Bonjour, voilà maintenant quelques temps que je vous lis, pour comprendre et me comprendre. Je vais donc essayer de me présenter un peu.
Je m'appelle Selayn, j'ai 32 ans, je suis maman de 2 adorables petits loulous de 6 ans et 3 ans. Un conjoint aimant, des amis très présents, un travail prenant mais passionnant puisque je suis sage-femme en libéral, bref sur le papier ma vie est plutôt bien cadrée et ça roule.
Sauf qu'entre les apparences et la réalité...il y a parfois un gouffre !
Je me suis toujours sentie un peu différente, un peu à côté. Vers 15 ans j'ai commencé à me blesser, puis grosse période dépressive qui m'a conduit à 2 hospitalisations durant l'année de mes 17ans et à une TS lors de la 2eme. Et puis à 18 ans j'ai quitté le nid, je suis partie faire mes études, et ça m'a aidé un temps. A posteriori je me rends compte que j'ai toujours eu des hauts et des bas, mais à l'époque c'était normal pour moi, la vie, les événements extérieurs, les études stressantes, les examens, puis la difficulté à devenir maman, toujours une bonne raison !!
Jusqu'à janvier 2019. Phase dépressive brutale et intense, du jour au lendemain, qui a duré 2 mois, et qui m'a plongé dans un état que je n'avais jusqu'alors jamais connu ... C'était moche, c'était terrifiant, je ne comprenais plus rien. J'ai eu une chance énorme, l'un de mes collègues généraliste a évoqué la bipolarité très rapidement durant cet épisode. Chance, et en même temps je ne peux m'empêcher de lui en vouloir, j'aurais préféré ne rien savoir ...
Ça fait maintenant 1 an et demi donc, il y a eu plusieurs épisodes très intenses. Je suis sous traitement depuis septembre 2019, après l'avoir longuement refusé. Objectivement ça va mieux, j'ai beaucoup de variations mais moins marquées. Je fonctionne à peu près correctement. Mais je focalise dessus. Je ne supporte plus la moindre différence d'humeur. Jai l'impression de m'être perdue là dedans et de ne plus savoir qui je suis. Je crois que j'ai du mal à accepter cette étiquette psy qu'on m'a collé, et surtout qui va rester. Un gros ras le bol, augmenté sans doute par la situation actuelle et l'anxiété que ça peut générer.
Bref, excusez moi pour la longueur du message, j'avais besoin de vider un peu mon sac... merci d'avance à ceux qui me liront.
Bonjour,
Bienvenue sur le forum. J'ai lu votre message et je comprend que la maladie semble avoir été la depuis l'adolescence. Ça n'a pas dû être facile durant toutes ces années.
Je comprends votre retissance concernant l'étiquette bipolarité, cependant à partir du moment où on a eu des problèmes psy, ça veut dire qu'on est passé par différents états pathologique sans forcément recevoir le diagnostic associé. Je pense que maintenant vous avez conscience que c'était plus important que prévu ?
Si l'étiquette vous dérange, vous pouvez vous dire que ce n'en est pas une ? Juste le nom d'une des pathologies dont vous souffrez. Vous avez également la possibilité de vous concentrer sur vos autres étiquettes, fille, mère, soeur, compagne, amie, femme, soignante, ...
Qu'est ce qui vous dérange le plus avec cette étiquette ?
Les variations de l'humeur font malheureusement partie des symptômes résiduels de la maladie. On cherches à composer avec...
Au plaisir de vous lire sur le forum.
Merci pour votre réponse.
Effectivement le mot posé permet de donner un éclairage nouveau à un ressenti présent depuis l'adolescence. Il y a toujours eu des moments difficiles, mais j'ai toujours réussi à compenser. Au échec ni difficulté réelle, même minime, que ce soit dans les études, dans ma vie familiale, amicale ou professionnelle.
Cette étiquette me dérange pour plusieurs raisons ... Parce qu'elle va forcément rester déjà, bipolaire pour toujours ... Et puis par peur que tout s'explique avec elle. Puis je être simplement un peu plus joyeuse que d'habitude, ou ça va être forcément parce que je suis bipolaire ? Puis je simplement être de mauvaise humeur, irritable, parce que je me suis levée du mauvais pied, ou ça va forcément être parce que je suis bipolaire ? Ou se situe ma "normalité " là dedans, qu'est ce qui est vraiment moi et qu'est ce qui ne fait que résulter des variations de la bipolarité ?
Je ne sais plus du tout qui je suis, je passe mon temps à guetter les signaux pouvant indiquer une rechute. A tel point que si la rechute arrive, n'est ce pas du coup parce que je l'ai tellement guettée que je l'ai créée ou au moins amplifiée ?
@selayn
Je te comprends. Mais tes émotions, il faut les vivre. Exprime-les, avec amour et férocité. Parce qu'elles font partie de toi. Et cette étiquette "bipolaire" ne constitue pas ce que tu es, mais ce que tu as.
Il n'existe pas vraiment de frontière entre la normalité et la folie, la folie se trouve un peu partout et surtout (je trouve) dans la soi-disant normalité.
L'excès, les couleurs bien saturées, l'intensité des émotions... Ca peut être très joli tout ça! Mais c'est un peu utopique comme discours. Le trop est vite jugé négatif, les gens n'aiment pas ça (je généralise). Et puis souvent le trop se retourne contre nous. Plus la montée est haute, plus la descente est basse.
Vis ta folie gentiment. Ecoute-toi. Et quand tu sens que c'est trop, trop pour toi, trop pour les autres, demande de l'aide à ton médecin, ou à tes proches. Tu me sembles bien entourée. C'est une chance!
Je te souhaite un très bel après-midi, et beaucoup de force et de volonté pour la suite.
@selayn Bonjour et bienvenue.
Si je comprends bien, tu as du mal à faire la différence entre le normal et le pathologique. Tout le monde a des variations d'humeur, des jours avec et des jours sans, et des réactions émotionnelles en relation avec un événement ou autre chose. C'est l'intensité, la récurrence et la durée qui posent question. Vois-tu un psychiatre? Ou un psychologue? Une psychothérapie peut aider à faire la différence, en tout cas personnellement ça m'a aidée.
Merci pour vos réponses, ça fait vraiment du bien de se savoir lue, et sans doute un peu comprise.
J'essaye, j'essaye de les vivre mes émotions, et généralement je m'en sors plutôt bien ! Surtout les hauts, forcément, et souvent sans trop me poser de questions. Il y a la puissance et la beauté au quotidien, ce brin de folie qui parfois explose un petit peu trop, mais toujours maitrisé. Mes amis sont extra, présents si besoin, je ne me suis jamais sentie jugée par l'un d'entre eux. Tout comme mon conjoint, sur qui mes variations d'humeur semblent parfois totalement glisser. Je suis effectivement bien entourée, et paradoxalement je me sens totalement seule et engluée dans ce truc encombrant dont j'aimerais me débarrasser...
@Elona
C'est un peu ça. En fait je crois que j'ai du mal à faire la différence car je suis dans une sorte de léger état mixte depuis 10-15 jours et donc beaucoup d'émotions que je n'arrive plus à analyser. Et ma venue aujourd'hui car cet état semble dériver vers un début de descente depuis cette nuit. J'ai vu une psychologue pendant environ 2 mois l'année dernière. Mais ce n'était pas simple pour moi, moment de grosse phase dépressive et du diagnostic, elle m'a aidé, puis j'ai arrêté dès que j'ai sorti la tête de l'eau. Psychiatre ... j'en ai vu un en avril 2019 à 2 reprises, afin de confirmer de diagnostic de mon collègue médecin gé. Puis pareil, j'ai pris la fuite ... je l'ai revu à 2 ou 3 reprise depuis janvier, car c'est un autre de mes collègues généraliste qui est mon médecin traitant, et qu'il était un peu dépassé par mon traitement ( il a accepté par amitié de me le mettre en place car je refusais de retourner voir un psy, mais ça l'a missus en difficulté et ce n'était pas chouette de ma part). Bref, de toute façon ce psychiatre part à la retraite dans 1 mois, donc il va falloir recommencer à zéro...
@selayn Je ne vois pas ça comme repartir de zéro, mais plutôt l'occasion d'avoir un regard nouveau sur le trouble, une prise en charge peut-être différente qui pourrait t'être bénéfique.
Ah moi aussi j'ai laissé tomber ma psychologue une fois que ça allait. Mon psychiatre aussi en fait, parce que ça allait bien, tout allait bien. Puis "docteur il faut vraiment que je vous voie" 😆 Bienvenue dans le monde merveilleux de l'état mixte aussi, je suis dedans depuis un mois et demi suite à une série d’événements dans le contexte du covid, et on arrive pas à me sortir de là. Je cherche même plus à comprendre pour le moment, je sais pas dans quel état je me réveillerai demain matin (ou midi) mais je m'en fous un peu, j'attends juste que ça passe et que mes nouveaux médocs fassent un truc.
Tu as de la chance d'être bien entourée. je comprends aussi ton sentiment de solitude, les proches ont beau te soutenir, ils ne sauront jamais réellement ce que c'est. Moi aussi je rêverai de me débarrasser de mon trouble bipolaire, malheureusement c'est incurable. Il faut vivre avec, on a pas le choix, ça ne signifie pas qu'on ne peut pas être stabilisés et avoir une vie heureuse malgré tout.
@elonabloodshed
Tu as raison effectivement, et je le sais ! Je n'appreciais pas mon psychiatre, il faisait de très longs monologues pas toujours intéressants et se contredisait dans son discours sur mon traitement... alors oui, un deuxième point de vue peut être intéressant !
J'aimerais réussir à faire comme toi, arrêter de me poser la question sur le prochain état qui arrive et attendre que ça passe. Peut-être qu'avec le temps j'y arriverai !
Petit détail que je n'ai pas précisé, je fume environ 2 joints par jour, selon mon médecin et mon psy ça n'aide pas à être stable et je devrais stopper. Mais je n'y arrive pas pour le moment.
Stopper le bedau n’est pas évident. Il faut y aller doucement, en réduisant le nombre et la dose. Moi il m’a fallu 10 ans et de belles crises d’angoisses.
bon courage!
@selayn
Bonsoir,
Je comprends, c'est très difficile de se voir diagnostiquer une maladie chronique.
Je vois plusieurs témoignages de personnes qui ont arrêté la psychothérapie à un moment. Vous êtes très courageuses, je vois pas comment j'aurais pu m'en passer. À mon avis, ce diagnostic peut parfois être trop lourd à digérer et à porter sans un soutien psychologique. C'est aussi sans compter le reste, je me vois pas arrêter le suivi psychologique dans un futur proche.
Je vous confirme que la consommation de cannabis augmente notamment les risques de nouvelles phases hautes et est associée a un plus mauvais pronostic. Vous pouvez vous faire aider par un CSAPA ou un psy pour arrêter et/ou faire un tour sur le site internet de drogue info services pour lire les témoignages.
J'ai également le sentiment que le cannabis joue sur les etats anxieux et qu'il peut avoir un effet négatif à long terme sur tout les plans de la vie.
Je m'observe également avec attention et je recherche les signes d'une future crise. Ça a un côtés angoissant que je ressens très bien.
@mosis-7 C'est pas courageux pour ma part, c'est juste con. C'est "youpla tralala je vais bien j'ai plus besoin de psy ciao je me barre", puis regretter six mois plus tard mais avoir peur de lui resonner car j'ai peur qu'elle ait mal pris le fait que je l'ai jamais rappelée ou d'avoir l'air de revenir en rampant. Complètement con aussi.
Le cannabis ça pue pour les troubles de l'humeur oui, c'est un gros dépresseur et à haute dose c'est anxiogène. Perso j'ai arrêté du jour au lendemain il y a deux ans, après des années de consommation intensive, ça a été dur mais le fait d'être fauchée et d'avoir rencontré mon homme a beaucoup aidé. Et j'ai bien plus de clarté d'esprit depuis, même si j'ai encore des soucis cognitifs (d'ailleurs je me demande s'ils sont pas liés à ça aussi, autre que les médocs et le burn-out).
Pour le moment je vois plus le côté sympa, fumer me détend, m'aide à dormir, me calme si je suis énervée, me déstresse. L'instant présent quoi, le court terme. Alors oui, paraît-il qu'à long terme ce n'est pas top pour la stabilité mais ça je n'arrive pas encore à le prendre en compte. Je sais que je vais devoir arrêter, d'autant plus que j'ai une toux chronique depuis 1 an et demi donc bon ... mais pour le moment la motivation n'est pas là. Et vue la quantité que j'ai rachetée dernièrement l'arrêt n'est pas pour tout de suite !
Enfin bon, ça me fait cogiter en tout cas de venir vous lire et de discuter un peu, de me rendre compte qu'on peut finir par accepter ce mot ça fait du bien. Je pense que je vais essayer de prendre rendez-vous avec le nouveau psychiatre cette semaine, trop de questions encore en suspens. ...
@selayn Chacun son rythme, c'est pas moi qui vais te faire la morale car je connais bien le bien-être que ça procure sur le moment, même si c'est illusoire. Psychologiquement c'est addictif, donc c'est difficile d'arrêter. Je dois bien avouer que parfois ça me manque. Je ne veux pas t'encourager à continuer, mais vas-y à ton rythme et ne culpabilise pas, tu arrêteras quand tu seras prête.