Catégorie : Témoignages

  • La bipolarité expliquée par une personne bipolaire

    La bipolarité expliquée par une personne bipolaire

    Bonjour, j’ai 24 ans et j’ai été diagnostiquée personne bipolaire il y a déjà 3 ans de cela, je vais donc vous expliquer ce que sont les troubles de la bipolarité.

    Je m’appelle Marine et je suis bipolaire de type 2, c’est-à-dire que je présente successivement des phases dépressives majeures et des états hypomaniaques, qu’il ne faut pas confondre avec les états maniaques qui sont des phases beaucoup plus accentuées d’euphorie.

    Je me suis rendue compte que quelque chose n’allait pas vers l’âge de 16 ans, à ce moment-là j’ai pris contact avec un médecin psy et j’ai appris que je faisais une grosse dépression. 

    J’ai été hospitalisée plusieurs fois pour dépression et non pour la bipolarité. Il fait savoir que c’est une maladie psychique très complexe qui se manifeste différemment suivant les personnes. C’est pour cela que les psychiatres ont mis 4 ans avant de me diagnostiquer de cette maladie. Et puis j’ai trouvé le bon traitement qui m’a enfin stabilisée de cette maladie qui est malheureusement, en ce moment, « à la mode / tendance » !

    Voici les 2 types de personne qui sont  » en moi  » :

    Marine D : Elle représente la personne dépressive de ma bipolarité. Elle n’a pas vraiment le moral, elle aimerait juste que sa vie s’arrête, elle en a marre de subir cette fatalité qui pèse sur ses épaules. Sa vie n’est pas rose, elle est même d’un noir profond. Elle ne ressent pas le besoin de vivre et la mort ne lui fait pas peur ! Elle aime fumer et boire de l’alcool, c’est une de ses addictions, comme la plupart des bipolaires, impossible de s’en défaire. Elle est beaucoup plus sensible que les autres, beaucoup plus faible dans le contexte de résister à des tentations où il s’agit d’un combat avec elle-même.
    Marine M : Elle représente la personne euphorique (maniaque ou hypomaniaque). Elle se sent bien, rien n’est grave pour elle, elle est heureuse et épanouie, rien ne peut la faire changer d’humeur. Elle a envie de sauter en l’air, de faire plein de choses simultanément ! Elle a envie de le crier au monde entier tellement elle est heureuse … Et même la tristesse des autres ne peut l’atteindre, en fait elle s’en fout ! Elle préfère s’occuper des personnes qui sont à son écoute.


    Les différents types de bipolarité

    Il faut savoir que la bipolarité touche 2 à 5 % de la population, tous types confondus. Il existe 5 formes de bipolarité au total, mais 2 types se distinguent : Les types 1 et les types 2.

    Le type 1 se rapproche plus de la version classique de la psychose du maniaco-dépressif des troubles bipolaires. Ce type oscille entre une phase maniaque aiguë délirante (Marine M) et une phase de dépression profonde (Marine D).
    Le type 2 est un peu moins reconnaissable où les phases d’excitation sont appelées phase d’hypomanie, car elles sont plus discrètes. C’est uniquement lorsque la phase de dépression subvient que le patient peut être diagnostiqué comme malade bipolaire afin de traiter ses troubles mentaux.
    Le type 3 est un trouble de l’humeur induit par une substance. Il est décelé par un épisode maniaque suite à une prise d’antidépresseur.
    Le type 4 de la maladie bipolaire survient suite à un épisode dépressif majeur (dépression bipolaire) sur un tempérament de base hyperthymique. Cela veut dire que la personne est en hyperactivité, fait plein de projets, est d’une grande sociabilité et a très peu besoin de sommeil, en général dormir 2 heures lui suffit. Elle est d’un grand optimisme. Ce trouble survient tardivement et fait suite à un surmenage, une succession de stress ou des évènements pénibles de la vie courante.
    La cyclothymie (phase cyclothymique) est le passage de la tristesse à la gaité et vice-versa sans pour autant être des phases maniaques ou dépressives. Ces personnes sont souvent décrites comme lunatique ou encore des girouettes, elles changent très souvent d’humeur comme de chemises …  

    La bipolarité, c’est quoi au final ?

    La bipolarité possède le plus haut risque de suicide à long terme, environ 30% des troubles psychiatriques.

    La bipolarité, anciennement connue sous le nom de maladie psychose maniaco-dépressive, est le terme utilisé actuellement pour expliquer les changements d’humeur et autres troubles du comportement chez les personnes.

    Dans la vie il y a des hauts et des bas, il est donc tout à fait normal de se sentir triste ou heureux ! Pour une personne bipolaire, ces émotions sont juste multipliées par 10 et en deviennent invivables, autant pour lui que pour ses proches, en phase de manie ou de dépression. Les personnes bipolaires ont des comportements extrêmes…

    Il faut savoir que cette pathologie est une maladie qui se soigne, mais ne se guérit pas. Il faut apprendre à vivre avec car elle est avec nous tout au long de notre vie. Le trouble bipolaire est récurrent et les possibilités de rechutes sont fréquentes si le traitement n’est pas adapté au malade, si aucun suivi médical n’est effectué ou s’il ne le suit pas avec assiduité. Il faut apprendre à vivre avec afin de connaître les phases et anticiper les changements et sautes d’humeur pour ensuite les minimiser au maximum.

    Les deux états de la bipolarité

    La bipolarité se caractérise par 2 grands états :
    L’état d’euphorie avec beaucoup d’agitation, appelé aussi  » manie « .
    L’état de mélancolie et de dépression qui peut inclure des pensées suicidaires.

    Ces épisodes ne surviennent pas de manière régulière, ils sont imprévisibles et peuvent durer de quelques semaines à plusieurs mois.
    La personne en état de mélancolie a le sentiment que personne ne la comprend, elle est noyée dans la tristesse et le désespoir, elle est énervée et a le sentiment que rien ne va. Elle n’a plus aucun plaisir ni d’intérêt pour quoi que ce soit, les gens l’agacent, l’irritent. Voir les gens sourire, être heureux, lui donne un sentiment d’hypocrisie, elle est tout le temps fatiguée et possède un manque total d’appétit. Elle peut dormir toute la journée, n’a même plus envie de sortir et pleure très souvent pour un rien ! Elle se sent inutile avec un sentiment que tout est de sa faute, elle ne trouve pas sa place sur cette terre. Elle a également de nombreuses idées noires en permanence avec des idées de mort, elle peut réfléchir du matin au soir à comment mettre fin à ses jours avec une tentative de suicide.
    Allez voir un psychiatre afin qu’il prescrive un traitement adapté est nécessaire pour aller mieux. Il faut néanmoins un temps d’adaptation à tous médicaments, en effet aucun traitement ne fonctionne immédiatement, mais peut aider doucement à remonter la pente et surtout éviter toute rechute.

    L’association de plusieurs facteurs (environnementaux) peut provoquer l’apparition de troubles bipolaires, mais sa cause précise échappe encore à la médecine. Par contre, il est certain que l’excès de stress, d’angoisse, les problèmes familiaux, le manque de sommeil ou encore la prise de stimulants ou autres drogues dures ou douces ne peuvent pas causer cette maladie mentale, mais peuvent déclencher un épisode chez les malades déjà atteints de troubles de la personnalité. Les médecins spécialistes des troubles divers de cette santé mentale prouvent désormais que la bipolarité peut être génétique. Pour simple exemple, les personnes dont les parents ont souffert d’une dépression ont 25% plus de chances (ou de malchances) d’en souffrir aussi contre moins de 5% pour ceux dont les parents n’en ont pas souffert ! C’est ce qui pourrait être une malformation dans certaines cellules nerveuse de notre cerveau.

    Les traitements de la bipolarité

    Plusieurs traitements existent pour soigner le bipolaire. Il existe les traitements biologique appelé psychothérapie, et les traitements médicamenteux avec les thymorégulateurs, appelés aussi stabilisateurs d’humeur. Ils servent à prévenir des rechutes et à minimiser les sautes d’humeur des patients. 

    Le Lithium ou Depakote sont majoritaires. Ces derniers sont prescrits généralement à vie. Il existe aussi les médicaments complémentaires afin de traiter un état précis comme la dépression avec les antidépresseurs (Deroxat pour simple exemple), antipsychotiques ou encore des neuroleptiques. Du fait par leur dangerosité sur le long terme et leur possible dépendance, ils sont généralement prescrits pour des courtes durées et sous haute surveillance d’un psy. Une méthode très controversée est également utilisée, mais elle est très critiquée, il s’agit des électrochocs. Pourtant, cette méthode radicale, souvent utilisée en hôpital psychiatrique, obtient de bons résultats. En dernier point, les traitements psychosociaux sont aussi très performants avec les groupes de parole, thérapie comportementale et psychothérapie. Une bonne hygiène de vie est également nécessaire.

    Voilà tout ce qui concerne les symptômes de la bipolarité, en espérant vous avoir renseigné suffisamment sur cette maladie bipolaire, à la limite des fois de la schizophrénie. N’hésitez pas à commenter et à poser vos questions si vous en avez.

  • Comment mieux dormir avec un trouble bipolaire

    Comment mieux dormir avec un trouble bipolaire

    S’il y avait des Jeux olympiques pour l’insomnie, Rachel pourrait avoir une chance de remporter l’or. Pendant trois années atroces, elle n’a pas pu dormir plus de deux à quatre heures d’affilée. Et elle a participé aux trois stades d’insomnie : difficulté à s’endormir, se réveiller en pleine nuit et se réveiller trop tôt le matin.

    Avec le dévouement d’un scientifique, elle a étudié tous les aspects de sa vie : quand elle a dormi et à quel point elle a bien dormi. Quoi et quand elle a mangé. Comment elle s’entendait avec les gens dans sa vie. Quelles routines du coucher l’ont aidée à se détendre.

    Elle a également fait des recherches sur l’amélioration du sommeil. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis de progressivement réguler son rythme de sommeil.

    Rachel dort maintenant en moyenne sept heures par nuit.

    « J’ai lutté cinq ans« , note Rachel, âgée de 49 ans.

    Trouble bipolaire et insomnie

    Comme beaucoup d’autres personnes atteintes de trouble bipolaire, Rachel a du mal à passer une bonne nuit de sommeil depuis son adolescence. La recherche montre que les systèmes cérébraux et corporels qui régissent le sommeil ont tendance à être particulièrement sujets aux perturbations chez les personnes bipolaires.

    Les changements dans les habitudes de sommeil sont une caractéristique, et souvent un signe avant-coureur, des changements d’humeur. Il y a le manque de sommeil typique pendant l’(hypo)manie, bien sûr, et les insomnies ou hypersomnies de la dépression.

    Bien dormir est l’une des principales recommandations pour rester stable. C’est même LA recommandation. Pourtant, de nombreuses personnes bipolaires éprouvent des problèmes de sommeil au cours d’épisode d’humeurs, stables ou non.

    « L’insomnie entre les épisodes est très élevée« , note J. Todd Arnedt, professeur agrégé de psychiatrie et de neurologie à l’Université du Michigan. « C’est l’une des plaintes les plus courantes chez les personnes atteintes de trouble bipolaire.« 

    Arnedt dirige la clinique de médecine comportementale du sommeil de Michigan Medicine et co-dirige le Laboratoire de recherche sur le sommeil et le rythme circadien du département de psychiatrie. En tant que psychologue clinicien et chercheur, il travaille avec des personnes souffrant de troubles du sommeil et de troubles bipolaires concomitants, de troubles dépressifs majeurs et de troubles liés à l’utilisation de substances.

    « Nous avons des règles générales et des recommandations pour améliorer le sommeil, mais vous devez fréquemment les modifier pour répondre aux besoins de chaque patient« , explique Arnedt à propos de sa pratique. « Ça passe par des stratégies de planification du sommeil. Ça passe par la prescription de mélatonine. Parfois, nous allons même jusqu’à introduire des activités diurnes.« 

    bipolarité insomnie

    Reprendre un cycle de sommeil sain

    Le domaine de la médecine du sommeil s’est développé pour une raison. Selon une étude réalisée en 2018 par des spécialistes du sommeil de la Perelman School of Medicine de l’Université de Pennsylvanie, un adulte américain sur quatre souffre d’insomnie aiguë chaque année.

    De nombreuses interventions pour l’insomnie se concentrent sur la régulation et le renforcement d’un rythme circadien sain. L’horloge biologique, comme on l’appelle également, exécute une multitude d’opérations internes sur un horaire d’environ 24 heures.

    Normalement, les signaux de faim, de vigilance et de somnolence sont émis à intervalles prévisibles. Le stress physique, le stress émotionnel, les changements d’horaire tels que le travail de nuit ou les déplacements amenant des décalages horaires ont tous une forte probabilité de faire capoter le système. Pour une raison qui reste à déterminer, les personnes bipolaires ont tendance à être plus facilement touchés que la population générale.

    À l’inverse, le fait de respecter une heure de coucher et de réveil constant, des heures de repas régulières et un programme d’exercice fixe alimentent l’horloge biologique et la rendent plus forte.

    « Beaucoup d’entre nous vivent une sorte de vie en décalage horaire« , explique Allison Harvey, professeure de psychologie à l’Université de Californie à Berkeley et directrice de la Golden Bear Sleep and Mood Research Clinic de l’université.

    « C’est comme si nous volions de San Francisco à Hawaï chaque semaine. Parfois, ça peut être très marqué. La façon dont nos heures de coucher et de réveil varient d’une nuit à l’autre, de trois heures à cinq heures, et le système circadien ne peut tout simplement pas y faire face. Ça  bouleverse vraiment toutes les horloges qui composent notre corps.« 

    A chacun sa routine de sommeil

    Lorsqu’il s’agit d’interventions contre l’insomnie, ce qui aide une personne n’aide pas nécessairement une autre. D’où l’autodocumentation implacable et complète de Rachel.

    Dans son cas, elle a découvert que le sucre et les conflits interpersonnels garantissent à peu près une nuit agitée. Ainsi, avec toutes les méthodes habituelles pour décompresser, elle a adapté son alimentation pour qu’elle soit sans sucre, sans alcool et sans caféine. Elle a étouffé les relations toxiques de sa vie et a appris à entrer en contact avec son mari si elle commence à penser que quelque chose ne va pas entre eux.

    Ses lectures l’ont également amenée à adopter des techniques telles que prendre la douche la plus chaude qu’elle puisse supporter afin que sa température corporelle centrale chute rapidement par la suite et déclenche une somnolence. Une autre découverte : utiliser une couverture lestée, qui lui apporte confort et relaxation. 

    Il a fallu beaucoup de temps et d’énergie pour déchiffrer toutes les pièces et mettre des solutions en place, admet-elle : « C’est comme un travail pour me maintenir stable, auquel les autres n’ont même pas à penser.« 

    C’est doublement frustrant quand des amis bien intentionnés, mais ignorants la persuadent de sortir, « juste pour une nuit« . Alors que ces personnes peuvent rentrer tard à la maison, et récupérer en une journée, souligne-t-elle, « ça peut me prendre des jours, des semaines, des mois… J’ai l’air ennuyeuse, mais c’est pour mon bien. »

    Arthur fournit une étude de cas tout à fait différente. Oui, il a fait des progrès contre l’insomnie ces dernières années en suivant les recommandations pour réguler son rythme de sommeil. Suivre ses médicaments, et rester sobre est également important, note-t-il.

    Quant aux autres conseils qu’il a tendance à entendre, il n’est pas fan.

    « Certaines de ces choses que les thérapeutes vous disent, c’est presque risible« , dit-il. « « Bois du thé à la camomille, lis un bon livre« , ça ne va pas marcher. « Essayez la mélatonine« … ça ne marchera pas.

    Alors, qu’est-ce qui marche pour lui ?

    « L’exercice physique. L’air frais. C’est ce qui m’aide. Pour la dépression aussi… Si je fais beaucoup d’exercice (certains jours je fais trois, quatre promenades) je m’endors en 5 minutes.« 

    Sommeil et bipolarité 

    Arthur, 54 ans, se décrit comme un enfant agité qui chantait la nuit au lieu de dormir. En tant qu’adulte, il avait tendance à rester éveillé tard parce qu’il était du genre à bouger.

    Les symptômes de la bipolarité sont apparus dans la vingtaine. Des décennies d’automédication avec consommation d’alcool et de substances n’ont fait qu’aggraver ses problèmes de sommeil.

    Alors qu’Arthur rejette les stratégies traditionnelles d’autosoins, il ne peut se risquer à prendre des somnifères. Entre son métabolisme rapide et ses antécédents de consommation de drogue, la plupart des somnifères ne sont pas efficaces ou pourraient déclencher une dépendance, dit-il.

    Son combo actuel de médicaments est très efficace pour l’empêcher de monter trop haut, ajoute-t-il, « mais en ce qui concerne le sommeil, non. »

    Parfois, les problèmes de sommeil peuvent être attribués à des causes physiques, allant d’un système circadien bancal à des conditions médicales telles que les remontées gastriques. Parfois, le problème est ailleurs : le corps s’apprête à dormir, mais l’esprit continue de s’emballer. C’est vrai pendant les épisodes maniaques, bien sûr, mais l’anxiété – à la fois aiguë et quotidienne – fait également du sommeil une zone de non-droit.

    « L’effet inquiétant de l’insomnie psychiatrique est que l’individu finira par s’écraser et peut ressentir une combinaison d’effets secondaires physiques, mentaux et émotionnels« , explique Markesha Miller, psychothérapeute agréée à Columbia, en Caroline du Sud.

    Lorsque l’anxiété et les pensées agitées maintiennent Arthur éveillé, le yoga, la méditation et les bains chauds ne fonctionnent pas. Au lieu de cela, il fait de son mieux pour limiter de manière proactive les facteurs de stress avant qu’ils n’atteignent la chambre, pour ainsi dire.

    sommeil bipolaire

    Changez vos habitudes de sommeil 

    La médecine du sommeil se concentre principalement sur l’insomnie au niveau physiologique. La thérapie du sommeil adopte davantage une approche corps-esprit.

    Carole, bipolaire de type I, souffre d’insomnie chronique depuis qu’elle s’en souvient. Il y a environ un an, elle a décidé de commencer une thérapie cognitivo-comportementale pour l’insomnie avec Lisa Medalie, une spécialiste certifiée en médecine comportementale du sommeil du programme de médecine comportementale du sommeil de l’Université de Chicago Medical Center.

    En entrant dans le programme, l’hygiène du sommeil de Carla – un terme comprenant les différentes pratiques qui contribuent à bien dormir régulièrement – laissait beaucoup à désirer.

    « Je ne connaissais aucun type de modèle discipliné« , explique Carla. « Je me levais à 2 heures du matin pour répondre aux e-mails… Mon mari me criait : Arrête ce que tu fais et va te coucher.« 

    La thérapie commence généralement par la tenue d’un journal de sommeil. Carole a reçu une feuille de travail pour suivre son comportement lié au sommeil, en commençant par certaines habitudes de « pré-sommeil » : si elle a fait la sieste pendant la journée, quand elle a pris ses somnifères (et à quelle dose), à ​​quelle heure elle a éteint tous les appareils électroniques…

    D’autres catégories couvraient l’état de son sommeil : combien de temps a-t-il fallu pour s’endormir après avoir fermé les yeux, si elle s’était réveillée pendant la nuit, combien de temps il a fallu pour se rendormir et la qualité globale de son sommeil. Après avoir obtenu un total réaliste d’heures réelles de sommeil, le thérapeute peut conseiller sur la façon de consolider ces périodes inconscientes en un bloc solide, le but étant d’allonger progressivement la durée.

    C’est important parce que le sommeil paradoxal (mouvement oculaire rapide) – la phase la plus profonde et la plus rajeunissante du cycle de sommeil – se produit environ toutes les 90 minutes. Plus vous restez endormi, plus vous obtenez de REM.

    Carole a également reçu un coaching en résolution de problèmes dans le cadre de la lutte contre les fondements mentaux de l’insomnie, tels que la rumination et le vieux classique de l’insomnie : rester éveillé en s’inquiétant de ne pas dormir.

    De telles astuces de sommeil fonctionnent mieux dans une approche de style de vie plus large. Pour Carole, cela ressemble à la méditation du matin, à la pratique de la respiration, au yoga, à l’acupuncture, à l’EMDR (désensibilisation et retraitement des mouvements oculaires), à la psychothérapie et à la journalisation. Elle éteint ses appareils bien avant l’heure du coucher (une alerte sur son téléphone l’aide) et ses fins de journées sont des activités douces.

    Carole avait développé une dépendance à ses somnifères, une situation assez courante. La boîte à outils pour l’insomnie qu’elle a construite lui a permis de les réduire progressivement.

    « Ce que j’ai appris du Dr Medalie a changé la donne, dit-elle. Ses nouvelles compétences et ses modifications de style de vie ont eu un impact énorme sur ma qualité de vie l’année dernière.« 

    Il y a cependant une mise en garde : « Ce type de discipline pour le sommeil est très difficile pour toute personne bipolaire. Nous sommes facilement distraits et divertis, nous voulons terminer un épisode de plus de notre série que nous regardons de manière excessive avant d’aller au lit.« 

    Néanmoins, « je fais un effort, un jour à la fois, pour changer les choses que je peux contrôler… Quand j’ai une bonne nuit de sommeil, je m’aime mieux, et mon humeur le lendemain est au beau fixe.« 

    Dormir à deux dans le lit

    Partager un lit peut compliquer les efforts pour passer une bonne nuit de sommeil. Voici comment simplifier la situation afin que vous puissiez fermer les yeux et les garder fermés toute la nuit :

    Être égoïste : « Le meilleur conseil pour passer une bonne nuit de sommeil, même si vous partagez le lit avec quelqu’un d’autre, est de vous donner ce dont vous avez besoin, et n’ayez pas peur de le demander non plus« , explique la psychothérapeute agréée Markesha Miller. « Si vous partagez votre espace de sommeil avec un partenaire, il est important que vous lui communiquiez vos besoins et la façon dont il peut vous aider au mieux.« 

    Soyez une équipe : Rachel et son mari se couchent ensemble presque tous les soirs à 20 h. et se réveillent entre 4 et 6 heures du matin. Elle dit que se lever tôt conduit à une pensée plus claire, plus de force, des niveaux d’énergie plus élevés et des humeurs stables, pour les deux. Rachelle déclare : « Nous sommes tous les deux devenus responsables de nous-mêmes et nous nous encourageons mutuellement à faire ce qui est le mieux pour la santé de chacun.« 

    Soyez adaptable : Carole et son mari ont des rythmes de sommeil différents, mais ils ont adapté leurs rythmes pour pouvoir continuer à partager un lit. « Nous ne regardons plus la télévision grand écran à plein volume », dit-elle. « Il regarde la télévision sur sa tablette avec ses écouteurs, et je porte un masque de sommeil et des bouchons d’oreilles.« 

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  • J’ai récolté le témoignage de 17 bipolaires : voilà ce qu’il en ressort

    J’ai récolté le témoignage de 17 bipolaires : voilà ce qu’il en ressort

    Qui de mieux placé pour un témoignage sur le trouble bipolaire que des personnes souffrant elles-mêmes de bipolarité ? 

    J’ai récolté plusieurs dizaines de témoignages au travers de 9 questions. Le but ? Mieux comprendre ce trouble et ce que peut ressentir un bipolaire. 

    Alors, que vous soyez bipolaire, ou simplement en contact avec une personne bipolaire, cet article vous aidera à cerner ce trouble des plus opaque encore aujourd’hui. 

    Merci à toutes les personnes m’ayant envoyé leur témoignage. Dans un souci de confidentialité, les prénoms ont été modifiés. 

    Dans quelles circonstances vous a-t-on diagnostiqué votre trouble bipolaire ? 

    Julie a été diagnostiquée qu’à l’âge de 30 ans suite à un épisode maniaque assez fort. « J’étais en déplacement à Milan pour mon travail. On m’a ramenée en Belgique et j’ai été hospitalisée 3 semaines, l’enfer, la psychiatrie du Moyen Âge… traitement nul, j’ai basculé en phase basse sans passer par la phase moyenne. »

    Éric, lui, était suivi par une psy pour dépression « J’ai eu différents psy à différents endroits avec des interruptions de suivi et de traitement depuis plus de 20 ans, et lors d’une consultation où j’étais clairement en up (logorrhée, agitation, etc.) le diagnostic de bipolarité a été posé. »

    Emma, étudiante, a eu la chance d’être diagnostiquée très tôt, « vers 22 ans après une énième tentative de suicide. Dès mes 17 ans, j’alternais période au top et périodes dépressives. C’est le psychiatre, qui me suis toujours d’ailleurs, qui a mis des mots sur mon mal-être ! »

    Enfin, Sandrine a eu son diagnostic posé suite à une phase maniaque de plusieurs mois qui s’est terminée par un épisode de bouffée délirante aiguë et une longue hospitalisation. « J’étais déjà suivi par un psychiatre à la suite d’un épisode dépressif majeur. Il évoquait le diagnostic du trouble bipolaire. Celui-ci a été confirmé lors de l’hospitalisation. »

    témoignage bipolaire

    Quels sont les 3 domaines les plus impactés par votre trouble bipolaire ? 

    Pour Simon et Carole, la vie amoureuse, la vie sociale et le travail sont les trois domaines les plus impactés. 

    Erwan rejoint également ces trois domaines, en ajoutant que la santé physique en prend un coup également. 

    Une fois n’est pas coutume, Sylvie dévoile que « le premier domaine très compliqué à gérer pour moi, c’est le travail. Je leur dis que je suis reconnu travailleur handicapé sans jamais mentionner pourquoi. Il y a tellement de clichés méchants, je ne veux pas alimenter tout ça. Et pourtant on trouve encore le moyen de me faire chier au niveau des aménagements d’horaire, qui dernièrement ont été refusés. Je vais être donc déclarée inapte. Le deuxième, c’est la sphère sociale, je ne sors pas beaucoup, car les gens me fatiguent, et plus le temps passe, moins je veux voir des amis. »

    Sarah est professeur. Pour elle, « les domaines les plus impactés par mes troubles bipolaires avant que je ne sois stabilisée avec un traitement adapté (seulement depuis presque 3 ans) étaient bien entendu ma vie personnelle notamment au sein de mon couple et avec ma famille en général (qui ne comprend pas cette maladie et que je SUIS malade !) et bien entendu ma vie professionnelle (je suis prof et donc je dois toujours être à 200% avec mes élèves, or en période de down, je n’en ai pas l’énergie !). »

    Auriane, elle, « trouve que le domaine le plus impacté par mon trouble est la vie de couple : mon ex-mari a connu la période où je n’étais pas encore diagnostiquée et donc pas traitée. Il a connu les dépenses impulsives, les infidélités, l’hyperactivité, les insomnies… Il s’est fatigué émotionnellement et physiquement à mon contact ! Il avait aussi ses travers, les causes du divorce ne sont pas unilatérales ! Je suis aujourd’hui en train de me séparer de mon compagnon après 6 ans de vie commune. Sa tendance passive-aggressive est un comportement toxique qui n’est pas compatible avec mon besoin d’équilibre émotionnel et psychologique. Malgré de nombreuses hospitalisations et arrêts de travail, mon trouble ne m’a pas empêchée d’être performante dans ma vie professionnelle ; au contraire, les phases maniaques sont un atout. Je bénéficie d’une RQTH depuis plusieurs années. Mes supérieurs sont au courant de mon problème de santé. Cette honnêteté a, je pense, permis une forme de bienveillance dans mon environnement professionnel. J’ai un poste à responsabilité. Le trouble est plus impactant dans les phases down. Dans les phases up j’ai appris à gérer mon rythme pour ne pas l’imposer aux autres. Au sein de mon environnement familial, j’ai tout de suite prôné le dialogue auprès de mes enfants (3), de mes parents et du reste de la famille. Je n’en ai pas fait un secret et c’est un sujet qui n’est absolument pas tabou. Ce n’est pas toujours compris, mais il n’y a pas de non-dits. »

    travail bipolaire

    À quoi ressemble un épisode dépressif ?

    Marion reste au fond de son lit en plein désespoir. « Je cherche une solution pour mourir et je dors 18h par jour ». 

    Pour Damien, un épisode dépressif se résume à s’ arracher du lit le matin « pour aller se poser sur le canapé, ne pas ouvrir les volets parce que la lumière m’agresse, ne sortir que si j’y suis obligée, manger les cochonneries que je peux trouver et qui ne nécessitent pas de préparation ou de réchauffage, et me traîner sous la douche si jamais je pue vraiment. (oui oui, c’est très glam). »

    Roxane dévoile « qu’il y a juste quelques mois j’avais envie de mourir, j’avais tout prévu, mais je me suis fait hospitaliser. Actuellement je remonte la pente, mais c’est long, je fais 2 pas en avant et un en arrière ».

    Les épisodes dépressifs étaient très violents dans l’expérience de Maude : « plus d’énergie, peur de tout, envie de pleurer sans cesse, car envahie d’une énorme tristesse, tentatives de suicide répétées. Pour y faire face, je me shootais aux médocs (plus jeune, je me suis longtemps défoncée avec somnifères et neuroleptiques). »

    Enfin, Victor affirme n’avoir « envie de rien (sauf de disparaître), impossibilité de se lever le matin, rester au lit 90/100 du temps ». 

    « Les épisodes dépressifs sont très sévères pour ce qui me concerne et sont plutôt rares. Ce sont souvent des ruptures à la suite d’une longue phase maniaque. Le corps et l’âme disent « stop » : dans ces moments, je ne suis plus capable de gérer le quotidien et je me sens extrêmement vide (je ne prends plus soin de moi). Cela amène beaucoup de culpabilité et des envies de mort. Les idées noires sont récurrentes. » développe Astrid. 

    Cindy reconnaît « qu’avant de connaître mon mari, je me souviens parfaitement être descendu en enfer, là où mes démons m’emmènent quand je n’ai plus la force de sourire, quand je n’ai plus la force de me lever de mon lit, quand j’y ouvre les yeux et que je les referme aussi tôt pour ne pas affronter la journée qui arrive, car j’ai trop mal, trop mal pour continuer à vivre. Tel est la phase dépressive, et elle peut durer des semaines ou des mois. Elle dure le temps que les antidépresseurs que l’on vous a prescrits fassent leurs effets. »

    dépression bipolaire

    À quoi ressemble un épisode (hypo)maniaque ?

    « Récemment je me suis fait arrêter en état d’ébriété j’ai été emmenée au poste et ils m’ont fait la totale heureusement je n’étais pas assez imbibée pour la garde à vue. J’oscillais entre euphorie et envie d’exploser de rire et larmes comme une fontaine très déstabilisant. Le tout devant les enfants. » nous confie Vanessa. 

    Pour Louis, « un épisode hypomaniaque c’est sortir, conduire vite, picoler, fumer, et alerter mes différents plans culs que je suis sur le marché. Et aussi, je dépense. Et le mieux, c’est qu’outre faire 3 à 4 des éléments cités, je les fais parfois en simultané et que je suis capable de cacher ça a mon entourage proche, ce qui fait que personne ne sait jamais vraiment où j’en suis. »

    Stéphane rejoint Louis sur le point de l’hypersexualité, en ajoutant « parler vite et fort, un sentiment d’être immortelle, je vois et entend des trucs, un gros délire de persécution ». 

    Les épisodes maniaques de Julie lui donnent « une énergie indicible, des projets qui grouillent de partout, une impression d’être inarrêtable et invincible, peu de sommeil, mais le plus dommageable sont les pulsions d’achat. Je me suis souvent retrouvée dans le rouge à cause de ces pulsions. Par ex. dernièrement, j’ai acheté 500 enveloppes différentes chez Amazon… INUTILE (même si j’aime envoyer des lettres !). »

    « De l’énergie illimitée, tout est plus coloré, les saveurs de la vie sont décuplées. Confiance en moi, en la vie, rien ne peut m’arriver. Je suis fille de l’univers, je suis l’univers. Libido décuplée, montage de projet, hyper productivité. Idées de percussions envers mes proches qui veulent me calmer ou ne comprennent pas mon comportement. Je vois les auras des gens et je sais ce qu’ils pensent et leur avenir. Bref, superpowers », voila à quoi ressemble un épisode maniaque chez Thomas.

    Pour Antoine, « les épisodes maniaques sont longs (jusqu’à 8 mois). Grande euphorie, projets plein la tête, un sommeil quasi inexistant, je me sens extrêmement bien, vivante ! L’intellect fuse, je gère des dizaines de choses en même temps… rien ne m’arrête. J’ai tendance à être impatiente et irritable (les autres sont tellement mous !) Les problèmes sont vécus comme des opportunités. Il n’y a pas de sentiment de grandeur, mais plutôt d’invincibilité.« 

    Adriana compare que, « comme une catapulte à la fête foraine, les antidépresseurs vont vous propulser assez rapidement sur « la Lune » telle une fusée Ariane. Vous passez d’un état léthargique à l’envie d’ouvrir une entreprise dans un domaine que vous découvrez à peine, vous irez même jusqu’à prendre un rendez-vous à la Chambre Des Métiers pour le faire ! Ou encore postuler à un poste de secrétaire de Direction au siège de la Sécurité Social, car vous avez fait un stage d’observation de quelques semaines dans le secrétariat et vous avez trouvé ça génial ! Entreprendre de vous inscrire pour reprendre les études, car vous voulez aller jusqu’au Doctorat, alors qu’en réalité vous n’avez même pas le niveau Bac ! Les projets débordent, pas assez de place pour les classer dans votre tête. Trop de projets, trop de choses à dire, pas assez de 24 heures pour tout faire alors on ne dort plus, car de toute façon le sommeil ne se fait plus sentir. Envie de danser, de parler, de parler fort, de parler vite, de parler à n’importe qui, de n’importe quoi, de vos projets, de votre puissance, de votre grandeur, un monologue qui n’a ni queue ni tête, car vous passez sans arrêt du coq à l’âne… Et là vous vous sentez au top de votre forme, comme jamais, que ce soit physiquement ou mentalement. »

    hypomaniaque

    Que faites-vous pour être stable ? 

    « Je suis stable depuis près de 3 ans maintenant (oui, le chemin fut long et semé d’embûches) grâce à un traitement parfaitement adapté (bonnes molécules et bon dosage), un suivi étroit et par un psychiatre (qui est avant tout, il faut être honnête mon « dealer ») et par une psychologue. De plus, lors de mon dernier séjour en HP, j’ai découvert la mosaïque que je pratique maintenant depuis des années. Enfin, j’ai rythmé ma vie avec des rituels pour me rassurer (quand je peux, je fais les mêmes choses dans l’ordre et dans le même ordre. J’ai un rituel le matin au réveil, par exemple !). » explique Fabienne. 

    Pour Océane,  « 0 alcool, 0 toxique, un bon rythme du sommeil, activité physique, psychothérapie et bien entendu médicaments » suffisent à la rendre stable.

    Élisabeth explique que pour être stable il y a plusieurs paramètres à respecter : « une béquille chimique adaptée, une psychoéducation essentielle, une hygiène de vie : régularité dans la prise alimentaire, le sommeil, l’activité sportive ou autre (yoga, méditation par ex), une communication : poser des mots sur l’état du moment à notre entourage évite de mettre du paradoxe ou de l’incompréhension dans les relations familiales. Mes enfants ont toujours été au courant des changements de phases et des conséquences possibles. Ils sont même devenus des experts dans l’interprétation des signaux faibles. Un changement de comportement qui annonce une nouvelle phase. La vigilance est par conséquent partagée. En revanche, la responsabilité m’appartient. En cela j’entends que la maladie ne doit pas devenir une excuse facile. »

    dormir

    Quels conseils donneriez-vous à une personne qui vient d’être diagnostiquée ?

    « Bien suivre son traitement quel que soit son ressenti, de voir régulièrement son psychiatre et de lire sur le sujet pour mieux comprendre ce qui lui arrive » explique Philippe.

    « Les conseils à donner, c’est de l’accepter ( ce qui est le plus difficile), de suivre son traitement même quand on va mieux, ne jamais l’arrêter, en parler avec sa famille et ses amis proches, qu’ils puissent détecter les signes d’un début de phase. » annote Loïc, avant de rajouter « Prends bien ton traitement,  trouve-toi des garde-fous, fais des choses que tu aimes, vois bien ton psychiatre régulièrement, tu peux te faire aider par une psychologue. »

    Cécilia, elle, à deux conseils à donner : « avoir une hygiène de vie irréprochable et accepter la maladie. Ne pas baisser les bras et bien s’entourer. »

    « Pour une personne qui vient d’être diagnostiquée, je lui dirais que ce trouble n’empêche pas le bonheur. Souvent, on pense que notre vie est foutue quand le diag est posé. De mon côté par exemple, le diagnostic a été difficile à accepter au départ. Il y a eu une phase de déni ou je me refusais de prendre les traitements. Après quelques hospitalisations rapprochées et la prise de conscience du risque et un suivi psy adapté, j’ai appris à être en paix avec le trouble, à en faire un compagnon de route plutôt qu’un ennemi. Cet état d’esprit change tout dans l’appréhension du trouble. J’ai également décidé de ne plus me mentir à moi-même et à mon entourage. Cela a été libérateur d’annoncer ouvertement et sans barrières ma maladie à mes proches. C’est aussi se détacher des potentielles réactions de l’extérieur : « Mais alors tu es folle ? » c’est aussi ce que l’on peut entendre ! Nous ne sommes pas responsables de la vision de l’autre. Si on est en paix avec notre propre vision du monde, les paroles des autres ne sont pas vécues comme une attaque, mais plutôt comme de la méconnaissance. C’est justement l’occasion d’expliquer.« 

    stable bipolaire

    Comment vos relations amoureuses ont été impactées par votre trouble ? 

     Stéphane dévoile qu’il a fait « beaucoup de mauvais choix, de ruptures. Beaucoup de pétage de plomb ». 

    À l’inverse, Marjorie affirme que sa maladie « n’a jamais impacté mes relations amoureuses, j’ai toujours été soutenue. »

    « Mes relations amoureuses n’ont pas, je pense, été principalement influencées par la bipolarité, mais en premier lieu par un vécu dans l’enfance (puis a l’âge adulte) qui m’a enseigné qu’une personne comme moi « ne mérite pas » ce qui peut être considéré comme une relation « classique ».

    « Mon conjoint a été le mauvais objet durant ma dernière manie. Je le prenais pour une mauvaise personne et étais méchante avec lui. J’avais peur de lui. Nous en avons beaucoup souffert. »

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    Comment avez-vous réussi à parler de votre maladie à vos proches ?

    Pour Anthony, « difficilement, mes filles comprennent petit à petit, mais pour ma mère, j’ai dû attendre que ça vienne d’elle et qu’elle fasse le rapprochement entre une de ses sœurs et moi. »

    « Pour en parler à vos proches, vous pouvez organiser une consultation de famille chez votre psychiatre si vous n’arrivez pas à en parler seule. Autrement, il existe aussi des groupes de paroles destinés aux proches de personnes bipolaires.  Moi, je l’ai simplement expliqué et ceux qui ne comprenaient pas tant pis. » raconte Laïla.

    C’est plus compliqué pour Justin : « Ma famille ne comprend rien à mon trouble, je trouve du soutien auprès de mon compagnon, ma belle famille et mes amis. »

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  • Fille de bipolaire, de survivre à vivre.

    Longtemps, j’ai survécu, avant que dès que possible, j’apprenne à vivre. Aujourd’hui, à 40 ans, j’ai l’impression de fermer une séquence dont le fil rouge était de passer de survivre à vivre. Désormais, s’ouvre devant moi un champ d’expansion, d’exploration, d’abondance.

    Ce texte est ma façon d’acter la fin d’une partie de ma vie, tel que je le ressens, et de rendre à chacun ce qui lui appartient.

    Ce texte a été une hésitation, longtemps. D’abord j’ai pensé raconter mon histoire, être plus dans la biographie. Ce choix était ralenti par le fait que les membres de ma famille sont vivants et pourraient réagir : comment écrire ma vérité sans blesser inutilement ? Attendre la mort de ma mère ou de qui que ce soit n’a aucun sens. La mort potentielle de ma mère est déjà tellement un sujet.

    Le chemin du développement personnel m’a aidé à voir une autre façon de procéder. L’idée qu’au moins une personne, perdue comme j’ai pu l’etre, ou pas, bénéficie de la lecture de ce texte m’a donné envie de l’écrire.

    L’autre hésitation plus fondamentale était de me sentir suffisamment distincte de cette histoire pour pouvoir l’écrire. Avant, j’avais peur qu’on me confonde avec cette histoire. J’ai été aussi la fille de mon père, je ne voulais pas en plus être la fille de ma mère, la fille de la bipolaire. Parce que je doutais encore de mon identité, et du fait qu’elle ne se réduisait pas à cela. Parce que j’étais encore survivante. Je me définissais encore vis à vis de cela.

    Je me demandai encore ce que je deviendrai si ma mère se suicidait. Je liai mon histoire personnelle à son choix de vivre ou pas.

    Vivre, avec la bipolarité de l’autre, est un chemin. Vivre est un chemin. C’est un chemin dense et plein de ronces ; c’est un très beau chemin.

    Si vous êtes dans cette situation, peut-être coincé dans une relation peu satisfaisante avec un proche bipolaire, un proche malade, j’ai écrit ce texte pour vous. Pour vous dire que c’est possible. Rude et possible.

    Je ne vous dis pas de faire comme moi. Je vous invite à trouver ce qui marche pour vous ; et vivre pleinement.

    Chapitre 1 : vivre avec bipolaire

    Il faut du temps et de la patience pour vivre avec la bipolarité. C’est délicat mais possible. Cela oblige à faire des choix, à éprouver son caractère. La nature de la maladie pousse dans ses retranchements, vient questionner notre solidité.

    Je dois certainement ma force à la bipolarité de ma maman et de sa famille. Ma famille.

    La bipolarité c’est alterner sans répit ni relâche des phases hautes et basses, hystériques puis dépressives puis hystériques, etc, à un rythme propre à chacun. Pour ma maman, ce sont des phases profondément dépressives de plusieurs semaines entrecoupées de phases hystériques plus brèves, 2 ou trois fois par an. C’est être à la merci de ses émotions et avoir du mal à vivre avec les autres, à vivre simplement ( a s’habiller, à choisir, à exercer une activité). C’est une maladie insupportable pour la personne, et ceux qui l’entourent. Elle déstabilise.

    En ce qui me concerne, la bipolarité (ou maniaco-dépression comme on l’appelait quand j’ai commencé à creuser le sujet) touche plusieurs membres de la famille maternelle, dont ma mère.

    1. La première chose que j’ai compris – grâce à la psychothérapie, c’est que ce n’était pas un problème de ma maman, mais un système familial, tant la maladie que ce qui en découle.

    Quand j’ai atterri chez cette psy, Françoise, je me sentais très coincée dans la relation avec ma mère. J’avais 27 ans et je sentais que ça ne fonctionnait pas pour moi. Que je faisais semblant, que je retenais tout. Que derrière une fragile façade, c’était confus. Et pas présentable à un homme sain, et ce point me rendait très triste. Être en couple est ce que je préfère, mes amours plutôt ratées me faisaient souffrir. Ma réussite professionnelle apparente, bien que très en demi teinte pour moi, faisait diversion et ça me suffisait à ce stade.mes relations amicales ne me préoccupaient pas. Mais sentir le regard sur celle qui se demerde si mal en amour me rendait dingue.
    Et j’étais à cette époque peu douée pour partager ce que je ressentais, et encore moins demander de l’aide à des proches. Aller voir un psy discrètement ok, mais dire à une collègue bienveillante, une amie, mon frère que ça le faisait moyen, non.

    Nous avons travaillé plusieurs mois durant quasiment que sur mon lien avec ma mère. Je me souviens avoir progressivement démêlé les fils, vécu à travers les appels téléphoniques avec ma mère ( mon baromètre et l’essentiel de mon lien avec elle depuis 20 ans) de nombreuses avancées et retours en arrière. J’ai petit à petit trouvé une autre façon d’être avec elle. Et j’ai peaufiné cette attitude des années durant. En me faisant encore piéger dans une relation destructrice souvent.

    J’ai commencé cette thérapie 1 ou 2 mois avant que ma tante C ne décide de se suicider. J’étais en crise et j’ai vécu cette mort comme une répétition générale de ce qui m’attendait avec ma mère. J’y ai pleinement rencontré mon cousin Christophe avec qui nous avons cheminé les mois suivants pour démêler l’histoire familiale, et la dégager de notre propre chemin, et celui de notre future descendance.

    Une des choses que j’ai compris avec cette thérapeute est que je me trouvai au sein d’un système familial. D’une part, cette maladie pourrait être en partie génétique. D’autre part et surtout, son existence, son déni éventuel ont un impact sur l’ensemble des membres de la famille. Ceci est vrai pour toute famille, en dehors de la bipolarité.

    Il ne s’agissait pas de moi vers ma mère et la mère vers moi. Mais moi qui me débat dans un groupe dont je ne connais rien, qui dit peu, qui souffre en silence, qui cherche à ignorer plutôt que faire face dans bien des cas. Pour survivre.

    J’ai ainsi appris à connaître ma famille, dans leur réaction à cette maladie. Quand Cécile s’est suicidée, j’ai appelé ma mère et plusieurs de mes tantes ( j’en ai 7) pour leur dire mon soutien. Je connaissais à peine Cécile, mais je savais qu’elles avaient déjà perdu douloureusement un frère, Rémi, qui s’est suicidé également. L’une d’elles m’a dit : j’avais toujours dit qu’au troisième décès, je perdrais la tête. Décès voulait dire suicide. Et moi, comment ça, troisième ? J’ai ainsi appris le suicide de mon grand-père, mort travestie en accident de la route. Cela faisait 15 ans.

    La mort de mon oncle a été le début, ou le déclenchement d’une souffrance familiale, qui existe pour chaque membre de la famille mais qui est peu partagée. La honte, pourtant illégitime ici, et le desarroi empêchent la lucidité.

    La mort de ma tante 25ans plus tard a été mon déclencheur, le début du chemin vers plus de liberté.

    L’histoire familiale est autant un poids qu’un cadeau pour savoir qui on veut être, qu’elle vie on veut mener. La vie familiale me pousse à affirmer mes choix. Je l’ai fait pour survivre d’abord. C’est une philosophie de vie désormais.

    2. J’ai aussi appris à la rude que je ne peux aider quelqu’un qui ne veut pas être aidé.Je ne peux rendre heureuse quelqu’un à sa place.

    Je ne peux non plus m’empêcher de vivre pour qu’elle vive. cela est inutile, et délétère. Le désir de vivre ne se troque pas ; il ne peut se donner. Et surtout, annuler le mien ne lui permet pas d’en avoir plus ; alors, à quoi bon ??

    Au contraire, seulement maintenant je le comprends, mon instinct de vie peut éventuellement inspirer. Même si les demandes explicites et implicites étaient que je me terre, me cache, écrase.
    Mais elle seule peut avoir envie de vivre, et choisit comment elle vit. Malade ou pas, c’est ainsi pour chacun d’entre nous.

    3. J’ai aussi compris que je n’y pouvais rien, que j’étais impuissante et que c’était ok. Je peux vivre en étant totalement impuissante à donner à ma maman le goût de vivre. On ne vit pas pour ses enfants, ou son mari, ou son statut social. Ou sa mère. Le goût de la vie est en soi.Je peux vivre avec la mort, ou le goût de la mort autour de moi.

    4. J’ai aussi pardonné mes parents. Pour n’avoir pas agi, pas dit, pas guéri. pour avoir fait les mauvais choix. pour avoir négligé d’expliquer, d’accompagner, de soutenir. Ma maman a été tour à tour soutenue et négligée, accompagnée ou délaissée. j’ai eu l’impression que j’étais toujours délaissée, de passer toujours après.
    « Chut, Maman est pas bien ». « Maman est dans sa chambre » à une demande me concernant. Moi, je suis là, et j’ai envie de vivre, et moi je me suis habillée, et je suis allée à l’école, seule, et j’ai une question de la maitresse. « Maman dort ». et ma question ?

    5. Vivre avec la bipolarité c’est grandir dans un monde confus et déstructuré. Celui qui est là pour t’aider à comprendre le monde et tes propres émotions est absorbé par des émotions sans filtre, extrêmes et envahissantes. Son monde l’envahit, et toi avec.

    Un exemple : ma mère a raconté longtemps après un épisode où âgée de 3/4 ans, elle en vient à me gifler. Horrifiée par son geste (elle a été battue enfant), elle s’excuse auprès de moi. Quand elle me raconte la scène adulte, je m’en souviens ou plutôt un ressenti revient : je ne me souviens pas de la gifle mais je ressens à nouveau ma poitrine se serrer quand j’ai dû affronter le flot de pleurs, jérémiades, affolements, apitoiements sur elle-même qui ont suivi. Souvent, j’ai été la à la regarder se lamenter, à souffrir d’être à côté de la plaque.

    Je me souviens avoir reproduit un schéma similaire avec mon premier bébé, de 3 mois. nous étions à la montagne en hiver. il a eu des rougeurs sur le visage, j’ai cru qu’il avait un coup de soleil, par ma faute (j’ai été brulée au visage suite à une négligence de mes parents). j’ai commencé à pleurer, à me trouver malheureuse. puis j’ai vu. j’ai vu le mécanisme. j’ai arrêté de pleurer. j’ai appelé à l’aide mon compagnon, qui était à skier avec mon frère et ma belle-soeur. ils ont cherché sur internet et on a compris que c’étaient les douleurs de dents. ils sont allés à la pharmacie et on a soulagé comme on a pu notre fils de ses douleurs dentaires. et j’étais heureuse d’avoir arrêté le flot d’émotions dont il n’avait pas besoin, qui ne le concernaient en rien.

    La perception de mes premières années au contact de ma mère est ainsi : confuse, une tristesse sourde et oppressante, des éclats qui jaillissent d’on ne sait où. Ma tante parlait de « la pluie » qui tombe brutalement. c’est ce changement à la fois imperceptible à anticiper et brutal d’humeur. et les reproches, insultes qui te tombent dessus. puis l’absence ; on sait qu’elle est dans sa chambre, on sent bien qu’on n’a pas le droit d’y aller. qu’il ne faut rien demander. alors, je patiente, j’attends. je m’ennuie. je m’habitue à cela. à réfréner mon envie de vivre, à etre excessivement passive, à ronger mon frein.

    J’ai subi ses retards, ses absences. Je suis allée seule à l’école, revenue seule, joue seule, seule.

    6. La difficulté est aussi de grandir et se demander à quel point elle veut pas ou elle peut pas vivre sa vie

    Combien de fois je me suis posé cette question : elle peut pas ou elle veut pas sortir de sa chambre et s’habiller pour déjeuner en famille ? Elle veut ou elle peut pas chercher mes résultats du bac ? elle peut pas ou elle veut pas m’emmener à l’école, en étant à l’heure ?

    La question posée ainsi est sans issue.

    Il faut prendre les données : elle ne se lève pas. Elle ne s’habille pas. Elle vit cette vie là, pas une autre qui me parait plus sympa.

    Elle refuse le diagnostic de bipolarité. Elle ne se soigne pas, pas vraiment. Elle veut rester là, à cet endroit. C’est sa vie.Elle en fait sa vie.

    Ma mère est cette mère là. Elle m’a mis au monde. Je l’ai choisie pour mère. J’ai grandi avec elle, et sa maladie. Je suis vivante, et forte. Je choisis précisément les termes de ma vie aussi grâce à elle.

    Chapitre 2 : vivre

    Emotions
    La bipolarité m’a confronté de façon inadaptée aux émotions. J’ai eu tendance à les repousser, de par ma personnalité certainement, de ce contexte aussi. Reconnaitre et vivre avec ses émotions est un des apprentissages les plus fondamentaux qui soient. Chez moi, il a d’abord fallu survivre en repoussant mes émotions en même temps que celles de ma mère. Puis j’ai accepté de ne plus jeter tout en même temps, de trier ce qui m’appartient et d’en faire le meilleur

    D’en faire la ressource merveilleuse que sont mes émotions, mes perceptions, ma vie.

    Douce ou passionnée ?
    Le deuxième challenge est l’équilibre entre mesure et passion. J’ai une peur bleue de la passion qui t’emporte et te dévore, de ne plus gérer mon temps, de ne plus être maitre. Je suis mesurée et pondérée. sauf quand j’ai des éclats de colère ou que j’aime rouler trop vite et ne pas m’arrêter au stop. quand j’aime être hors normes. tout sauf conventionnelle. Libre. alors, laquelle est la vraie ?
    J’ai beaucoup de mal à savoir ce que je veux, qui je suis et à l’affirmer. Dire ce que je veux me met au supplice. On me considère intelligente, donc les autres comprennent rarement que je ne sache pas. que je ne parle pas. on me dit que je suis transparente, on ne me voit pas, et ca me fait hurler parce que j’ai appris à faire ca, mais ce n’est pas moi. et aujourd’hui, j’ai du mal à me débarasser de ces habitudes. je doute, je me demande si vraiment je peux, je dois.

    Transmettre
    Rapidement, le diagnostic de bipolarité a été écarté pour moi, et mon frère également. j’ai guetté les signes, j’ai supplié le Ciel. puis je me suis demandée si mes enfants seraient concernés. je me rassure en me disant que je saurai voir les signes, mettre des mots et les accompagner pour qu’ils soient bien soignés.
    Plus délicate était la transmission du poids de l’histoire familiale, de protéger mes enfants d’une relation complexe comme je m’en protège moi-même. Je mets des mots adaptés à l’age de mes enfants et je leur raconterai progressivement mon histoire familiale. si ma mère se suicide, ce sera dit.

    Alors que nous souhaitions un deuxième enfant et que plusieurs grossesses ne sont pas allées à leur terme, Muryel, qui m’accompagne, m’a dit : cet enfant va venir, il patiente ; mais il ne veut pas venir pour régler l’histoire familiale. Il patiente.
    De fait, ce désir de deuxième enfant a été un chemin intense de transformation de moi-même.
    Je pense avoir posé quelques dernière pierres d’un édifice visant à ne pas léguer ce qui n’avait pas à l’être à mes enfants. j’ai voulu arrêter une transmission malsaine. j’ai trié : mes enfants connaitront leur histoire, sans subir le poids de paquets non déchiffrés.

    Au final, ce texte est aussi une question de transmission. Si mes enfants peuvent bénéficier de mon chemin, de mes recherches, de mes actions, d’autres personnes peuvent aussi apprendre de mon histoire et mieux vivre. c’est mon désir ardent. pour moi et chacun d’entre nous : vivre pleinement

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