Bonjour,
Pratiquement 15 ans que ma maman a été diagnostiquée Bipolaire.
Au début les episodes de crises ont été graves, grosses paranos, à ses dires des gens nous voulait du mal pour nous punir , elle se dénigrait elle meme, puis nous, elle nous faisait vivre l'enfer à ma soeur et moi qui étions assez petites (entre 10 et 12 ans). Puis il y eut des internements en HP, un suivi medical, puis des rechutes , une tentative de suicide, toujours les mêmes paranos qui revenaient, ce même regard, cette même transformation, entre deux sejours à l'hosto lorsqu'elle se reprenait, je retrouvais ma maman, celle qui riait, m'ecoutait, me grondait, m'aimait, et puis de temps en temps revenait "l'autre".
Bref pdt de longues années nous ne comprenions pas , le diagnostic réel de troubles bipolaires n'est pas tombé de suite, on me parlait de dépression, épisodes dépressifs graves... lorsqu' on a mis un mot, des explications (la plupart je les ai trouvé en cherchant sur le net ) je me suis sentie soulagée, quand j ai lu, "déreglements", "biochimie", et tout le tralala je me suis dit ok, alors traitements et les choses seront reglées... si seulement...
Outre le fait que je pense que ma mère a toujours été tres mal suivie, je pense qu elle n 'accepte pas cette maladie. C'est une femme intelligente, courageuse, mais terriblement bornée . Depuis qq années déjà elle prend regulierement son traitement (qu'elle ajuste une fois toutes les morts de papes lorsqu 'elle daigne aller chez son psy), mais en tout cas elle s'y attele car elle a été forcée de contaster que a chaque fois qu'elle voulait arreter son traitement elle rechutait pire que les fois précédentes.
elle alterne des épisodes dépressifs et des episodes d'euphorie , ils sont moins violents mais ils sont là, et alors qu'avant elle avait des temps de stabilité, maintenant elle alterne pratiquement tous les 6 a 9 mois des moments de dep (ses médicaments lui permettent de ne pas trop descendre, donc pas d 'envie suicidaires , mais elle est completement eteinte, ne parle pas, elle cogite en general, elle dort bcp, ,mange peu...) et des periodes d'exitations generales (c'est la periode dans laquelle elle arrive généralement à trouver un travail, elle se donne à fond, elle est pleine de projet, elle parle vite, elle se retrouve souvent dans des situations conflictuelles)
j'ai appris a etre plus tranquille, à ne plus trop lui faire remaquer lorsqu'elle passe du coq à l'ane dans ses discussions et bien souvent elle perd le fil, ou lorsqu'elle me parle de ses projets parfois tres audacieux, ou lorsqu'elle ne va pas bien et qu'elle commence avec ses discours redondants incensés.
Ma mère a des hauts et des bas moins graves, moins spectaculaires mais voilà, cela fait longtemps que je ne la retourve plus. Les medicaments lui permettent de ne pas dépasser les limites, elle est plus consciente, plus lucide, mais cette lucidité est un leurre. Elle remet en question sa vie, ses choix, et continue a s'entìeter, elle se sent coupable des ses moments d'euphorie où tout tourne autour d'elle, elle se rend malade de ses moments depressifs où elle dit ne plus nous aimer et où tout son amour se transforme en mépris pour nous.
et face a cela, elle refuse encore et toujours de se faire suivre, elle se remts en question en tant que personne, elle se sent pas clair, un monstre et par consequent nous le sommes aussi nous Ses filles .
je ne sais pas trop pourquoi j'écris ce roman sur ce forum, cela fait des années que cela dure, j'ai l'impression d'etre arrivée a bout.
je sais que ce n est pas de sa faute, j'essaye de rester toujours dans la bienveillance, depuis des années je suis là pour elle malgré le fait que ca n'a pas toujours été facile, et si ma soeur et moi sommes les premieres à s'en prendre plein la tete et bien souvent à rèparer les pots cassés.
mais encore Elle refuse de voir un medecin, je me pose des questions pour l avenir, j'ai un petit bout de 1 an et je veut penser à mon enfant , au rapport qu'il aura avec sa grand mère.
Au jour d'aujourd'hui je pense que cela me ferait du bien d'entendre d'autres temoignages, moi qui ai vécu cela toujours assez seule car peu de monde comprenne. comment faites vous? quelqu'un a t il reussis a convaincre un parent a se faire suivre règulierment? a accepter tout ca?
désolée du roman , désolée si il y a un brin d'amertume dans tout ça, je crois que j'en avais juste gros sur la patate
Bienvenue Gigi
Ton post est une belle synthèse de ce que toi et ta soeur avez vécu auprès de votre mère et s'il y a un peu d'amertume dans ce que tu écris c'est normal. Comment ne pas se sentir amère et démunie face aux hauts et aux bas de sa maman. Après 17 années passées aux côtés de mon épouse (atteinte de TB non traitée non suivie et dans le déni) avec des petits Up and down, j'ai été il y a peu dans l'oeil du cyclone d'une phase de manie avec parano de sa part ou je n'ai pas reconnu ma chère et tendre. Alors je te comprends tout à fait quand tu parles de «l'autre» mère et de toute notre incapacité à changer cet état.
Je ne suis pas apte à t'aider, mais ici tu trouveras comme moi des réponses à tes questions et tout ça dans la bienveillance
A très bientôt
Bonjour Gigi,
Ne t'inquiètes pas pour ton "roman", on aime les lire ici 😉
Et ça fait du bien de se confier à des gens qui comprendront ta souffrance, ainsi que celle de ta soeur et de ta mère.
Je ne suis pas ADTB (atteint de troubles bipolaires), je ne suis qu'une aidante, comme toi, alors je ne saurais t'expliquer ce qui pousse certaines personnes à être dans le déni de leur maladie et à refuser de se soigner. Mais il y aura surement quelqu'un qui saura répondre à ça.
En tout cas, bienvenue sur ce site et prends bien soin de toi et de ton petit garçon. C'est lui la priorité 🙂
Salut Gigi,
bravo pour ton courage à nous ouvrir ton coeur. Tu l'aimes ta maman, tu te sens perdue.
Tu as bien compris qu'elle souffre, cette maladie fait aussi souffrir l'entourage (conjoint, enfant, famille, amis,). Elle se soigne (plus ou moins bien stabilisée), tu peux toi aussi te faire aider pour soulager ta souffrance. Il existe dans presque tous les départements des antennes de l'UNAFAM où tu peux participer à des conférences, des groupes de paroles dédiés aux familles et non pas aux malades. ça te permettra de rencontrer d'autres personnes et de partager avec elle.
Nous serons toujours là pour t'écouter (te lire, on aime les romans hein Nath?), voire te conseiller, les échanges en live sont riches aussi.
