Bonjour à toutes et à tous,

Ça me fait un peu bizarre d'écrire, enfin du moins sur un forum comme celui-ci. Je ne sais pas du tout ce que ça pourra m'apporter – ou pas – mais je pense que j'ai tout simplement besoin de parler (d'écrire..), de mettre noir sur blanc ce que j'ai dans la tête, et peut-être tout simplement, croiser le chemin de gens comme moi. Je suis assez énervée depuis maintenant plusieurs longues semaines, attendant patiemment que ça aille mieux. Je vais peut-être commencer par un petit résumé du pourquoi du comment..

J'ai commencé à être malade relativement jeune, puisque mes premiers troubles sont apparus plus ou moins à mes 15 ans. J'ai été diagnostiquée quelques années plus tard bipolaire et borderline. J'ai eu un très gros épisode d'anorexie (4 ans à peu près) qui a bien failli m'être fatal, je me suis également énormément scarifiée (mes bras et mes mains en majorité, qui ne ressemblent plus à rien ; et je vous passe les regards accusateurs des inconnus que l'on peut croiser), et j'ai fait beaucoup (trop) de tentatives de suicide. J'ai passé entre 9 et 10 ans d'hôpital en hôpital, entrecoupés de retour à la maison, qui finissaient toujours par se solder avec un retour à l'hôpital.

J'avais, il y a encore 2 ans de cela, un traitement vraiment, mais vraiment très très lourd.. magnifique cocktail de n'importe quoi (thymorégulateurs, neuroleptiques, anxiolytiques, somnifères, antidépresseurs etc.. à des doses que je tairais pour l'instant, mais je me demande parfois comment mon corps a fait pour ne pas lâcher). Trop de médicaments, c'est le risque que plus aucun ne fonctionne correctement (à supposer que certains fonctionnent correctement), c'est ce qu'il s'est produit, et il y a deux ans, j'ai dit « stop ». Je me suis sevrée toute seule, c'était difficile mais bon, j'y suis parvenue.
Les premiers mois, je me sentais bien, et j'ai même fini par croire qu'on m'avait droguée pendant 15 ans sans raison. Bon la réalité m'a vite rattrapée puisque l'année dernière j'ai du consulter en urgence, je suis bien bipolaire et borderline et je nécessite la prise d'un traitement régulier (j'ai eu beaucoup de mal à l'accepter).

Actuellement je prends du Xeroquel, en dose plutôt légère puisque 150 mg seulement (j'ai refusé de prendre plus), mes phases maniaques et dépressives sont toujours là, même si moins extrêmes (j'ai eu une phase maniaque cet été où j'ai dormi 3h en 2 semaines et demi, j'étais tout simplement inarrêtable et je trouvais ça, hélas, fantastique, je n'aime pas dormir, dormir m'angoisse). A côté de ça je prends un somnifère que j'aimerais beaucoup arrêter à cause des répercussions que ça a sur le long terme.

Depuis août je travaille, après 11 ans d'inactivité. Ça me fait du bien, je crois. Ça m'a redonné confiance en moi, confiance perdue depuis longtemps. Je pense bien me débrouiller, j'occupe un emploi « classique » sans adaptation, mes responsables ne sont pas au courant de mes problèmes de santé, ce qui me fait parfois peur.

Ces derniers temps, je ne vais pas bien, je me demande à quoi bon continuer. A quoi bon continuer une vie qui me sera difficile, voire inaccessible. Je ne sais pas si un ajustement de traitement y changerait quelque chose. Je suis rongée par le stress et la nervosité, c'est souvent difficilement supportable. Je suis en permanence énervée, je vis en couple, j'essaye de ne rien laisser transparaître mais parfois je n'y arrive tout simplement pas et je me mets à ne plus le supporter, et à vouloir vivre seule, complètement seule. Je suis tellement énervée que j'en ai des barres dans l'estomac, des douleurs au cœur et au thorax, parfois il m'arrive de ne plus trop manger pendant plusieurs jours, je bosse le ventre vide comme ça, avec la tête qui tourne, le stress m'empêche de manger.

Ma psychiatre, qui ne m'écoute pas, comme tous les psychiatres que j'ai pu rencontrer, exceptés ceux en hôpital parce qu'ils n'ont pas le choix, me fait payer la consultation en carte vitale + un supplément à lui verser en liquide. Et là, franchement, la moutarde me monte au nez. Je trouve ça loin d'être normal en réalité, c'est limite du travail au noir (qui rappelons le, est interdit), et visiblement c'est chose commune.

Les pathologies mentales sont trop mises de côté, déjà il y a peu de recherche (et il y en aura sans doute pas plus les années à venir, je veux bien espérer mais pas pour des causes perdues d'avance), continuellement à être les parias d'une société qui ne veut pas, et n'accepte pas cette différence là, je trouve ça juste injuste et hypocrite. Je suis malade, je devrais être traitée comme telle, et pas être rejetée en permanence parce que moi ma maladie, c'est dans ma tête, donc je suis folle, donc.. donc.. je m'égare un peu, l'accumulation de l'énervement sur a peu près tout qui me pèse. Je ne sais même pas si j'aurai réussi à être claire, c'est juste le manque de recherche, l'indifférence, le mépris, le profit de ces médecins qui ne respectent rien, mes yeux ouverts sur ma condition et sur la condition de toutes ces personnes souffrant de ces pathologies pas anodines, un taux de mortalité accru, en parallèle on recherche plein de choses pour la guérison, la rémission voire le confort d'un tas d'autres pathologies mais alors les maladies mentales..

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Je suis déprimée, j'en ai marre du monde dans lequel je vis, je me surprends à rêver vivre ailleurs à défaut de disparaître, voir le monde, voir autre chose. L'herbe n'y sera pas plus verte, mais au moins j'aurais vu et éventuellement vécu.

Désolée pour ce pavé qui part un peu dans tous les sens.. C'était peut-être pas le sujet pour une présentation. Certain(e)s d'entre vous ressentent-ils tout ça ?

A bientôt et merci d'avoir pris la peine de lire