LA BETE
Enfant j’avais peur du noir,
De la bête dans l’armoire.
Maman allumait la lumière
Je prenais une grande bouffée d’air,
Enfin la terreur disparaissait,
Je pouvais dormir comme un bebe.
Mais que faire une fois grand,
Sans l’aide de mes parents,
Quand aujourd’hui la bête
Se cache au fond de ma tête ?
Elle empoisonne mon cœur,
Et dans mon esprit ramène la peur.
Dans mon etre elle sévit
Et le noir s’installe petit à petit.
Choisissant tout pour moi,
De la tristesse a la joie,
Sans possibilité de m’opposer,
Je la laisse donc s’imposer.
Je dois accepter mon sort
La seule issue étant la mort.
La bête s’absente parfois
Et arrivent ainsi l’euphorie et la joie.
Mais le bonheur tant désiré
Me pousse à tout oublier.
Il fait disparaitre toute limite
Je n’ai plus qu’une envie : prendre la fuite
Et c’est des projets pleins la tête
Que j’oublie tout mon mal etre.
Les barrières sautent enfin
Laissant libre court à mon entrain.
Multipliant rencontre alcool et cigarette
Il n’y a plus rien qui m’arrête.
C’est alors que l’instabilite prend place
Pleine d’énergie qui me dépasse
Je ne ressens plus l’envie de dormir
Ou bien même celle de me nourrir.
Mais toute bonne chose a une fin
Et ici c’est quand la bête revient.
Vous croyez que je suis folle ?
La bête trouve ça plutôt drôle.
Car quand elle décide d’apparaitre
Elle prend possession de tout mon etre.
La vie perd alors tout son sens,
Et vers les ténèbres penche la balance.
En ces jours si sombres
Dansent dans mes yeux les ombres
De mes grandes joies passées
Malheureusement si vite oubliées.
L’impulsivité prend alors place
Cherchant une solution pour faire face
A toutes ces horreurs enfouies
Qui font fuir mon bonheur tant chéri.
Comment lutter contre cette chose
Qui ne me laisse ni répits ni pause ?
Comment effacer la source de mes tracas
Alors qu’elle se cache la
Bien au fond de ma tête
Et qu’on l’appelle la bête.
A l’intérieur les vents se déchainent
Libérant ainsi toute ma peine
Elle fond rapidement sur moi
Tel un rapace sur sa proie.
Perdue en terre obscure
Je n’ai vraiment pas fière allure.
En effet pourquoi faire des efforts
Quand notre seule pensée est la mort.
Puis contre tant de tristesse
Je veux simplement qu’on me laisse.
Je n’ai plus la force de me battre
Dans un combat si vainc et disparate.
Je commence à perdre mon souffle
Alors que ce désespoir me bouffe.
Finalement je baisse les bras,
Noyant mon chagrin dans la vodka,
Je vais pouvoir me reposer enfin
Car je ne veux pas qu’arrive demain.
Je lui laisse le contrôle sur moi
Elle ne se le fais pas dire deux fois.
Alors la bête décide de mon sort
Et me fait tendre les bras à la mort.
Le lendemain je me réveille
Mais tout est exactement pareil
La bête m’a laissé un petit sursis
Adorant jouer ainsi avec ma vie
Demain est finalement arrivé
Et maintenant que le soleil est levé
Je dois réapprendre à vivre
Ou plus exactement à survivre.
Le cycle se répète à l’infini
Ou du moins jusqu’au bout de ma vie
Enchainant période enivrée
Puis périodes désespérées.
Je suis soumise à la bête
Rien y fait elle restera dans ma tête.
Merci Audrey pour ce superbe poème qui retrace si bien nos chemins....
Merci pour ce retour, j'avais besoin de mettre des mots sur un mal qui peut s'avérer indescriptible! Ca me touche d'autant plus si les gens peuvent s'y identifier, ça rompt le sentiment de solitude qui est accentué par ce problème..
C'est effectivement un bon texte qui réussit a faire passer ce qu'on peut ressentir quand on est face à cette maladie. Merci 🙂
Bonjour Audrey ,
C'est un joli poème bien pensé et bien écrit ,d'une exactitude remarquable.
Je me retrouve tout à fait dans chacune de ces lignes , la bête est vraiment "le mot juste" pour nommer cette maladie qui nous ronge.
Bonne journée à tous
Que dire... tu retrace terriblement bien ce qu'ai ce fléau, tu as un certain don pour l'écriture, profite de cet exutoire, libère dont tout tes déboires.
Au plaisir de te relire.
Bonjour Audrey
Vous m'avez fait pleurer car dans ce texte c'est ma fille que j'ai retrouvé, cette peur du noir depuis petite et cette envie de mourir quand elle n'a plus d'issus a ce mal profond qui grignote sa vie petit à petit. Il vous faut tenir tête a cette vilaine bête !!!!
Martine