Jusqu'à il n'y a pas très longtemps, j'habitais la planète Terre. Enfin, je le croyais... Mais non, mais non, en fait je suis bipolaire (vla pour ma partie autodérision).
Je croyais que j'étais plus ou moins dépressive chronique. On m'a "boostée" avec un AD pendant un certain temps, et là je suis montée en phase dite "hypomaniaque", voire "maniaque". On m'a arrêté mon AD, et mise progressivement sous lamotrigine. Là, j'ai progressivement ralenti, car j'étais speed, très speed. J'avais envie de tout en même temps. Je me suis acheté une guitare électrique qui dépote et une batterie aussi. Heureusement et hélas, j'habite un endroit relativement isolé, je chantais à tue-tête en pleine nuit, et j'en passe...
Et là, je suis épuisée tout à coup, je n'ai plus goût à rien, ça sent la dépression qui revient. Demain soir, c'est réveillon, une méga-teuf, j'avais super envie d'y aller. Mais voilà, j'ai plus de jus, je tiens à peine debout... et je n'ai plus envie de faire la fête.
Bonjour Iris,
Que dois-je dire ? Bienvenue dans le Royaume du non-sens? 🤪 Non, bienvenue sur la planète des êtres humains un peu différents, tout simplement. Je suis bipolaire et cet adjectif contribue pleinement à définir mon identité. Mais je ne suis pas qu’une maladie, même si je me sens appartenir à cette grande famille de malades que nous formons, et je l’étends toujours aux autre malades psychiques. « Maman, elle plane » comme dirait mon fils de huit ans. Oui, je suis une planète, je suis souvent seule, incomprise, en orbite dans le vide intersidéral 🌒 .... mais je veux croire à une planète commune donnée en partage à tous, une planète où nous vivons avec laquelle nous pouvons conserver des liens. La différence offre un regard, une sensibilité unique sur le monde, c’est une chance, c’est une malédiction. Je parle en mon nom, bien sûr.
Pour moi, il n’a plus d’injonction sociale au bonheur auquel il faudrait se soumettre, non, je n’en ai plus envie. Si tu te sens capable de passer le 31 seule ou en tout petit comité, il n’y a pas de honte. Ça m’est arrivé d’être seule le 31 mais c’était dans un autre contexte et je me sentais bien. Ce soir, je serai seulement en famille, j’étais pourtant invitée à de grandes fêtes. Pas envie de me forcer à être joyeuse alors que c’est l’effondrement à l’intérieur. Parfois, il faut se forcer à bouger, c’est vrai. Difficile de trancher, ça dépend de chacun. Je ne sais toujours pas quoi penser des conseils, « secousses » de proches et professionnels pour me sortir de la dépression. Arrivé à un stade mélancolique, on n’entend plus, de toute façon, tellement on est parti loin.
Je termine sur les médocs. 10 ans pour un diagnostic et 10 ans de Prozac uniquement qui ont aggravé ces rechutes de « petites » dépression récurrentes, mais très espacées comparées à maintenant. Le pire c’est que j’ai bouffé des AD jusqu’en mars de cette année parce que « vous êtes dépressive et il n’y a pas de risque que vous fassiez un virage maniac. » En mars, j’ai été deux semaines au SHU à Saint-Anne. Le docteur a immédiatement arrêté l’AD qui favoriserait aussi les cycles ultra-rapides que je connais. Il a été remplacé par une classe de médicament qui agirait de la même façon : un anti-parkinsonien, le Sifrol. Ce médicament n’est pas très utilisé dans le traitement de la bipolarité et mes médecins sont embêtés pour l’utiliser... L'ami-ctal, c’est mon grand ami, Lithium aussi, vitaminé B9 à vie, prescrit à Saint-Anne, j’expliquerai son rôle insoupçonné et son caractère génétique une autre fois, ça pourrait servir à certains.
Trop bavarde, je suis. Faut me dire si ça dérange la fluidité de ma plume, euh, du clavier. Je vais lancer un projet collaboratif de livre.
Prends soin de toi, Iris. Je réponds à ton autre post sur le fil « sismo ratée » 😜 très bientôt.
Bien à toi
Nayani
J'adore les gens fluides de la plume et/ou du clavier. Je le suis aussi quand je vais "bien". Mais qu'est-ce que aller bien ?
Finalement, j'y suis allée à ce réveillon du 31. Je me suis poussée. Je suis plutôt contente de l'avoir fait. Je me suis bien amusée. C'était la grande teuf, dans les assiettes, dans les verres (j'avais l'autorisation de ma psychiatre, de exceptionnellement ne pas prendre ma lamotrigine/lamictal, ce soir là, à condition de boire modérément) et sur la piste de danse. Mais là, je n'ai plus d'énergie.
Je te rejoins sur le côté chance/malédiction de la bipolarité. Je me souviens avoir dit à ma psychiatre ; c'est terrible et merveilleux à la fois, un cadeau et un fardeau. Les clairs de lune n'ont jamais été aussi beaux que quand j'étais en phase hypomaniaque, entre autres mille et une choses merveilleuses...
Et zut, il y a une miette de pain dans mon clavier, qui fait dysfonctionner la touche espace. ça m'énerve... je vais essayer de la déloger de là. Et je reviens dans ce fil ou un autre...
