Notifications
Retirer tout

Diagnostic récent

13 Posts
6 Utilisateurs
3 Likes
641 Vu
Thelma
(@thelma)
Active Member
Inscription: Il y a 3 ans
Posts: 8
Début du sujet  

Bonsoir !

J'ai eu au mois de décembre un début de diagnostic de bipolarité - de type II à priori. J'ai eu 40 ans l'année dernière et je suis enfin en mesure de comprendre tout ce mal-être qui a alourdi mon existence. Dans mon département les options de suivi sont assez limitées, et avec la situation mondiale les groupes de psycho-éducation ne pourront sans doute pas se mettre en place cette année. J'ai des millions de questions et je me sens assez seule face à ce bouleversement.

J'espère trouver ici des personnes avec qui échanger.

Bonne année à tous !


   
Citation
themis
(@themis)
Active Member
Inscription: Il y a 3 ans
Posts: 11
 

bienvenue alors j'ai appris le diagnostique jeune personellement  je n'ose meme pas imaginé l'apprendre a 40 ans et ressacer des nombreuses années de ma vie en me demandant si c'etait moi ou la maladie...


   
RépondreCitation
Thelma
(@thelma)
Active Member
Inscription: Il y a 3 ans
Posts: 8
Début du sujet  

C'est à la fois triste d'apprendre que je ne serai jamais "normale" et réconfortant de comprendre que je ne suis pas nulle, feignante ou gênante, mais simplement malade. J'ai un peu de colère face à ma vie adulte qui a été massivement gâchée, et en même temps j'ai une sorte de fierté à être toujours là, et pas trop de travers, malgré tout. Et le traitement que j'ai commencé m'aide bien. Je suis en train de faire le tri dans tout ça, c'est pas simple !

Merci beaucoup pour l'accueil.


   
RépondreCitation
Thelma
(@thelma)
Active Member
Inscription: Il y a 3 ans
Posts: 8
Début du sujet  

Après mon inscription l'autre soir, j'ai rédigé une très rapide présentation, puis j'ai regardé comment commencer à participer aux discussions. Mais ça ne m'a pas paru possible : je ne vous connais pas, vous ne me connaissez pas.
Je me suis demandé comment je devrais faire pour aborder les choses. Je sais bien qu'en principe je devrais rester silencieuse un certain temps, et n'intervenir que progressivement, par petites touches, jusqu'à être suffisamment intégrée, avoir suffisamment participé au soutien avant d'en demander. Mais je me suis rendu compte que je n'allais pas réussir à le faire.

 

Alors comme pour recevoir, il faut donner, tout ce que j'ai à proposer pour l'instant, c'est mon parcours. A mon âge on a déjà traversé au moins la moitié de son existence, il y a beaucoup trop à dire. Je ne peux pas promettre de faire simple, ou synthétique. Je n'attends pas vraiment que quelqu'un me lise intégralement, mais je fais l'effort d'ouvrir la porte pour que cela soit possible.

Annonce

Je ne suis pas quelqu'un qui aime tourner autour du pot, ça peut être un peu brutal par moment.

Commençons, donc.

Je suis née en 1980. Mes parents gagnaient correctement leurs vies, et j'ai grandi dans un quartier de la banlieue parisienne plutôt privilégié, avec une vie de village et beaucoup d'accès à la culture. J'avais de nombreux d'amis au cours de mon enfance.

Ma mère, qui est sans doute bipolaire elle aussi, m'a fait vivre beaucoup de violence psychologique. Et puis, elle me frappait. Mon père, qui enchaîne les dépressions, était maltraité verbalement également.

Au début de l'adolescence, j'ai vécu un viol. Ça m'a détruite, et je n'en ai parlé à aucun adulte. J'ai commencé à être harcelée au collège. Je rentrais, et j'étais harcelée par ma mère à la maison. Vers 14 ans, j'ai commencé à coucher avec des garçons. Beaucoup. A enchaîner aussi des histoires d'amour, toutes passionnelles. A boire, à sécher les cours, à "fuguer". Mes résultats scolaires se maintenaient. Je continuais à pratiquer la musique, le dessin et l'écriture. A l'école, à part pour mes absences, personne n'a jamais rien dit. J'avais toujours au moins une amie à la fois - ce qui m'a maintenue en vie.

Je me suis trouvée dans les pattes de types vraiment malsains. Ils me faisaient du mal, et je me faisais du mal.

Je suis arrivée à la majorité avec la sensation que j'étais gâchée, incapable, et une source de gène pour toute personne de mon entourage. Je me suis mise à fumer du shit. J'ai passé quelques années à la fac en n'obtenant aucun diplôme, mais je travaillais en même temps et j'aimais ce que je faisais - pionne, animation, etc.

J'ai largué la fac. La même année j'ai fait un déni partiel de grossesse, que je n'ai découvert qu'à 5 mois et demi. Le couple dans lequel j'étais ne fonctionnait pas, j'ai du retourner chez ma mère - mes parents s'étant séparés dans l'intervalle. J'y ai passé trois années affreuses, entre ma mère, mon bébé qui ne dormait jamais, le boulot. J'ai fini par m'enfuir dans un état lamentable. Une psy m'a aidée à l'époque - c'était déjà la quatrième que je consultais depuis mes 14 ans. Mais elle m'a aussi joué involontairement un tour de cochon : elle m'a dit qu'à son avis, ma mère était maniaco-dépressive, mais que j'étais moi-même trop jeune pour obtenir un diagnostic - j'avais 25 ans à cette époque - et qu'avant la cinquantaine les choses n'étaient pas fixées. J'avais déjà été traitée plusieurs fois pour dépression, avec anxio et antidep, mais ça revenait toujours. Le reste du temps, j'étais une "pile électrique". J'étais lourde en vrai. Ça faisait déjà plus de dix ans que je m'étais aperçu que je ne trouvais pas ma place, que je n'étais pas normale, que j'étais ridicule.

Le ridicule, c'est le maître mot de mon existence. Rien que de le taper me fait monter les larmes. J'ai extrêmement honte, et ça ne s'en va jamais.

J'ai fini, plus ou moins sur un coup de tête, par larguer Paris. Larguer ma mère d'abord, puis quitter ma vie, mes amis, mon boulot, pour aller m'enterrer chez mon père dans un trou à la campagne. J'y suis venue avec ma fille, et encore amoureuse d'un type, qui m'avait mise enceinte et a disparu autour de 4 mois de grossesse. Me voilà donc à la campagne, sans permis, enceinte, dans une maison qui tenait de la semi-ruine, et sans mentir, je planais. Tout était merveilleux, et j'ai plané pendant les trois premiers mois. Après quoi j'ai passé le reste de ma grossesse à pleurer la nuit et à vomir le jour, et à partir de là j'ai commencé à passer énormément de temps de mon lit. Aujourd'hui, je n'en suis toujours pas complètement sortie.

Le temps passe, j'élève mes enfants, je m'oblige à enfouir ma violence au fond de moi. Je ne voulais à aucun prix leur faire ce que ma mère m'avait fait. Je finis par me retrouver quelqu'un. Il a des problèmes lui aussi - notamment, il est alcoolique, et une raison mystérieuse l'empêche de trouver du travail - honnêtement, en ce qui me concerne, je n'essaye même plus.

Nous emménageons ensemble dans un appartement dans une petite ville des environs. Mais on arrive toujours pas à sortir la tête de nos fesses. Il y a deux ans, je rentre dans un programme d'insertion, avec des perspectives de reconversion, une vraie formation dans un domaine qui me séduit, et un mois avant de recevoir la réponse pour mon entrée dans la formation, je me trouve, je le comprends aujourd'hui, en hypomanie. Impossible de la fermer. Super agressive. De l'humour pénible non-stop. La sensation d'être la reine du bal.

Et donc, ils ne m'ont pas prise dans la formation, alors que j'avais très bien réussi l'épreuve écrite. Pour raisons psy, ils me l'ont dit. Nouvelle dépression, très intense, avec des pensées suicidaires permanentes. J'ai vraiment eu très peur, mais comme ma mère a commencé à essayer de me prendre ma fille aînée dès avant sa naissance - c'est pas de la parano, je vais juste pas rentrer dans les détails parce qu'on en sortirait plus, mais un jour, si ça intéresse quelqu'un... -, je ne peux pas me permettre d'hospitalisation. C'est donc mon entourage qui m'a aidée à ne pas mourir. Je sortais juste la tête de l'eau quand nous avons eu le confinement de mars. Ma petite famille souffrait beaucoup, mon compagnon le vivait vraiment mal, mes enfants regrettaient vraiment l'école et leurs amis, et moi, comme un poisson dans l'eau, tout est normal, le monde ne devrait pas être différent de ça, vous voyez le genre... J'ai omis de dire que depuis mon arrivée à la campagne je ne sors plus. Du tout. Les rdv obligatoires, les courses une fois tous les jamais, et malgré l'année 2019 en préformation, ça n'a pas changé, je ne suis bien que chez moi. Donc, le confinement, pour moi, le paradis. Le père de mon compagnon décède, je le soutiens ferme. On arrive tant bien que mal fin septembre, j'ai réussi à nous obtenir à tous les deux adultes un suivi au cmp, et là, je découvre que mon compagnon m'a caché de nombreuses dettes, notamment de loyer. Là aussi y aurait beaucoup à dire, mais bon, on est descendu d'encore un cran, même si j'ai tout réorganisé et que les dettes se payent.

L'infirmier qui me suit suggère qu'il serait temps de rechercher un diagnostic. En moins de deux mois c'est fait : le psychiatre m'a dit, je cite "il y a quelque chose". S'en suit une hypomanie de dix jours, que le tégrétol 200 ne suffit pas à juguler tout de suite. Et le temps que l'action du médicament se fasse, je connais un niveau de tranquillité face à certaines problématiques que je ne pensais pas possible. Mon humeur continue de fluctuer, mais je suis capable maintenant - et enfin jusque là, tout ça est très récent - d'identifier une hypomanie et de prendre des précautions quand elle se présente.

 

Ma vie a été gâchée. Le temps perdu ne se retrouvera pas. Je ne pourrai jamais réaliser mon potentiel. J'ai deux enfants ados maintenant dont il va falloir surveiller la santé mentale dans les années à venir.

Et même si la pudeur ne fait pas partie de ce qui me caractérise, j'ai honte de m'imposer comme ça ici.

Je suis en phase down, au cas où ça ne serait pas évident, mais c'est peut-être hormonal, c'est le moment du cycle là. Je ne sais pas comment conclure.


   
RépondreCitation
ver00
(@ver00)
Famed Member
Inscription: Il y a 6 ans
Posts: 3016
 

Bonsoir Thelma ,

 Ton histoire est touchante, sincère . Tu n'as pas de honte à avoir, moi aussi je me suis exposée ici, plus d'une fois ...En tant que bipolaire, on a forcément des vies atypiques . Tu ne dis pas si tu prends un traitement, c'est l'essentiel pour cette maladie, trouver le bon, pas trop dosé mais suffisamment , pour être équilibrée, après tu revivras ! Tout rentrera dans l'ordre . Je te souhaite bon courage et bienvenue parmi nous ! 


   
RépondreCitation
Mosis
(@mosis)
Reputable Member
Inscription: Il y a 4 ans
Posts: 495
 

@thelma

Bienvenue. Je ne crois pas qu'il y ait de formalisme pour participer. 

C'est une histoire difficile. Tu l'avais déjà écrite avant ? 


   
RépondreCitation
Thelma
(@thelma)
Active Member
Inscription: Il y a 3 ans
Posts: 8
Début du sujet  

Bonsoir à tous les deux.

Tout d'abord, merci pour votre gentillesse. Je suis encore dans l'émotion.

@ver00 : j'ai commencé un traitement au tegretol lp, 200mg vers le début du mois de décembre. L'adaptation a été un peu compliquée, le temps de sortir de l'hypomanie et d'une curieuse phase d'hyperconcentration où je ne pouvais que m'occuper de musique - à mon corps défendant à la fin - mais sans effets secondaires notables. L'amélioration est spectaculaire sur certains aspects (par exemple je n'ai plus envie de mourir quand je me regarde dans un miroir, ce qui ne m'était jamais arrivé pendant tout mon âge adulte). J'ai encore des oscillations - un jour up, un jour down - et nous avons decidé avec le psychiatre de passer à 300mg pour voir si on arrive à améliorer encore. Ce serait un sacré coup de chance que le premier traitement testé soit celui qui me convienne, j'en suis consciente. D'autre part, je vois bien que le suivi par l'infirmier du cmp et les rares rdv psychiatres ne vont pas suffire, donc je dois m'organiser dans le courant de l'année pour trouver - et financer ! - une psychothérapie.

@Mosis 7 : par bribes oui, mais jamais en entier. Je ne sais pas ce que ça me fait encore, je suis un peu secouée même de simplement relire. Cette vie difficile, les efforts que j'ai fait pour épargner mes enfants, m'ont poussée à refouler volontairement tout ça et à m'endurcir, mais le fait de sortir les choses là, je crois que c'est nécessaire, parce que ça déborde de toute façon.

J'ai beaucoup de mal à être attentive aux autres depuis que j'ai le diagnostic, j'espère bien que ça va passer.

Merci beaucoup de m'avoir lue, et de m'avoir répondu.


   
ver00 and Mosis reacted
RépondreCitation
NooN
 NooN
(@noon)
Membre Moderator
Inscription: Il y a 4 ans
Posts: 895
 

@thelma

Salut à toi,

Je ne peux pas écrire beaucoup à cette heure de la journée mais ton post me touche, j'ai déclenché à 44 ans.

N'hésite pas à écrire ici. Tu n'est pas dans un sanctuaire ou une abbaye.

Posté par: @thelma

Je ne suis pas quelqu'un qui aime tourner autour du pot, ça peut être un peu brutal par moment.

Là, on est deux. Tu trouveras ici des personnes impliquées, franches et sans ambage. Il faut de tout pour faire un monde, donc l'inverse aussi.

Dernière chose, félicite-toi d'être encore là pour en parler. Ne te dis pas que tu as gâché ta vie. Je connais quelqu'un qui ne verra jamais ses 24 ans, pour une raison stupide. Mais vraiment stupide, j'insiste, sans accident de voiture ou maladie pour "aider".

Une nouvelle vie "s'offre" à toi, même si elle n'est pas celle que notre société hédoniste te dit d'avoir. J'ai eu le temps de me rendre compte de la chance que nous avons de vivre dans un pays... riche. Mais aussi de vivre quand même, malgré nos regrets ou remords inévitables.

Au plaisir de te lire

NooN


   
ver00 reacted
RépondreCitation
Thelma
(@thelma)
Active Member
Inscription: Il y a 3 ans
Posts: 8
Début du sujet  

@noon

 

Salut !

J'ai mis pas mal de temps à te répondre, parce que ton intervention m'a BEAUCOUP fait cogiter.

En réalité je ne pense pas que la maladie se soit déclenchée l'année dernière ou même celle d'avant, mais que ma première crise hypomaniaque date d'il y a une dizaine d'années. Ça correspond à l'époque où je suis venue m'installer à la campagne. A cette occasion, une personne de ma famille, dont j'ai longtemps été très proche, a fait remarquer que mon enthousiasme paraissait décalé, voire inquiétant. A ce moment-là, je n'était tout simplement pas en mesure de faire autre chose que de balayer cette remarque d'un revers de main, je me sentais TELLEMENT bien, active, et positive que ça me paraissait absurde que mon attitude puisse provoquer de l'inquiétude.

Pour moi, après avoir pris ces quelques jours pour me remémorer tous les évènements qui peuvent me paraitre en lien, je pense que le fait que je sois restée globalement à l'écart de la société m'a empêchée (protégée ?) du fait d'affronter la réalité. A cette époque-là, la sensation de décalage avec le reste de l'humanité rendait déjà ma vie sociale insupportable.

Rédigé un peu à la va-vite et sans relecture.

A bientôt !


   
RépondreCitation
NooN
 NooN
(@noon)
Membre Moderator
Inscription: Il y a 4 ans
Posts: 895
 

@thelma

Salut Thelma,

Tant mieux si mon poste t'a fait réagir ; que mon point de vue t'ait surpris. Si ça peut "t'aider" en plus. C'est sincère et encore gratuit.   😉

Posté par: @thelma

A cette occasion, une personne de ma famille, dont j'ai longtemps été très proche, a fait remarquer que mon enthousiasme paraissait décalé, voire inquiétant.

Si je retiens cette phrase, en effet, tu as dû être hypomaniaque à cette époque. Un ami t'en fait la remarque, autant dire que c'est plutôt raccord. Pour ma part, je ne sais pas quoi penser. Un fond dépressif depuis toujours, rien d'extrême, jusqu'à l'épisode d'il y a 2 ans, une baffe.

Hier, j'ai eu un petit problème de stabilité. Salut, dis-je à un collègue en arrivant. il me répond, t'as pas l'air d'être dans ton assiette dernièrement. La seconde plus tard je fonds en larmes... Ca craint.

Je ne sais plus quoi penser, à part que j'en ai marre de n'avoir aucun plaisir/envie depuis moult.

Thlema, qu'entends-tu par te sentir décalée ?

 


   
RépondreCitation
Thelma
(@thelma)
Active Member
Inscription: Il y a 3 ans
Posts: 8
Début du sujet  

 

@noon


Ça m'arrive aussi, dans des moments de fragilité, de fondre en larmes parce qu'on me tend la main. Le plus difficile, je crois, ça reste de ne pas abuser de la gentillesse des autres, qui sont sans doute de bonne volonté pour une simple conversation, mais certainement pas pour l'affection débordante qu'ils m'inspirent à cause de ça, une affection momentanée hélas. Je te souhaite que ton down ne s'éternise pas plus que ce que tu peux supporter.

(C'est la première fois que je participe à un forum, et je n'en maitrise pas les outils, donc si mon message a une apparence inadéquate, je te prie de ne pas m'en tenir rigueur.)

Ce que j'entends par décalée, houlà ! Ça regroupe de nombreux comportements : le fait de mettre les pieds dans le plat. De manquer de filtres - je ne perçois jamais très bien les différents niveaux d'intimité, j'ai tendance à être d'un bloc avec tout le monde. Du coup quand mes pensées deviennent un peu bizarres - disons hyper synthétiques, avec des connections qui me paraissent évidentes, bien qu'elles ne le soient évidemment pas pour les autres - et que je les partage, ça ne tombe pas toujours dans des oreilles bienveillantes, ou c'est moi qui blesse sans intention de le faire. Le nombre de situations de danger dans lesquels j'ai pu me trouver à cause de ça est trop important pour une seule personne. Et je ne fais pas que raconter des "bêtises", j'en commets aussi. Je suis très sensible à la cruauté, je n'arrive pas à fermer les yeux devant de nombreux comportements et à agir avec circonspection. Il y a aussi cette impression "mégalo" que les règles qui s'appliquent aux autres ne s'appliquent pas à moi - y compris dans le domaine de la simple physiologie, à titre d'exemple, après une période d'activité intense je suis toujours surprise d'éprouver de la fatigue. Le fait que je reste très longtemps immobile et que quelqu'un qui me connait depuis moins de deux ans tombe des nues quand je me mets à agir de façon impulsive - plus ou moins en apparence, en réalité, dans ma période d'immobilité, je passe mon temps à me convaincre de me décider à agir, puis j'agis brutalement, ça surprend toujours.
Donc, je ne sais pas me comporter. J'en dis trop. Je n'ai toujours pas vraiment bien compris comment on doit s'habiller - ça parait futile, mais pour une femme c'est vraiment un handicap. Le plus fatigant de tout ça, c'est que je finis par me rendre compte, soit en situation, mais sans aucun moyen de m'arrêter, soit face aux conséquences, que j'ai déconné. Et que ça m'incite à beaucoup de prudence, qui me fatigue énormément, me met sous pression, et que je finis toujours par faire de nouveau des bêtises - peut-être même pires d'avoir été longtemps contenues. Je prends moins de risques en restant enfermée chez moi, à ne côtoyer que ma famille très proche, même si l'écrit ne me protège pas complètement, et que je me débrouille très bien pour vivre ces situations en ligne, même si l'impact n'est jamais matériel, heureusement pour moi, et les autres.

Quand j'étais môme, aux alentours de 8-10 ans, ma mère m'a fait croire que nous étions des extra-terrestres, elle et moi, littéralement. J'y ai cru facilement en réalité. Les enfants à qui je l'ai annoncé fièrement m'ont trouvée bien bête de gober ces idioties. Mais c'est vrai en fait.

En résumé, je n'ai réussi à trouver ma place nulle part. J'ai souvent suscité la haine ou disons le désir de cruauté à mon égard chez des personnes à qui je pense n'avoir rien fait de particulier. On me remarque, et c'est bien malgré ma volonté. Des personnes s'attachent à moi, parce qu'elles ont l'impression que la relation que j'entretiens avec elles est privilégiée, alors que c'est ainsi que j'agis avec tout le monde. Et quand une relation me pèse, je la coupe, sans jamais un regard en arrière. Quand je commence à me sentir "cernée" quelque part, je me sauve. Quand j'ai une impression d'irréparable face à un groupe - ce qui m'est arrivé dans tous les groupes auxquels j'ai appartenu - je m'enfuis. Je disparais. Je brûle les ponts si on tente de me retenir.

Le tableau est un poil sombre ; pour le nuancer, ce que je peux dire, c'est qu'avec les années j'ai appris certaines choses, ou que j'utilise des trucs - en cas de doute, un jean et un t-shirt noir sont rarement déplacés. Se taire est mieux que de raconter n'importe quoi, même si ça ne peut pas être durable. S'intéresser à une personne de loin en loin limite les qui pro quo. S'autoriser un reset régulier - l'été je suis peu présente sur le net par exemple - m'aide bien à tenir certaines relations dans le temps.

 


   
RépondreCitation
Lyleith
(@lyleith)
Reputable Member
Inscription: Il y a 4 ans
Posts: 342
 

Salut,

Je passe à la va-vite mais tu as été testée pour le syndrome d'Asperger? Ça y ressemble.


   
RépondreCitation
NooN
 NooN
(@noon)
Membre Moderator
Inscription: Il y a 4 ans
Posts: 895
 

@thelma

Salut Thelma,

Ton post me parle mais tu m'excuseras de ne pas pouvoir être très causant actuellement. J'espère remonter la pente bientôt et en dire plus.

Posté par: @thelma

le fait de mettre les pieds dans le plat. De manquer de filtres - je ne perçois jamais très bien les différents niveaux d'intimité, j'ai tendance à être d'un bloc avec tout le monde.

Tout pareil pour moi. Je déteste les ronds de jambes, les zones grises, les angles morts, les non-dits. Je DOIS annoncer la couleur pour que l'autre me comprenne et que moi en retour, récupère des infos sur sa fiabilité. J'ai été commercial itinérant home-office pendant 16 ans, je ne te dis pas la purge, la souffrance. Mais faut travailler, et tout le toutim. Génération X, corvéable à merci, sans ambitions aucunes, sinon je me serais aimé pour cela.

"Tu paies toute ta vie pour ta pierre tombale" Antisocial-Trust. Tellement vrai. les amis.

Ton post me fait aussi beaucoup réfléchir, il faut que je cogite encore.

Posté par: @thelma

Quand j'ai une impression d'irréparable face à un groupe - ce qui m'est arrivé dans tous les groupes auxquels j'ai appartenu - je m'enfuis. Je disparais. Je brûle les ponts si on tente de me retenir.

On est frère et sœur de brûlage de ponts alors. A mon palmarès, que deux, si ma mémoire est bonne et ne me censure pas une autre info.

Posté par: @thelma

Et quand une relation me pèse, je la coupe, sans jamais un regard en arrière. Quand je commence à me sentir "cernée" quelque part, je me sauve.

Je diffère dans cette situation par une exception. Un ami dont l’alcoolisme m'a fait peur, ayant des problèmes de couple sérieux en parallèle. Je repense à lui. Je culpabilise d'avoir coupé la relation comme un porc quand je l'ai revu défoncé mais je ne me sentais pas capable de gérer. Où était mon humanité à ce moment ? Moi l'homme fort, pourquoi me suis-je enfuis comme une merde ? Fort de quoi d'ailleurs, d'avoir deux balloches dans le froc ? La culpabilisation ne doit plus être de mise à 45, ni la rancœur. Et pourtant...

Bien à toi

NooN

 

 

 


   
RépondreCitation
Annonce
Annonce
Annonce