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Récent diagnostic après hospitalisation

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Succur
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Bonjour, juste avant les fêtes de Noël (une partie de mon entourage m'en veut encore aujourd'hui) j'ai eu une de mes plus grosses phases maniaques : j'étais euphorique, tout m'excitait — évidemment je n'avais pas conscience que je n'étais pas "comme d'habitude" — je pensais que tout avait un sens et que les autres n'étaient pas aussi importants que moi. Au fil des ans j'ai appris à cacher ces moments où je me trouve mégalomane, supérieure aux autres, où je trouve tout simple, où mes sensations sont exarcerbées (cacher la dépression est beaucoup plus facile) mais là, tout s'est écroulé.

J'ai eu de multiples hallucinations sensorielles (auditives et visuelles et surtout liées à l'odorat), je n'ai pas dormi pendant six jours d'affilé sans ressentir aucune fatigue, je passais mes nuits dehors à marcher, j'ai perdu dix kilos ; ma petite-soeur, que j'hébergeais pour les fêtes a été effrayée de mon comportement et a décidé de partir : un délire à base d'anges et de démons, où j'étais une Élue destinée à de grandes choses, je parlais seule à des voix inaudibles aux autres, j'arrivais à me tenir correctement dans la rue mais j'étais habillée n'importe comment, j'étais désinhibée. Je voyais des auras, je donnais un sens mystique aux couleurs que je voyais, j'ai fait une séance de tarot à une amie qui s'est douté de quelque chose quand elle a vu à quel point j'étais inspirée (alors que d'ordinaire je n'y accorde que peu d'importance). J'ai dépensé beaucoup d'argent, j'ai quitté mon travail, j'ai fait des a/r improbables pour voir mon copain qui n'était pas chez lui, quand je l'ai revu, il a décidé de s'occuper sérieusement de mon cas.

J'ai fui du premier hôpital croyant qu'on me voulait du mal, mon père est venu me chercher le soir du réveillon de Noël pour me ramener chez moi et dans un soupçon de conscience, j'ai refusé, j'ai accepté de rester dans un autre hôpital comme si c'était un jeu. Au final, j'ai atterri dans une unité de court séjour où je suis restée un mois et où le psychiatre m'a appris que je souffrais de troubles bipolaires. J'étais sous valium au début alors je ne me souviens que des deux dernières semaines, et hormis le diagnostic et deux autres rendez-vous pour évaluer mes capacités de sortie, pas plus d'explications. 

J'ai mon premier rendez-vous avec une infirmière puis avec un psychiatre la semaine prochaine. Je suis sous Téralithe (2*400mg) que je prends tous les soirs, et j'avais aussi de l'Olanzapine que j'ai pris lors de mon hospitalisation tous les matins (10mg) et que j'ai arrêté en sortant – je me suis rendue compte que ça me rendait amorphe, j'avais mal partout sans raison, depuis l'arrêt ça va un peu mieux.

J'ai 24 ans, une licence de droit incomplète (que je ne finirai sans doute jamais), je ne travaille pas pour l'instant, je me sens déprimée, un peu abasourdie par le diagnostic et ce que ça implique (je suis en train de lire mon premier livre sur le sujet), mon entourage ne comprend pas vraiment ce que je vis à l'intérieur, j'ai toujours été assez calme, je me suis cachée longtemps – pour mes parents c'est honteux et ça n'explique pas mes "conneries", mon copain comprend mieux que je ne suis pas forcément responsable de ce que j'ai fait, mais maintenant que je suis un peu assommée il a du mal à me reconnaître je pense, j'ai un peu de mal à me reconnaître encore moi-même. 

Je voulais avoir la chance de trouver un endroit où l'on peut partager ses expériences, comprendre les déclics, sans jugement (ça me stresse beaucoup, je suis assez anxieuse haha). Aussi, avant d'être internée, et depuis mes seize ans, je fumais du cannabis (de plus en plus avec le temps), ça réduisait l'écart entre les différents cycles (que je considérais comme une sorte d'hypersensibilité pas très grave) et du tabac aussi. Aujourd'hui je ne fume plus. 

Ce message a été modifié Il y a 5 ans par Succur

   
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 theo
(@theo)
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Très beau témoignage @Succur !

J'imagine que tu as été diagnostiquée bipolaire de type 1 au vu de ta phase maniaque. 

C'est très difficile pour l'entourage de comprendre et d'accepter. Personnellement, j'ai attendu un petit moment avant de faire mon "coming out". J'ai dû alors beaucoup expliquer, après avoir lu beaucoup moi-même sur le sujet. J'ai également donné quelques liens de sites bien faits sur le sujet. Mais même comme ça ils ont encore des difficultés à bien comprendre. Surtout que dans mon cas c'est un trouble bipolaire de type 2, les phases hypomaniaques ne se voyaient pas forcément pour eux. Ils l'ont malgré tout bien accepté car ils ont vu un changement en moi (après plusieurs mois) depuis une prise en charge adaptée, je suis passé du grand dépressif et anxieux, replié sur lui même, à quelqu'un qui retrouvait le sourire, l'envie de voir des gens (même si j'aime toujours autant me retrouver avec moi-même au calme) et de discuter de tout et de rien ! Cela leur fait évidemment plaisir. Mais j'avoue que cela demande un sacré travail sur soi pour en arriver là. 

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Bref, il faut du temps pour avaler la pillule (si je puis dire hihi), pour tout le monde.

Il est plus constructif évidemment d'expliquer au mieux à ses proches ce que l'on vit plutôt que de réagir à vif face à leurs réactions ou incompréhensions (facile à dire je sais). 

Enfin, des cours de psycho-éducation accompagnée d'un proche peuvent également mener à une bien meilleure compréhension du trouble bipolaire et tout ce que cela implique, le proche pouvant alors parfois mieux comprendre la maladie que le malade lui-même 😉

En ce qui concerne tes études, je ne peux que vivement essayer de les terminer ! Tu as déjà tellement avancé dans ton cursus ! Prends le temps de décanter, de te stabiliser, d'être bien entourée. Cela ne sera certes pas facile mais tu auras tout autant de mérite ! Donne toi du temps, tu peux prendre une année sabbatique, tu ne seras pas la première ni la dernière ! Tu n'as rien à perdre, tout à gagner ! (j'ai vu des bipolaires reprendre des études à 30 ans donc c'est possible). 

Courage à toi, c'est tout nouveau pour toi, entoure toi de bonnes personnes et donne toi du temps ! 🙂 

Tiens nous au courant ! 


   
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ESTELLE
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Bonjour, @succure moi j'ai repris mes études pour passer une licence à 45 ans que j'ai eu bien sur mais je pense car j'étais en phase maniaque.Donc tout est possible. Sauf que après grosse fatigue burn-out hospitalisation  10 semaine et diagnostiquée bipolaire à ce moment là. C'est dur pour l'entourage de comprendre ce qui nous arrive et surtout pour nous d'encaisser la nouvelle. ça m'a permis d'expliquer bien des choses de mon passé. Mais bon ça va faire un an . Pas au top . je viens de faire un empoisonnement du sang à lamotrigine et doit tout recommencer à 0 . Ma psychologue a demandé pour que je sois à nouveau hospitalisée pour la mise en place d'un nouveau traitement vu les réaction que je peux avoir face aux médicaments. Découragée, il y a des jours ou j'ai vraiment envie de baisser les bras face à cette putain de maladie. Je sais qu'il faut que je tienne le coup pour mon entourage mais il y a des jours ou j'ai vraiment envie de reprendre tous ces putains de médicaments à la fois  et de m'endormir pour de bon. Mais bon il faut se serrer les coudes et rester forts. Bon courages à vous tous les bipotes.

 


   
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ikzat
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Bonjour succur, merci pour ton témoignage qui décrit très bien une crise maniaque caractérisée. Moi aussi je suis passé par là en 2013 et 2017, je pensais que tout avait un sens, j’errais dans la rue, et bien sûr je ne me rendais pas compte de ce qui se passait. 

Pour échanger, comme le dit theo, les cours de psycho-éducation sont très bien (il vaut mieux être stabilisé). Il existe aussi des groupes de parole (association Argos 2001). 

Pour tes études, la maladie une fois stabilisée n’empêche ni d’étudier, ni de travailler. Apprendre le diagnostic au milieu de ses études ne doit pas être facile, peut-être que d’autres personnes que moi sauront te conseiller. 


   
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Succur
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Posté par: theo

Très beau témoignage @Succur !

J'imagine que tu as été diagnostiquée bipolaire de type 1 au vu de ta phase maniaque. 

En fait pour l'instant tout ce dont je suis certaine c'est d'avoir des "troubles bipolaires" - sans doute parce que durant mon hospitalisation j'avais du mal à accepter l'idée d'être malade et que le psychiatre a jugé plus simple de diminuer la charge avec ce terme flou. 

C'est très difficile pour l'entourage de comprendre et d'accepter. Personnellement, j'ai attendu un petit moment avant de faire mon "coming out". J'ai dû alors beaucoup expliquer, après avoir lu beaucoup moi-même sur le sujet. J'ai également donné quelques liens de sites bien faits sur le sujet. Mais même comme ça ils ont encore des difficultés à bien comprendre.

Comme je n'ai eu ni le choix ni la parole lors de mon propre "coming out", je me sens un peu plus lésée. Mes parents voudraient que je rentre chez eux alors que j'ai commencé mes crises chez eux (j'ai eu une enfance heureuse mais je me rends compte qu'il y a beaucoup de déclencheurs là-bas) et qu'ils ne pensaient pas mon hospitalisation nécessaire (ils pensent que je suis surtout une droguée et que je justifie mes excès par une maladie). Pour l'instant je les laisse digérer un peu, nos rapports sont houleux. J'ai commencé à lire Manie et dépression du Professeur Marc-Louis Bourgeois et je pense en acheter une copie pour leur envoyer en espèrant qu'il sera lu. 

Quelles genre de difficultés éprouvent tes proches ?

Surtout que dans mon cas c'est un trouble bipolaire de type 2, les phases hypomaniaques ne se voyaient pas forcément pour eux. Ils l'ont malgré tout bien accepté car ils ont vu un changement en moi (après plusieurs mois) depuis une prise en charge adaptée, je suis passé du grand dépressif et anxieux, replié sur lui même, à quelqu'un qui retrouvait le sourire, l'envie de voir des gens (même si j'aime toujours autant me retrouver avec moi-même au calme) et de discuter de tout et de rien ! Cela leur fait évidemment plaisir. Mais j'avoue que cela demande un sacré travail sur soi pour en arriver là. 

Bref, il faut du temps pour avaler la pillule (si je puis dire hihi), pour tout le monde.

Haha moi c'est l'inverse, ils géraient mieux mes humeurs dépressives, je passais pour une grosse dormeuse, une casanière taciturne et parfois irritable. Mais quand je m'emballais, je prenais soin de m'enfermer chez moi la plupart du temps (aucune différence pour eux), je dépensais beaucoup d'argent quand je sortais (très généreuse), je prenais le train pour aller n'importe où et je vivais mes "aventures" ce qui impliquait beaucoup de mensonges qu'ils découvrent aujourd'hui et que je n'arrive pas à expliquer encore aujourd'hui. 

Il est plus constructif évidemment d'expliquer au mieux à ses proches ce que l'on vit plutôt que de réagir à vif face à leurs réactions ou incompréhensions (facile à dire je sais). 

Facile à dire comme tu le sais, j'aimerais bien de l'aide à ce niveau, si tu as des conseils pour aborder le sujet lorsque les proches sont a priori obtus face à la maladie ?

Enfin, des cours de psycho-éducation accompagnée d'un proche peuvent également mener à une bien meilleure compréhension du trouble bipolaire et tout ce que cela implique, le proche pouvant alors parfois mieux comprendre la maladie que le malade lui-même 😉

Je retiens même si ce n'est pas encore d'actualité !

En ce qui concerne tes études, je ne peux que vivement essayer de les terminer ! Tu as déjà tellement avancé dans ton cursus ! Prends le temps de décanter, de te stabiliser, d'être bien entourée. Cela ne sera certes pas facile mais tu auras tout autant de mérite ! Donne toi du temps, tu peux prendre une année sabbatique, tu ne seras pas la première ni la dernière ! Tu n'as rien à perdre, tout à gagner ! (j'ai vu des bipolaires reprendre des études à 30 ans donc c'est possible). 

J'ai prévu de reprendre les études (que j'ai arrêtées il y a trois ans déjà) mais dans un autre domaine et mieux encadrée (l'université et ses grands amphi me paralysent), je me cherche encore, je me familiarise avec le traitement pour l'instant et j'espère pouvoir reprendre le travail (dans la restauration) bientôt. 

Courage à toi, c'est tout nouveau pour toi, entoure toi de bonnes personnes et donne toi du temps ! 🙂 

Tiens nous au courant ! 

Merci beaucoup, ça fait du bien de parler de ça et d'être réellement écoutée !


   
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Succur
(@succur)
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Posté par: ESTELLE

Bonjour, @succure moi j'ai repris mes études pour passer une licence à 45 ans que j'ai eu bien sur mais je pense car j'étais en phase maniaque.Donc tout est possible. Sauf que après grosse fatigue burn-out hospitalisation  10 semaine et diagnostiquée bipolaire à ce moment là.

Je crois que je suis passée par une grosse angoisse (peur de l'échec, des grandes foules, d'aller à l'examen) qui m'a déprimée et bloquée, ensuite je suis entrée dans le monde du travail plus actif qui me sort bien de la dépression même si lors des phases maniaques j'abandonne. 

C'est dur pour l'entourage de comprendre ce qui nous arrive et surtout pour nous d'encaisser la nouvelle. ça m'a permis d'expliquer bien des choses de mon passé.

Je ressens la même chose, plein d'évènements dont j'avais honte et que je ne comprenais pas prennent un nouveau sens. 

Mais bon ça va faire un an . Pas au top . je viens de faire un empoisonnement du sang à lamotrigine et doit tout recommencer à 0 . Ma psychologue a demandé pour que je sois à nouveau hospitalisée pour la mise en place d'un nouveau traitement vu les réaction que je peux avoir face aux médicaments. Découragée, il y a des jours ou j'ai vraiment envie de baisser les bras face à cette putain de maladie. Je sais qu'il faut que je tienne le coup pour mon entourage mais il y a des jours ou j'ai vraiment envie de reprendre tous ces putains de médicaments à la fois  et de m'endormir pour de bon. Mais bon il faut se serrer les coudes et rester forts. Bon courages à vous tous les bipotes.

Oh, j'espère que ça se passera bien et rapidement, les séjours à l'hôpital ça n'a pas l'air d'être réjouissant (ça ne l'a pas été pour moi). Ça fait à peine deux mois et avec les effets secondaires et le retour à zéro je ne me suis jamais sentie aussi nulle, je compatis et j'espère vraiment que ça s'arrangera vite  😕 


   
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Succur
(@succur)
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Posté par: ikzat

Bonjour succur, merci pour ton témoignage qui décrit très bien une crise maniaque caractérisée. Moi aussi je suis passé par là en 2013 et 2017, je pensais que tout avait un sens, j’errais dans la rue, et bien sûr je ne me rendais pas compte de ce qui se passait.

Tu as vécu plusieurs grosse crise sous traitement ou c'était avant ? Je t'avoue que j'ai un peu peur que ça se réitère aussi fortement, que je ne parvienne pas à me contrôler pour rester socialement acceptable ou en bonne santé tout simplement. 

Pour échanger, comme le dit theo, les cours de psycho-éducation sont très bien (il vaut mieux être stabilisé).

Il s'agit de quoi ? Je verrai lors de mon rdv lundi ou mercredi alors. 

Il existe aussi des groupes de parole (association Argos 2001).

J'ai vu ça en traînant sur le forum mais il ne me semble pas y en avoir là où je réside actuellement (La Rochelle).

Pour tes études, la maladie une fois stabilisée n’empêche ni d’étudier, ni de travailler. Apprendre le diagnostic au milieu de ses études ne doit pas être facile, peut-être que d’autres personnes que moi sauront te conseiller.

Je me sens déjà en état physique de pouvoir suivre des études (pour le travail ça commence à revenir), c'est surtout mentalement, depuis le début de mon traitement je me sens plus coupable (à raison) et surtout plus lassée de tout, je n'ai goût à rien et pourtant je m'ennuie dans des proportions plus importantes que ce que j'ai pu ressentir jusque là. Je suppose que c'est le contre-coup mais ma motivation est au point mort.

 


   
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 theo
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Posté par: Succur
 
J'ai commencé à lire Manie et dépression du Professeur Marc-Louis Bourgeois et je pense en acheter une copie pour leur envoyer en espèrant qu'il sera lu.

Quelles genre de difficultés éprouvent tes proches ?

Je te conseille vivement Les troubles bipolaires pour les nuls, sans rire, il est hyper complet, à jour, toujours léger et agréable à lire. C'est le meilleur bouquin que j'ai lu à ce sujet jusqu'à maintenant...

 

Les difficultés qu'éprouvent mes proches ? Et bien dans l'inconscient collectif, le bipolaire a des phases maniaques et dépressives, c'est un "fou". Hors j'ai un trouble bipolaire de type 2 avec donc un fond dépressif essentiellement et des phases hypomaniaques de quelques jours jusqu'ici peu perceptibles. Donc pour eux ils a fallut longtemps pour se dire que je n'étais pas "qu'un simple dépressif anxieux".

Sans parler des remarques totalement inapropriées, par méconnaissance, du style:

- c'est rien, tu vas guérir ...

- tout le monde est bipolaire ...

- être bipolaire, c'est à la mode ...

C'est lourd de chaque fois expliquer qu'il n'y a pas plus de bipolaires qu'avant, que c'est la psychiatrie qui a évoluée et que les bipolaires sont de mieux en mieux "détectés" et pris en chargent (on est plus en 80).

C'est parfois même atterrant de ne pas leur souhaiter de vivre ce qu'on vit "dans notre tête".

Ma mère et ma sœur commencent à peine à comprendre, après des années, c'est pour te dire.

Mais l'important, au bout du compte, c'est pas le regard des autres et leurs jugements, c'est toi et toi seul. Pense à toi. Préserve toi. Le reste suivra.

Haha moi c'est l'inverse, ils géraient mieux mes humeurs dépressives, je passais pour une grosse dormeuse, une casanière taciturne (...)

C'est bien triste et malheureux d'accepter qu'il est plus facile pour notre entourage d'être en phase dépressive "légère à moyenne", question de facilité et de tranquillité pour eux ...

C'est pour ça qu'il faut bien s'entourer (on choisit ses amis pas sa famille).

Facile à dire comme tu le sais, j'aimerais bien de l'aide à ce niveau, si tu as des conseils pour aborder le sujet lorsque les proches sont a priori obtus face à la maladie ?

Celui qui veut vraiment s'y intéresser te posera des questions. 

Pour les autres, laisse les dans leur ignorance, c'est ce qu'ils veulent de toute façon.

Inutile de parler à un mur, c'est du temps de l'énergie perdu, et dieu sait que nous en avons besoin. Cela t'évite par ailleurs une source de frustration.

Je retiens même si ce n'est pas encore d'actualité !

Si tu en as l'opportunité (cours psycho-educatifs), n'hésite pas. On ne fait pas mieux pour une compréhension complète du trouble bipolaire et comment vivre avec. Si tu peux être accompagnée d'un proche (impliqué) c'est encore mieux.

 

J'ai prévu de reprendre les études (que j'ai arrêtées il y a trois ans déjà) mais dans un autre domaine et mieux encadrée (l'université et ses grands amphi me paralysent), je me cherche encore, je me familiarise avec le traitement pour l'instant et j'espère pouvoir reprendre le travail (dans la restauration) bientôt.

Prends ton temps, vraiment. Inutile de foncer tête baissée, cela serait ajouter un échec supplémentaire et donc de la culpabilité inutile.

Mais tu en es capable.

Merci beaucoup, ça fait du bien de parler de ça et d'être réellement écoutée !

Nous sommes là pour ça  😉 


   
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ikzat
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Tu as vécu plusieurs grosse crise sous traitement ou c'était avant ?

Ma première crise a été déclenchée par la prise d’un antidépresseur. Pour la deuxième, j’avais diminué les médicaments. 

Je me sens déjà en état physique de pouvoir suivre des études (pour le travail ça commence à revenir), c'est surtout mentalement, depuis le début de mon traitement je me sens plus coupable (à raison) et surtout plus lassée de tout, je n'ai goût à rien et pourtant je m'ennuie dans des proportions plus importantes que ce que j'ai pu ressentir jusque là. Je suppose que c'est le contre-coup mais ma motivation est au point mort.

Ça ressemble à un contrecoup... Personnellement j’ai eu deux grosses dépressions à la suite de mes crises maniaques. Ma psychiatre m’a toujours expliqué qu’il y avait une durée incompressible à la suite d’une crise pour que le cerveau se rétablisse. J’ai ressenti beaucoup de culpabilité, pourtant progressivement avec le regard attentif des médecins qui ne m’ont jamais reproché quoi que ce soit, j’ai accepté de moins m’en vouloir. Il faut être patient et se donner des objectifs à notre portée : peut-être qu’au plus fort de la dépression c’est simplement sortir 10 min ; quand ça va mieux, ça peut être d’aller faire du sport. Etc.


   
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theo
 theo
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Posté par: ikza
 
Ma psychiatre m’a toujours expliqué qu’il y avait une durée incompressible à la suite d’une crise pour que le cerveau se rétablisse. 
Il faut être patient et se donner des objectifs à notre portée : peut-être qu’au plus fort de la dépression c’est simplement sortir 10 min ; quand ça va mieux, ça peut être d’aller faire du sport. Etc.
Très juste !
 
Il faut le temps de se rétablir, c'est très éprouvant pour le cerveau, psychiquement et psychologiquement.
 
Reprendre la vie petit à petit après une crise est également le meilleur moyen à long terme.
 
On peut également y ajouter des techniques de respiration, vivre l'instant présent et pourquoi pas de sophrologie et de méditation.
 
Bref, quiconque sort d'hospitalisation a besoin de récupération, c'est pareil pour nous.
 
Prompt rétablissement 🙂

   
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CoB
 CoB
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Bonjour Succur,

Je me reconnais dans les crises maniaques que tu décris. J'ai eu par deux fois une crise. La première je me prenais pour un roi, je marchais beaucoup dans les rues la nuit et tout sur mon chemin avait un sens, un message pour moi. Cela a été diagnostiqué comme une bouffée délirante aigue (BDA) puis par une bipolarité. Ca c'était en 2010.

A Noël 2018, j'ai fait de nouveau une crise après 3 mois d'arrêt du traitement. Là, j'ai littéralement sorti tout des placards dans ma maison et mis tout par terre. Je faisais des rituels pour chaque chose avant de la ranger ce qui lui donnait du sens. Malheureusement (ou heureusement) le jour de Noël est arrivé et j'ai du me rendre chez mon père le jour pour le fêter alors que ma maison était dans un bazar monstre. J'ai tant bien que mal passé la journée et c'est la nuit que mes rituels ont repris mais chez mon père, dans la maison de mon enfance. Bam, appel des urgences en pleine nuit puis hospitalisation pour la seconde fois...

Voilà mon témoignage sur ce que peut être une crise maniaque. Je suis sortie de l'hôpital d'un secteur fermé au bout de 20 jours. Ca fait maintenant 3 semaines que je suis sortie. J'ai l'impression que je suis toujours en phase Up, mais j'aime être comme cela...

Bon courage à toi dans l'acceptation des travers que nous avons pu faire sans conscience réelle de l'incompréhensible agit de notre monde dans un monde fait de normes sociales et de codes partagés.


   
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Succur
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Posté par: theo
 
Je te conseille vivement Les troubles bipolaires pour les nuls, sans rire, il est hyper complet, à jour, toujours léger et agréable à lire. C'est le meilleur bouquin que j'ai lu à ce sujet jusqu'à maintenant...
Je vais me le procurer rapidement alors, mais je conseille aussi l'ouvrage que j'ai cité plus haut, il m'aide beaucoup à comprendre les phases avant mon diagnostic et il prend le spectre bipolaire assez largement.

Les difficultés qu'éprouvent mes proches ? Et bien dans l'inconscient collectif, le bipolaire a des phases maniaques et dépressives, c'est un "fou". Hors j'ai un trouble bipolaire de type 2 avec donc un fond dépressif essentiellement et des phases hypomaniaques de quelques jours jusqu'ici peu perceptibles. Donc pour eux ils a fallut longtemps pour se dire que je n'étais pas "qu'un simple dépressif anxieux".

Sans parler des remarques totalement inapropriées, par méconnaissance, du style:

- c'est rien, tu vas guérir ...

- tout le monde est bipolaire ...

- être bipolaire, c'est à la mode ...

C'est lourd de chaque fois expliquer qu'il n'y a pas plus de bipolaires qu'avant, que c'est la psychiatrie qui a évoluée et que les bipolaires sont de mieux en mieux "détectés" et pris en chargent (on est plus en 80).

C'est parfois même atterrant de ne pas leur souhaiter de vivre ce qu'on vit "dans notre tête".

Ma mère et ma sœur commencent à peine à comprendre, après des années, c'est pour te dire.

Mais l'important, au bout du compte, c'est pas le regard des autres et leurs jugements, c'est toi et toi seul. Pense à toi. Préserve toi. Le reste suivra.

Ah j'ai beaucoup la rengaine du "c'est à la mode" ou "c'est trop facile", même avec le psychiatre comme médiateur le dialogue est compliqué avec ma mère et ma petite-soeur et mon père ne m'adresse carrément plus la parole. J'ai une amie, mon petit-ami et un ancien collègue de travail qui m'a révélé être bipolaire sans vouloir trop m'en parler.

J'aime beaucoup ton discours, il est très apaisant haha.

C'est bien triste et malheureux d'accepter qu'il est plus facile pour notre entourage d'être en phase dépressive "légère à moyenne", question de facilité et de tranquillité pour eux ...

C'est pour ça qu'il faut bien s'entourer (on choisit ses amis pas sa famille).

Disons que dans mon cas il est plus facile de cacher ma phase dépressive que mes manies (encore aujourd'hui ma mère regrette de m'avoir faire vivre "une enfance pourrie", ne comprend pas que j'ai des pans entiers de ma vie dont j'ai très peu de souvenirs et dans lesquels je pouvais faire miroiter des choses aux gens, avoir plein de projets absurdes), je me camoufle beaucoup (ce qui a engendré la plus grosse crise à ce jour je pense). Et quand on a habitué ses proches à avoir l'air sain, je comprends que c'est un choc de finir comme ça – il n'empêche que je vais enfin commencer à penser à moi et non à ce qui ferait plaisir aux autres.

Celui qui veut vraiment s'y intéresser te posera des questions. 

Pour les autres, laisse les dans leur ignorance, c'est ce qu'ils veulent de toute façon.

Inutile de parler à un mur, c'est du temps de l'énergie perdu, et dieu sait que nous en avons besoin. Cela t'évite par ailleurs une source de frustration.

Je retiens la leçon et je te remercie encore pour le partage.

Si tu en as l'opportunité (cours psycho-educatifs), n'hésite pas. On ne fait pas mieux pour une compréhension complète du trouble bipolaire et comment vivre avec. Si tu peux être accompagnée d'un proche (impliqué) c'est encore mieux.

J'ai vu l'infirmière hier après-midi, j'ai beaucoup parlé de ma crise, du passé. Elle m'a dit qu'il y avait un cours psycho-éducatif sur le centre mais probablement fermé jusqu'à l'an prochain, je vais devoir attendre un peu haha.

Prends ton temps, vraiment. Inutile de foncer tête baissée, cela serait ajouter un échec supplémentaire et donc de la culpabilité inutile.

Mais tu en es capable.

Nous sommes là pour ça  😉 

De toute façon je sors de l'hôpital, je dois faire ma première prise de sang en ambulatoire, j'ai mes premiers rendez-vous qui arrivent, je commence à peine mon traitement, je vais me concentrer sur ça pour l'instant. Même si le travail est une autre priorité, ça me permet d'avoir un rythme quand je n'ai qu'une envie : m'enfermer sous la couette et ne rien faire. J'ai recommencé à pleurer sans raison aussi, je pense que c'est l'après rendez-vous, j'ai appelé ma mère et ça ne s'est pas bien passé, je suis démotivée et pourtant j'ai plein de choses à faire.

Ce message a été modifié Il y a 5 ans 2 fois parSuccur

   
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Succur
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Posté par: ikzat

Ça ressemble à un contrecoup... Personnellement j’ai eu deux grosses dépressions à la suite de mes crises maniaques. Ma psychiatre m’a toujours expliqué qu’il y avait une durée incompressible à la suite d’une crise pour que le cerveau se rétablisse. J’ai ressenti beaucoup de culpabilité, pourtant progressivement avec le regard attentif des médecins qui ne m’ont jamais reproché quoi que ce soit, j’ai accepté de moins m’en vouloir. Il faut être patient et se donner des objectifs à notre portée : peut-être qu’au plus fort de la dépression c’est simplement sortir 10 min ; quand ça va mieux, ça peut être d’aller faire du sport. Etc.

Après rendez-vous infirmier, je me rends compte que je ne vais pas si bien, mais ça s'exprime différemment chez moi : plus irritable, parfois je me rends compte que je regarde dans le vide et que je pleure, j'ai des discussions intérieures où je me considère comme la pire des nullités mais je parviens à me lever, à faire illusion, je me fixe des objectifs et je les remplis. J'angoisse de refaire une crise, j'ai peur que le traitement ne serve à rien (je le prends toujours mais j'ai l'impression que c'est plus fort) et je combats cette idée tous les matins.


   
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Succur
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Posté par: CoB

Bonjour Succur,

Je me reconnais dans les crises maniaques que tu décris. J'ai eu par deux fois une crise. La première je me prenais pour un roi, je marchais beaucoup dans les rues la nuit et tout sur mon chemin avait un sens, un message pour moi. Cela a été diagnostiqué comme une bouffée délirante aigue (BDA) puis par une bipolarité. Ca c'était en 2010.

A Noël 2018, j'ai fait de nouveau une crise après 3 mois d'arrêt du traitement. Là, j'ai littéralement sorti tout des placards dans ma maison et mis tout par terre. Je faisais des rituels pour chaque chose avant de la ranger ce qui lui donnait du sens. Malheureusement (ou heureusement) le jour de Noël est arrivé et j'ai du me rendre chez mon père le jour pour le fêter alors que ma maison était dans un bazar monstre. J'ai tant bien que mal passé la journée et c'est la nuit que mes rituels ont repris mais chez mon père, dans la maison de mon enfance. Bam, appel des urgences en pleine nuit puis hospitalisation pour la seconde fois...

Voilà mon témoignage sur ce que peut être une crise maniaque. Je suis sortie de l'hôpital d'un secteur fermé au bout de 20 jours. Ca fait maintenant 3 semaines que je suis sortie. J'ai l'impression que je suis toujours en phase Up, mais j'aime être comme cela...

Bon courage à toi dans l'acceptation des travers que nous avons pu faire sans conscience réelle de l'incompréhensible agit de notre monde dans un monde fait de normes sociales et de codes partagés.

Quand tu es en phase up sans grosse crise, ça se manifeste comment ? Seulement intérieurement ? Petit à petit je me rends compte que ce qu'on considérait comme une crise d'adolescence ou des caprices d'enfant pourraient être interprétés comme des crises maniaques et plus je remonte dans le temps, plus je me déprime haha. Un peu comme si je me réveillais d'un gros black out.

D'ailleurs, si je devais donner un petit conseil aux gens avec des crises maniaques assez importantes suivies d'un empêchement de la mémoire à s'en souvenir, faites une enquête auprès de vos proches, travaillez vos souvenirs et notez tout, ça peut servir au personnel soignant.


   
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CoB
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(@cob)
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Bah en fait quand je suis en phase up, je suis éveillée spirituellement et j'ai envie de faire des choses de bouger, je vais super bien avec un moral d'acier et je me trouve belle. Je ne sais pas si finalement ce ne sont pas des phases normales...

Par contre quand je suis en down, j'ai pas de sensations dans tout ce que je vis, je m'ennuie et j'ai besoin d'être rassurée, je me pose mille questions...

 


   
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