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Le syndrome d'Icare

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Cécile
(@cybop)
Eminent Member
Inscription: Il y a 5 ans
Posts: 45
Début du sujet  

Bonsoir Amis Bipo !

J'étais à un groupe de parole ce soir, et une jeune femme a parlé un peu d'elle. J'avais envie de rire, parce que (d'après moi) elle "voyait" tout de travers. Elle s'inquiète beaucoup pour la gestion du travail/bipolarité (comme beaucoup d'entre nous). Pour elle, elle est malade (dépression) et n'a pas conscience de sa phase maniaque. Elle se sent elle-même et voudrait que ça dure toujours pour être performante... Je résume.

Ça m'a fait penser à moi, déjà, et à Icare. A vouloir voler trop près du soleil, avec ses ailes en cire, il a fini par provoquer sa chute.

J'ai vécu la même chose que cette femme. Sans savoir que j'avais un trouble bipo, j'ai voulu en "faire trop", être plus performante, plus forte, plus plus, j'ai volé vers le soleil. Et j'ai fini par "bruler" mon énergie, j'ai overclocker le processeur, et j'ai fait cette chute vertigineuse vers la dépression...

Le pire, c'est que je peux pas lui dire ! Je ne peux pas lui dire : "Attention ! Fais attention à toi ! Tu te mets en danger !". Il faut qu'elle le comprenne par elle même... Quelle frustration !

Amis volatiles, je vous laisse, l'oiseau rentre au nid pour cette nuit.

Cui cui !


   
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 Anonyme
Inscription: Il y a 54 ans
Posts: 0
 

Hello Cécile !

 

Ce que tu décris chez cette personne, je l'ai connu assez souvent. En phase "haute", j'ai toujours tendance à en faire beaucoup trop au travail, ce qui ravit toujours mes employeurs d'ailleurs. Je me sens capable d'abattre des montagnes, j'ai même plusieurs fois supplié mes employeurs de m'accorder plus de responsabilités, plus de travail par peur de sombrer dans l'ennui... Je l'ai dit à mon chef récemment, je ne peux pas "bâcler mon travail", par souci de donner le meilleur de moi-même.

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D'un autre côté, lorsque la pente dépressive refait surface, mes employeurs ne me reconnaissent plus, me jugent démotivée. Et de mon côté, je m'angoisse de ne plus être capable de donner autant de moi-même que celle que j'étais avant, en phase haute.

 

Je pense malheureusement qu'il n'existe pas vraiment de façons de faire entendre à quelqu'un qu'il se met en danger dans cette situation. Pour reprendre mon cas, je sais pertinemment que la chute n'en sera que plus vertigineuse. Forte de ce constat, je me débats comme quelqu'un qui essayerait de survivre à une noyade imminente. Mes parents m'ont déjà soufflé qu' "au travail, mieux vaut ne pas trop s'impliquer", mais j'ai du mal à trouver la juste dose à mon implication : soit je donne tout, soit je ne donne rien.

J'attends de voir ce que le traitement va donner pour pouvoir me faire un avis concret sur ce que l'annonce et le traitement de ma bipolarité a changé dans ma vie, j'espère à terme avoir une motivation et une implication constante, comme ce que je peux observer chez mes collègues. Cette jeune femme suit-elle un traitement elle aussi, a-t-elle une bipolarité avérée ou participe-t-elle juste à ce groupe de paroles uniquement par suspicion du trouble chez elle ?

 

Bon après-midi à toi !


   
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Cécile
(@cybop)
Eminent Member
Inscription: Il y a 5 ans
Posts: 45
Début du sujet  

Salut !

Oui, oui, tout pareil !

J’étais aussi très agacée par les gens qui me disaient de ne pas trop en faire ! Je pense que ce n'est pas ce dont nous avons besoin. On a besoin, envie, de s'impliquer.

Par contre, ce qu'il faut c'est mettre en place un "plan d'action" pour ne pas se laisser aspirer dans la spirale de la manie, et savoir se dire stop avant de surcharger. C'est surtout pour ménager son énergie, sans pour autant faire les choses bien.

Perso je commence tout juste, donc je me force à dormir 8h, même si j'ai l'impression de ne pas en avoir besoin, et quand je sens que je suis trop "speed", je me fixe une limite. Et quand c'est fini, je décroche et je me force à faire une pause... Bon, j'ai la théorie... 😀

C'était la 1ère participation de cette personne au groupe de parole, et elle vient juste d'être diagnostiquée, donc elle a encore du chemin à faire. Heureusement, chez moi, l'équipe de l'UNAFAM est super, et l'a aussi orientée vers un groupe dédié.

Bon courage à toi !


   
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 Anonyme
Inscription: Il y a 54 ans
Posts: 0
 

Se fixer une limite, c'est extrêmement difficile... Personnellement, je crois être performante que quand je me donne à fond sur quelque chose. Si ce n'est pas le cas, c'est juste mauvais, mal fait, bâclé. Au final, et on me l'a déjà dit, je me donne plus que quelqu'un d'autre qui adopte un rythme normal de travail. Mais c'est épuisant et on s'enfonce soi même dans une sorte d'intransigeance dont on est prisonnier : hors manie, on n'est pas satisfait de soi, on devient nul, incapable. Ca ne rend la chute que plus brutale.

 

Bien qu'on soit conscient de ça, c'est difficile de trouver le juste milieu. Lorsque je suis en phase up, la manière dont j'agis au travail est pour moi la norme que tout le monde devrait adopter : être productif (trop peut-être). Le collègue qui travaille juste normalement à côté de moi, je vais être tentée de dénigrer son travail, me dire qu'il n'en fait pas assez, qu'il fait le minimum syndical.

C'est seulement en phase dépressive que je prends conscience que j'en fais trop. Mais dès le retour de la phase up, je ne fais pas le bilan de tout ça, je reprends mon rythme effréné comme si je ne savais délivrer que des réponses "+" et "-", jamais des constantes.


   
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Cécile
(@cybop)
Eminent Member
Inscription: Il y a 5 ans
Posts: 45
Début du sujet  

Hello !

Peut être, et je dis bien peut être, que lorsque tu es "performante" (donc en phase up), tu en fais trop ? Tu prépare ainsi le terrain pour la descente ? Du coup, quand tu n'es en phase down, tu fais du travail "bâclé".

Il faudrait voir aussi si ce travail est réellement bâclé, ou seulement moins bon que l'objectif d'excellence que TU t'es fixé ?

C'est là qu'est le danger, de penser qu'en phase up on est soi même et donc de "pousser" jusqu'à la rupture. Tu es toi, mais tu utilises tes ressources à plein régime.

Pour faire une métaphore mécanique, ton moteur ne va pas tenir 500 000 km si tu es en permanence à plein régime ! 😉

Je travaille en ce moment sur l'idée d'être plus bienveillante avec moi même, de prendre soin de moi, c'est à dire de m'autoriser des erreurs, des failles, des pauses...

Au plaisir de discuter avec toi !


   
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