Annie est notre 4ème bipote à témoigner pour cette semaine spéciale témoignage . Elle a tenu à nous offrir un témoignage sur les conjoints de personnes bipolaires . On a déjà pu voir, via un précédent article, que le soutien des proches était primordial et rentrait directement dans le traitement d’une personne bipolaire . Elle nous confirme que c’est un vrai travail mais que cela fonctionne; beaucoup d’amour, de recul et de remise en question sont nécessaires pour soutenir une personne bipolaire et la mener jusqu’à une stabilité, le « rétablissement » comme elle nous le raconte …

 

Le conjoint peut-il mener vers un Rétablissement ?

Parce que j’ai eu l’occasion de vivre les deux expériences, j’avais envie de témoigner sur l’accompagnement de la personne bipolaire…
Je fus mariée une première fois 20 ans. Et ma maladie fut diagnostiquée 10 ans après notre mariage.
Certes, j’ai connu l’enfer des phases maniaques avec ses lots de délires cosmiques… Et ils ont connu la honte de me voir partir une dizaine de fois en Hôpital psychiatrique…

  • Mais pourquoi n’arrivais-je pas à m’en sortir aussi ?
  • Pourquoi, faisais-je à l’époque d’énormes crises maniaques ?
  • Pourquoi n’arrivais-je pas à gérer ?
  • Étais-je la seule « responsable » de mes rechutes ?

Il m’a fallu divorcer, rencontrer une autre personne pour comprendre… Car oui, il faut oser le dire, nos conjoints doivent aussi se remettre en cause il me semble… Il faut cesser de jeter la pierre systématiquement sur le bipolaire… Certes il a une étiquette sur le front, mais dans un couple on est deux ! Et je pense à ce sujet d’ailleurs, QUE TOUT LE MONDE DEVRAIT SE FAIRE SUIVRE PAR UN THERAPEUTE ; TOUT LE MONDE !
Pourquoi, aujourd’hui, cela fait 9 ans que je n’ai pas eu d’hospitalisation et que mes crises maniaques se transforment seulement en hypomanie gérables sans plus aucun délires ? Je pense savoir la raison…

Avec mon ex mari, je fus longtemps très seule dans la maladie ! Ce n’est pas une critique à son égard, mais un réel fait.

Je crevais sur mon canapé et cela a duré…….12 ans !

  • Je devais préparer seule mon pilulier alors que j’en étais bien incapable, car trop shootée à l’époque.
  • Je devais travailler comme une dingue malgré la pathologie, malgré les médicaments parce que nous avions une société à faire tourner.
  • Je devais rouler en voiture pour le travail alors que jamais je n’aurai dû puisque trop de médicaments… J’ai eu deux accidents de voiture pendant cette période…
  • Jamais il n’a été en entretien avec mon psychiatre de l’époque.
  • Jamais un livre ne fut ouvert sur cette pathologie…
  • Était-ce une fuite, une peur, face à la maladie ?
  • Était-ce un manque d’amour entre nous ?
  • Était-ce si difficile pour lui ?

Je ne le blâme pas, la MALADIE en général fait peur, bouleverse toute la famille et je lui dis merci néanmoins…

Mais, pourquoi aujourd’hui, avec la nouvelle personne avec qui je vis, tout se passe bien ?

Cette personne ne me mène t-elle pas elle aussi vers le RÉTABLISSEMENT ?

Une chose est sûre, un immense « Amour » nous unit déjà. De cela j’en suis bien consciente.

  • Cette personne n’a pas fui quand je lui ai annoncé immédiatement que j’étais bipolaire.
  • Cette personne m’apprend à bien prendre mon traitement en mettant des alarmes dans mon portable pour ne pas oublier.
  • Elle surveille mes plaquettes pour vérifier si j’ai bien pris mon traitement.
  • Nous débriffons chaque émotion qui aurait tendance à bouleverser mes neurones.
  • Nous communiquons énormément sur tout !
  • Nous ajoutons beaucoup « d’Humour » sur mes états et on tourne tout en dérision.
  • Nous avons beaucoup de tendresse entre nous.
  • Elle me rassure beaucoup et dédramatise énormément tous les évènements de ma vie.

Grâce à cette personne, je sais, je sens que je me dirige vers le rétablissement. Certes, c’est moi, avec ma rage aussi, qui me bat contre cette pathologie, mais il est évident que sans mon conjoint si compréhensif, accompagnant, je n’en serais pas là aujourd’hui.

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  • Cette personne m’a appris aussi à avoir une bonne hygiène de vie. Respecter les phases de repos obligatoire, ne plus courir, prendre soin de moi car oui « je le vaux bien » !
  • Cette personne m’a appris une rigueur dans la prise de mon traitement.
  • Cette personne m’encadre, me recadre quand il le faut; et je l’accepte…

Cette personne, je lui fais entièrement confiance et elle se remet aussi en cause sur son caractère car il faut aussi le dire : la maladie entraîne toute la famille et tout le monde doit se remettre en cause aussi…

Un grand merci à cette personne qui partage ma vie aujourd’hui car sans elle, je peux l’affirmer, je serais morte…
Voilà pourquoi je distille aussi toutes nos astuces pour aller mieux dans un spectacle « Nuit d’Enfer », à travers la France, la Belgique et la Suisse.

Prochain spectacle : 21 octobre 2017 à Malleray en Suisse, à une heure de la Frontière.

Voilà pourquoi, avec mon équipe ici à Charleville-Mézières nous montons un fabuleux projet via notre future association Tic et Tac 08, pour aider, accompagner, tirer vers le haut des personnes bipolaires parce que ma grande inquiétude est de savoir : Comment une personne bipolaire seule dans la vie peut s’en sortir ? Trop d’isolement, trop de souffrances, trop de suicides, trop de morts… IL FAUT AGIR !

Cliquez ici pour retrouver le premier témoignage d’Annie Menonville sur LeBipolaire.com .

 

Annie Menonville témoignage
Annie Menonville en spectacle
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  • Je connais Annie, nous nous sommes rencontrées 2 fois. J’ai fais sa connaissance grâce à ce site.

    Elle est exceptionnelle et foncièrement humaine. Elle a des idées et nous discutons librement et ouvertement.

    Cette idée de spectacle est géniale. J’avais d’ailleurs recommandé un extrait de celui-ci à voir sur youtube en activité sur le forum. Elle est dans l’action et j’aime cela.

    Beau témoignage Annie !

    • Bonjour Annie, je suis bipolaire,le diagnostique a été fais 2ans après mon divorce et suit à un projet de mariage raté au moment de la finalisation avec les parents.
      Cela fait 3ans que je vis avec cette maladie.
      La question que j’aimerais vous posez c’est: Que feriez vous si demain vous perdez cette personne qui est devenu si important pour votre vie?

  • https://www.youtube.com/watch?v=8TArIqRgcqU

    Bonjour Gabrielle, je viens de mettre le lien concernant mon clip. Un extrait de spectacle pour pouvoir expliquer la maladie avec humour et tragédie.
    J’ai tenté d’expliquer en 1h30 ce qu’étaient les crises maniaques et dépressives de MA bipolarité qui n’est pas celle des autres..
    Stabilisée aujourd’hui et plus aucune hospitalisation, c’est un véritable espoir pour tous les autres bipolaires..
    Mais beaucoup sont encore dans « le trou », et nous qui sommes stabilisés devons porter la parole de ceux qui n’arrivent pas à verbaliser.
    Prochain clip bientôt, à l’issue de mon prochain spectacle en Suisse.
    Avec mon équipe ici dans les Ardennes, nous avons pour ambition de créer une association par département ! Rejoignez-moi sur fb..et vous découvrirez ma page Tic et Tac 08. Bon courage à tout le monde

  • Bonsoir, je comprends tout à fait votre témoignage Annie et je regrette d’avoir manqué votre spectacle qui m’aurait plus c’est certain . J’ai vécu deux ans et demi avec une femme bipolaire et je l’ai quitté la mort dans l’âme il y a un mois. je suis bien d’accord qu’il ne faut pas jeter la faute sur la personne bipolaire mais je pense que , contrairement à vous, même si elle suit un traitement , elle n’a pas toujours conscience de sa maladie et de l’enfer que deviennent ses phases euphoriques. ET POURTANT , j’ai tout fait pour elle, j’ai été prévenant , à ses cotés pour lui parler, échanger (lorsque c’était possible ) , bien veillé à ce qu’elle prenne bien son traitement , je l’ai veillé, porté, supporté ,AIME et je me suis progressivement senti basculer et là , j’ai eu un déclic terrible : je devais la quitter car , sans le vouloir et malgré tout l’amour immense qu’il y a (encore ! ) entre nous, notre vie de couple devenait un enfer . Je passe les détails mais, avec elle, j’ai eu droit à tout alors…j’ai sans doute ma part de responsabilité, mais …ou ai je fauté ???

  • Bonsoir, je comprends tout à fait votre témoignage Annie et je regrette d’avoir manqué votre spectacle qui m’aurait plus c’est certain . J’ai vécu deux ans et demi avec une femme bipolaire et je l’ai quitté la mort dans l’âme il y a un mois. je suis bien d’accord qu’il ne faut pas jeter la faute sur la personne bipolaire mais je pense que , contrairement à vous, même si elle suit un traitement , elle n’a pas toujours conscience de sa maladie et de l’enfer que deviennent ses phases euphoriques. ET POURTANT , j’ai tout fait pour elle, j’ai été prévenant , à ses cotés pour lui parler, échanger (lorsque c’était possible ) , bien veillé à ce qu’elle prenne bien son traitement , je l’ai veillé, porté, supporté ,AIME et je me suis progressivement senti basculer et là , j’ai eu un déclic terrible : je devais la quitter car , sans le vouloir et malgré tout l’amour immense qu’il y a (encore ! ) entre nous, notre vie de couple devenait un enfer . Je passe les détails mais, avec elle, j’ai eu droit à tout alors…j’ai sans doute ma part de responsabilité, mais …ou ai je fauté ???

  • Bonsoir, j’ai vécu 9 ans avec mon ex-compagne dont la bipolarité avait été diagnostiquée en 2008 en HP après une TS, avant notre rencontre. Nous avons eu 2 enfants. Aujourd’hui ma vie est un champ de ruines, elle m’a quitté en pleine phase maniaque, refait sa vie avec son amant qui se trouve être l’un de ses nombreux ex, a vidé les comptes avec des achats compulsifs, a déposé une plainte contre moi remplie de propos mensongers et abjects, me rend responsable de ses phases dépressives, m’a usé psychologiquement pendant des années avec des reproches incessants, une insatisfaction chronique, une remise en cause permanente de mon rôle de père, un autoritarisme permanent,tout en me laissant faire la quasi totalité des tâches à la maison, une perversion de la réalité quasi permanente face à laquelle je ne savais plus quoi faire. Elle a toujours été dans le déni de sa bipolarité et il était impossible de parler de ce problème avec elle, ni du mal être familial car cela générait des disputes avec des noms d’oiseaux qui pleuvaient de part et d’autre (oui je ne me laissais pas toujours faire quand je n’en pouvais plus d’encaisser), parfois elle me violentait physiquement, ou des logorrhées verbales de sa part qui deviaient vers d’autres sujets et pendant lesquelles la parole m’était interdite. J’ai subi au quotidien reproches et petites phrases assassines, sauf dans ses phases dépressives pendant lesquelles elle était passive. Elle est dans le déni complet, et a consulté plusieurs psy différents uniquement dans les phases dépressives avec arrêt de travail plus ou moins longs. Je n’ai rien pu ou rien su faire pour l’aider, j’ai essayé d’alerter sa famille qui m’a répondu que le diagnotique bipolaire avait été fait à la va vite, d’ailleurs sa famille n’ose pas se confronter à elle. Le dialogue n’a jamais été possible car elle me rendait systématiquement responsable de tout, elle ne s’est d’ailleurs jamais excusé de quoi que ce soit en 9 ans de vie commune, mais me demandait sans cesse des excuses car selon elle j’étais responsable des disputes et de ses dépressions.
    Aujourd’hui je suis inquiet car nous avons convenu d’une résidence alternée, mais dans les phases dépressives ou maniaques, j’ai peur des conséquences sur mes enfants, sur lesquels elle crie en permanence dès qu’ils n’agissent pas comme elle le souhaite, ce qui a même choqué nos voisins qui m’ont demandé pourquoi elle criait autant sur nos enfants. J’ai moi même un suivi psychologique depuis la décision de notre séparation, et je commence seulement à prendre le recul suffisant pour ne plus culpabiliser et admettre que j’ai été la victime de harcèlement moral de la part de ma conjointe, et pas le contraire comme elle le prétend. C’est très difficile de sortir du trou, de se rendre compte a posteriori de cette situation, et d’accepter le fait d’avoir pu supporter ceci pendant des années, d’encaisser, et d’avoir été impuissant. Je suis d’accord qu’un conjoint de bipolaire peut probablement jouer un rôle de stabilisateur du couple, mais sans être thérapeute, et face à un ou une conjointe bipolaire dans le déni, cela me semble être extrêmement difficile, et les dégâts provoqués sont immenses sur le conjoint de bipolaire.