Diagnostique tardif...
 
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Diagnostique tardif, gestion de la parole.

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Judith A
(@judith-a)
Eminent Member
Inscription: Il y a 2 ans
Posts: 30
Début du sujet  

bonjour à tous.tes,

Comme le dit le titre, je suis de ces personnes diagnostiquées hyper tardivement : 48 ans ! Donc type II, hypomanie pas trop bruyante pour les autres (sauf si rapports hiérarchiques), mais je pète bien tout dans ma vie. Traitement Lamotrigine et des antideps (Mianserine) qu'on devrait réduire progressivement selon les indications de mon psychiatre. Oui, évidemment, j'ai commencé à consulter (d'abord pour faire une psychothérapie, orientation analytique) suite à une (énième) dépression sévère (aussi une histoire familiale bien pourrie) et j'ai fait un bon gros virage maniaque avec le Prozac prescrit à ce moment-là (ce n'est pas le premier, mais mon ancien généraliste qui est une tanche n'avait pas percuté). Je ne vous fais pas le détail d'un parcours de vie évidemment chaotique - aussi parce que j'ai du mal, je commence à peine à comprendre mon histoire au prisme de cette nouvelle donnée.

J'aurais une question pratico-pratique : comme je suis encore bien à donf, je suis assez volubile et ai du mal à retenir ma langue et je dis très facilement ces temps-ci des choses comme "nan mais après, moi je suis un peu guedin, je suis bipolaire, tu vois". J'avoue, je le sais, pour partie tester la réaction de l'autre, voir un peu le validisme à l'œuvre dans ce regard du tiers, certainement le provoquer (je suis très politisée, ça teinte mon rapport à ma dinguerie - oui, j'ai besoin de ressaisir le terme violent de l'autre et dire "dingue", "zinzin" et j'en passe). Avez-vous les un.es les autres des techniques pour retenir votre langue dans ces moments où la parole déborde ? Pour faire ce truc de penser avant de dire ? Pour la gestion de la colère, j'y arrive à peu près, mais quand il s'agit de parler de moi, pas du tout. C'est comme si je n'avais plus de notion de frontière de l'intime et que je perdais l'instinct de sauvegarde. Bref, je comprends le bordel, mais je n'arrive pas à le gérer. Alors, vous, comment vous faites ? Parce que je me doute bien que l'autre, ce fameux tiers, avec son image du fou, ne pensant pas en termes de trouble, va bien me le renvoyer dans la tronche au moment opportun pour lui !

Merci d'avance de vos réponses et retours d'expériences.


   
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Daria
(@daria)
Reputable Member
Inscription: Il y a 2 ans
Posts: 320
 

🤣🤣🤣 😂😂😂 🤣🤣🤣

Oh la vache, je ne suis pas la seule alors.

J'adore ton message. 

Bon a pars qu'il faut faire attention à ne pas faire du mal à quelqu'un de sensible. Ou de dire des trucs qui vont se retourner contre nous. Pourquoi s'empêcher de parler? Est-ce que les autres s'empêche de parler?

Perso, je n'aime les mots "fous" "folles" "dingues"... et tous ces mots moyenâgeux. Et quoi aussi, on va appeler un exorciste? On est au 21ème siècle, la bipolarité est une maladie. On a juste pas de chance, c'est notre cerveau qui est malade.

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Perso, si je dis "dingue" a quelqu'un. C'est que je sais que la personne me stigmatise et c'est donc du foutage de gueule. 

Avant de penser à ne plus trop parler, il faudrait que tu vois a redescendre. Parce qu'en hypomanie, on n'a pas l'impression mais on se fatigue beaucoup.  

Sur le validisme, je vais me taire parce que j'ai trop tendance à dire que je suis bipolaire mais moi, c'est pour me prémunir des futures attaques ou parce que je pense que c'est écrit sur mon front. Je ne sais pas... donc sur ce point, je ne serais pas de bons conseils. Je ne donne pas de conseils que je n'applique pas déjà moi-même. 

Et je parle de moi, à mon journal intime, plus aux autres. J'ai appris de mes erreurs. Et si les gens te le renvoie dans la gueule, et bien dis toi qu'ils ont du mal avec eux-mêmes. Surtout que ce sont des cons, trop idiots et sans empathie. Si on se justifie pour moi, c'est que déjà y'a un malaise. Et puis, y'a de rares personnes avec qui on ne pensera pas à se justifier... peut-être que c'est vers ces personnes qu'ils faut se tourner? 😊

 


   
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Mily
 Mily
(@mily)
Reputable Member
Inscription: Il y a 3 ans
Posts: 383
 
Posté par: @judith-a

bonjour à tous.tes,

Comme le dit le titre, je suis de ces personnes diagnostiquées hyper tardivement : 48 ans ! Donc type II, hypomanie pas trop bruyante pour les autres (sauf si rapports hiérarchiques), mais je pète bien tout dans ma vie. Traitement Lamotrigine et des antideps (Mianserine) qu'on devrait réduire progressivement selon les indications de mon psychiatre. Oui, évidemment, j'ai commencé à consulter (d'abord pour faire une psychothérapie, orientation analytique) suite à une (énième) dépression sévère (aussi une histoire familiale bien pourrie) et j'ai fait un bon gros virage maniaque avec le Prozac prescrit à ce moment-là (ce n'est pas le premier, mais mon ancien généraliste qui est une tanche n'avait pas percuté). Je ne vous fais pas le détail d'un parcours de vie évidemment chaotique - aussi parce que j'ai du mal, je commence à peine à comprendre mon histoire au prisme de cette nouvelle donnée.

J'aurais une question pratico-pratique : comme je suis encore bien à donf, je suis assez volubile et ai du mal à retenir ma langue et je dis très facilement ces temps-ci des choses comme "nan mais après, moi je suis un peu guedin, je suis bipolaire, tu vois". J'avoue, je le sais, pour partie tester la réaction de l'autre, voir un peu le validisme à l'œuvre dans ce regard du tiers, certainement le provoquer (je suis très politisée, ça teinte mon rapport à ma dinguerie - oui, j'ai besoin de ressaisir le terme violent de l'autre et dire "dingue", "zinzin" et j'en passe). Avez-vous les un.es les autres des techniques pour retenir votre langue dans ces moments où la parole déborde ? Pour faire ce truc de penser avant de dire ? Pour la gestion de la colère, j'y arrive à peu près, mais quand il s'agit de parler de moi, pas du tout. C'est comme si je n'avais plus de notion de frontière de l'intime et que je perdais l'instinct de sauvegarde. Bref, je comprends le bordel, mais je n'arrive pas à le gérer. Alors, vous, comment vous faites ? Parce que je me doute bien que l'autre, ce fameux tiers, avec son image du fou, ne pensant pas en termes de trouble, va bien me le renvoyer dans la tronche au moment opportun pour lui !

Merci d'avance de vos réponses et retours d'expériences.

Bienvenue à toi 😊☀️ 

Je trouve ton témoignage très intéressant. Pour ma pars, je remarque que je parle trop avant de penser lorsque je suis en manie, hypomanie ou état mixte. Lorsque je suis stabilisée, c'est moi qui choisis ce que je dis et non pas la bipo. 

J'ajouterai que peut être (ce n'est qu'une supposition) tu es dure avec toi même et que par peur d'être jugée par les autres, tu te juges la première en t'annonçant de la sorte. Peut-être est-ce une possibilité à travailler avec un thérapeute 😉 

Pour prendre un exemple je n'ai jamais vu de diabétiques se justifier ainsi sur sa maladie. Alors pourquoi devrions nous le faire ? 


   
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Vette
(@vette)
Trusted Member
Inscription: Il y a 3 ans
Posts: 90
 

Bonjour et bienvenue Judith

Je voudrait simplement ajouter que personnellement quand je parle de ma bipolarité c'est dans les moments où elle me pèse, où j'ai du mal à assumer. Mais ce n'est jamais une bonne chose car j'ai la sensation d'être rejetée ou prise en pitié.

Par contre quand je décide de me taire parce que après tout ma santé n'a pas à intervenir dans mes relations sociales, alors j'oublie la maladie , et le comble c'est que je suis appréciée pour mes coups de gueules et mes fous rires (personne n'imagine que ce qu'ils aiment chez moi est lié à ma maladie)

Je crois qu'il faut peut être parler de soi franchement, être soi même sans réserve mais ne pas utiliser l'étiquette bipolarité car cette étiquette n'a pas vraiment le même sens pour tous


   
Mily reacted
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Hello
(@hello)
Trusted Member
Inscription: Il y a 2 ans
Posts: 56
 

Pour ma part c'est une raison pour laquelle je parle peu de moi : j ai peur de trop en dire, je ne sais pas jusqu où je vais aller. Ma méthode n est forcément pas la bonne car cela me coupe des autres. De plus au travail lorsque je parle on m écoute attentivement. J'ai toujours peur de parler trop vite, alors je me bride énormément et je pense à l avance à ce que je souhaite tirer d une discussion. C'est plus difficile encore lors de questions imprévues. 


   
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Judith A
(@judith-a)
Eminent Member
Inscription: Il y a 2 ans
Posts: 30
Début du sujet  

Alors, d'abord, merci pour vos réponses.
C'est agréable de voir ces variantes de réactions pour tenter de trouver ma position devant la parole.

Vous lire m'a permis de comprendre qu'en effet, quand la formulation me déborde, ce sont des situations où je me sens jugée, où le discours de l'autre me met mal à l'aise. Et comme en face de, par exemple, remarques ou attitudes sexistes, je monte au créneau avec l'ironie qui me caractérise.

Et, oui Daria, je me sens en accord avec ça, les autres a priori, ne s'empêchent pas de dire qui ils sont, pourquoi devrais-je le faire ? Pourquoi faire un tabou de cette parole-là ?

Pour les mots "moyenâgeux", évidemment, je les emploie avec précaution. Il ne me viendrait pas à l'idée d'en user pour parler d'un tiers. C'est stigmatisant, violent et tout pourri !

Pour le jugement assez dur que je porte sur moi, comme tu le soulignes Mily, en effet c'est une chose que je travaille en psychothérapie. C'est en partie lié à mon histoire familiale. Et clairement, j'ai encore du travail pour améliorer ce truc-là et, comme me le dit souvent un bon ami, faire ce "s'en foutre un peu".

Vette et Hello, j'entends votre pudeur, parce que formulant, c'est clair que ça peut nous mettre dans des situations bien pesantes. Ce qui me fait un peu flipper, c'est que dans les phases de mélancolie, je suis hyper angoissée avec des grosses phobies sociales hyper invalidantes. Et dans ces moments-là, je suis absolument incapable de répondre de quoi que ce soit, souhaitant seulement me terrer comme une grosse chiffe molle au fond de mon lit avec mon chat !

Pour le "il faudrait redescendre" en effet, j'essaie même si je n'ai pas encore tout à fait trouvé le bon bouton de mon ascenseur émotionnel ! Aussi, cela fait peu de temps qu'on teste mon traitement, je ne suis donc pas encore stable. Et, autant le dire évidemment, cette période d'énergie est très agréable à vivre, même si épuisante. Autre donnée, je vis là une situation spécifique : je rentre chez moi après quelques jours dans ma famille, ce qui n'a pas manqué de remettre 100 balles dans la machine à excitation !

Merci, merci encore pour vos réponses.


   
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Hello
(@hello)
Trusted Member
Inscription: Il y a 2 ans
Posts: 56
 

Je suis du secteur médical. Les psychiatres m ont toujours dit (dans le cadre professionnel d un côté et dans mon propre suivi de l autre !) que c était une maladie comme une autre. On ne fait pas cas de quelqu un qui est diabétique en effet, ou cardiaque. Mais la psychiatrie est le parent pauvre de la médecine. Elle a évolué en termes de recherche et de prises en charge médicales, en revanche les maladies mentales restent extrêmement stygmatisantes car persiste la représentation de la folie hors du milieu médical.

Si je disais que j étais bipolaire j aurais peur qu on me considère comme n étant pas fiable, imprévisible et pouvant manquer de discernement.

J'ai toujours pris soin de m en cacher car entre le soin et mon travail, il n'y a qu un pas et je crains les bruits de couloirs. C'est dommage, car cela renforce mon caractère déjà méfiant. Mais j ai fait tellement d efforts pour raccrocher professionnellement et socialement que je tâche de préserver ce que j'ai acquis. 


   
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Zorglub
(@zorglub)
Reputable Member
Inscription: Il y a 3 ans
Posts: 310
 

Bonjour Judith,

J'ai déclenché le trouble il y a une quinzaine d'années. A l'époque, j'en ai pas mal parlé autour de moi.

Aujourd'hui, stabilisée, j'espère que les gens en qui j'en ai parlé l'ont oublié parce que je vis tout à fait normalement et je n'ai pas envie de me traîner casserole de ma crise d'hypomanie toute ma vie, remonter la pente a été déjà assez compliqué. Désormais, je ne parle que de "possibles troubles de l'humeur" et uniquement à des professionnels de santé lorsqu'ils ont besoin de le savoir. 


   
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