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Je me présente, Décrépitude

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Stephane
(@bistef)
Active Member
Inscription: Il y a 7 ans
Posts: 14
Début du sujet  

Bonjour mesdames et messieurs,

Je me présente, je m'appelle Décrépitude et je souhaiterais vous dire un mot au sujet de celui que j'ai choisi aujourd'hui : Stéphane.
Stéphane est un homme sans âme car il ne voulait pas s'encombrer dans la vie.
Il a commencé, et ce fût dur, par être triste et moche dans un quartier triste et moche, et ce fût dur aussi.
Malgré tout, après un bon départ, il rata tout mais se raccrocha aux quelques branches qui trainaient là, dans sa chute.
Il aurait tout aussi bien pu s'écraser sur le trottoir mais il aimait la nature et elle le lui rendait bien.
Pendant des années, il vécu normal, avec femmes et enfants, des jours qu'il croyait heureux.
Mais ce n'était qu'une illusion factice comme ces illusions de vie confortable et heureuse. Pourtant, il n'installa jamais de barbecue dans son jardin mais je n'y suis pour rien, parfois les gens m'aident sans le savoir.
Un jour, alors qu'il rêvait devant sa mare à compter ses grenouilles, il me rencontra. Je ne lui laissai aucun doute sur mes intentions et il décida que la fin valait mieux les moyens d'en finir ce qui, ne cherchez pas, ne veut rien dire.
Prit par les chevilles, la tête en bas à regarder l'horizon, il navigua en eaux troubles, à regarder ses pieds pendant des années.
De temps à autre je venais l'encourager en l'appelant par son petit nom : Lopette. Nous devisions sur sa vie finie et il me disait souvent qu'il aimerait bien qu'elle soit belle et bien terminée. Oui, il avait le choix, mais des liens étranges le retenaient encore et ralentissaient sa chute sur ce trottoir mouillé de pluie que je lui avait réservé.
Un jour il me cueillit, au saut du lit : "Alors, je suis une sale lopette !" me dit-il l'air ravi, puis il rit à gorge déployée comme d'habitude lorsqu'il faisait un bon mot. Dans ces moments de trêve, la chute suspendait son vol et cela ne faisait pas mes affaires car une rémission pourtant rare était toujours possible. Il me fallait trouver des sujets adéquats et je puisais dans ses mauvais souvenirs quantité de larmes, de douleurs oubliées, de regrets, de femmes perdues, de chances gâchées et de destructions volontaires. Désillusion m'aidait également beaucoup, il lui soufflait des espoirs qu'il m'importait de détruire aussitôt nés.
La vie était pleine de ressources mais mon armée bien entrainée s'occupait de les mettre hors de portée de mes protégés. Imaginez : trop de vert, de senteurs au printemps, de cascades fleuries, de butineurs vrombissant leur joie, de bureaux calmes et ensoleillés, de collègues bienveillants, de potagers sur les toits, de baisers volés, de chansons à pleurer de bonheur, de rire d'enfants, d’œufs à la coques au jaune coulant, de tartines sans trous, de ciel bleu, de soleil, de neige en hivers, de soleil sur la neige en hivers, de pluies de nuit, de pleines lunes, de silence partout, de bruit nul part, de voisins conciliants, les rémissions seraient légions et je perdrais toute crédibilité au sein de l'illustre famille Décrépitude.
Heureusement, je suis toujours d'un esprit optimiste et Stéphane surement chutera aussi bien que les autres, le travail est déjà bien avancé : TS, asile, arrêt de travail avant un temps partiel très réduit, c'est une descente régulière, sans accroc. Ce qui m'inquiète encore c'est son sens de l'humour qui s'exprime de ci de là sans que j'en puisse comprendre la mécanique. Un foyer de résistance est toujours possible, c'est à surveiller de prés car des rémissions peuvent devenir hostiles et entrer en lutte contre notre institution millénaire au lieu de vivre paisiblement leur vie retrouvée.
Je ne suis pas pour la mort volontaire de certains de mes protégés, ça me laisse un petit goût d'échec personnel, ça raccourcit les chutes et pourrait laisser croire que ces gens m'échappent en quelque sorte. Comme s'ils avaient le choix, non Stéphane n'a pas le choix et si par malheur il n'atteignait jamais ce trottoir humide ce ne sera pas pour rémission.

Décrépitude


   
Citation
Régis
(@reg74)
Estimable Member
Inscription: Il y a 6 ans
Posts: 196
 

Bonjour décrépitude,
Je constate que tu as encore jeté ton dévolu sur une belle âme, pleine de sensibilité et de lucidité !! Mais tu te trompes, car Stéphane n'est pas un homme sans âme. C'est toi qui n'as pas d'état d'âme à vouloir assombrir cet esprit fragile, c'est facile, c'est lâche, car c'est uniquement sur son esprit et sur son corps que tu répands ton poison exécrable. Son âme, elle, brille au dessus de ta noirceur, et lui transmet ses émotions que tu t' empresses de déformer, sans pitié aucune, en une réalité sombre et amère...
Maintenant je ne m'adresse plus à toi, tu n'en vaut pas la peine.
Bonjour Stéphane, ton texte m'a ému, il retranscris bien une souffrance que nous connaissons tous.. lopette ? Non !!! Tu viens de le prouver par tes écrits, c'est une personne vive et intelligente qui exprime son vécu. NOTRE PERSONNALITÉ n'est pas ce que nous sommes dans nos extrémités bipolaires. Un organe, et pas des moindres, a des dysfonctionnements, qui empêche de nous exprimer correctement, qui nous fait avoir peur de tout, etcs...de ce fait qui nous dévalorise, et nous rends coupable de cet état. Et l'inverse, dans l'autre phase...
Avec le temps, j'ai appris, dans mes attitudes et mes paroles a être complètement neutre aux yeux des autres pendant que la tempête de déchaîne dans ma tête.. mais j'ai quand même du mal à écouter et comprendre quand on me parle... Je suis en décalage avec le présent... Et à faire le beau parleur, j'ai moi aussi besoin de partager mes souffrances, j'ai moi aussi besoin d'aide, comme tous ici, puisqu'on est là !
Nous parler, nous soutenir les uns les autres, profitons de cette chance que nous offre cette époque de l'Internet.   Je me sens si seul face à cette maladie. Un non bipolaire ne peut pas comprendre. Essayez de décrire des couleurs à un aveugle de naissance...

Bon courage à toi Stéphane
Au plaisir de te lire...


   
Priscilla reacted
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Marie
(@auraliza)
Estimable Member
Inscription: Il y a 6 ans
Posts: 229
 

Bonjour à vous deux

comme je me retrouve dans ces sages paroles regis....moi aussi j ai appris à ne pas broncher alors que c est la tempête dans ma tête. Pour que nous autres bipolaires puissions être socialisés, il faut réussir à maîtriser la bête malade qui rugit au fond de nous et se déchaîne encore’ trop souvent au grand jour. La solitude est notre lot, en ce’ qui me concerne, même ma famille proche n accepte pas et me’ laisse me débrouiller toute seule, alors la solitude oui je connais.....c.est comme si nous étions deux à l.interieur, la partie saine essayant de maîtriser la partie malade pour pouvoir continuer à « vivre normalement «  si tant est que nous puissions vivre normalement....

bon courage à toi et bon dimanche


   
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Régis
(@reg74)
Estimable Member
Inscription: Il y a 6 ans
Posts: 196
 

Bonjour Marie,
C'est pareil pour moi, j'ai l'impression que pour mon épouse si je vais bien, tant mieux, si je vais mal, débrouille toi avec tes faux problèmes, ça me saoule etcs...
C'est dur de se sentir lâcher comme ça.
Surtout qu'avec mes horaires d'équipe (on m'a toujours proposé des horaires comme ça) quand je suis épuisé, je pense que cela déclanche des crises de déprime, mais je touche des primes, ainsi mes enfants ne manquent de rien. Il n'en serait pas ainsi, si je trouvais un travail à la journée, bien plus équilibrant, je diviserai par deux mon salaire et mes enfants en souffriraient ... Donc ce n'est pas possible. Et je ne me sens pas soutenu dans ces combats de tout les jours... Vraiment seul...
Courage à toi, Marie, j'espère que ton rendez vous t'apportera du réconfort...

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Marie
(@auraliza)
Estimable Member
Inscription: Il y a 6 ans
Posts: 229
 

Bonjour regis, ta situation est difficile, et ta femme elle travaille aussi? Je suis aussi obligée de travailler pour mes filles étudiantes mais j ai beaucoup de mal à gérer. Je suis d accord, quand on est fatigué, la maladie accentue les effets de la fatigue , on est super irritable, voire colérique.....je ne sais’ pas quel âge tu as, j en ai 48 et avec le temps, j arrive à me calmer à peu près si les sollicitations extérieurs ne sont pas trop agressives, ça va je’ me maîtrise et j essaye de relativiser pour mes angoisses en me détachant, en essayant  de prendre du recul. C est épuisant et on est bien seul. Mon mari ne’ supportait pas ma bipolarité, on s est séparé. Mes filles n acceptent pas non plus, ne comprennent pas que je’ n arrive pas à «  prendre sur moi «  comme elles disent. Mon père est assez méprisant vis à vis de la’ maladie mentale.....bref, je ne trouve de compréhension qu’ici, ça fait du bien. Tu es’courageux En tout cas de bosser la nuit pour tes enfants, sont ils grands?


   
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Régis
(@reg74)
Estimable Member
Inscription: Il y a 6 ans
Posts: 196
 

Bonjour Marie,
J'ai 50 ans, ma fille aînée a 28 ans et un petit garçon d'un an, je suis donc papy, ensuite un garçon de 25ans d'un premier mariage (ils font leurs vies) puis un garçon de 14ans et un fille de 11ans d'un second mariage.
Ma femme travaille à mi temps et nous avons un credit sur notre maison donc impossible de réduire mon salaire pour un poste à la journée.
C'est vrai que c'est épuisant de gérer les phases, de se sentir sous pression continuellement, la vie est assez compliqué comme ça, notre labeur quotidien est décuplé sans que personne ne s'en rende compte autour de nous. Nous sommes en quelque sorte des sur-humains quand on voit le parcours de tous ici.
Va voir mon profil si tu veux, j'y explique brièvement ma vie. C'est plus simple pour comprendre nos écrits présents et malgré nos bipolarités communes, nous avons une façon très personnelle de la vivre.

Ce site n'est pas facile à utiliser, j'ai du mal à retrouver certains posts mais qu'est ce que c'est bon de ne plus se sentir seul, de s'écouter les uns les autres dans le respect et la compréhension...


   
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 Anonyme
Inscription: Il y a 54 ans
Posts: 0
 

Marie tu es courageuse aussi d’assumer ton travail et de gérer ton stress de ta journée de travail. A bientôt 


   
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 Anonyme
Inscription: Il y a 54 ans
Posts: 0
 

Bonjour Regis oui tu as raison le quotidien  D’un bipote est difficile car nous sommes dans l’ensemble peu compris et donc rejeté personnellement ou professionnellement. Je n’arrive pas également à retrouver certains posts du forum. Néanmoins rencontrer des personnes compréhensives çà fait du bien plutôt que « comment cela se fait que tu es comme ça bouge toi arrête de stresser » nous expliquent nos proches ! T’es enfants vivent comment la situation ?


   
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Régis
(@reg74)
Estimable Member
Inscription: Il y a 6 ans
Posts: 196
 

Bonjour Armelle,
Je crois que nous sommes tous courageux d'avancer avec un poids supplémentaire par rapport aux personnes normales. Moi perso, ce sont mes petits qui me donnent ce courage.
Ils m'ont toujours connu comme ça. Mais ils sont entourés d'amour, de patience et d'attention. C'est un héritage de ma mère et pour être surtout le contraire de mon père. Mon épouse est aussi une très bonne maman. J'ai parlé récemment à mes enfants de ma maladie, et j'ai vu de l'inquiétude dans leurs yeux. Mais aussi du soutien, ils ne me reprocheront jamais rien.. ils sont très doux, intelligents, aimants. Et me pardonneront mes cycles bas, de ne pas transmettre grand chose, d'être absent mentalement, car ils savent aussi qu'ils retrouvent toujours leur papa débordant de vie dans d'autres périodes..
Mon psy m'a bien fait déculpabiliser de mon état bipo et de lire enfin vos témoignages me sort de cet isolement et contribue aussi à m' accepter tel que je suis.
Seule exception, ma consommation tabac et cannabis qui a bien augmenté dans mon dernier épisode dépressif étant donné que dans ces moments là, notre santé physique est notre dernier souci, j'y vois même un suicide lent juste pour donner moins de temps à mes pensées noires et pouvoir les faucher sans pitié, par vengeance.. un bien piètre contrôle sur sa vie néanmoins..
Et c'est là, que ma bipolarité se régale, car elle touche un point sensible. Si je mets une chance de côté pour partir plus vite, je laisserai sur cette planète mes 4 enfants sans père.. et je panique... et je fume... Et me trouve totalement irresponsable, et égoïste dans cette conso excessive... Mais elle est obsédante et je sais maintenant qu'elle a un lien direct avec la bipolarité.


   
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