Changer les choses, les regards et surtout les étiquettes, c’est le leitmotiv de William ( @bipohypermaniac ), président de l’association des hypersensibles ( HS ) qu’il a crée en 2016 . Hypersensible il préfère cela … Diagnostiqué bipolaire il y a presque 10 ans, il a appris, au fil des années, à comprendre et analyser ses crises, pour ne plus sombrer et accepter cette vie, la sienne . Il ne se noie plus dans les délires maniaques et subit moins sévèrement les symptômes négatifs de la dépression . Il est aujourd’hui au coeur du communauté grandissante qui se retrouve fréquemment lors de sorties et rencontres entre hypersensibles & co … Son association est en plein essor et promet de très bonnes perspectives pour cette année 2017, voici son histoire …
Témoignage tout en hypersensibilité …
Étiqueté bipolaire en 2008, l’année de mon diagnostic, je préfère aujourd’hui le blason « hypersensible » pour représenter ma particularité, ma profonde sensibilité, ma fragilité .
Car hypersensible, je le suis depuis gamin . Une hypersensibilité caractérisée surtout par une hyper-empathie . Comme chaque hypersensible a sa sensibilité particulière, la mienne est de percevoir hautement ce que ressent l’autre . Les émotions des autres prennent le dessus alors sur les miennes et je me retrouve à refouler ce que je ressens, à garder pour moi ce qui devrait être exprimé . Voilà là où commence le trouble intérieur . Moi et les hypersensibles percevons, en général, plus que nous exprimons, alors nous stockons, nous entassons, et c’est vite le bazar intérieur, le trouble …
De mes 10 ans à mes 20 ans, j’ai vécu sans pouvoir véritablement m’exprimer, sans pouvoir m’affirmer . Dix ans pendant lesquels j’ai épongé les émotions des autres sans exprimer les miennes . J’ai accumulé longtemps beaucoup de choses, j’ai refoulé, refoulé, et un jour, inévitablement, j’ai explosé . J’ai explosé de toutes les fois où j’aurai dû crier, toutes les fois où j’aurai dû pleurer . J’avais atteint un point de rupture, je m’étais éloigné trop loin de qui j’étais, de mon centre . J’avais atteint le point de non-retour, seule une crise pouvait me permettre de revenir à zéro et de me reconstruire en me respectant plus, en m’affirmant plus . Bon, c’est avec le temps que j’ai eu le recul nécessaire pour le comprendre et que j’ai réussi à y mettre du sens . Mettre du sens sur sa souffrance est obligatoire pour guérir en profondeur de son mal-être …
La crise en 2008, avec la dépression qui s’en est suivie, ont inspiré à juste titre mon psychiatre qui a alors posé le diagnostic de bipolaire avec le traitement qui va avec . À juste titre, car mon comportement lors de ces périodes répondait bien aux symptômes caractérisés de la bipolarité . Mais aujourd’hui encore plus qu’avant, je ne réfléchis pas en termes de symptômes mais de ressentis, de ce qui se passe à l’intérieur . Le travail sur moi-même, notamment sur le mental grâce à la méditation, fait que mon trouble a évolué : là où c’était agité avant, aujourd’hui c’est plus calme .
Mes dépressions ont évolué, la dernière par exemple était libérée des culpabilités, des montagnes de doutes et autres idées noires qui me faisaient souffrir dans les précédentes … Mes dépressions, n’étant pas non plus des parties de plaisir, sont plus vécues comme une période de répit, de non-faire, que d’un passage en enfer .
Pareil, de crises maniaques en crises maniaques, j’ai appris à comprendre les mécanismes délirants qui me faisaient décompenser, et je les vis aujourd’hui plutôt comme une montée d’énergie sur laquelle j’essaie de surfer sans me noyer .
Tout ça pour dire que la bipolarité n’est pas une maladie figée dont on est la victime impuissante . Non, c’est un trouble qui arrive dans notre vie très logiquement vu l’éducation, l’environnement, les événements traumatisants que nous avons vécus . La seule chose sur laquelle nous ne pouvons agir est cette fragilité qui est inscrite au plus profond de nous, cette hypersensibilité . Pour le reste, avec le travail sur soi, le choix d’un environnement et une activité adaptée à notre fragilité, je suis convaincu que l’on peut se libérer de nos troubles . Sans oublier de trouver un espace d’expression dans lequel nous pouvons être compris . Car au fond, c’est la solitude qui fait souffrir.
Blog et association
J’ai trouvé un espace d’expression en créant le blog la vie d’un bipolaire en 2013 ( un blog sur l’express m’a été proposé en 2015, mais j’écris très peu dessus ) . J’y ai déversé brutalement mes ressentis au quotidien . Assez rapidement des internautes se sont reconnus, et des multiples correspondances par mails ont suivi et continuent encore . En 2014, l’idée de créer des rencontres entre bipolaires est venue naturellement . Petit à petit des liens se sont créés, des liens amicaux forts même . Petit à petit, j’ai également pu constaté qu’il n’y avait pas que des bipolaires lors des rencontres, mais tout un tas d’autres diagnostics psy ou de non-diagnostiqués ! J’ai découvert que ce n’était pas des étiquettes psychiatriques qui nous rassemblaient, mais plutôt ce besoin d’échanger sur nos fragilités et difficultés . Ainsi les rencontres se sont appelées entre hypersensibles … Aux vues du réseau d’hypersensible existant autour de moi et le potentiel énorme d’actions à faire pour ce public, on a créé en avril 2016 l’association des hypersensibles . Aujourd’hui, pas mal de choses se font dans le but de créer du lien et lutter contre l’isolement . La finalité de l’association étant de créer un centre de ressourcement pour les hypersensibles à la campagne, c’est le projet pépinière HS .
Amicalement et hypersensiblement,
William Brown
Président de l’association des HyperSensibles ( AHS )
Les prochaines rencontres entre hypersensibles :
à Lyon le dimanche 22 Janvier,
à Rennes le samedi 28 Janvier,
à Nancy le samedi 11 février,
à Strasbourg le dimanche 12 février
Si vous souhaitez en savoir plus et participer aux rencontres entre hypersensibles ou à l’association, n’hésitez pas à vous rendre sur la fiche de l’association ( lien un peu plus haut ) et à participer à la discussion sur notre forum d’entraide bipolaire .

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