Bonjour à tous et merci pour tous les messages que j’ai pu lire sur cet espace de discutions et qui me permettent de mieux répondre à de nombreuses questions que je me posais.
Je vis depuis plus de 10 ans avec la femme de ma vie diagnostiquée bipolaire. Dès le départ de notre relation, elle m'a fait part de sa maladie, elle était alors sous traitement. Notre relation était super (malgré des hauts et des bas, des changements d'humeur...) et au bout de 7 ans de vie commune (sous le signe du bonheur...) nous avons même (avec une petite pression de sa part) décidé de nous marier. Se sentant de mieux en mieux, ma chérie a décider d'arrêter d'elle même son traitement. Elle s'est alors à mes yeux et aux yeux de ses proches plus "épanouie" (j'entends par là qu'elle avait moins peur de extérieur, abordé plus facilement les "autres").
C'est l’amour de ma vie, ma meilleure amie, ma meilleure amante, elle est intelligente, elle est belle -> je suis toujours un couillon amoureux comme aux premiers jours.
Les 3 ans qui ont suivi notre mariage ont aussi été, à mes yeux (aux siens aussi je l'espère) formidables malgré des hauts et des bas des deux cotés. En effet, je ne suis pas un saint, j'ai aussi un caractère assez marqué , de nombreux défauts de comportements. Mais nous avons toujours réussis à rester soudé et amoureux.
Au mois de novembre dernier, j'ai été consulté un médecin car je me sentais pas très bien (je vais très rarement chez les médecins). Lors de la prise de tension : résultat 20/14... Prise de sang le lendemain : Transaminase, Gamma GT, Ferritines trop trop trop élevé). Bilan : J'ai de sérieux problèmes au foie donc échographie, IRM et surtout un diagnostic médecin vraiment pas encourageant (Cirrhose, cancer, Nash .et tout et n'importe quoi..).
J'ai pris peur et me voyais dans un très sale état (pensées morbides surtout).
Le corps médical avant de poser un nom sur ma maladie, m'a très vivement encouragé à faire un régime et surtout d’arrêter alcool. Avec mon épouse, nous avions l'habitude de boire assez souvent du vin (tous les soirs 3 ou 4 verres et le week-end un peu plus).
Nous avons donc décider d’arrêter de boire et de faire attention à notre alimentation (pour moi, un régime drastique; pour elle qui a voulu me suivre changement de nourriture) de refaire ensemble du sport... Et je la remercie des efforts fournis.
A la même période, mon amour à changer de travail. C'était sa volonté. Les grèves de décembre et janvier, des soucis avec ma fille de 14 ans (d'un premier mariage (sa belle fille) et le temps maussade ont aussi bouleversé sa/nos vies.
Depuis 15 jours, je sais que j'ai une hémochromatose (trop de fer dans le foie) pas top mais pas si grave que d'autres maladies du foie.
Mais cette période de plus de trois mois à laisser des traces sur nous et dans notre couple.
Bilan, actuellement ma chérie est en crise d'une violence que je n'avais pas encore connu : Elle me reproche tout, revient sur des épisodes vieux de plus de 6 ans, me violente, m'insulte, me pourchasse : Je suis le mal; si elle est dans cet état c'est de ma faute; je suis le tyran...). Elle se remet à boire de l'alcool. Nous nous parlons quasiment plus depuis 10 jours, elle est partie se ressourcer chez sa mère ce week-end..
De mon coté, après avoir perdu près de vingt kilos, arrêter l’alcool, m'être vu avec une maladie mortelle, et subissant sa violence, j'ai été voir un psy qui vient de me diagnostiquer une dépression profonde (et là en vous écrivant je continue de pleurer).
Je ne sais qu'une chose, c'est qu'elle reste l'amour de ma vie et je pense que c'est aussi réciproque. Je veux rester avec elle, je ne veux pas abandonner, je veux l’accompagner car le week-end dernier elle a aussi repris contact avec son ancien psychiatre et a rendez-vous dans dix jours avec lui. Malgré ma dépression mon but et que l'on retrouve le bonheur ensemble.
Mais je suis tellement las, le LEXOMIL ne m’aide pas non plus.
Je suis dans l'attente de tout conseil pour pouvoir au mieux renouer notre relation que je sais encore viable.
Merci d'avoir pris le temps de me lire.
Beaucoup d'entre-vous me semble formidable.
Eric
Très beau récit Siric ... et très belle déclaration d'amour. Tu n'as cependant pas à t'affoler je pense. En somme tout se mettait en ordre jusqu'à faire du sport, respecter une bonne alimentation sans alcool, perdre du poids ... et patatras. D'un côté, ton amour est partie en live, en hypomanie voire manie. Et elle va revoir son psychiatre. C'est bien la preuve de sa prise de conscience. Ca paiera forcément. Les maîtres mot est calme et patience. Mais la vision que j'ai ... c'est qu'au moment où ta chérie est tombée à l'eau, t'as plongé avec. De là où vous êtes, vous ne pouvez vous aider mutuellement. Un bipolaire est débordé en crise, comment veux-tu qu'elle puisse t'aider? Elle a bien assez à faire avec elle pour tenter de se préserver. Et toi, je pense que tu es proche de l’échelle de bain pour émerger. Tu étais sur la bonne voie. Ne replonge surtout pas ...reprends ce fil, et tu seras le maître nageur salvateur.
Merci Minimax pour ton message réconfortant. 👍
Je pense aussi que pour moi, l'échelle de bain n'est pas éloigné (je suis entouré, je suis maintenant suivi et médicamenté, cette période m'a permis de me rapprocher de certains proches et collègues... et aussi de faire un petit travail sur moi et mon comportement).
Mais ma plus grande préoccupation maintenant n'est pas moi mais ma chérie. Voir mon épouse dans un tel état avec, en plus, seulement moi comme catalyseur de son mal être, me ronge. Je veux lui montrer que je suis là, près à mieux appréhender sa maladie (que j'avais souvent tendance à oublier tellement nous vivions presque "normalement"). Je viens brusquement de me rendre compte de sa maladie car je la savais malade mais que je le la voyais pas malade.
Je sais que le temps, ma nouvelle prise de conscience, et son futur suivi/traitement peuvent améliorer les choses.
Mais là, je me sens si dépourvu, si mal, sans réponse.
C'est si difficile d'essayer de lui dire que je suis présent, faire le maximum de choses pour qu'elle se sente mieux dès maintenant... et ne pas savoir si ces marques d'attention lui parviennent.
Donc dans cette période t'attente tous conseils me permettant d'attendre une évolution me sembleront bienvenus.
Dois-je continuer, comme tout les jours, à lui dire que je l'aime que je suis la pour l'aider ? Dois-je moins ou ne plus lui parler ? Jouer l'indifférence ?....
Encore une fois, merci de m'avoir lu.
Eric
Bonjour,
Bien sûr que vous devez continuer à dire à votre épouse que vous l'aimez. Elle a besoin de l'entendre. Mais ne la harcelez pas de messages, de questions. Laissez la venir à vous. Si elle vous s'en prend à vous, ne lui répondez pas, quittez la pièce. Vous aurez bien le temps d'en reparler quand les esprits se seront apaisés.
Je me doute que ça doit être compliqué, dans votre état, de la soutenir comme vous le voudriez. Mais elle, de son côté, malgré son comportement instable, doit aussi s'en vouloir, consciemment ou pas, de ne pas pouvoir faire plus pour vous.
La première chose à faire, c'est de vous occuper de vous. Vous devez aller bien pour pouvoir la tirer vers le haut et l'accompagner dans ses démarches de soins. Il ne faut pas que vous laissiez son mal-être aggraver votre propre dépression. Vous devez prendre du recul, quitte à faire des activités sans elle pour vous oxygéner et la retrouver avec un peu de bonne humeur à lui transmettre.
Bon courage à vous deux.
Bonjour Nathalie,
Je vous remercie beaucoup t'avoir pris le temps de me lire et de me répondre. Vos conseils et vos écrits m'ont souvent paru pertinent.
Mon épouse est rentrée chez nous en fin d'après-midi. Et nous avons pu longuement ,très longuement échangé (avec des scènes difficiles mais tout à fait gérables). Ces critiques n'étaient pas toujours illogiques et démesurés mais après réflexion étaient souvent injustes car au niveau finance, projets, éducation, c'est moi qui est tout porté depuis toutes ces années.
Un exemple parmi d'autres concerne : les vacances que nous n'avons jamais passé en France d'après elle, alors que nous sommes allés en Normandie, en Bretagne, En Alsace, Dans les Cevennes, Ile d'Oléron, de Ré, La Rochelle… sans parler des vacances à l'étranger. Même si c'est vrai que j'ai pu dire que telle destination ne me semblait pas idéale j'ai toujours privilégié le dialogue et le compromis….
Son week-end en famille a lui été violent. Elle a "mis le feu" d'après ces dires aux relations avec sa mère et sa sœur.
Maintenant, elle veut prendre du recul quitter notre appartement (je le comprend ; elle ne va pas bien et je ne vais pas bien) elle veut que se soit elle qui le quitte, pas moi. Mais avec cette période de confinement, alors que son nouveau travail était un élément moteur pour elle, elle a du mal à trouver un lieu de replis et reste à l'appartement. Moi, j'ai la "chance" de pouvoir travailler dans mon bureau.
De plus, elle a peur que le confinement l'empêche d'aller voir son psy.
D'après nos échanges, et peut-être à cause de la maladie, je me dis qu'elle ne m'aime plus. Je me sens si inutile et si usé. Mais je l'aime et continuerai de l'aimer.
Eric
Vous êtes vous bien documenté sur la maladie ?
En dépression, on peut se sentir tellement nul et inutile qu'on considère que personne ne peut nous aimer et on peut se sentir incapable d'aimer qui que ce soit.
Soyez patient avec votre femme et prenez soin d'abord de vous.
Bonjour Nathalie,
Vous avez raison, je me suis très mal documenté sur la maladie, n'ayant je pense connu aucune crise comme celle-ci et je m'en veux. Je sais que la patience est nécessaire. Je garde un immense espoir pour elle, nous, moi.
Mille mercis pour votre soutien et pour vos messages si pertinents sur le forum.
Bonne continuation à vous, bon courage à tous.
Eric
Bonsoir,
Vous pouvez rassurez votre femme au sujet de ses rdv psy malgré le confinement, en effet sur le site (www.gouvernement.fr) vous trouverez l'attestation à imprimer et remplir en cochant la case correspondant à la raison de la sortie (santé) et en cas de contrôle il suffit de montrer le document et de ne pas en abuser... vous pouvez sortir pour des courses alimentaires, une promenade mais sans rassemblement... le document est simple et explicite et si vous ne pouvez pas l'imprimer téléphonez à votre mairie et ils vous en remettrons, c'est donc valable pour vous deux puisque c'est vierge, les mairies n'accueillent pas mais expliquent et sorte avec une enveloppe
contenant plusieurs feuillets, il est possible que les buralistes en donnent aussi, le site explique toutes ces choses.
pour le reste soyez patient mais sans laisser votre femme vous "dévorez", sa "crise" va passer et si vous me permettez un conseil, à l'avenir qu'elle prenne son traitement correctement, sans l'arrêter et encore moins sans avis médical. C'est une terrible décision que prennent trop de bipo quand ils se sentent bien mieux et qui découlent trop souvent sur des catastrophes: automutilations, dépression, revirements de comportements, TS...et les addictions les plus dangereuses qui (re)font surface..
Tenez bon son psy va lui venir en aide et les choses iront mieux pour vous deux, ne vous culpabilisez pas, les bipolaires le font assez comme ça n'aiderait aucun de vous, de plus se renseigner sur une maladie que l'on ne perçoit pas (traitement oblige...) est somme toute logique aujourd'hui vous savez ce qui peut se produire et vous faites au mieux pour comprendre et aider, croyez-moi c'est déjà beaucoup...
Enfin concernant son besoin "d'éloignement", (le cocon des bipo), elle peut envisager un séjour court en maison de repos (à voir avec le médecin) attention en repos pas en HP..ou une retraite dans une pièce de l'appartement rien que pour elle, comme vous dans votre bureau, le temps du confinement avant d'envisager autre chose...
Voilà j'espère que tout ceci vous sera utile à tous les deux, prenez soin de vous.
Namaste
Bonjour et merci pour votre soutien/réponse.
Mon épouse a bien revu son psy hier qui lui a remis un traitement que mon épouse va suivre et ça à l'air déjà de mentalement la soulager. Nous avons un grand appartement et avons mis règles en place pour pouvoir "cohabiter" le mieux possible pendant se confinement.
Ça ne va être facile, mais je vais tout faire pour respecter son "cocon" et intervenir le moins possible dans notre vie commune (C'est son souhait et je l'ai bien compris). de mon coté, je vais faire pour le mieux même si actuellement mes pensées sont assez sombres).
Bien à vous,
Eric
Voilà de bonnes nouvelles... j'ai quelque chose à vous "proposer" au lieu de faire pour le mieux avec des pensées sombres, pourquoi ne pas en discuter avec les bipotes de votre choix, votre femme est bipolaire mais ce forum est là aussi pour les proches et pas seulement en raison de la bipolarité, vos ennuis de santé personnels sont tout aussi importants, dépression les bipo connaissent, à deux entre vos soucis respectifs sans aide pour vous aussi ce sera encore plus difficile, mieux vous irez, mieux elle ira et réciproquement, alors n'hésitez pas et n'oubliez pas: nous sommes plus forts ensemble!
Namaste
Bonjour Paps,
Merci pour votre réponse. Que de personnes bienveillantes sur ce Forum. Beaucoup d'entre vous sont formidables.
Je vais retenir votre conseil et n'hésiterai pas dès ce Week-end a essayer de discuter avec un bipote.
Je souhaite à chacun d'entre vous, la plus agréable journée, possible.
Eric
