Voilà. 2eme jours d'une belle, enthousiasmante hypomanie.
Je me sens heureux. J'aime les gens. J'ai des projets. Suis speed. Envie de boire. je me sens en phase avec le monde. Exalté. Le cœur amoureux de tout.
Bien sur j'aimerais rester à jamais comme ça...Mais je sais aussi que tout ce qui monte retombe...
Ps : ah oui j'ai envie de danser des claquettes sur de la musique country.
Quelqu'un a t il des conseils afin que je gère ça au mieux?
J'ai peu d'expérience dans le domaine moi mon truc ce sont les dépressions, les mixtes.
merci à vous.
ben, de mon expérience perso, sortant d'une hypomanie de plusieurs mois, je dirais, mais ça n'engage que moi :
- si tu es sous AD, vaut mieux voir avec ton psychiatre pour arrêter l'AD, sinon ça va continuer à grimper. (hé heu de toutes façons, appelle ton psychiatre, pour lui signaler ton état...)
- pas d'alcool (enfin, peut-être que par boire, tu veux dire, avoir soif, très soif, j'ai eu ça aussi,ben bois de l'eau, te prive pas, ça fait un peu moins pisser que la bière, lol)
- enfin, trouver des activités qui vont te "ralentir", te calmer, exemples non exhaustifs : écouter des musiques calmes, relaxantes, sortir dans la nature (marcher, toucher les arbres...), enfin trouver des trucs qui te ralentissent et te correspondent
D'un autre côté, cela ne fait que 2 jours, que ça dure, il n'y a pas péril en la demeure non plus, tant que tu montes pas trop haut, longtemps.
Puis, je dirais aussi, profites et fais toi plaisir aussi. Qu'est-ce que ça peut bien faire,si tu te mets de la musique country chez toi et que tu t'improvises danseur de claquettes... Essaie juste de te limiter, et de te faire une activité calme après pour compenser, "ralentir".
Pendant ma phase hypomaniaque, je me suis acheté une guitare électrique, une batterie. Ouais OK, je me suis épuisée, ça m'a coûté un peu beaucoup des sous, mais d'un autre côté, depuis le temps que j'en rêvais... je regrette pas, sauf de pas pouvoir en jouer actuellement, parce-que me voilà partie en dépression sévère...
Salut Iris,
Merci de ta réponse. Je n'ai pas profité bien longtemps, ma veille copine dépression est revenue au galop. Maintenant ça va mieux.
En général, j'ai des cycles courts pris en sandwich entre de longues dépressions. Un jour viendra ou je serai stabilisé.
Je commence un nouveau traitement...Je croise les doigts.
Ami Johnny-le-chien ... bonsoir !
Salut Iris !
On se retrouve par ici... Les cycles courts, c'est infernal. Solidarité ! Je comprends ta crainte au sujet de l'hypomanie. Et en fait... non!
C'est marrant, j'avais cette discussion il n'y a pas plus d'une heure avec mon conjoint : "Pourquoi les psychiatres disent-ils que j'ai des phases hypomanes, je ne m'en trouve pas?" Pour moi, j'ai juste des phases dépressives, des remontées, des plateaux et des rechutes. Des fois, je suis passionnée par ce que je fais, j'ai aussi envie de croquer la vie, de faire le tour du monde et ça devient pathologique? Vivre pleinement devient une pathologie. Chez les personnes ayant la santé et la pêche, qui respirent la joie de vivre, déploient une énergie à déplacer des montagnes, on parle de personnalité ou de trait de caractère, non, alors ? Comment faire la différence? Suis-je dans le déni?
Ça me file des angoisses inutiles de penser à tout ça, je me mets la pression pour réprimer ce que j'ai envie d'être, de peur d'être un peu trop high. Je n'ai pas envie de tout psychiatriser en ce qui me concerne. En 2015, quand j'ai été hospitalisée trois mois en clinique, j'ai demandé à pouvoir apporter mon matériel à bijoux pour en fabriquer dans ma chambre. Des patientes se sont jointes à moi, on a improvisé de petits ateliers, c'était sympa. Ça me faisait du bien, je remontais un peu la pente. Et puis, j'ai aussi eu l'autorisation d'utiliser mon appareil photo pour faire des autoportraits au jour le jour, documenter mes humeurs et le confinement mental/spatial. Cette thérapie m'aidait aussi. Mon psychiatre lors d'un entretien où j'étais particulièrement souriante et entreprenante m'a dit que j'étais dans une phase hypomane. J'ai été angoissée à mort tous les jours qui ont suivi en me disant "Ouh la la, où est la limite, il ne faut pas que je monte trop haut." Je me suis culpabilisée d'être heureuse, je me suis empêchée de vivre, j'en pleurais.
Ça m'est égal comment ça s'appelle cet état où je me sens bien. Et même si c'est un peu trop haut que la moyenne du DSM. Quelle moyenne ? L'année dernière, j'ai écrit un livre de 90 pages en quatre mois en dormant quatre à cinq heures par nuit. J'étais parfaitement cohérente dans mon discours, ancrée, motivée, voilà. Et même si j'étais exaltée par mon projet littéraire ? Ça restait dans des proportions acceptables. J'avais bien sûr cette angoisse que l'apogée annonce le déclin. J'ai profité de chaque instant. À cette époque de grande créativité, on m'a fait la remarque qu'on ne m'avait pas vue aussi épanouie depuis longtemps. Mon psychiatre n'a pas particulièrement parlé d'hypomanie. Il n'y a pas eu de trop gros déclin, et de toutes façon il n'y a plus aucune logique dans mes cycles plutôt rapides, mais qui tendent quand même à s'espacer. C'est la grande instabilité thymique depuis 2015, aucun médicament ne fonctionne réellement. J'en arrive à me demander si je suis vraiment bipolaire type 2 et pas unipolaire. Est-ce que j'ai vraiment des phases hypomanes? Où est la "norme"? Et, au fait, excusez mon ignorance, c'est quoi les états mixtes? J'évite d'approfondir trop tous ces concepts.
Ue piste peut-être pour cette histoire d'AD. J'ai été suivie une fois par an depuis 2016 par un docteur du Service des pathologies résistantes à Sainte-Anne, en consultation externe. En 2018, quand il m'a vu arriver dans un état de décomposition avancée, il s'est écrié terrifié "Mais ça ne va pas du tout! Est-ce que vous pouvez revenir pour une hospitalisation?". Je suis revenue depuis la Réunion un mois plus tard pour une observation de 15 jours. L'équipe médicale a viré la Fluoxétine (idem pour tout autre AD) connue pour provoquer des virages maniaques (même si je n'ai pas de manies), mais plus intéressant, pour favoriser, selon eux, les cycles rapides. À la place ils ont introduit un.... roulement de tambours... un très léger anti-parkinsonien, le Sifrol, qui agirait plus ou moins de la même façon. Il me semble que le Sifrol diffuse plutôt de la Dopamine. Je pense que dans l'ensemble, ça m'aide, mais comment en être sûre ? L'équilibre est tellement multifactoriel, n'est-ce pas? Ces deux derniers jours, c'était par exemple la misère, il n'y a pas de règle chez moi, c'est désolant. Par ailleurs, mon traitement est plutôt lourd, je prends aussi du Lithium que j'ai envie d'arrêter et du Lamictal.
Autre piste intéressante. Ils m'ont fait une prise de sang pour vérifier ma vitamine B9, celle qui contribue à la production et à la synthèse de la sérotonine. Résultat : j'étais carencée. Plus intéressant encore, cette vitamine, lorsqu'elle est déficitaire dans l'organisme peut être soit transitoire et contextuelle, soit d'origine génétique. Résultat : mutation génétique et donc supplémentation à vie avec vitamine B 12 puisque ces deux vitamines marchent par paire.
Ces pistes sont toutes nouvelles il me semble et les psychiatres de ville ont dû mal à l'intégrer. À la Réunion, mes docteurs ne savent pas gérer le Sifrol et je dois tout le temps me battre pour leur expliquer la posologie. Ce médicament ne figure pas encore dans l'AMM pour la bipolarité.
Enfin, voilà, partage d'expérience.
J'ai encore écrit des lignes et des lignes, bon, je crois que tout le monde s'y fait progressivement. Il est toujours possible de zapper. Et, non, la fluidité de la plume ou du clavier n'a jamais relevé de l'hypomanie chez moi. Quand je suis tout en bas, c'est vrai, je n'ai plus rien à dire. Bouh!
En définitive, Johnny le Chien... "Enjoy the ride" (Morcheeba) quand la vague repasse...
Bien à toi...
À bientôt Iris
Nayani
- Quelles sont vos musiques calmes? J'en ai plusieurs, dont la musique classique, mais surtout les mantras tibétains (un mantra est une formule répétée qui contient une vibration sonore censée agir sur le corps et l'esprit) :
https://www.youtube.com/watch?v=slTlIKCxu_U
https://www.youtube.com/watch?v=kvBcwCgB22g
https://www.youtube.com/watch?v=Ukr6ohaShM0
❤️
Nayani,
Soit longue! C'est un plaisir de te lire. Merci pour ce partage d’expériences. Je ne connaissais pas ce médicament anti-parkisonien. En revanche mon psychiatre me prescrit fréquemment des cures de vitamines b (lederfoline).
En ce moment j'esquisse un début de frémissement en faveur d'une alimentation plus saine, sans sucre, sans alcool (ça va être dur!) sans café. Il faudrait que je me remette au sport. J'ai été un « grand » sportif. La boxe et la poésie ont été un exutoire pendant longtemps. J'ai été une sorte d'Artur Cravan raté. Sans la superbe. Un dandy maudit version redneck fragile. Bref là n'est pas le sujet.
C'est très intéressant ta façon de voir les hypomanies. Dans l'ensemble ce que tu dis me parle. J'ai pourtant un soucis avec mes phases hypomaniaques bien qu'elles soient bien moins nombreuses que par le passé. Lorsque je suis en phase hypomaniaque J'ai un coté puéril voir enfantin qui déplaît grandement à ma compagne et du coup à moi aussi. Bah oui je suis un homme et je suis censé être viril en toutes circonstances, yep ma p'tite dame. Un gars qui saute partout et fait des blagues sans arrêt ne respire pas vraiment la virilité. Je schématise un peu mais globalement c'est ça. Je suis en même temps excité et en même temps diminué par ma propre castration.
La dernière grosse hypomanie que j'ai connue c'était il y a 3 ans. J'ai longtemps travaillé dans le cinéma. Je me suis donc frénétiquement remis à écrire un scénario. Et comme je n'avais besoin de personne et envie de personne. Je me suis dis que j'allais le réaliser le produire et jouer dedans. j'ai eu tellement de déboires, de désillusions avec les maisons de productions à l'époque que ça me semblait judicieux. J'ai donc acheté un canon 70d à 1300 balles + les accessoires et là... roulements de tambours …dépression. 2000 Balles foutues en l'air. Le tout est resté dans mon placard, j'ai tout revendu avant noël pour 600 euros. Tous mes projets hypomaniaques tombent à l'eau, tous sans exception. Soit à cause d'un auto sabotage, des angoisses soit à cause de la dépression.
Les mixtes peuvent avoir de nombreuses formes, pour moi c'est dépression sévère plus hyperactivité corporelle. Intenable!!!
à bientôt.
C'est peut être sombre mais ça me fait vibrer aussi 😉
