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Comment aider mon conjoint bipolaire?

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Kitty
(@kitty)
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Début du sujet  

Bonjour à tous, et par avance, mes excuses pour la "tartine".

Je suis en couple depuis quelques mois avec mon cher et tendre(nous nous connaissons depuis nos 11 ans, nos coeurs d'enfant battant déjà l'un pour l'autre à cette époque mais sans jamais oser l'avouer, perdus de vue ensuite pendant quelques années, et à présent que nous sommes de jeunes trentenaires, nous nous sommes enfin retrouvés), et jusqu'ici tout roulait.
Quelques petites prises de becs, dues surtout à de l'incompréhension mutuelle (les textos/sms ne sont vraiment pas un bon moyen pour communiquer), mais rien de grave ou d'irréparable.
Il m'avait déjà confié avoir été diagnostiqué maniaco-dépressif il y a 10 ans, a vu des psys, pris x médocs, sans que rien ne le fasse se sentir mieux. Il a également vécu un décès très dur quand nous avions 12 ans, et il semble que son entourage ne l'écoutait pas des masses, alors il ne parlait tout simplement plus.
De nature, c'est un taiseux, il n'est pas exubérant, ne consomme pas de drogues (il boit pas mal de bière mais pas au poins d'avoir un coup dans l'aile, et c'est un gabarit assez costaud), pas très entreprenant (dans le sens ou c'est souvent moi qui propose qu'on aille ici ou là, il se contente de nos soirées devant une série et ne semble pas s'en lasser, se laisse un peu vivre/porter dans le quotidien), mais il est réellement épris, très prévenant, attentionné, il semble qu'il ne l'ai jamais été avant, je suis la première a qui il a dit "je t'aime" (sa famille était d'ailleurs très surprise de son comportement en ma présence, ils ne l'ont jamais vu ainsi), il a certes déjà été en couple de longues années, mais par habitude, routine, avec une fille également diagnostiquée maniaco-dépressive, ça le rassurait que quelqu'un sache ce qu'il vive.

Nous nous sommes disputés il y a une bonne semaine, pour une bêtise, j'avais beau essayer de comprendre, de lui demander qu'on s'explique, rien à faire, il est partit totalement en vrille, refusant de répondre à mes appels, arguant que de toute manière je mettrais la faute sur lui, bref l'escalade de l'incompréhension. Quoi que je fasse, ce n'était pas bien : si je ne donnais pas de nouvelles et le laissait décanter, il me le reprochais, si au contraire je tentais de le joindre, ce n'était pas bon non plus et il me laissait dans le vent (alors que je lui avais déjà expliqué que j'avais une vieille angoisse relative au fait de ne pas avoir de nouvelles, que un "ok" ou "je t'appelle plus tard" était un bon compromis entre son besoin de silence et mon besoin d'avoir une réponse, soit, c'était comme si plus rien d'autre n'existait/n'était important à part son envie de rester dans son coin, peu importe le mal que ça me faisait).
Il m'a finalement avoué que j'avais raison, qu'il n'était jamais content, qu'il avait toujours ce mal être en lui qui le rongeait et l'empêchait d'être heureux, qu'il m'aimait mais qu'il avait besoin de quelques jours pour réfléchir, pour reprendre le dessus…que ce n'était pas de ma faute, qu'il avait provoqué inconsciemment la brouille, et qu'il avait peur de m'entrainer avec lui dans le trou, de me faire du mal sans le vouloir…
C'est là que ça a fait tilt dans ma tête : la "dispute" n'en était pas vraiment une, ou du moins n'avait pas de cause, il était juste en pleine phase de dépression…
Je m'en veux de n'avoir pas fais le rapprochement, pendant des mois, il a été stable (je dirais bien "normal" mais j'ai peur que ça ne se dise pas ou que ce soit vexant pour les bipos…), je ne me suis pas "inquiétée" de savoir qu'il était dépressif (je ne me suis pas dit "fuis ma fille, c'est un fou" quoi), car à part quelques moments ou il était plus "bougon" et renfermé, il n'a jamais été au stade actuel.
Nous avons décidé de nous laisser quelques jours, pour qu'il remette de l'ordre dans ses idées, et que je puisse un peu digérer tout ça, car ça fait vachement mal d'avoir l'impression que tout ce qu'on a vécu n'était rien, que je ne l'ai pas rendu heureux, que tout le bonheur vécu n'était qu'une illusion.
Je ne compte pas le laisser tomber, je sais que ce sera dur, que je devrais être forte, garder les pieds sur terre, faire la part des choses et faire du mieux que je peux pour le comprendre et l'aider, tout en me permettant de souffler de mon coté aussi, pour ne pas me perdre non plus (il est assez fusionnel et j'ai un peu mis mes amis/activités de coté pour me consacrer à nous), et poser quelques "conditions" pour éviter de nouveaux malentendus/déclenchement de crises.
L'amour ne m'aveugle pas au point de me voiler la face, je connais mes limites aussi, mais là vraiment je sais qu'il en vaut la peine, que c'est à ses cotés que je veux être, et pas avec un autre.

J'ai lu différents témoignages(dont certains m'ont fait assez peur je l'avoue), descriptions des stades, et je ne le reconnais pas vraiment dans cela, il est certes sujet à des grosses baisses de moral (surtout actuellement ou il voit tout en noir, se sent nul, ne sait pas comment remonter la pente), mais pour tout le coté phases d'hyperactivité, de 1000 idées à l'heure, bouger dans tous les sens et agressivité/violence/paranoïa, qui sont souvent cités comme signes habituels, vraiment ce n'est pas lui, et je constate cela en toute objectivité, avec le recul nécessaire.

C'est donc mon interrogation principale : je ne remet pas son mal être en question, mais serait il possible que ce trouble, assez méconnu à l'époque, ai été "collé comme une étiquette" il y a 10 ans, sans que le psy n'approfondisse ce dont mon copain souffrait réellement, et que donc les traitements n'aient pas fonctionné?
La cyclothymie me semble plus plausible, après je ne suis pas experte, mais cela me semble plus cohérent vu l'absence de brusques changements de comportement flagrants/crises fortes en autant de mois à ses cotés.
Je lui proposerait bien de refaire un entretien avec un psy, un test, bref n'importe quoi pour être sûr et ne pas louper un truc, mais j'ai peur qu'il le prenne mal, qu'il pense que je mette en doute ses confidences.
De faire un calendrier, un planning, fixer des petits objectifs tels que "chaque dimanche de beau temps on fait une ballade dans la campagne", ou "c'est toi qui prévoit des activités/sorties le weekend prochain", mais je ne veux pas non plus le forcer…

C'est là ou je me pose la deuxième grande question, un peu égoïste je l'avoue : quand il dit qu'il n'est pas heureux, que rien ne va, qu'il est mal et ne sait pas sortir de cet état…est ce la "maladie" qui parle, qui occulte tout le reste?
A t'il été bien, réellement, éprouve t'il de la joie sur le moment, mais ensuite tout est effacé par la crise, et donc je ne dois pas laisser cela me blesser, car ce n'est pas réel, c'est juste un sentiment négatif qui est là quelques instants et qui ne remet pas tout le reste en question?

Enfin voila, je suis désolée si certains termes employés sont blessants, mais je ne sais vraiment pas ce que je peux dire ou pas (si vous pouvez aussi éclairer ma lanterne à ce sujet, quels mots dois je éviter, par quoi les remplacer?).

Merci de m'avoir lue et de me conseiller pour pouvoir nous/l'aider au mieux.


   
Citation
Coralie
(@cmnecmergitur)
Active Member
Inscription: Il y a 6 ans
Posts: 14
 

Bonsoir Kitty, 

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Premièrement ça me semble important de te dire de ne pas culpabiliser. Même les bipo ne voient régulièrement pas leurs changements d'humeur ou seulement après plusieurs jours. Avec le temps on apprend - en couple - à repérer qqs signes caractéristiques. Ces signes sont propres à chacun. Quand la discussion est ouverte (parfois il pourra être agressif ou très abattu ou trop speed et ne sera pas à l'écoute dans ce cas mieux vaut attendre et ne pas se braquer) il faut parler un maximum : de ses ressentis mutuels, des observations etc. Ne pas se juger + échanger = apprendre à mieux se connaître et se ré apprivoiser. 

Si par pudeur il a du mal tu peux lui conseiller de tenir un journal privé qui recueillent ses ressentis et ses symptômes. Il pourra les déposer à son psychiatre (ça pourra peut-être affiner le diag) et un jour s'il est prêt à toi. 

Ce qui a aidé mon mari en plus de nos échanges c'est d'avoir rencontré mon psy. En gros il a eu le droit à un mini cours sur la bipo et ça aide à comprendre et à ne pas juger, à être dans cette empathie indispensable dans un couple. 

Après il existe des assos et des groupes de parole mais perso jamais testé. Essaie de regarder le site d'Argos 2001. 

Si je peux juste me permettre une remarque sur ton idée d'objectifs comme les promenades, c'est louable comme intention mais ça risque de vous mettre dans une situation d'échec et du coup vous décevoir  et vous frustrer tous les 2. Par exemple mon mari m'a demandé, ce qui lui semblait tout bête comme objectif : jeter les détritus. Or, quand je suis très dépressive, un simple mouchoir au sol il me semble insurmontable de la ramasser. Je suis angoissée, paralysée. Je sais c'est fou mais c'est vrai. Quand je suis très haut perché je bouillonne tellement que je fais 1000 choses très intensément mais je ne vois plus du tout le mouchoir à jeter. Je suis trop mégalo pour m'abaisser à ramasser un mouchoir ! Tout ça pour  dire que mon mari, à force de pédagogie et par amour surtout, a fini par comprendre que si je suis très instable je suis inapte. Comme un arrêt de travail ménager en fait. 

La clé c'est la stabilisation donc un accompagnement thérapeutique.  Je vous souhaite vraiment de retrouver paix et harmonie. Plein de bonnes choses.

Coralie


   
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