Bonsoir,
Je sais pas trop comment me présenter alors je vais juste écrire ce qui vient. Je n'attends pas spécialement de réponse, ne vous sentez pas obligés de donner votre avis.
J'ai pris un rendez-vous demain matin. Je vais en parler pour la première fois à un professionnel de santé. Ok, c'est qu'un généraliste, mais c'est déjà ça. C'est les seuls chez qui on peut avoir un rendez-vous pour le lendemain, pour ne pas me laisser le temps de l'annuler.
Vendredi j'ai eu une sorte de crise. J'étais en vacances chez ma mère, et je m'ennuyais un peu. Les pensées tristes ont commencé à tourner à toute vitesse dans ma tête. J'ai essayé de me calmer, de chercher des pensées positives, des bons souvenirs... impossible. Les mauvais par contre, ils se succédaient comme les pubs a la télé. Ça a duré au moins jusque 2h du matin, après je n'ai plus regardé l'heure parce que ça m'angoisse de regarder l'heure quand je n'arrive pas à dormir.
Les conneries impulsives, les coups de colère inexpliqués contre le chat ou contre mon mec, les objets que j'ai détruits pour me defouler, les moments de honte, les mots blessants que j'ai pu dire, les projets superbes lâchement abandonnés, la TS de mon père, les gens à qui je ne réponds jamais aux messages, les dépenses déraisonnables... bref, une nuit en tête-à-tête avec tout ce que je préférerais oublier. Puis le lendemain, je me lève à une heure correcte, et la vie continue... jusqu'à ce que je me retrouve à nouveau seule dans ma chambre, et ça recommence.
Je suis rentrée hier matin et j'ai retrouvé mon compagnon. Il m'apaise beaucoup. Je ne sais pas s'il se rend compte quand je vais mal. Je ne sais pas comment lui dire : je suis malheureuse, tu n'y es pour rien et tu n'y peux rien. Je l'avais prévenu, quand on s'est mis ensemble : je suis probablement bipolaire. Parfois je suis pleine d'énergie et pleine de projets, parfois je n'ai plus envie de rien et je me déteste. Comme ça sans raison valable.
C'est mon ancien chef qui l'a remarqué en premier, même avant moi, que j'étais "cyclique". "Des fois tu fais plein de trucs et tu es de bonne humeur, et puis d'un coup tu te mets à râler sur tout le monde et plus rien ne va. En ce moment ça va, c'est bien faut que ça continue comme ça." Il m'a dit ça a peu près quand mon père est mort. Aux funérailles, ma mère a dit "il est tranquille maintenant". Il était bipolaire, et cette phrase, elle a résonné en moi. Parce que moi non plus, je ne suis jamais tranquille.
Une fois je suis allée suffisamment mal pour mettre un message à ce propos sur le tchat pro "off", partagé seulement avec mes collègues. Ce soir là, une fois rentrée chez moi, je me suis écroulée, et je me suis réveillée totalement désorientée, je ne me souvenais pas de mon trajet retour, et très peu du reste de la journée. Les semaines avant avaient été infernales, on m'avait confié un gros projet avec une deadline pas facile à tenir, j'en avais chié, je m'étais démenée, j'avais piqué des colères, j'avais très peu dormi. J'ai fait un message d'excuses à mes collègues, parce que j'avais certainement été imbuvable les jours précédents. Ils ont certainement cru que c'était du surmenage, et moi je me suis dit "plus jamais". Plus jamais je ne me laisserai prendre au piège de cette motivation débordante. Après, je suis restée des mois dans une passivité volontaire, exprès pour ne pas recommencer à perdre les pédales.
Mais, si c'était si facile à gérer, ça se saurait, pas vrai ? Ça finit toujours par revenir. Il suffit d'une idée, d'une rencontre avec quelqu'un d'intéressant, d'un bouquin plaisant à lire... et d'un coup les pensées fusent à toute vitesse, jour et nuit, les lumières sont plus vives, j'y vois très clair d'un coup. Je veux faire des choses, il faut que ça bouge, il faut régler les problèmes, j'ai besoin d'en parler à tout le monde. Les gens qui traînent la patte au lieu d'emboîter le pas m'énervent au plus haut point. Je suis persuadée que certains veulent me mettre de bâtons dans les roues.
Puis vient la lucidité, je me suis montrée odieuse, colérique, égocentrique, j'ai merdé, j'ai honte, je suis une sous merde. Je n'ai plus une once d'énergie, je me couche à 21h le soir, pas par fatigue, mais pour que le temps passe plus vite, parce que rien de m'intéresse. Tout est gris, tout est morne. Je ne parle plus, je ne veux plus voir personne, je ne veux plus rien faire. Le weekend, je passe la journée au lit ou dans le canapé à regarder dans le vide et à penser à tout ce que je devrais faire mais que je ne ferai pas. Je dors, beaucoup, en journée aussi. Tout est bon pour éviter de ressentir quoi que ce soit.
Alors voilà, certes aujourd'hui j'ai un homme qui me stabilise, en quelque sorte, car lui au moins il est toujours égal à lui-même, même s'il est parfois totalement demuni. Mais j'en ai marre de tout ça, je voudrais juste pouvoir aborder la vie normalement, en étant ni folle ni dépressive, en restant en quelque sorte toujours la même personne. Ne pas rester coincée dans un éternel recommencement, bref, pouvoir avancer sereinement dans ma vie sans avoir peur de moi-même.
Je sais pas ce qu'il va me dire, ce medecin, je ne le connais même pas. Ça fait trois ans et demi que j'habite la région et je n'y ai toujours pas de médecin traitant, a chaque rhume, grippe ou crise d'hémorroïdes, c'est Doctolib qui me trouve un toubib disponible. Ouais, je suis stressée. J'ai envie d'annuler et de retourner dans le déni. Après tout, tout le monde a des variations d'humeur, non ? Pourquoi moi ce serait pire que les autres ? Je dramatise, pas vrai ? Tout ça pour attirer l'attention ! Je ne sais pas contrôler mon caractère de merde, c'est tout !
Je vais me boire une bière ou deux pour me calmer, je vous raconte demain - enfin, peut-être - j'ai un peu trop tendance à ne pas faire ce que je m'étais dit que je ferai.
Un médecin generaliste ne pourra rien faire de plus que de vous diriger vers un psychiatre
À vrai dire, je ne me sens pas prête à être vraiment aidée. Surtout, je ne me sens pas prête à prendre un traitement.
C'est plutôt un premier pas, une façon de me dire "je suis capable d'en parler".
Dans le meilleur des cas, il m'orientera vers un bon psychiatre, et si j'ai un bon contact avec ce généraliste, j'aurai enfin un médecin traitant près de chez moi. Ça ne me fera pas de mal d'être suivie en cas de besoin, même si c'est pas par un spécialiste.
Dans le pire des cas, je perds une trentaine d'euros, croyez moi c'est pas ma pire dépense inconsidérée ce mois ci.
D'une certaine façon, je crois que je préférerais que ça n'aboutisse à rien. Je ne sais pas ce que je veux. Je veux aller mieux, et en même temps je veux que rien ne change.
Je ne sais pas ce que je veux. Je veux aller mieux, et en même temps je veux que rien ne change.
C est de l ambivalence et tout le monde passe par là
Le plus souvent il faudra soit avoir des motivations externes, soit se casser encore un peu plus la gueule
Le temps fera son oeuvre
Tout à fait.
Il fait déjà son œuvre en me faisant un peu plus prendre conscience à chaque crise que j'ai quelque chose qui cloche. J'ai l'impression que c'est pire à chaque fois, que je finirai par faire une connerie irréparable.
J'essaie juste de suivre le mouvement en avançant, petit pas par petit pas, vers un suivi psy.
Il y a deux ans, j'ai réussi à dire à mes collègues "je ne vais pas bien". Il y a un an et demi, j'ai largué mon ex qui était intolérant aux problématiques psy (y'avait d'autres raisons, mais l'impossibilité de lui parler de ce que je ressentais en faisait partie). Il y a un an j'ai abordé le sujet avec un mec avant même qu'on soit ensemble.
Qui sait, peut-être que d'ici deux ou trois ans j'aurais un diagnostic, d'ici cinq un traitement.
Avec de la chance, je serai vraiment suivie avant de faire une vraie grosse connerie.
C'est plutôt drôle, à mon âge y'a des gens qui planifient leur évolution pro, leur mariage, leurs enfants, moi je planifie ma maladie.
Avec de la chance, je serai vraiment suivie avant de faire une vraie grosse connerie.
À vous de voir si vous voulez laisser ce genre d événement être décidé par le hasard
Votre comagnon a peut-être un avis sur la question, souvent l absence complète de suivi et/ou d amélioration sont les privilèges des gens isolés - et ceux qui ne le sont pas déjà le deviendront
Je vous souhaite de ne pas avoir à passer par là
Bon courage
Votre comagnon a peut-être un avis sur la question
D'une certaine façon, je crois qu'il idéalise mes troubles. Avec des phrases du genre "je ne peux pas résister à une fille qui pleure", ou encore "j'adore quand tu fais la follasse".
Le truc, c'est qu'il ne se rend pas compte qu'à l'intérieur, je souffre, même si je ne laisse rien paraître (ou très peu, juste quand y'a vraiment un trop plein)
Bonjour @meiose ,
Après t' avoir lu attentivement , je m' aperçois que tu es une personne très lucide. Tu sais très bien qu' au fond de toi , tu es une personne (Malade) , Tu veux aller voir un médecin généraliste (Pourquoi pas ) !!! Le mien a très bien fait son travail ,puisque c' est lui qui a posé un diagnostic sur ma maladie ,et n' a pas attendu la Saint GlinGlin pour me mettre de suite sous traitement (Thymorégulateur = DEPAKOTE).
Effectivement , un généraliste te demandera d' aller voir plutôt un spécialiste (PSYCHIATRE) , car il faut avouer que c'est plutôt leur spécialité.
Tu écris tellement de propos qui ressemblent à notre maladie , que j' ai quand même du mal à douter que tu n' ai pas des troubles de l' Humeur.
Tu as beaucoup de symptômes de Bipolaire , que ce soit dans les phases hautes (UP) ou basses (DOWN).
Surtout , ne prends pas peur de cette maladie , elle se gère sans trop de difficultés à condition de suivre un traitement qui te sera certainement donné si tu l' acceptes , également faire du sport pour évacuer ton mal-être et ton stress.
Avoir une vie saine , pas trop d' alcool et de drogues.
Ne pas prendre un traitement , c'est autant de temps gâché et perdu.
Je suis Bipolaire de type 2 , j' ai un traitement équilibré depuis maintenant 7 ans , je ne te cacherai pas que j' ai encore des périodes de dépression mineure , et des phases d' euphorie , mais mon humeur reste stable en général.
Maintenant , si tu veux connaître mieux cette maladie , tu peux poser toutes les questions que tu souhaites
Franck
En effet, le généraliste m'envoie chez un psychiatre. Ce qui est plutôt bien, c'est que j'en ai un à deux pas de chez moi.
Mais j'ai toujours cette vilaine petite voix qui me dit que je n'ai rien, je vais très bien, je fais juste ça pour me rendre intéressante, pour me donner des raisons de ne pas faire des choses plus urgentes ou plus importantes.
Il m'a prescrit un bilan sanguin et du Lamictal - à vrai dire, je ne sais pas encore si je ferais plus que regarder cette ordonnance et la ranger dans un coin.
Est ce que quelqu'un ici a une expérience de ce médicament ?
J'ai peur que les medicaments me changent, me fasse devenir une autre personne.
Bonjour @meiose ,
Après t' avoir lu attentivement , je m' aperçois que tu es une personne très lucide. Tu sais très bien qu' au fond de toi , tu es une personne (Malade) , Tu veux aller voir un médecin généraliste (Pourquoi pas ) !!! Le mien a très bien fait son travail ,puisque c' est lui qui a posé un diagnostic sur ma maladie ,et n' a pas attendu la Saint GlinGlin pour me mettre de suite sous traitement (Thymorégulateur = DEPAKOTE).
Effectivement , un généraliste te demandera d' aller voir plutôt un spécialiste (PSYCHIATRE) , car il faut avouer que c'est plutôt leur spécialité.
Tu écris tellement de propos qui ressemblent à notre maladie , que j' ai quand même du mal à douter que tu n' ai pas des troubles de l' Humeur.
Tu as beaucoup de symptômes de Bipolaire , que ce soit dans les phases hautes (UP) ou basses (DOWN).
Surtout , ne prends pas peur de cette maladie , elle se gère sans trop de difficultés à condition de suivre un traitement qui te sera certainement donné si tu l' acceptes , également faire du sport pour évacuer ton mal-être et ton stress.
Avoir une vie saine , pas trop d' alcool et de drogues.
Ne pas prendre un traitement , c'est autant de temps gâché et perdu.
Je suis Bipolaire de type 2 , j' ai un traitement équilibré depuis maintenant 7 ans , je ne te cacherai pas que j' ai encore des périodes de dépression mineure , et des phases d' euphorie , mais mon humeur reste stable en général.
Maintenant , si tu veux connaître mieux cette maladie , tu peux poser toutes les questions que tu souhaites
Franck
Merci pour votre réponse, Franck.
J'ai du mal à ne pas avoir peur.
Encore tout à l'heure j'ai failli partir de la salle d'attente en voyant que le medecin avait pris du retard dans ses rendez-vous. En même temps, 30 minutes à écouter France Bleu quand on n'aime pas la variété française, c'est de la torture.
Plus sérieusement... j'ai vu mon père en souffrir toute sa vie, et ma famille aussi. Il a eu énormément d'effets secondaires et de problèmes de santé liés aux médicaments. Il ne pouvait plus contrôler ses tremblements, alors qu'il adorait bricoler et fabriquer des trucs. Et moi aussi j'aime fabriquer des trucs, je ne veux pas perdre l'usage de mes doigts.
J'ai déjà peur d'en parler à mon compagnon, je m'imagine déjà prendre mes médocs en cachette. Le rendez-vous chez le psychiatre, je l'ai pris à un moment où il bosse et pas moi, pour que ça passe inaperçu. Je suis persuadée qu'il est tombé amoureux de mes phases "up" plutôt que de toute ma personnalité, je n'ai pas envie de le priver du peu de moments où je suis créative, énergique, débordante de libido.
Bref. Je suis beaucoup trop agile quand il s'agit de trouver des bonnes raisons de ne rien faire ou de ne rien dire.
Je suis sous lamictal. C’est top
Je suis persuadée qu'il est tombé amoureux de mes phases "up" plutôt que de toute ma personnalité, je n'ai pas envie de le priver du peu de moments où je suis créative, énergique, débordante de libido.
ELO ,
Ah oui , pour bien les connaître ces fameuses phases , je sais ce que cela procure .
Plein de force , jamais fatigué , 4 heures de sommeil me suffisait ; Le sexe : J' en voulais tellement que je changeais de partenaires tous les mois , je craquais mon fric dans n' importe quoi , j' étais également créatif , etc.....
Mais malheureusement lorsque tu vis ces UP , derrière enfin : En ce qui me concerne , je redescend de plus belle.
Alors je préfère rester en ligne droite avec de petites poussées vers le haut et le bas , et crois bien que c'est encore difficile.
Le LAMICTAL ====>Je l' ai eu , il ne m' a pas réussi .
Je suis sous DEPAKOTE et XEROQUEL
Je suis sous lamictal. C’est top
... mais encore ? Quels effets positifs / négatifs as-tu relevé ? Au bout de combien de temps ?
Bah je sais pas trop. J’ai l’impression d’être plus moi même. Je vie et suis moins dans la peur d’une nouvelle phase.
ça a été assez rapide dans mon souvenir.
Le point négatif pour moi c’est la posologie. J’y suis très sensible et je ne supporte pas les doses au dessus de 100 à cause de la fatigue et des insomnies
Je vais attendre pour le prendre. Demain et vendredi c'est grosses journées au boulot, et j'ai vu dans la liste des effets indesirables très frequents (1 personne sur 10) : maux de tête. Et je fais deja des foutus maux de tete quand je suis stressée ou contrariée, qui sont pas soulagés par les medocs sans ordonnance.
Je testerai la semaine prochaine, j'ai rien d'important la semaine prochaine. De ce que je lis ici et ailleurs sur le net ça a l'air pas mal.
Cela dit, aujourd'hui je commence sérieusement à douter, si je continue sur cette lancée y'a un medoc qui va finir au fond du placard et un RDV qui va s'annuler.
Enfin mince, j'ai un boulot, j'ai une vie plutôt propre et bien rangée, des gens qui m'apprecient - tout ça parait normal, alors pourquoi je ne me sens pas normale ? C'est quoi être normal ? Si ça se trouve tout le monde a les mêmes soucis que moi et j'en sais rien ? Tout le monde a des variations d'humeur, non ?
Oui c’est sûr. Mais si le psy a fait un diagnostic c’est qu il y a quand même qqch. même si doute est normal. Moi aussi je doute énormément.
