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Bipolar bear at your services

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 Anonyme
Inscription: Il y a 54 ans
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Début du sujet  

 

Bonjour,

 

En général, je ne suis pas très à l’aise avec l’idée de passer par la case « Présentation », mais cette fois-ci il semble que ce soit nécessaire. Je vous préviens par contre que cela risque d’être long !

 

Je m’appelle Louise, j’ai 23 ans. Depuis toute petite, je souffre de troubles dépressifs cycliques à l’arrivée de l’hiver. Cela a commencé brutalement à l’âge de dix ans, où je me suis retrouvée prostrée dans la cour de récréation, repliée sur moi-même : j’avais alors déjà des idées noires et je touchais le fond. Je n’avais pourtant subi aucun trauma : j’étais solitaire (De mémoire je l’ai toujours été, y compris en maternelle), je m’ennuyais en classe ; je n’étais pas spécialement entourée par une famille aimante ou attentionnée, ce qui explique pourquoi je n’ai presque plus aucun contact avec ma mère, mais je n’ai malgré tout jamais été maltraitée. J’étais et je reste également hypersensible.

Dès lors, j’ai connu une récurrence des troubles dépressifs chaque année de ma vie. J’ai été hospitalisée en psychiatrie deux fois, la première à mes seize ans durant un mois et demi, l’autre il y a de cela deux ans, pendant deux semaines, et j’ai fait cinq tentatives de suicide, toutes médicamenteuses, les plus violentes ayant eu lieu ces deux dernières années.

J’ai vu bien entendu une multitude de médecins, psychologues, psychiatres, j’ai pu donc tester un large panel d’antidépresseurs et anxiolytiques : Citalopram, Seresta, Xanax, Seroplex, Seropram, Deroxat, Paroxétine, et j'en oublie… Tous inefficaces des mois durant. Ma rémission de dépression se faisait brutalement comme elle avait commencée, avec l’arrivée des beaux jours : j’étais soudain à même de refaire plein de projets, je souhaitais retrouver un nouveau travail, déménager. J’ai d’ailleurs déménagé plusieurs fois au cours de ma vie d’adulte, parfois très loin de mon lieu de vie actuel (Je suis partie sans revenus dans le Sud sur un coup de tête, alors que j’habitais Reims), tout comme j’ai enchaîné les cursus universitaires, les boulots, sans jamais parvenir à dépasser le cap des deux ans au même endroit : subitement, les troubles revenaient au galop, et j’étais contrainte d’abandonner car je me repliais sur moi-même chez moi et me retrouvais dans l’incapacité de me lever pour affronter une nouvelle journée.

Depuis mes dix-sept ans, j’ai donc entrepris un cursus d’histoire, inachevé dès la première année, un cursus en psychologie, abandonné en second année avant les premiers partiels, et j’ai eu pas loin de quatre jobs différents, dans lesquels je n’ai pu aller au-delà des six mois (Je précise que la rupture a toujours été à mon initiative, pas à celle de l’employeur.)

 

Cette instabilité socio-professionnelle étant au cœur de ma souffrance, j’étais en demande d’une réponse, d’une explication. C’est en première année de psychologie que j’ai entendu parler pour la première fois des troubles bipolaires. En 2015, j’ai tenté d’aborder le sujet avec le psychiatre qui me suivait, lequel a totalement réfuté l’hypothèse car il « ne voyait pas en moi la manie » (J’étais alors en dépression depuis plusieurs mois.)

C’est seulement il y a une semaine, alors que je me sentais de nouveau attirée vers le bas sans raison apparente (J’ai un copain avec qui ça va très bien, un nouveau travail dans la restauration qui jusque là me plaisait) et après que je me sois retrouvée complètement court-circuitée, dans l’impossibilité d’agir, de penser, comme tétanisée, abattue en plein service, que j’ai pris rendez-vous au CMP. Reçue par un psychiatre, celui-ci a de suite évoqué des troubles de l’humeur. Je suis depuis sous Xeroquel 50mg, à raison de 3 comprimés par soir et en arrêt pour un bon mois.

 

Avec le recul, certains passages de ma vie qui me semblaient jusque-là « normaux » évoquent pour moi des épisodes maniaques.

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Par trois fois et pendant plusieurs mois, je me suis retrouvée dans des états de labilité émotionnelle où j’enchaînais les passages de tristesse profonde, de colère et d’agressivité, d’irritabilité et cela dans la même journée, avec parfois la sensation que je pourrais frapper à mort quelqu’un, je faisais des blagues et riais aux éclats, à tel point qu’un psychiatre lors de ma première hospitalisation a dit à ma mère que j’étais une « manipulatrice ». Je faisais des insomnies, en contraste avec mes périodes de dépression où je dormais énormément, parfois plus de 14h par jour.

J’ai eu par ailleurs une série de nuits où j’étais dans une espèce d’état de semi-conscience, où j’avais les yeux clos, je me savais en train de dormir sans atteindre un sommeil profond et réparateur, mais je rêvais que j’étais au travail et que mon patron me demandait d’effectuer des tâches. Irritée qu’on ne me laisse pas dormir profondément, je me levais, allais aux toilettes, puis me mettais à penser « Retourne au lit, il faut absolument que tu fasses ce qu’on t’a demandé de faire avant demain matin. » J’avais la sensation délirante qu’une excitation m’envahissait, me démangeaient dans mes jambes, mes mains, ce qui empêchait d’autant le sommeil.

Je n’ai jamais eu de constance dans mes habitudes alimentaires : tantôt je mangeais trop peu, par manque de faim, tantôt j’entrais en phase boulimique (Ce qui m’a valu la prise de 15kg à une certaine période de ma vie), où je pouvais avaler des saucisses fumées, des gâteaux, de la pâte à gâteau crue et des œufs crus au cours de la même heure. Puis j’ai eu une période où je ne mangeais que des fruits, et je dépensais des sommes considérables par semaine dans l’achat de fruits.

 

Ma deuxième hospitalisation a été de loin la pire : hospitalisée de force après une tentative de suicide apparemment violente (J’étais inconsciente mais j’ai apparemment pété un plomb), j’ai passé une semaine complètement down, puis soudainement j’ai eu un regain d’énergie. Peut-être est-ce un peu cliché, mais j’étais exactement comme Bradley Cooper dans Happiness Therapy : je ne voyais pas pourquoi j’étais hospitalisée, je n’y avais pas ma place, je profitais de chaque demi-heure où je récupérais mon téléphone pour chercher des appartements sur Leboncoin et programmer des rendez-vous avec les bailleurs, je voulais reconquérir mon ex qui venait de rompre avec moi en même temps que je voulais m’en éloigner, je passais d’une idée à son contraire la même journée, et surtout je ne dormais pas malgré les médicaments. À l’issue de mon hospitalisation, je suis passée devant un juge qui par ordonnance a prescrit la continuité des soins en dehors de l’hôpital pour « péril imminent » et parce que j’étais « dans le déni de ma souffrance suite à ma rupture brutale. » À peine sortie, je partais sur Grenoble fêter le Nouvel An avec des gens que je ne connaissais absolument pas, sans mesurer un instant que ça pourrait s’avérer dangereux. Dans la foulée, j’ai repris mon travail, j’ai déménagé, je marchais des kilomètres à pieds, je me sentais infatigable. Et surtout je me sentais plus vivante que jamais, mieux que jamais. Durant cette période, j’ai eu une période où je collectionnais les animaux de manière assez compulsive : j’ai eu un chat, un lapin, puis des poissons jusqu’à dépenser plus que je ne pouvais me le permettre dans l’aquariophilie, puis un chien, puis un autre chat et un autre lapin…

 

Bon, je me doute que ce n’est pas terrible comme présentation, il y a déjà eu plus attractif ; outre le tableau que je vous dresse là et qui n’a rien de très appétissant, je suis une fille plutôt réservée, calme, créative dans des périodes plus stables, je m’intéresse à pas mal de choses avec a priori un intérêt accru pour l’art, la littérature, le cinéma, la culture geek. Je suis très empathique, solitaire malgré tout, je ne parviens pas à me lier aux gens – ou les gens ne parviennent pas à accrocher à ma personnalité, je ne sais pas trop. Je suis un peu à l’instar de Kate Winslet dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind « la fille paumée qui cherche sa propre paix intérieure. » Il y a certainement énormément d’autres choses que j’aimerais vous dire et que j’ai oubliées, n’hésitez donc pas à me poser vos questions (Même si, a priori, ce serait à moi de vous en poser, et Dieu sait combien j’en ai en rejoignant ce forum !)

 

J’espère sincèrement en apprendre un peu plus sur moi et cette maladie au détour de ce forum, et pour cela je vous remercie par avance de votre accueil.

 

À bientôt,

 

NOPChan


   
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Nath
 Nath
(@nath8)
Membre Moderator
Inscription: Il y a 7 ans
Posts: 901
 

Ouf, j'ai tout lu !  😀 

Bienvenue à toi, NOP Chan  😉 

Tu te sens comment en ce moment ? 


   
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 Anonyme
Inscription: Il y a 54 ans
Posts: 0
Début du sujet  

Hey !

 

Merci !

Complètement sédatée par le médicament, j'ai des hauts vers 22h où je décolle du papier peint jusque 2h du matin, d'autres où je suis en totale baisse de moral.  🙄 


   
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Nath
 Nath
(@nath8)
Membre Moderator
Inscription: Il y a 7 ans
Posts: 901
 

Oui, comme beaucoup de gens ici.

J'espère en tout cas que tu es bien entourée et que tu trouveras des réponses à tes questions ici.

Bonne nuit.


   
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hopefull
(@onething)
Trusted Member
Inscription: Il y a 5 ans
Posts: 62
 

Bonsoir Louise, 

Je me retrouve en plusieurs points dans ton histoire. J'ai commencé à faire des dépressions très tôt aussi. Vers les 10-12 ans. Je ne me rappelle plus trop. Mais je ne comprenait pas pourquoi je ressentais une telle tristesse et mal être. Les années passent et les épisodes dépressifs se suivent. Plutôt courts jusqu'à la vingtaine passée. Je n'ai jamais étais stable professionnellement. À cause d'un gros manque de confiance en moi. Puis les dépressions deviennent plus longues et plus profondes. J'ai donc commencé à voir un psy. J'ai pris des antidépresseurs pendant + de 5 ans. Sans succès.

Ensuite est arrivé le diagnostic de bipolarité type 2. Et là on je me refais ma vie à l'envers. Je repense à des petites phases d'hypomanie.

OK maintenant j'en suis là depuis 1an et demi avec un thymorégulateur. je n'ai pas encore trouvé la stabilité mais j'ai espoir. 


   
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 Anonyme
Inscription: Il y a 54 ans
Posts: 0
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Bonsoir Hopefull,

 

Je suis contente de lire que mon histoire fait écho à la tienne. C'est tout nouveau pour moi, j'avais non seulement besoin de raconter ce qu'il m'était arrivé, mais aussi de me conforter dans ce diagnostic. Quelque part, je suis soulagée qu'il y ait enfin un mot sur ce que je vis, je ne me sens plus seule face à mon incapacité à conserver un emploi et à avoir une vie stable. 

Je sais combien c'est difficile d'être spectateur de son propre sabordage. De se dire qu'on est responsable, que c'est uniquement notre personnalité qui est à l'origine de nos échecs répétés. De vivre dans le regret constamment.

 

J'espère qu'à l'avenir nous trouverons toutes les deux une stabilité, c'est tout ce que j'attends de ma vie pour le moment, et je croise les doigts pour que les effets du traitement soient probants.  😉 


   
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hopefull
(@onething)
Trusted Member
Inscription: Il y a 5 ans
Posts: 62
 

Bonjour, 

Quand on m'a parlé de bipolarité, sur le coup ça a été un soulagement en disant que mon mal être et ma dépression ne venait pas seulement de moi mais de cette maladie. Mais ensuite l'inquiétude est vite arrivé. Comment vivre avec ? Quel avenir m'attends ? Et bien d'autres questions auxquelles je ne pas vraiment encore eu de réponses concrètes. Faut dire que je me suis un peu retrouvé seule avec mon diagnostic et mon traitement et sans trop d'explications. J'ai du avancer par moi même. Faire des recherche seule. Participer à des cours de psycho éducation. J'ai avancé depuis l'année dernière mais le chemin est encore long avant de pouvoir totalement dompter ce mal qui me ronge de l'intérieur.

Bonne journée 


   
seb reacted
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