bipolaire hypersens...
 
Notifications
Retirer tout

bipolaire hypersensible

1 Posts
1 Utilisateurs
2 Likes
972 Vu
Frimousse
(@frimoussechat)
New Member
Inscription: Il y a 6 ans
Posts: 1
Début du sujet  

Bonjour,

je suis diagnostiqué bipolaire depuis 2003, date où j'ai fait ma première psychose.. J'ai eu 5 épisodes dans ma vie, notamment en 2003,2007,2008,2014 et 2016. A un moment donné, je ne passais pas un seul jour sans penser à mes crises, mais aujourd'hui, je touche du bois, car j'ai trouvé un dosage avec du Zyprexa 5mg quotidien que je supporte bien et j'avance favorablement avec ma psychothérapie. J'ai déjà vécu plusieurs années au Canada notamment et au Mexique, et comme je suis originaire de France, je pense que l'éloignement de mon pays et famille m'a permis de me construire de façon indépendante, mais que cela s'est fait dans la souffrance du fait de l'éloignement. Je pense être stabilisé, bien que seul l'avenir me le dira, mais dorénavant ma priorité dans ma vie est ma thérapie et ma famille, avant le travail. Je suis encore en recherche d'un travail qui m'apporte suffisamment de satisfaction, sans subir de trop grosses pressions, car je ne peux pas supporter beaucoup de pression au travail, et pour cela j'ai dû baisser mes ambitions laborales. Ce qui est le plus difficile dans les différentes crises que j'ai subies, c'est surtout pour les proches, car ils me voient dans un état délirant, bien que pour moi vu de l'intérieur, les situations vécues se comprennent depuis mon intérieur. J'ai mis du temps à analyser pourquoi j'ai eu certaines pensées lors de ces délires, et je pense que j'oublie peu à peu les détails de ces crises lorsque la matière à analyser ne sert progressivement plus à rien. J'y trouve encore cependant des éléments à analyser en thérapie, et je m'efforce de ne pas trop y penser au quotidien, et de ne rouvrir cette parenthèse que lors de mes séances de thérapie, afin de ne pas ruminer mes pensées. Dans mon cas, mes crises ont été exacerbées par le fait que je confondais littéralement mes rêves avec ma réalité, et je construisais un présent bâti autour de pensées angoissantes. J'ai vécu des situations où je me croyais en danger de mort imminente, le point d'interrogation pour moi étant que je ne sais toujours pas à quoi cela me prépare, si ce n'est à ma propre mort. C'est ainsi que je vois cela, car le plus difficile à résoudre lorsqu'on a des pensées délirantes, c'est de comprendre pourquoi elles se sont agencées de cette façon là. Par exemple, j'ai vécu lors d'une crise, une situation où j'avais un chef toxique au travail, et j'ai fait un cauchemar qui impliquait ce chef qui me mettait au supplice dans mon cauchemar. Cela a contribué à me faire perdre pied et quitter l'emploi que j'avais à ce moment là, l'entreprise étant bien contente de toute façon de se débarrasser d'un employé révélé bipolaire. Ce qui est difficile, lors de ces différentes crises, c'est bien le regard de l'autre qui change et l'étiquette que l'on nous met. Je pense que les gens ont peur car ils ne comprennent pas la "folie" et ont peur d'un effet de "contagion", ils ne veulent surtout pas rentrer dans le délire de la personne, surtout qu'en discutant avec la personne délirante, ce qui peut effrayer est qu'il y a une cohérence dans le délire. Je pense que chaque crise ou délire est un exutoire, et personnellement j'ai vécu lors de ces crises les pires moments de ma vie, mais également les meilleurs moments lors de phases maniaques. Aussi, je suis content d'avoir vécu cela car j'ai connu l'exaltation, bien que le prix à payer soit très élevé de par la rechute. J'ai pris une fois dans mon vie des champingons hallucinogènes en Hollande, et ce que j'ai ressenti après les avoir ingérés est très similaire à un épisode maniaque. J'ai ressenti une phase maniaque intense avec un effet de bien être incroyable, je rigolais pour tout et je me tordais les boyaux de rire, mais ensuite la chute a été rude, avec des hallucinations qui m'ont empêché de fonctionner au travail pendant une semaine. En tout cas, du haut de mon expérience des crises que j'ai eues, je déconseille fortement le LSD aux personnes bipolaires, mais je tiens à dire que lorsqu'on fait une crise maniaque, c'est comme si l'on prenait du LSD. Je ne souhaite plus expérimenter cela à l'avenir, je n'ai pas un comportement qui m'incite à prendre des risques, j'ai bien compris que le LSD, une fois cela m'a suffit. J'étais consommateur de cannabis et j'ai aussi complètement arrêté cela à cause de ma maladie, les risques n'en valant pas le coup (bien que je n'ai jamais fait de psychose à cause du cannabis, mais je ne veux pas tenter le diable).

Tout ça pour dire qu'en ce qui me concerne, je en vois plus comme une honte d'avoir fait des psychoses, mais comme des événements qui m'ont permis de faire une mûe, comme si cela m'avait fait grandir par accoups. Chacun fait son chemin, j'ai eu besoin d'être hospitalisé lors de 5 épisodes, mais j'ai bien l'intention de ne plus retourner à l'hôpital, c'est pourquoi la thérapie est essentielle en conjonction avec les médicaments. Je ne sais pas si un jour je pourrai fonctionner sans médicament, car cela me rappelle au quotidien ma maladie, mais c'est peut être un mal pour un bien. En tout cas, je voulais mettre dans le titre "hypersensible" car je ne crois pas qu'on aie tort de faire une crise, il faut laisser les gens s'exprimer, sauf si bien entendu ils deviennent un danger pour eux même ou pour les autres. Dans les délires les plus sophistiqués, il y a une logique, et il est important de remonter à la source du délire, d'être le plus ouvert possible et à l'écoute de l'histoire aussi farfelue soit elle, afin de confronter le patient face à ses incohérences. Je dis cela, car lors d'un épisode maniaque que j'ai fait lorsque j'étais à Paris, j'étais envahi de pensées angoissantes lorsque je marchais dans la rue pour aller à la gare prendre un train, que je n'ai jamais réussi à prendre, car à quelques centaines de mètres de la gare, je me suis senti très mal, épuisé par mes pensées j'ai commencé à m'évanouir. On m'a alors installé à la terrasse d'un café, en m'épongeant la tête avec un torchon mouillé et froid, car il faisait un temps caniculaire dehors. La personne du café a alors appelé les pompiers, qui m'ont fait me lever afin d'aller dans le camion des pompiers, mais les pompiers ne comprenaient pas comment un jeune homme apparemment en santé pouvait avoir du mal à répondre à des stimuli simples. Je me souviens qu'ils me pinçaient le doigt pour me faire réagir, mais comme ils ne sont pas habitués à traiter avec une personne en pleine psychose, ils cachaient leur incompréhension par des moqueries, somme toutes pas méchantes, car je ne réagissais pas, trop absorbé dans mon angoisse pour répondre. On m'a finalement amené aux urgences à l'hôtel dieu, où le personnel médical qui m'a vu, a pensé que je faisais semblant, que j'étais comme un acteur. Ils m'ont alors laissé au milieu de patients, en observation, sans attention particulière. J'y suis resté une bonne partie de la soirée et le début de la nuit, mais ensuite je me sentais oppressé par l'univers glauque des urgences alors j'ai quitté l'hôpital et je suis retourné en pleine nuit à mon appartement parisien qui n'était pas très loin de là, mais sans me rendre compte de ce que je faisais. Lorsque j'ai "reconnecté", je me suis retrouvé devant l'interphone de mon appartement, j'ai alors un peu repris mes esprits, entré mon digicode et entré dans mon immeuble. Par la suite, pour faire court, des amis ont vu mon état et ont appelé un médecin généraliste, qui m'a envoyé à Sainte Anne où l'on a pris soin de moi. Je n'étais pas conscient de ce qui ne tournait pas rond lorsque j'ai fait cette psychose, et c'est pourquoi je n'osais pas verbaliser ce que je ressentais car cela me paraissait trop absurde et angoissant. J'étais enfermé dans mon propre délire, catartique, sans être capable de répondre aux questions que l'on me posait. Je pense que si cela devait se reproduire aujourd'hui, le premier réflexe serait de demander de parler à ma femme ou ma thérapeute, afin de me faire confronter à l'incohérence de mon délire. Lorsqu'il arrive un épisode psychotique, je pense qu'il est toujours préférable de parler, même si cela paraît absurde, car l'on peut être amener à se confronter à notre propre réalité. De plus, parler de ses angoisses a un effet cathartique, on transfère ses angoisses à l'autre personne qui doit encaisser le choc, mais si l'on est tombé aussi bas, il faut que la personne en face soit solide. Je suis désolé si le fil de mes pensées est un peu décousu, mais pour faire simple, je pense que le monde est anxiogène pour un bipolaire et que nous ressentons les événements de façon plus intense et plus sensible que la majorité des gens, et c'est ce qui nous dévore et peut mener à une psychose. L'addiction moderne à toujours vouloir être informé des nouvelles est un sujet particulièrement sensible chez les bipolaires et en tant que bipolaire, je dois sans cesse devoir trouver les bon ajustement entre ma curiosité du monde et la limitation que je dois m'imposer pour ne pas "plonger" dans des nouvelles angoissantes.


   
Régis and seb reacted
Citation
Annonce
Annonce
Annonce