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Gestion des phases "UP"

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olivier
(@pistolstar)
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Bonjour les bipotes 🙂

J'aimerais beaucoup échanger à propos de la manie, cela au delà des habituels "je suis trop bien", "je sais que ça va pas durer", "j'en profite" etc...

Je pense (j’espère ?) qu'on peut bien vivre avec une bipolarité, et je pense qu'un bon contrôle de cette phase* est primordial dans la recherche d'une gestion à long terme de la maladie. Il y a des choses a faire et d'autre à ne pas faire en phase maniaque.

************************************************************************

Quelques questions :
Pensez vous que l'on puisse comprendre voir maîtriser sa bipolarité ?
Vous rendez vous compte à posteriori que vous étiez en phase maniaque, ou avez vous conscience de l'être ?
Avez vous des stratégies pour "redescendre" d'une phase maniaque ?
Avez vous des stratégies pour sortir de la dépression ?
Quel est votre cycle de bipo ? (ex : manie => dépression => normal => manie )
Les intensités de vos dépressions et de vos manies sont-elles corrélées ?
Que vous autorisez vous de faire pendant une phase "up" ?
Qu'est-ce que vous ne faites vous pas ?

************************************************************************

Je ne manquerais pas de m'étaler à ce propos si le sujet en intéresse certain.

Bonne journée.

*Les crises de manies peuvent détruire beaucoup de choses. Je ne minimise pas le danger de la manie, ma première crise à 21 ans a durée deux mois. Et c'était exponentiel un mois et demi à dormir de moins en moins de 8h habituellement je suis descendu à 2-3h par nuit, avec une énergie inversement proportionnelle à mon temps de repos. J'ai fini par une bonne dizaine de jours de nuits blanches (!) et ça s’accélérait encore... Je vous garantie qu'au bout du compte je n'était plus moi même. Un séjour en HP plus tard, et les mois suivants qui ont été un lent et douloureux retour sur terre, jusqu'à la crise suivante... Cela de mes 21 à mes 26 ans, les pires années de ma vie (j’espère).

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Franck
(@gibson1965)
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Bonjour Olivier ,je vais essayer de répondre déjà à tes questions.

Quelques questions :
1°) Pensez vous que l'on puisse comprendre voir maîtriser sa bipolarité ? Absolument et heureusement que nous pouvons comprendre et maitriser notre bipolarité; La comprendre par le biais des livres ,de documentaires, de témoignages, etc...La maitriser: "OUI" car si tu écoutes bien ton corps et tes pensées ,tu connais ta position sur l' échelle de l' humeur qui va de 1à 10 et tu sais exactement ou tu te situes.

2°) Vous rendez vous compte à posteriori que vous étiez en phase maniaque, ou avez vous conscience de l'être ? Là ca devient plus compliqué !!! Mais "OUI" même en phase maniaque ,je savais que j' y étais ,mais tu ne veux et tu ne peux pas l' admettre ; Ce sont les autres qui sont anormaux ,pas toi !!! Car toi tu es beaucoup plus entreprenant ,inspiré, créatif ,infatigable ,les autres ne sont que des personnes molles , qui ne veulent pas te comprendre.
3°) Avez vous des stratégies pour "redescendre" d'une phase maniaque ? 'NON" ,comment veux tu redescendre d' une phase maniaque ,tu es tellement bien ;Tu connais une personne heureuse qui souhaiterais de venir triste ??? C'est une phase ingérable ,tu ne peux la dominer et encore moins la contrôler...
Avez vous des stratégies pour sortir de la dépression ? "Oui croire en soi" se dire que demain sera forcement meilleur ,ne pas se laisser aller ,que ce n' est qu' un moment difficile à vivre ,qu' après cette phase le moral va remonter...Et surtout prendre son traitement ,,ne jamais laisser passer une prise ,même journalière...Et si c'est trop dure voir éventuellement avec la personne qui te prescrit ton traitement , de rajouter ,de modifier celui-ci le temps que l' humeur remonte.
4°)Quel est votre cycle de bipo ? (ex : manie => dépression => normal => manie ) ,Dépression mineure pendant 3/4 mois ===>suivi d' une humeur stable un peu plate même ===>légèrement euphorique pendant les mois d' étés sans tomber dans l' hypomanie.
5°) Les intensités de vos dépressions et de vos manies sont-elles corrélées ? "Oui" Elles peuvent être aussi fortes l' une comme l' autre ,généralement les bipolaires de type 2 passent par ces deux phases , mais peuvent-être contrôlées et minimisées par le traitement.
6°) Que vous autorisez vous de faire pendant une phase "up" ? Tout et n' importe quoi ==>Rouler à 200km/h sur l' autoroute en fermant les yeux et en comptant jusqu' à 10. Ne dormir que 3 ou 4 heures ,téléphoner à ces amis à 4/5 heures du matin ,avoir une libido démesurée, changer de partenaires tous les mois ,insulter les forces de l' ordre ,se promener dans les couloir à son boulot en slip et chanter , enfin tout ce que tu n' oserais pas faire en phase de stabilité.   
Qu'est-ce que vous ne faites vous pas ? là je ne comprend pas la question ???

J'espère avoir répondu correctement , et t' avoir un peu aidé à comprendre

Bon après midi

Franck


   
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olivier
(@pistolstar)
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Bonjour Franck, oui c'est intéressant :-).

Pour la 2) D'accord mais alors vous étiez conscient d'être en phase maniaque, mais dans le dénis par rapport aux autre mais vous le saviez au fond de vous. Moi les gens sont toujours normaux, il ne sont jamais amorphe ou démotivé. Ce sont mes repères, toute chose étant égale par ailleurs. En phase maniaque ils me calment et en phase déprime ils me motivent. 

Pour la 3) Avez vous des stratégies pour "redescendre" d'une phase maniaque ?
Pour ma part je suis de très près mes cycles de sommeil et quand je commence à faire des petites nuits et à être de plus en plus en forme, je me fait une nuit neuroleptique (xeroquel) et ça m'aide beaucoup à "casser" la monté de la phase maniaque et à rester en phase hypo jusqu’à une accalmie ou un retour à la "normale". Je n'ai plus eu recours à cette méthode depuis plus d'un an.

Pour la 5 et la 6
Que vous autorisez vous de faire pendant une phase "up" ?
Qu'est-ce que vous ne faites vous pas ?
je m'explique :

En phase maniaque, l'assurance aidant, je multiplie les rencontres féminine notamment, et bien je m'interdit de coucher avec plusieurs partenaires pendant la même période. Je vais m'interdire de commencer des projets trop énormes, là par exemple j'ai pour projet de monter une boite avec un collègue, et bien je préfère attendre un peu d’être normal pour juger à nouveau ce projet et le réaliser ou non.
Je vais également m'interdire de commencer trop de choses nouvelles, garder un cadre connu pour ne pas perdre pied, car on se perd vite dans les choses nouvelles quand on est en phase maniaque et on finit par oublier qui on est.
Par contre je profite de mon énergie, et de ma plasticité cérébrale pour "corriger" quelques facettes de mon comportement, de ma personnalité. Et surtout je fait la fourmis, j'adopte un rythme de vie relativement sain, encre bien mes bonnes habitudes dans mon quotidien afin de préparer la prochaine phase down.
Tout ces petits trucs me permettent déjà de tirer des trucs positifs de mes phases maniaque et surtout de ne jamais monter trop "haut". La chute devenant ainsi beaucoup plus supportable.

Pour les cylces :
Avant c'était aout/septembre/octobre phase maniaque, puis le reste une grosse dépression, puis un petit mois de répit au début de l'été puis rebelote. Mais depuis que j'ai réussi à écrêter mes phases maniaques, c'est beaucoup plus confus dans le temps bien que le schéma reste le même a savoir, une phase à tendance hypomaniaque (pas de manie depuis 2013 \o/ ) de quelque semaines avec des hauts et des bas, puis une phase à tendance dépressive (avec également des hauts et des bas qui me permettent de souffler), puis un retour à la normale. Le tout étant totalement aléatoire en terme de calendrier. Et j'avoue qu'avec les années j'ai l'impression que le tout tend vers un état relativement stable.


   
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Franck
(@gibson1965)
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Olivier , tes réponses sont très intéressantes également ,ce qui me frappe dans celles-ci : C'est que tu sais par toi les reconnaître et les gérer. Donc à moi de te poser quelques questions ;

Es-tu suivi au niveau traitement ? as-tu un traitement de base que tu suis à la lettre ? et en fonction de ton état tu rajoutes un AD , un neuro, un thymo ?

Maintenant , mais ce n' est que personnel , je préfère prendre mon traitement de base qui me suit depuis 6 ou 7 ans (DEPAKOTE + XEROQUEL) et les mois d' hivers un peu de LEXOMIL pour les moments anxieux.

Je ne supporterais plus de passer d' une phase à l' autre , j' ai une humeur plutôt plate toute l' année c'est vrai ,mais avec un coup de pouce médicamenteux et une volonté de croire que ca ira mieux "demain" , j' arrive à vivre plus sereinement durant les douze mois.

Mais ,chapeau bas pour toi si tu arrives à gérer comme tu le souhaites cette maladie

A+

Franck

 


   
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olivier
(@pistolstar)
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Alors pour ce qui est du traitement j'ai essayé Lithium et Depakote pendant quelques années mais ça ne m'a pas convaincu, l'un comme l'autre me maintenait dans un état qui je pense ne me permettait pas de vivre pleinement. Et je ne dis pas que les traitement c'est inutile, seulement que pour moi ça marche moyennement. J'ai fini par arrêter le Depakote en 2011 avec ma psy, et après deux ans relativement normal j'ai fait une crise de manie due à un léger surmenage au travail, et c'est la que j'ai vu que le Xeroquel était radical pour stopper une crise de manie. 

Je ne supporte pas non plus de passer d'une phase à l'autre, mais depuis quelques années je suis plutôt toujours entre les deux.

J'ai vu que les bipolaires non traités avait de grandes chance de voir les crises s'amplifier et les symptômes maniaque et dépressif s’entremêler, bref la bipolarité s'aggraver.  Je pense néanmoins que le cerveau à plus de ressources que ça quand il est accompagné d'une bonne conscience. Et surtout je pense que ce n'est pas les médicaments qui nous font vivre mieux. Je préfère vivre 10 ans moi-même que 40 ans dépressif.
Pour finir j'ai une image en tête des ressources de mon cerveau en dépression il stock du potentiel et en manie il le restitue, je ne veut pas stocker toute ma vie mon potentiel. On peut aussi voir ça comme en manie il utilise toute son énergie et en dépression il recharge les batteries. Ce que je veux dire c'est qu'il faut réussir à relâcher la pression en continue, au quotidien. Et ainsi le cerveau n'a jamais assez d’énergie pour exploser et jamais assez peu pour se mettre en économie.


   
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olivier
(@pistolstar)
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Mais ,chapeau bas pour toi si tu arrives à gérer comme tu le souhaites cette maladie

Merci, après si je fini en HP la conclusion sera bien plus amer. C'est hélas le risque et chaque action de ma vie est calculée pour ne jamais retourner dans ce lit, avec ces sangles, ces odeurs et ces bruits. Mais le jeu en vaut la chandelle pour moi !


   
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Franck
(@gibson1965)
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Bonjour Olivier ,

Quel est ton traitement actuel ? Tu dis , je cite : "je pense que ce n'est pas les médicaments qui nous font vivre mieux " Peux-tu m' expliquer alors quels sont leurs rôles ?

Personnellement si j' arrive à vivre "normalement" aujourd'hui et ce n'est qu' une réponse et conclusion qui me soit propre ,c'est bien grâce à mon traitement.

Moi aussi , je souhaiterai prendre un traitement uniquement ' à la demande" que lorsque le besoin s' en ferait ressentir ,car je suis capable de savoir après toutes ces années mon niveau d' humeur ; Mais avec cette maladie , je ne pense pas qu' il soit possible d' avoir un traitement de ce type.

Ce serait tellement appréciable de prendre un comprimé lorsque le moral est au plus bas ou au plus haut ,au même titre que prendre un Doliprane lorsque un mal de crâne se fait ressentir ,mais il n' en est rien malheureusement.

Je comprend tout à fait ton point de vue lorsque tu écris :"Je préfère vivre 10 ans moi-même que 40 ans dépressif. "

Il faut savoir qu' il existe plusieurs stades dans la dépression  , si celle-ci n' est que légère ,tu peux la dompter seul uniquement avec de la volonté ; ce qui te permet de vivre pleinement chaque journée proche d' un état stable.

Moi aussi , il y a quelques années ,lorsque que je vivais des phases hypomaniaques ,je me disais et je pensais surtout que je préférais être comme j' étais que de vivre dans un état dépressif.

Mais , ce qui m' insupportais était de passer d' une phase à l' autre .

Au plaisir de te lire

Franck


   
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olivier
(@pistolstar)
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Bonjour Franck

Quel est ton traitement actuel ? Tu dis , je cite : "je pense que ce n'est pas les médicaments qui nous font vivre mieux " Peux-tu m' expliquer alors quels sont leurs rôles ?

Je n'ai plus de traitement de fond depuis 2011. Je suis toujours suivit dans un CMP et comme indiqué j'utilise le xeroquel comme stoppage de mes manies en moyenne une fois par an.
Le rôle des médicaments est de stabiliser l'humeur, après moi effectivement elle était stable mais plutôt vers le bas. Avec en prime une psyché bloquée. Le vivre mieux c'est accepter sa maladie et organiser son quotidien et sa pensée pour que la vie soit gérable, ce que mon traitement ne me permettait pas.
Aujourd'hui je dirais que je ne passe plus d'une phase à l'autre, je glisse entre des moments de bien être et des moments de doute. Je pense que le plus gros du travail d'un bipolaire n'est pas de prendre son traitement et tout ira bien. Le plus gros est un travail sur soi, l'introspection, la remise en question qui permettent d'échapper aux extrêmes de la maladie. Après à chacun sa façon de gérer son trouble et ce qui marche pour l'un peu être contre productif pour l'autre. Je dis ça maintenant mais peut être que ce n'est pas ce qui me convient, peut-être vais-je retourner dans cette chambre, mais j'espère tout de même pouvoir échapper ad vitam à un traitement qui m’enlèverai à moi-même.


   
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Franck
(@gibson1965)
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Olivier ,

Comme je te l' avais écris hier , tu as de la chance de pouvoir gérer au mieux ta maladie ,tes épisodes .

Mais saches que les bipolaires ne sont malheureusement pas tous comme toi.

En ce qui me concerne ,sans traitement je serai dans la dépression permanente , la stabilité et l' humeur plate n'existeraient pas.

Il y a cinq ans ,je suis parti en Italie trois jours en ayant oublié mon traitement , et ce en plein mois de juillet ou normalement mon humeur est au plus haut ,et bien une crise de panique  s' est déclarée et j' en ai souffert pendant deux mois le temps de me raccrocher à une humeur stable. J' ai besoin d' un traitement de fond au même titre que toi pour te sentir "bien". Et ensuite avec l' aide de ma PSY une prise d' antidépresseur ponctuelle pendant la période hivernale m'est bénéfique pour garder cette humeur stabilisé.

Je sais que je ne suis pas "vraiment moi" ,les médicaments m' assomment , m' empêche d' être qui je suis réellement ,mais je ne peux faire autrement que de prendre mes médocs pour vivre "normalement " comme tout être humain.

Tu écris ,je cite : " Je pense que le plus gros du travail d'un bipolaire n'est pas de prendre son traitement et tout ira bien. Le plus gros est un travail sur soi, l'introspection, la remise en question qui permettent d'échapper aux extrêmes de la maladie. Après à chacun sa façon de gérer son trouble .

Je pense que tu ne devrais pas écrire cela , certains bipôtes sur le site pourrait le prendre à la lettre ,et se dire que leurs traitements ne servent à rien. Qu'ils suffit comme tu le dis et l' écris si bien ,qu' il n' est que question de volonté , de remise en question ,et que les symptômes disparaîtront.

Malheureusement , Lorsque les bipolaires sont en phase DOWN , ils n' ont pas vraiment la force de se remettre en question , d' aller de l' avant ,et de se dire que tout ira mieux s' ils ont simplement de la volonté.

Toi , tu as cette chance de dompter ta maladie ,et tu peux en être fier , et de plus tu restes contient qu' à tout moment tu peux perdre pied et te retrouver en HP ,mais nous ne sommes pas tous égaux malheureusement .

Chaque personne est unique , et chaque bipolaire aussi.

A+ Franck


   
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olivier
(@pistolstar)
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Attention, je ne dis pas qu'un traitement ne sert à rien, loin de là. Je dis juste qu'on ne peu pas se contenter d'aller chez le psy prendre ses médocs et tout ira bien. Il y a un gros travail a faire sur soit pour dompter la maladie. Les médicaments m'ont surement sauvé la vie.


   
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Franck
(@gibson1965)
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Olivier ,

Je te présente toutes mes excuses , effectivement je ne t' avais pas compris ,et il me semblait t' avoir lu dans un autre message en disant le contraire.

Là , maintenant ,je suis tout à fait d' accord avec toi , un traitement malheureusement ne suffit pas , il faut également et généralement une bonne psychothérapie pour comprendre son mal être. Perso c'est ce que j' ai fais et dans l' ordre . Je suis dur de la feuille et ne comprends pas toujours tout sur tout ,mais tu as raison de dire que seul un traitement ne suffit pas ,mais il reste la base à mon humble avis.

Il faut se faire aider , s' aider , et s' entre aider  mutuellement , et aussi aimer , s' aimer pour se soigner.

Bon après midi

Franck


   
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olivier
(@pistolstar)
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Oh tu n'a pas a t'excuser, Oui c'est la base, une bonne hygiène de vie aussi. Moi mon absence de traitement est une exception, je pense que c'est un risque que je prend mais je fait très attention par ailleur. Comme on est hypersensible un rien chamboule notre équilibre. Cest pour ca aussi que jessaye de ne pas changer trop de chose en même temps dans ma vie. Même (surtout) en phase maniaque.

Bonne journée 🙂


   
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onzevirgulevingt-deux
(@onzevirgulevingt-deux)
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Je m’ose la confrontation avec tes questions, avec la grande « jeunesse » de la maladie, la récente levée de mon déni, et le manque de recul sur mes analyses. Je vais sûrement dire des âneries, et si j’y reviens plus tard les relever.

> Pensez vous que l'on puisse comprendre voir maîtriser sa bipolarité ?
Je l’espère. Cela m’a été assuré par le corps médical, à plusieurs reprises, et plusieurs intervenants au sein de l’UNAFAM.
Mes lectures nombreuses allaient en ce sens également.
Suivi, médication, hygiène de vie, accompagnement, et soutien familial… le vouloir aussi et surtout !
Néanmoins à ne pas négliger ni minimiser l’aspect destructeur de la maladie, ni les issues dramatiques définitives.

> Vous rendez vous compte à posteriori que vous étiez en phase maniaque, ou avez vous conscience de l'être ?
« Ça dépend, ça dépasse forcément. »
Aujourd’hui je suis en mesure de remonter, bémol je remonte petit à petit, le fil de ma vie pour disséquer les phases et les identifier ; avec une très grande difficulté sur la dernière période, manquant du retour de ceux les ayant vécues et subies conjointement, où elles semblent s’être mises à se multiplier et s’intensifier exponentiellement. Mais je peux affirmer qu’elles étaient déjà là depuis mon adolescence et jeune vie d'adulte, sans pour autant être si destructrices qu’elles ont pu l’être « récemment » ; elles ont été déterminantes voire responsables, de nombreuses expériences et tournants de ma vie, parfois bénéfiques et très utiles à leur crédit.
Pour reprendre la question :
Oui j’ai souvenir, et pas seulement à posteriori, durant de court laps de temps et dans de rares cas dû à un stimuli extérieur très violent (j’ai un exemple bien en tête, de l’ordre du choc sentimental) d’avoir conscience du n'importe quoi, que tout est hors contrôle, surtout de soi ; mots, raisonnements, comportements, réactions, envies. Les autres deviennent plus lents, et de me déphaser de la réalité – pour mon plus grand bonheur (ce sont sûrement des signes sur lesquels je me focaliserai à l’avenir en guise d’alerte). Étant créatif, ces moments d’émulsions divines étaient prolifiques et attendus, peut-être même recherchés. Avant d’être néfastes dans leurs conséquences…
… et là cela m’amène au…
Non car je restais dans le déni ; ce n’était pas moi, c’était l’autre ou les autres qui… même si j’avais bien conscience après coups et parfois durant mes comportements inadéquats ou du pire (même si je l’oubliais, le pire, du fait de mes amnésies associées, les conséquences étaient visibles dans mon cas), je n’assimilais pas ou ne voulais pas accepter que je pouvais avoir un problème ou que ce mal-être de plénitude pouvait en être la cause. Les délires et l’ego explosant, l’invulnérabilité et la puissance, que je peux désormais attacher aux symptômes de la manie, n’aidaient pas. Surtout, avant peu, j’ignorais tout de la bipolarité et donc de la manie, difficile donc d’apposer conséquences et actes et même responsabilité active à une cause autre que « je suis un monstre connard et je me suis comporté comme tel » et de lier tout ensemble après coup.
Puis venait la phase de dépression, et la culpabilité et le vide, qui contrebalançait peu de temps après sans que je m’autorise à « la vivre ». Aujourd’hui, peut-être que si cela devait m’arriver – quand cela m’arrivera – j’aurais certainement plus de facilité à identifier et reconnaître pendant et après coup le problème, du moins je veux le croire, et je ne (me) lâcherai pas en ce sens.

> Avez vous des stratégies pour "redescendre" d'une phase maniaque ?
Il m’apparait beaucoup trop tôt pour être en mesure d’y répondre. Je surveille et surveillerai plus encore les signes que je pense avant-coureurs.
J’ai également lu qu’il était possible de se conditionner à des stimuli extérieurs, approchant la psycho-éducation ou l’hypnose ; semblant y réagir naturellement – là encore me basant sur un exemple personnel – je pense m’orienter vers cette voie. Mais j’ai beaucoup à expérimenter, à apprendre en ce sens. Puis là encore, je manque du retour de ceux les ayant vécues, lorsque je n’étais pas diagnostiqué ni soigné, et qui les ont subies, pour être en mesure de m’accompagner dans cette voie…

> Avez vous des stratégies pour sortir de la dépression ?
J’en avais deux.
La première me dire que de toute façon à un moment j’allais me sentir mieux, sans raison – et pour cause… (le contrecoup bipolaire de la dépression étant la phase maniaque, chez moi, j’allais forcément mieux à un moment mais pas pour les bonnes raisons ; ce vécu m’a conditionné jusqu’à peu à croire que la dépression n’existait pas en tant que telle, et qu’il suffisait de le vouloir pour s’en sortir… aujourd’hui je comprends l’ironie !)
La seconde était mes enfants, la plus forte et véritable stratégie qui m’a empêché de me suicider un nombre important de fois ces dernières années. Je refusais l’idée qu’ils puissent voir leur Père dans cet état, je me forçais à aller mieux, ou faire semblant, à tenir le coup, et à chasser les idées les plus noires avec leur Joie et Lumière. (Je cachais 80% du temps ma dépression, ne laissant glisser qu'une ou deux phrases fuyante à ma Femme...)
Aujourd’hui, au regard de ma situation actuelle, malgré le fait que je sois désormais au courant que je suis bipolaire, je n’ai plus aucune stratégie. Pour peu que les deux premières puissent vraiment être considérées comme des stratégies en réalité, des fuites.
Ma dernière phase (et j’y suis certainement encore mais « controlée ») m’a emmené très loin… tentatives de suicide, dont presque réussie.

> Quel est votre cycle de bipo ? (ex : manie => dépression => normal => manie )
Je manque de données. Il est possible que je sois état mixte, mes cycles…

> Les intensités de vos dépressions et de vos manies sont-elles corrélées ?
Oui, si je me base sur ces dernières années. Les dépressions sont devenues très dures à tenir et les manies ont eu des conséquences destructrices et dramatiques…
Mais si l’intensité se répond, pas la durée. Les manies sont beaucoup plus longues semblerait-il.

> Que vous autorisez vous de faire pendant une phase "up" ?
Je ne peux pas répondre pour le moment.

> Qu'est-ce que vous ne faites vous pas ?
Je ne peux pas répondre pour le moment.

 

S'il est nécessaire de développer plus un point, ne pas hésiter à me le notifier. L'échange est enrichissant, au-delà des retours d'expériences d'autres vécus, il offre l'obligation de se poser des questions, de s'analyser encore plus ; dans mon cas en tout cas. J'en ai besoin si je veux, justement, pouvoir gérer/contrôler/vivre avec cette bipolarité…

Il me faudrait répondre de nouveau à ce questionnaire dans quelques temps, si ce temps se présente.

Mais aujourd'hui, ce que je peux exprimer avec certitude quant à la problématique de gérer les phases, ça serait la nécessité de se connaître et de la justesse de son accompagnement, en complément du médical.

Car, au-delà des conséquences et de la destruction de ma famille qu’elle a engendrée – que j’ai engendré –, ma vraie détresse face à cette maladie est l'absence de soutien et de repère.

Je suis seul, malade.
Je suis seul, à essayer de comprendre cette maladie.
Je suis seul, à vouloir me battre/(me) gérer – contre moi-même.
Je ne suis pas sûr d’y arriver, seul…


   
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olivier
(@pistolstar)
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Début du sujet  

Hey salut onzevirgulevingtdeux, en effet étant son propre sujet d'analyse, c'est très dure de cerner les limites de sa maladie si peu de temps après l'avoir identifié. Mais avec le temps tout devient plus limpide (ou moins trouble ça dépend). Surement t'en rends déjà tu compte.
Tes motivation pour sortir de la dépression sont tout a fait louable. Même s'ils sont plus loin ces temps-ci c'est motivant de se mettre potentiellement dans les meilleurs états accueillir. Je m’écoute énormément, je suis toujours à l’écoute de ce que je ressens quand il s’agit de prendre une décision, et bien en dépression je ne m'écoute plus. Je prend entièrement le contrôle, froidement s'il faut, pour me forcer à relancer la machine des émotions positives.

Se connaitre et connaitre les symptômes avant-coureurs qui peuvent permettent d'identifier une phase de façon précoce (surtout la manie), ça aide grandement à gérer ses phase depuis l'état le plus normal possible et de minimiser ainsi l'impact sur la phase suivante.

Une belle mise en garde : "Néanmoins à ne pas négliger ni minimiser l’aspect destructeur de la maladie, ni les issues dramatiques définitives."

Je te rejoint sur tes dernières strophes. La solitude. Même si j'ai une famille aimante, quelques amis géniaux. Nombreux sont les jours ou m'accable un immense vide. Et ma familles et mes amis, si proche soient-ils ne sont pas forcément là dans ces moments. Quand bien même ils le sont s'est souvent un immense décalage d’incompréhension qui nous sépare et me laisse seul la boule au ventre, les tripes en vrac. Mais les expériences aidants j'ai appris que ce vide ne peut être comblé. Aucun mot, aucune femme, aucun rêve ne pourrait combler ce vide qui finalement est en grande partie ma force. Sans lui je n'ai plus aucune raison d'avancer, je n'aurais plus rien à fuir. Et aujourd'hui me dis-je, la route est longue pour le sertir d'un belle écrins qui le rendrait a mon cœur plus supportable. Et me permettre d'offrir au gens qui m'entourent autre chose qu'un immense vide à combler.


   
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