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Baisse de moral, question sur la reprise d'un suivi psy

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Valeska
(@valeska)
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Début du sujet  

Avant lecture : attention, c'est un message personnel, lourd et détaillé, ne pas lire si vous n'êtes pas en forme. Vous pouvez aussi  passer directement à mes questions, en fin de post  🖐️ 

 

Bonjour, je suis nouvelle et j'étais en train de me présenter quand j'ai fini par écrire tout ça. C'est long mais je suis assez paumée, et ça mène à une question importante pour moi.

J'ai 22 ans, et j'avoue ne même pas être sûre d'avoir été diagnostiquée bipolaire (voire de l'être tout court.) Je prends des médicaments (uniquement un thymorégulateur léger - Lamictal 200mg) depuis mes 18 ans.

Inutile de détailler mais mon oncle est bipolaire, ma mère alcoolo (sobre maintenant), et j'ai pas mal morflé mentalement à cause d'elle en étant enfant. Occurrences d'inceste/pédophilie hardcores pour ma mère, anecdotique pour moi mais ça n'a pas aidé.

J'ai des souvenirs d'idées suicidaires qui remontent à mes 8 ans mais je dirais que le côté montagnes russes de la santé mentale a explosé vers 16 ans, quand les troubles/TS à répétition de ma mère se sont vraiment déchaînés. 

Et là c'était parti, cycle euphorie-agitation/descente aux enfers ; encore et encore et encore, je me souviens que j'étais juste désespérée parce que même l'euphorie n'était pas vraiment du bonheur, j'étais irritée, excitée, et je savait que de toute façon ça finirait en chute libre.

Les psychiatres grâce à qui je suis sous traitement avaient parlé d'épisodes dépressifs dans le cadre d'un trouble bipolaire, mon psychiatre attitré n'a jamais voulu poser de diag définitif et restait toujours vague quand je lui demandais, mais ma psy avait fini par me traiter comme bipolaire et on avait orienté la thérapie en conséquence. Je n'ai cependant jamais été maniaque, mes hauts n'étaient pas très hauts, et mes bas étaient très bas. 

Dans tous les cas, les médocs m'ont juste sauvée. L'euphorie me manquait au début, mais au final je ne m'étais pas sentie autant en sécurité depuis des années. 

 

VOILA pour le background. Maintenant, ça fait environ 3 ans que je ne suis plus suivie psychologiquement, 1 an et demi que je ne suis plus suivie par mon psychiatre (mon médecin traitant s'occupe de mes ordonnances.)

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J'ai eu un moment de battement où la routine s'installant, j'ai juste pensé que j'étais soit guérie, soit que les psys s'étaient trompés en suivant la piste de la bipolarité. La situation de crise dans laquelle j'étais est terminée.

A l'époque, j'avais été tellement soulagée qu'on me dise en quelque sorte que ce n'était pas entièrement de ma faute : y'a un souci quelque part, c'est connu des médecins, c'est traitable, ça ira donc mieux.

Mais, surtout récemment, ben oui c'est toujours mieux qu'avant mais je retombe encore et encore dans cet état triste, fatigué, je me sens seule, malgré des efforts pour entreprendre des trucs constructifs, penser positif, faire du sport etc. Mais ça retombe toujours. 

Et là, l'idée d'avoir une maladie mentale, avec une réalité "physique" dans mon ciboulot, qui durerait à vie, ça a commencé à m'angoisser. Je n'ai plus envie que ce soit vrai.

Et ça me paraîtrait injuste. Je veux fumer un joint avec des potes, mais là aussi, certains disent que c'est déconseillé. Alors quoi ? En fait, t'as perdu la roulette russe des gènes, c'est ballot. J'en ai marre de ne pas réussir à être bien de manière prolongée, et si jamais c'est dû à un vrai trouble, pour lequel je suis déjà traitée au demeurant, tout effort est vain. On naît, on ne demande rien à personne, on galère pendant des années, et paf un médecin décide qu'on est malade et ça nous limite pour la vie ? 

J'ai déjà voulu tester d'arrêter mon traitement pour voir comment je suis sans, et un peu me prouver que c'est bon, je n'en ai plus besoin, mais vu les sensations que ça crée - et les avertissements contre - je n'ai jamais poussé l'expérience.

J'ai lu que le Lamictal n'est pas censé créer un effet de manque notable, mais pour ma part je le zappe je le sens tout de suite, je me sens fébrile, le visage cotonneux, un goût bizarre dans la bouche, à l'ouest et ça me fout dans un état style déréalisation où j'ai typiquement envie de me couper.

Maintenant, déjà, j'ai l'impression, malgré le traitement, de retrouver un rythme désagréable au niveau de mon humeur, alors que c'était beaucoup moins marqué auparavant. ET je ressens de temps en temps cet état très désagréable alors que je prends mon traitement correctement.

A l'époque, sans médocs, j'étais souvent comme ça et je résistais contre certaines envies presque obsessionnelles, à cause de l'école, ou pour mes proches. Mais c'est arrivé, rarement, que je me laisse aller, et à ce moment je m'autorisais à me couper le cou et le visage. Ma psy avait appelé ça "épisode psychotique", mais c'est le seul genre de phénomène "perte de la réalité" que j'ai connu, comme dit, pas de manie.

C'est d'ailleurs aussi pour ça que je veux savoir comment je suis au naturel aujourd'hui, sans médocs, une fois que le manque est parti pour m'assurer que tout est en ordre.

 

D'où, enfin mes questions :

Quelqu'un de bipolaire peut-il guérir ? Peut-il arriver à un stade où il peut se passer de traitement ? La bipolarité peut-elle s'aggraver au fil du temps ? Peut-elle, en quelque sorte, "surpasser" un traitement qui était jusque là suffisant ? 

Si je veux reprendre un suivi non seulement de mon traitement mais aussi thérapeutique (psy) : faut-il que je m'adresse à un psychiatre, un psychologue, ou les deux ? Par ailleurs, existe-t-il des psychiatres qui sont aussi thérapeutes (et qui assument donc une vraie thérapie, pas seulement le suivi des médicaments) ?

 

La mise en garde contre l'arrêt d'un médicament qui ne rend pas dépendant (Lamictal) est-elle justifiée ?

Est-ce réellement incompatible de consommer du cannabis pour un bipolaire ?

(Je ne veux pas avoir l'air débile et remettre en doute de indications pertinentes, mais ça ressemble à un "plutôt prévenir que guérir" extrême ?)

Je suis vraiment vraiment désolée pour le ton et la longueur de ce message, ça fait vraiment ado en crise existentielle mais si je ne poste rien maintenant je n'oserai pas le faire plus tard et je dois faire en sorte d'être stable pour la rentrée étudiante.

A quiconque aura lu ça, merci beaucoup, j'espère que vous pourrez m'éclairer, portez-vous bien ! ❤️ 

 

Mel 


   
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Elona
(@elonawasikowska)
Reputable Member
Inscription: Il y a 6 ans
Posts: 381
 

Bonjour et bienvenue!

Je vais tenir compte de l'introduction et passer directement aux questions, je suis pas encore bien réveillée donc je lirais plus tard.

Quelqu'un de bipolaire peut-il guérir ? Peut-il arriver à un stade où il peut se passer de traitement ? Non, c'est une maladie incurable donc le traitement est à vie.

La bipolarité peut-elle s'aggraver au fil du temps ? Peut-elle, en quelque sorte, "surpasser" un traitement qui était jusque là suffisant ? Si elle s'aggrave, je pense que oui, chaque événement stressant majeur a aggravé mes troubles en tout cas. Il est tout à fait possible de devoir réajuster un traitement qui a été efficace pendant des années car il n'est plus suffisant.

Si je veux reprendre un suivi non seulement de mon traitement mais aussi thérapeutique (psy) : faut-il que je m'adresse à un psychiatre, un psychologue, ou les deux ? Un psychiatre pour le traitement, et un psychologue pour la thérapie.

Par ailleurs, existe-t-il des psychiatres qui sont aussi thérapeutes (et qui assument donc une vraie thérapie, pas seulement le suivi des médicaments) ? Oui, mais je pense pas qu'ils soient courants

La mise en garde contre l'arrêt d'un médicament qui ne rend pas dépendant (Lamictal) est-elle justifiée ? Un grand oui. Si tu arrêtes ton traitement, les symptômes réapparaîtront. C'est comme si tu avais de l'hypertension et que tu prenais un antihypertenseur pour ça. Tu vas mieux et ta tension est redevenue normale car le médicament agit, mais si tu l'arrêtes ta tension va de nouveau être trop haute. C'est pareil pour les psychotropes, on se sent mieux car le traitement agit, mais si on l'arrête tout va recommencer. D'où le traitement à vie, et le mot d'ordre: Ne jamais arrêter/modifier son traitement soi-même.

Est-ce réellement incompatible de consommer du cannabis pour un bipolaire ? Oui, le THC dérègle l''équilibre de l'humeur (dans le sens d'une dépression) et aggrave et l'anxiété. Par contre le CDB semble calmer les effets des phases (hypo)maniaques de ce que j'ai déjà pu lire.


   
Anne reacted
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Elona
(@elonawasikowska)
Reputable Member
Inscription: Il y a 6 ans
Posts: 381
 

Voilà, quatre cafés plus tard j'ai lu. Je me retrouve pas mal dans certaines choses, j'ai longtemps été en colère contre ma mère d'avoir absolument insisté pour avoir un deuxième enfant (en l’occurrence moi) dans un contexte de violence pareil. Elle m'a beaucoup reproché mes soucis de santé mentale aussi alors qu'elle est une part de l'origine du problème. Un enfant n'a pas demandé à venir au monde, avoir un enfant est le plus souvent un désir égoïste et l'enfant peut subir cet égoïsme. Mais voilà, ça ne sert à rien d'être en colère, on est là qu'on le veuille ou non. C'est pas juste, la vie est injuste de base. Il m'a fallu du temps pour avoir le recul nécessaire, et c'est seulement maintenant à 34 ans que j'ai réalisé que je n'étais pas responsable des problèmes émotionnels de mes parents, ce n'est pas ma faute, je dois me soigner car mes parents ne se sont pas soignés. Je te conseille le livre "Survivre aux parents toxiques" de Julie Arcoulin, il m'a bien aidée pour cela.

Je comprends qu'à 22 ans on a envie de s'amuser et ça peut passer par boire et fumer, mais c'est fort déconseillé pour nous. Une fois très occasionnellement ça va, mais ça ne doit pas être quotidien ni abusé. La vie ne sera jamais réellement normale, mais au fond c'est quoi la normalité? Ca ne nous empêche pas de vivre et d'avoir de bons moments.

"Dans tous les cas, les médocs m'ont juste sauvée. L'euphorie me manquait au début, mais au final je ne m'étais pas sentie autant en sécurité depuis des années". Mais alors pourquoi vouloir arrêter tout traitement? Si ça replonge pour le moment, il faut aller voir un psychiatre pour réajuster le traitement. Après si tu as envie de voir à quoi tu ressembles sans médocs, ça n'engage que toi. Je te le déconseille très fortement évidement, ça peut être très dangereux si tu as tendance à l'automutilation et aux idées suicidaires. Mais je l'ai fait, c'est ainsi que mon déni a diminué (même s'il remonte à la surface parfois), moi aussi je me disais que c'était une erreur, que j'étais pas malade, que c'était les médocs qui me rendaient malade, et donc que j'en avais pas besoin. Et c'était reparti comme en 40, ça a été horrible, et on a tout recommencé à zéro. Donc encore une fois je te le déconseille.


   
Anne reacted
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Mosis
(@mosis)
Reputable Member
Inscription: Il y a 4 ans
Posts: 495
 

Bonjour et bienvenue @valeska

 


   
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Charli
(@charli)
Active Member
Inscription: Il y a 4 ans
Posts: 6
 

Je pense qu'on se reconnaît tous en partie dans ton message.

En effet, la bipolarité c'est à vie et le traitement également. Il ne faut surtout pas l'arrêter il a déjà été dit ici. En revanche il faut être très bien suivi pour pouvoir ajuster ton traitement car l'humeur évolue. Donc parfois augmenter l'anti-dépresseur, parfois le diminuer etc.. C'est comme cela que les troubles se feront le moins sentir.

Tu peux avoir une vie normale, c'est à dire avec des moments de peine et de joie normales, être épanoui si tu es bien traité.

Bien sûr que c'est injuste, mais la vie est injuste on aurait pu naître au Sahel et crever de faim. Il existe pour cette maladie des remèdes donc je te conseille d'être suivi par un bon psychiatre.

Bon courage.


   
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