentes pour la personne qui ne souhaitait pas être traitée auparavant …
Si vous souffrez de troubles bipolaires et que vous êtes sans traitement, vous avez maintenant quelques conseils pour remédier aux causes qui peuvent être les raisons pour lesquelles vous n’avez pas encore de traitement contre votre bipolarité . Sachez qu’il est préférable d’être traité plutôt que de souffrir inutilement en silence … La première action à accomplir est parfois d’accepter l’aide ( ou de la demander ) …

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