C'est Mathilde, bipolaire qui a roulé sa bosse depuis plus de vingt ans déjà, mais qui s'y fait pas tant que ça.
C'est presque avec les larmes aux yeux que j'ai trouvé votre petit forum car je vis dans une petite ville du Gard, Pont-Saint-Esprit (googlez Pont-Saint-Esprit + LSD et vous allez rigoler), et que les gentilles personnes du CMP le plus proche sont débordées, et donc très peu disponibles. La perspective de pouvoir lire vos expériences et échanger un peu me ravit. A vrai dire, sans vouloir paraître excessive, ça pourrait même me sauver. 😅
Plus sérieusement, j'ai été diagnostiquée bipolaire vers 30 ans mais l'engrenage était lancé depuis bien avant. Mon père était bipolaire et dès mes 16 ans, il a reconnu certains symptômes chez moi et, inquiet, en a parlé aux médecins qu'il connaissait. Réaction unanime: "MAIS NE LUI METTEZ PAS CES IDÉES DANS LA TÊTE VOYONS! C'est l'adolescence c'est normal si elle est triste." 😶
Je vous raconterai pas, du moins pas tout de suite, les alternances de crises sans que personne à part mes pauvres parents n'en aient rien à foutre, surtout pas les psys, infirmiers ou personnes qui avaient le temps et qui essayaient de m'aider, que j'avais fini par appeler "mes biographes" parce que m'écouter ils faisaient, me parler c'était autre chose.
J'ai actuellement 41 ans et je dompte la maladie grâce au lithium, à la musique, à la littérature et à la pratique du dessin. Les inconvénients de ce mal? Ressentir ses émotions par mille. Quand elles sont mauvaises, c'est de la torture, on croit qu'on va rester coincé. Quand elles sont bonnes c'est pas mieux parce que c'est too much. Quand je suis contente, je suis trop contente et je suis trop excitée. C'est fatiguant physiquement et moralement. Les avantages? Ouais y'en a! La créativité en ébullition: j'arrive à tout, j'ai plein d'idées et j'en ai rien à foutre de ce qu'on va en penser.
Un point sur lequel je n'ai trouvé aucun traitement? Les autres, même mes proches. Ma mère qui avait un mari bipolaire me comprend parfaitement maintenant, mais j'en ai quand même entendu un bon paquet des "secoue toi un peu enfin!", ou "prends sur toi ça va passer". Mon conjoint? "On n'a plus dix ans, arrête de pleurer" mais la plupart du temps, c'est parce qu'il sait pas quoi faire et comme c'est un super-sanguin... Et ma belle-mère, qui (malheureusement) vit avec nous, c'est la pire. Pour elle je fais semblant, j'ai que des réactions de faiblesse car pleurer, c'est pour les faibles.
Mes pires ennemis? Les larmes de colère et d'impuissance qui montent quand je ne contrôle pas un truc. Les gens croient que je suis redevenue la gamine qui n'a pas eu sa sucette. Techniquement, c'est ça. La seule chose qu'ils savent pas, c'est que si je pleure, c'est parce que je suis super vénèr de pas pouvoir leur arracher la gueule. J'ai une très faible tolérance à la frustration et ça me rend pas service. Deuxième ennemi, la paranoïa. J'ai tellement la maladie de la persécution que ma mère m'appelait Jean-Jacques Rousseau. Je suis persuadée d'entendre les gens parler de moi entre eux, et surtout de savoir ce qu'ils pensent (toujours négatif) tout en guettant leurs expressions et gestes. Infernal.
Sinon ça va, je survis. 😜 Non vraiment désolée pour le pavé mais j'avais besoin. Échanger, mais aussi lire vos expériences, c'est ça que je suis venue chercher. Alors si je suis pas toujours très active, c'est que je compulse. Sinon, j'essaierai de pas être trop volubile et de ne pas faire de trop gros pavés.
Alors merci si vous vous êtes tapés la tartine en entier, les bipotes. Je vous joins un autoportrait que j'ai fait il y a dix ans histoire de terminer la présentation.
A bitôt!
Bonjour, et bienvenue ici. Ne t'inquiète pas pour les tartines, on en fait tous, puis avec beurre et confiture ou de la pâte a tartiner, et un café pour tremper, ça passe vraiment bien!!! 😉
Sinon, je pense que tu trouvera ici pleins d'infos, de gens avec qui échanger, et de l'humour aussi souvent, je suis d'avis que ça aide beaucoup.
A te lire bientôt
Mes pires ennemis? Les larmes de colère et d'impuissance qui montent quand je ne contrôle pas un truc. Les gens croient que je suis redevenue la gamine qui n'a pas eu sa sucette. Techniquement, c'est ça. La seule chose qu'ils savent pas, c'est que si je pleure, c'est parce que je suis super vénèr de pas pouvoir leur arracher la gueule. J'ai une très faible tolérance à la frustration et ça me rend pas service. Deuxième ennemi, la paranoïa. J'ai tellement la maladie de la persécution que ma mère m'appelait Jean-Jacques Rousseau. Je suis persuadée d'entendre les gens parler de moi entre eux, et surtout de savoir ce qu'ils pensent (toujours négatif) tout en guettant leurs expressions et gestes. Infernal.
Mais ça, si je peux me permettre, ça se travaille ?
Sinon, j'aime bien ton pseudo 🙂
Bienvenue à toi.
Je confirme que ce forum ets une bonne thérapie. C'est enrichissant de partager nos points de vue, nos symptômes. On y trouve aussi des réponses à nos questions. Et on ses se sent moins seuls car on se comprend.
Bienvenue à toi Bouledechat,
Moi aussi je viens souvent ici lorsque j'ai besoin d'exprimer ce que je ressens, à des gens qui comprennent ce que je raconte.
Tu as la chance de pouvoir t'évader par l'art ; je connais cette porte aussi mais je suis tellement flemmarde !
Est-ce que la colère dont tu parles est contre les gens ou contre des situations ? Pour ma part je distille petit à petit l'info à ceux qui me disent de me bouger, en leur répétant les paroles de mon psy ou de ma généraliste qui me répètent que c'est une maladie, que ce n'est pas de ma faute.
N'hésite pas si tu as envie d'écrire d'autres pavés, je suis une bonne lectrice !
Hallucinant (c'est le cas de le dire) l'histoire de ce village !
Mes pires ennemis? Les larmes de colère et d'impuissance qui montent quand je ne contrôle pas un truc. Les gens croient que je suis redevenue la gamine qui n'a pas eu sa sucette. Techniquement, c'est ça. La seule chose qu'ils savent pas, c'est que si je pleure, c'est parce que je suis super vénèr de pas pouvoir leur arracher la gueule. J'ai une très faible tolérance à la frustration et ça me rend pas service. Deuxième ennemi, la paranoïa. J'ai tellement la maladie de la persécution que ma mère m'appelait Jean-Jacques Rousseau. Je suis persuadée d'entendre les gens parler de moi entre eux, et surtout de savoir ce qu'ils pensent (toujours négatif) tout en guettant leurs expressions et gestes. Infernal.
Mais ça, si je peux me permettre, ça se travaille ?
Sinon, j'aime bien ton pseudo 🙂
Ca se travaille, oui, et je me force à le faire tous les jours mais malheureusement ça me pompe beaucoup d'énergie. Et quand j'arrive à court, je n'arrive plus à contrôler la parano et les émotions fortes et ça explose. J'ai l'impression d'être une bande magnétique qui s'efface régulièrement et le travail est à refaire.
Sinon, pour ce qui est du pseudo, il vient d'un livre de mon auteur français préféré Alain Damasio, la Zone du Dehors. C'est le nom d'une des héroïnes.
Merci pour l'accueil! 😀
Est-ce que la colère dont tu parles est contre les gens ou contre des situations ? Pour ma part je distille petit à petit l'info à ceux qui me disent de me bouger, en leur répétant les paroles de mon psy ou de ma généraliste qui me répètent que c'est une maladie, que ce n'est pas de ma faute.
Merci pour l'accueil! 😀
Alors pour répondre à ta question, souvent quand je suis en colère c'est à cause d'un sentiment d'impuissance totale plus que contre les gens, même si parfois je leur en veux de pas comprendre. Mais après tout, eux qui ont des émotions d'amplitude "normale", se sentent un peu démunis et embêtés de me voir aussi mal pour ce qu'ils trouvent être de si petites choses, et s'agacent.
Il m'arrive cependant d'être parfois bien en colère contre eux. Tellement qu'une fois, j'ai insulté mon conjoint. C'est arrivé une fois et ça m'a rendue très triste car je déteste ça.
eux qui ont des émotions d'amplitude "normale", se sentent un peu démunis et embêtés de me voir aussi mal pour ce qu'ils trouvent être de si petites choses, et s'agacent.
Ça me fait penser à de mes exs (américain) qui m'a quitté en me disant : "you freak the shit out of me" tellement mes états d'angoisse l'exaspéraient. Bah oui mais c'est pas de ma faute, mec (à l'époque, dans les années 2000, j'étais à mille lieux de connaître le mot bipolaire)
@Bouledechat, Le portrait en pièce jointe de ton post original me fait penser au personnage de Jezebel dans ce film, "L'Échelle de Jacob" (Jacob's Ladder, 1990). Un film fascinant ; vivement recommandé.
Bonsoir Mathilde et enchantée,
Je suis dans le Gard aussi, et je voulais te dire que ton joli pavé que tu as écrit m'a tellement fait penser à ce que je vis et ressent depuis un moment.. et oui c'est dur et fatiguant.. merci pour ton pavé et sympa le portrait 😉
@Nanna: merci pour ces compliments! Ca fait un an que je suis dans le Gard. J'ai suivi mon conjoint et le climat me convient bien mieux que celui de la Bretagne où j'étais avant (Rennes).
@Vdaria: je crois que si mon mec parlait anglais, c'est exactement ce qu'il dirait.
@RollerCoaster: j'adooooore l'Echelle de Jacob, il est avec bien d'autres films sur mon étagère et je me le passe parfois. 👍
Coucou @bouledechat,
Moi de Lille, déprime assurée avec le climat de pire en pire, mais ca me manque énormément quand même 😉
Coucou @bouledechat,
Moi de Lille, déprime assurée avec le climat de pire en pire, mais ca me manque énormément quand même 😉
Lille c'est la poisse 😂
Ça me fait penser au film : Seul contre tous de Gaspar Noé " Ma vie elle est très simple c'est celle d'un pauvre type. " 😂 le moment où la grosse exile le boucher dans le bled paumé des haut de France, la poisse, des barres ce film 😂😂😂
