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Recherche de stage tardive ou remise sur pied ?

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Gossentq
(@gossentq)
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Bonjour à tous, 

Je me présente, je m'appelle Quentin. J'ai été diagnostiqué bipolaire à l'âge de 17 ans. A la même époque, je suis rentré à Sciences Po à Paris. Mes années d'études ont été plus ou moins un enfer, étant un gros fumeur de cannabis dès mes 19 ans. J'ai connu plusieurs épisodes pas sympas, dont trois décompensations et 5 séjours en Hôpital Psychiatrique. J'ai - avec difficulté- validé mon Master de Sciences Po en Communication en 2018. (j'ai pris 7 ans pour le faire au lieu de 5, ayant arrêté ma 2e année que je n'arrivais plus à suivre avec mes problèmes de santé et m'étant mal orienté lors d'une dépression majeure d'un an et demi en première année de master). J'étais donc déjà un peu plus âgé que la moyenne à l'époque mais rien de méchant. Sauf que voilà, ma dépression majeure en Masters m'a rendu incapable de trouver un stage dans le domaine dans lequel j'étudiais (la comm"), j'étais en journalisme. A l'obtention de mon diplôme, je me remettais de ma dépression et n'avais absolument pas la motivation d'aller faire un stage, je voulais un break avec ces années d'études qui ont pour moi étaient un enfer plein de mauvais souvenirs. 

Je suis donc parti  à faire plein de petits boulots (Commercial,agent d'accueil, service clients). Seulement, je n'avais toujours pas compris la merde qu'est le cannabis et les conséquences que ça a sur nous bipolaires. Je reconnais aujourd'hui que mon erreur était énorme puisque c'est plus encore que sur d'autres, absolument dévastateur... bref, j'ai réussi à arrêter il y a de cela 5 mois après ma dernière hospitalisation psychiatrique en janvier. Je suis stabilisé sous Lithium, j'ai d'abord eu l'accompagnant du Clopixol qui me rendait léthargique. 

J'en viens à ma sollicitation, ces deux derniers mois j'avais perçu un net progrès me redonnant un peu espoir, malgré tout je continuais à dormir 12H par jour. J'ai préféré ne pas m'en alarmer dans un premier temps, me disant que ça passerait. Mais ça ne passe pas. Aujourd'hui, j'aimerais enfin donner sens à mon diplôme en faisant un stage dans le métier qui m'intéresse. Seulement voilà, depuis que j'ai commencé à m'y intéresser et essayé de rattraper les compétences et connaissances manquées pendant mon master où je n'étais autre qu'un poisson rouge, je suis de plus en plus angoissé. Je passe littéralement mes journées à avoir des idées obsédantes compulsives contreproductives. Je ne me sens pas à la hauteur et me dis que je ne peux pas rattraper toutes ces années où je me suis fourvoyé. Je suis stressé par ma situation, ressasse le passé et mes erreurs, le temps perdu et ma situation. Au début me former pour cet emploi m'était sympathique mais ça ne l'est plus du tout, ça m'occupe du lever au coucher. Je me sens nul. J'en arrive à penser qu'il faudrait mieux que je fasse une croix sur ce master durement obtenu et que je me trouve le premier boulot venu. Qu'en pensez-vous ? Quelqu'un aurait-il eu une expérience similaire ? Des problèmes de santé pendant les études qui l'ont poussé à s'insérer plus tard? Comment l'avez-vous géré? Pour ceux qui n'ont pas connu ça, par rapport à ce que je vous dis (les idées négatives qui reviennent et les 12h de sommeil), pensez-vous que ça veut dire que je suis à nouveau en dépression ou pas nécessairement ? Help please! 

Merci pour la lecture, pardon d'avoir été si long.

 


   
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Melo
 Melo
(@malette)
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Tu es suivie par un psy? C’est plutôt à lui qu’il faut demander.

quant à la reprise tardive des études tu sais c’est pas bien grave. J’ai passé mon bac à 21 ans et ensuite j’ai fait une maîtrise de lettre. Après j’ai fais une licence de psycho à 30 ans. Tu vois tout est possible 😉


   
Elis reacted
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Gossentq
(@gossentq)
Eminent Member
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@malette, oui, j'ai un psy 😅, je ne l'ai pas vu depuis un moment avec le confinement.

Merci pour ta réponse, ça me rassure un peu.

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Melo
 Melo
(@malette)
Membre Moderator
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Faudrait ptetre prendre de ses news alors 😉


   
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Elona
(@elonawasikowska)
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Bonjour,

J'ai une question: Est-ce que tu as vraiment envie de faire ce stage? Genre c'est vraiment ce que tu veux au plus profond, tu veux vraiment faire le métier qui en découlera, pas juste faire ce stage pour terminer ce que tu as commencé et ne pas te dire que tu as fait des années d'études pour rien. Parce qu'il y a l'air d'avoir un blocage. Après ça peut être "bêtement" la peur de ne pas être à la hauteur, ou juste que tu n'es pas encore prêt car tu dois te soigner avant. 

Pour l'expérience: 
J'ai fait des études supérieures deux fois. D'abord assistante sociale à 22 ans, puis infirmière à 29 ans (la plus âgée de la promo avait 54 ans si mes souvenirs sont bons, il n'est jamais trop tard), chaque fois en trois ans. Les deux premières années, les doigts dans le nez. La troisième, quelque chose a foiré, je suis tombée en dépression, en stage ça n'allait plus du tout, bam certificat médical jusqu'à la fin de l'année. J'ai recommencé cette année sans grande conviction, surtout parce qu'il fallait finir pour pas avoir fait tout ça pour rien. Mais ça allait pas, j'en avais plus rien à foutre, j'étais devenue nulle. Pourtant j'adorais au début, vraiment je me voyais là dedans, j'ai réussi tous les cours, il ne me restait plus que les stages et le travail de fin d'études. Puis finalement je me forçais, j'allais en stage la peur au ventre et avec des idées noires (genre si je donnais un coup de volant dans un poteau, j'aurai une bonne excuse pour pas y aller), j'avais plus envie de ça et je ne voulais pas l'admettre, j'ai rechuté et j'ai arrêté les études. Cette histoire s'est produite les deux fois (sauf que pour les études d'infirmière tu peux remplacer "dépression" par "burn-out", c'est encore plus violent), ça doit pas être pour rien que ça s'est répété. Sinon j'ai terminé le lycée à 22 ans. J'avais arrêté à 17 ans (première dépression majeure et phobie scolaire), puis j'ai repris deux ans plus tard. Il n'est jamais trop tard.

Téléphone à ton psy et explique-lui la situation. Avec le confinement tu peux quand même avoir des consultations, soit par téléphone soit par vidéoconférence.


   
Elis reacted
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Mosis
(@mosis)
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Bonjour, 

Tout d'abord félicitations pour avoir terminé tes études malgré les difficultés, je pense que plus d'un auraient laissé tomber pour moins que ca. Félicitations également pour avoir dit stop au cannabis, c'est pas rien. Je m'ajoute à l'avis d'elo sur le fait de contacter ton médecin,  ça ressemble à des symptômes de l'anxiété et il faut pas rester seul avec ça. Tu n'as pas la possibilité de le contacter par téléphone ? Ou ton psychologue ? 

Pour ce qui est du stage, j'ai l'impression que le temps passe plus lentement pour nous, qu'il faut tout doucement apprendre à prendre le temps, si tu le fait pas maintenant et que ça te tient à coeur tu pourras toujours le faire à un autre moment. 

Je connais pas la gravité de ton trouble, mais parfois il faut faire passer sa santé avant le reste. Si tu sens que cette recherche te mets dans mal, pourquoi ne pas la mettre sur pause le temps d'y voir plus clair. 

Concernant le fait de travailler et de laisser de côtés le bagage de tes études, c'est très personnel. J'aurais tendance à te dire que si ça te passionne, n'abandonne surtout pas. Je pense qu'avec le temps on fini toujours par trouver un chemin possible pour vivre ses passions. Peut-être pas celui qu'on avait imaginé, mais un chemin certainement. 

 


   
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Gossentq
(@gossentq)
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@elonabloodshed, oui, je pense que tu as bien analysé mon problème. A vrai dire, même si je vois plein de bons côtés à ce travail (devoir s'intéresser aux comportements humains, effectuer des veilles stratégiques, devoir mettre à l'épreuve mon intuition), je vois pas mal de côtés qui me rebutent aussi. Genre, le fait que ça m'a l'air d'être un milieu avec des gens assez superficiels. Et que mon parcours m'a enlevé- du moins pour le moment- la crédulité et l'optimisme débordants qui habitent les autres. Enfin, le fait de travailler pour aider des marques à vendre leurs produits risquent de me gaver assez rapidement.

Tu as bien vu, je pense sincèrement m'être mal orienté lors de ma dépression où je n'avais plus envie de rien. De plus, SciencesPo était bien au-dessus de mes espérances à l'époque où je l'ai intégré et ça n'appartenait pas non plus à mon milieu social. Je l'ai donc vu comme une belle aubaine et ai voulu à tous prix finir ce master pour en être diplômé. Ça ne sert à rien de nourrir des regrets mais je pense clairement m'être trompé dans mon orientation. Maintenant, honnêtement, je ne veux pas repartir à faire des études et puis de toute façon je ne saurai même pas dans quel domaine. En fait, ce dont je rêve c'est de pouvoir rebondir dans un autre domaine où mon niveau de diplôme ne sera pas vain et faire une sorte de courte formation s'il le faut ou un concours. J'ai pensé aux concours administratifs. Mais je crois que j'y pense plus par sécurité, pour me protéger de ce que me réserve demain, plus que par réelle ambition. Or, comme j'ai l'impression de n'être pas encore vraiment bien, il me faudrait quelque chose qui m'anime. Mais c'est un peu compliqué quand même dans le quotidien très peu de choses nous animent. J'ai beau tourné le problème dans tous les sens, je ne vois pas d'éclaircie à l'horizon. Et pourtant, il le faudrait, parce qu'à 26 ans et ayant connu pendant des années l'indépendance, j'ai grandement envie de renouer avec et je sens le besoin d'accomplir quelque chose pour aller de l'avant. 

 


   
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Gossentq
(@gossentq)
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@mosis-7 salut !  Déjà merci pour tes félicitations ! Ça me fait plaisir. D'autant que l'un comme l'autre ont en effet été des combats assez difficiles. Toi et Elo avez raison, mais bon vu le temps que j'ai attendu, je vais attendre encore un peu. Je dois voir mon psychiatre ce mardi.

Comme je le disais, dans mon précédent message c'est ça qui est malheureux et qui a tendance à m'empêcher de voir le bon côté des choses. Bien que j'ai souffert à valider ce diplôme, je voulais en tirer l'étiquette Sciences Po à mon avantage et y suis aller coûte que coûte mais je ne me retrouve pas du tout dans les valeurs que véhiculent la communication au final. C'est un certain art de la manipulation et à terme, je ne pense pas m'épanouir dans ce domaine. En plus le boulot auquel j'ai pensé pendant un moment me met face au constat que j'ai accumulé des lacunes ces dernières années et que je ne suis pas vraiment compétent dans le domaine. Qui plus est pour toutes les raisons dont j'ai parlé, ça ne m'anime pas plus que ça et je ne suis pas motivé. J'ai l'impression de m'être totalement fourvoyé, ça ne me ressemble pas et ce n'est pas du tout ce que je voulais faire lorsque j'ai commencé ces études.

Merci pour ton aide. 

 


   
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Elona
(@elonawasikowska)
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@gossentq Je comprends le principe de rien qui anime, j'ai la même chose :/ Je m'épanouis pas dans mon boulot d'aide-soignante, mais je sais pas quoi faire d'autre. Soit c'est "mouais bof", soit j'ai 36 idées toutes plus farfelues les unes que les autres. J'ai essayé de sonner ma DRH pour lui dire que je démissionnais sur un coup de tête... à 3h du matin 😑 

Le truc c'est que ça ne sert à rien de faire des plans professionnels tant que tu n'es pas bien. On y est pas encore. Enfin je dis ça mais je redoute la reprise du boulot alors que c'est pas encore maintenant, donc c'est plus facile à dire qu'à faire. Ce qu'il faut, là maintenant, c'est te soigner. Aller voir un psychiatre sera déjà un bon début. Après quand tu seras mieux, tu seras mieux capable de réfléchir à ton avenir et décider si tu veux ce stage ou complètement autre chose, là pour le moment c'est la dépression qui mène la barque. Sachant qu'il y a des bons et des mauvais côtés dans tous les métiers, on aura jamais un boulot parfait.

 


   
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Mosis
(@mosis)
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Bonjour @gossentq

Merci pour ton retour. Je comprends ta déception, mais (corrige moi si je me trompe) il me semble que science politique est assez généraliste et que cela permet de faire plusieurs carrières différentes dans des domaines variés? 

Le fait de ne pas avoir d'idées et de motivation pour les choses qui te plaisent ou de ne pas savoir ce qui te plait, est ce que ça pourrait être une phase de la maladie ? Est ce que dans un mois ou deux ça va pas se débloquer ? Personnellement, je vois ma confiance en moi varier au rythme de mon humeur.

Quand tu parles de lacune est ce que c'est pas car tu n'a pas trop le moral ? Tu as fait une école brillante donc tu as très probablement les capacités pour t intégrer dans ton domaine ou rebondir ailleurs. 

Tu as peut-être aussi des soutiens dans ta famille avec qui tu pourrais en discuter, même si ce n'est pas leur milieu. 

Ton message m'évoque aussi un autre point: parfois quand on a le moral trop bas, on commence à se saborder, à penser que ce qu'on a gagnée par la force de notre travail et notre acharnement, on ne le mérite plus/pas. Que le bonheur ou les belles carrières ce n'est pas pour nous. Si par hasard, tu avais une idée proche dans la tête, je t'en courage à en discuter avec ton médecin ou ton psychologue. À priori c'est très répandu comme idée (un genre de syndrome de l'imposteur), mais avec les variations d'estime de soi que peut povoquer le trouble bipolaire, il est possible qu'on y soit plus sensibles qu'une personne lambda. 


   
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Elona
(@elonawasikowska)
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Posté par: @mosis-7

 

Ton message m'évoque aussi un autre point: parfois quand on a le moral trop bas, on commence à se saborder, à penser que ce qu'on a gagnée par la force de notre travail et notre acharnement, on ne le mérite plus/pas. Que le bonheur ou les belles carrières ce n'est pas pour nous. Si par hasard, tu avais une idée proche dans la tête, je t'en courage à en discuter avec ton médecin ou ton psychologue. À priori c'est très répandu comme idée (un genre de syndrome de l'imposteur), mais avec les variations d'estime de soi que peut povoquer le trouble bipolaire, il est possible qu'on y soit plus sensibles qu'une personne lambda. 

Même pas que quand on a le moral bas, il suffit d'une très piètre estime de soi. Aux "t'as l'art de t'auto-saboter", je répondais "mais non enfin, je fais tout pour réussir car je veux réussir" et je le pensais réellement. Cerveau à la con.


   
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Mosis
(@mosis)
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@elonabloodshed

Oui, c'est vrai. Voir ça par exemple : https://m.youtube.com/watch?v=ni-Gqp9-Has  

 


   
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Gossentq
(@gossentq)
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@mosis-7,

Oui, en effet Sciences Po propose un enseignement pluridisciplinaire, un peu touche à tout, j'ai donc un niveau bachelor en Histoire, Eco, Sciences Po. Après mon niveau Master ne correspond qu'à de la Comm".

Je t'avoue que je pense aussi que mon état psychique est lié à la vision que j'ai sur moi. Mais ça m'inquiète parce que je suis dans une situation dont j'ai vraiment envie de me sortir. Je suis de retour chez ma mère et j'ai vraiment envie de reprendre mon indépendance au plus vite. Et c'est un peu le serpent qui se mord la queue comme je suis de retour chez ma mère, sans emploi, appart ou copine, ça joue sur mon moral, je me vois un peu comme un raté. Et tant que ça n'ira pas mieux, j'ai comme l'impression que je ne vais pas réussir à rebondir. En plus, je suis entouré d'amis qui n'ont pas fait d'études aussi longues et eux ont tous une situation (appart, travail, copine) à peu de choses près. Et, s'ils sont très bienveillants, ils ne me donnent pas non plus l'impression de me comprendre. Genre en mode léthargique sous clopixol il y a 2 mois, je dormais 15h par jour et ils me disaient d'aller chercher un boulot, qui plus est n'ayant rien à voir avec mes études. Mon meilleur ami a décelé quelque chose de très vrai "il faut toujours que t'aies un problème", j'avoue me souvenir que même avant que la maladie ne se déclare il y avait un fond de vérité mais aujourd'hui c'est archi vrai. 

Pour ce qui est du fait d'avoir été un peu "passager clandestin" de mon master, je ne pense pas. Puisque je passais mes épreuves seul et ai réussi à les valider. Mais en fait, là où je pense avoir développé des lacunes et là j'ai peur que ce ne soit pas qu'une illusion, c'est que déjà j'étais pas du tout au maximum de ce que je pouvais faire à l'époque mais en plus avec les décompensations et dépressions qui ont suivi, je me souviens réellement de très peu de choses. Ce n'est pas un souci plus que ça puisque je m'oriente vers d'autres voies mais ça ne joue pas non plus dans le sens d'une hausse de confiance. 

Je t'avoue que la seule personne qui me comprenne et qui connaisse vraiment ma pathologie c'est ma mère. Mais étant chez elle, j'évite de trop la solliciter, parce que c'est déjà souvent plus fort que moi. En plus, son analyse et ses conseils m'énervent le plus souvent, je me renfrogne et reste silencieux. Puis n'étant ni psy ni bipolaire, j'ai la sensation qu'elle ne me comprend pas vraiment. Exemple, j'ai été sous clopixol en février à la sortie de l'HP et donc j'étais un légume, depuis qu'on me l'a enlevé, mon flux cognitif a repris, et bien que ce soit souvent pour broyer du noir, ça marque une certaine différence. A certains moments maintenant, je participe aux conversations ou peux même rire. Et ma mère s'est accroché à ça à fond parce que ça la rassure. Si bien qu'aujourd'hui lorsque je fais état des choses (sommeil de 12h dont j'ai besoin, problèmes qui tournent en boucle, estime de moi très basse) et que je lui dis être peut-être en dépression, elle me convainc bientôt du contraire. Ce qui est contreproductif, puisqu'elle m'a presque convaincu et que du coup je me dis que je suis condamné à une vie comme ça. Limite, ça me rassurerais d'être dans une mini-dépression, qu'on puisse m'aider parce que là ça va pas. Mais, ce dont j'ai peur une fois encore, c'est que nous connaissons la frilosité des psy à donner des anti-dépresseurs aux bipolaires, du moins, moi, je l'ai expérimentée.

 


   
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Gossentq
(@gossentq)
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@mosis-7,

Oui j'ai vraiment de plus en plus cette sensation de n'être pas fait pour une grande carrière, c'est vrai. 

 


   
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Elona
(@elonawasikowska)
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@gossentq

Pour les antidépresseurs ça dépend des psys. J'en ai toujours eu, même après le diagnostic de bipolarité. Parce que ça fait traitement de font pour l'anxiété (qui est très handicapante chez moi) et mon trouble est à prédominance dépressive. Après c'est pas facile de trouver un équilibre avec ça, je vais très vite des virages hypomaniaques, et sans SSRI l'anxiété a décuplé. On cherche toujours.

Ma dernière psychologue en date (que j'ai plus vue depuis genre 8 mois, faudrait que je reprenne contact avec elle) disait: "Un psy, c'est comme une faire de chaussures: Il faut en essayer plusieurs avant de trouver celle qui nous convient le mieux". Rien ne t'empêche de demander plusieurs avis psy.

J'ai l'impression que tu te focalises sur un éventuel diagnostic. Peu importe le nom que ça a, "mini-dépression" ou "grosse déprime" ou "envie de frites", il y a quelque chose qui ne va pas. Ta maman veut sans doute se rassurer elle-même en se disant que tout va bien, mais ça ne va pas, tu ne vas pas bien. A partir du moment ou quelqu'un dit "je ne me sens pas bien", c'est qu'il y a quelque chose, personne ne peut le ressentir à ta place. Comme ça m'énervait ces collègues qui, quand un patient disait qu'il a mal, leur répondaient "mais non vous n'avez pas mal". De quel droit quelqu'un peut dire à ta place si tu vas bien ou pas?

Sinon je te dirai bien de ne pas te comparer aux autres, car chacun a son parcours unique, c'est pas une course. La vie parfaite avec travail, appart/maison, copine, enfants et gros chien blanc, c'est un cliché. Un cliché que tout le monde pense vouloir atteindre car la société nous le met en tête. Les gens qui ont ça ne sont pas forcément heureux pour autant. Mais je le fais quand même un peu trop souvent aussi donc je suis mal placée pour te dire ça. En réalité je suis spécialiste en conseils que je suis incapable d'appliquer moi-même 😀

 


   
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Mosis
(@mosis)
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@elonabloodshed

J'aime beaucoup ta réponse, je la trouve très juste sur tout les points soulevés. Si un patient peut être dans le déni, c'est encore plus dur pour un membre de la famille de sortir du déni. C'est très difficile d'admettre que les autres vont mal et qu'on n'y peut rien directement. C'est admettre qu'on est impuissant face aux circonstances de la vie. On préfère penser que c'est pas si grave et que ça va aller. Je déteste aussi être nié dans ma souffrance ou dans mon ressenti. 

Après, la mère de @Gossentq a aussi raison d'être optimiste, il y a des raisons objectives de croire que ça va aller mieux dans le futur, même si c'est une phase difficile en ce moment. 

Concernant l'idee de la vie normale/parfaite, je pense que c'est difficile de s'en débarasser car il est omniprésent dans notre éducation, nos objectifs, nos loisirs, notre culture. Redefinir un objectif de vie peut demander de remettre en questions énormément de choses dont on est convaincu ainsi que l'ensemble de notre entourage. Ça prend du temps, ça se fait petit à petit, un peu comme le faite d'apprendre une nouvelle langue, de grandir, d'apprivoiser un trouble psychiatrique ou de vaincre une addiction. Le changement se fait sur le long-terme.

Faire le choix de changer son plan de vie, pour moi personnellement, c'est un peu dire au revoir à la vie d'avant la maladie. 

 


   
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Gossentq
(@gossentq)
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@elonabloodshed,

Oui, c'est ce qui m'embête ce risque de virer à l'hypomanie a toujours fait peur à mes psychiatres précédents concernant les antidépresseurs. Bon, je suis à quelques jours de savoir ce qu'il va en être avec celui-la. 

C'est vrai, tu as raison, peu importe d'ailleurs que je sois en dépression ou pas. Le constat est là, ça ne va pas. Je boucle et dors trop. Mais d'ailleurs, depuis que j'ai laissé de côté l'idée de préparer mon stage de communicant, je me sens plus tranquille. Je t'avoue que c'est compliqué de ne pas être agacé par quelqu'un qui te dit "blanc" lorsque tu sens au plus profond de toi que c'est "noir".

Pour ce que tu dis à la fin de ton message, je ne te cache pas que , que ce soit mes critères d'une vie réussite imposés par notre société ou non, c'est ce dont j'ai envie en fait. Tu as raison de dire que ça n'assure pas le bonheur mais c'est quand même ce que je veux. Dans l'immédiat ou à moyen terme je veux à tout prix un travail et un appartement, j'ai besoin d'indépendance pour ma tranquillité, ma liberté mais aussi l'image que ça me donne de moi-même. Pour ce qui est d'avoir une copine, je t'avoue que je conçois plus aisément ma vie à 2 même si ça n'urge pas autant que le travail. Les enfants, enfin, c'est paradoxal c'est sûrement ce que je veux le plus et en même temps quand je ne vais pas bien, comme trop souvent et comme en ce moment, je finis par me poser la question de si j'ai envie de risquer de leur refiler cette maladie de merde. Mis à part ça, je rêverais d'en avoir. Je pense qu'en réalité ce sont des aspirations tout ce qu'il y a de plus simples et que si beaucoup de gens reproduisent ce modèle c'est que ce sont quand même de sacrés piliers dans une vie. 

 

 


   
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Mosis
(@mosis)
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@gossentq

Je comprends que tes études sont polyvalentes mais que tu es spécialiste en comm. Au niveau de la comm, je sais que si tu penses associatif, il y a aussi des domaines "bienveillants" comme la protection de la nature, la sensibilisation à des thématiques de santé publique/éducation ou encore la prévention dans le domaine de la violence ou des addictions. Ça peut être des pistes en attendant de faire ton choix sur ton avenir. 
 
Je suis content que tu puisses compter sur le soutien de ta mère, la mienne m'a beaucoup aidée. Je pense que le fait qu'elle se rende pas bien compte de tes difficultés, si tu considères que c'est dommage, tu peux en discuter avec elle, ou avoir un rendez vous à trois avec ton psychiatre pour parler des difficultés specifiques à la maladie (psychoeducation), ou encore lui demander de contacter l'unafam pour pouvoir discuter avec d'autre proches de patients avec un trouble bipolaire. Ils ont aussi un PDF explicatif général pour les proches. 
 
Je comprends que tu aies envie d'independance et que quand on s'est pris en charge seul depuis un moment, que cela fasse bizarre de se retrouver chez sa mère. Je t'assure que d'avoir besoin de temps et du support de ta mère pour te soigner cela ne fait pas de toi un raté.
 
Si tes amis ne sont pas branchés sur la maladie,  c'est pas forcément tout négatif, ça te permet de discuter d'autres sujets plus légers. Après, je comprends que ça puisse donner des tentatives de conseils en décalage avec la réalité, mais qui sais peut-être que quand tu vas aller mieux leurs conseils seront plus adaptés. 
 
Je suis pas certain de l'interprétation de ton meilleur ami, d'après moi quand on accroche sur une substance, c'est souvent qu'on est mal dans sa peau. Tu avais peut-être de vrais problèmes même avant et pas uniquement "toujours un truc qui va pas". Moi, j'ai ce doute maintenant, quand est-ce que la maladie a réellement commencée ? 
 

 


   
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Gossentq
(@gossentq)
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@mosis-7,

Je m'étais mal exprimé. Ma mère est très bien informée sur le sujet de la bipolarité, c'est juste qu'elle entretient un certain déni à l'instant t. Parce qu'elle dit ne pas m'avoir vu si bien depuis le début de la maladie. Elle se rattache à ça et me dit que je ne suis pas en dépression. C'est une bonne intention. Mais c'est vrai que c'est contreproductif parce que du coup je me dis que je n'irais pas mieux que ça. Ce que je n'espère surtout pas! 

Tu as raison, même si ma pathologie s'est déclarée à 17 ans, on ne peut pas dire que c'est le début et il est fort probable qu'elle est en nous et a des effets bien avant. A ce sujet, je me demande souvent, dans quelle mesure une fois que celle-ci s'est déclarée peut-on redevenir celui qu'on était? J'imagine que ça dépend des gens. Et que de toute façon ça nous marque et nous change irréversiblement. Mais dans mon cas, c'est compliqué, parce que n'ayant pas l'impression de m'être totalement retrouvé et ayant des indicateurs le montrant, je ne sais toujours pas à quoi m'attendre et qui je suis vraiment. Ces années de forte consommation de cannabis m'ont endormi et je me réveille mais ça se fait très doucement.

Pour tes conseils de domaines bienveillants, ce sont de bons conseils et ils me correspondent pas mal. Mais je me demande vraiment si je suis fait pour la communication, n'ayant pas intégré grand chose pendant mes années de master, je ne me sens pas plus compétent que ça dans le domaine et n'ai pas d'expérience dans ce secteur. Plus ça va, plus je me dis que je vais m'orienter vers quelque chose d'autre. Comme je ne veux pas pour le moment me relancer dans des études, je songe à passer des concours administratifs. J'admets voir ça comme ma solution de facilité. Mais je n'ai plus envie de me battre et me mettre la pression. La pression qui m'a suivi pendant les études m'était insupportable. Aujourd'hui, je ne me sens pas d'une grande énergie et je n'ai pas un boulot en particulier qui me fait m'activer et puiser en moi.

 


   
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Mosis
(@mosis)
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Bonsoir @gossentq

Je pense que tu t'etais bien exprimé mais que je n'avais pas saisie cette nuance, ta mère est informée, mais vous êtes plus en désaccord sur ton état actuel: elle pense que tu vas mieux et toi tu sens que tu ne vas pas bien et que tu pourrais être en dépression. Vous avez peut-être raison tout les deux dans une certaine mesure. Toi parceque tu as ton ressenti et ta mère parce-qu'elle t'as vu tellement mal par le passé qu'en comparaison tu vas mieux. 

Sur la question de redevenir celui qu'on était avant, je me pose la même question. J'ai pas encore trouvé la réponse. Parfois, je préfère me dire que quand il n'y a pas de réponse,  c'est que la question est mal formulée ou que ce n'est pas la bonne question pour le moment. Je préférais la formuler comme ça, est-ce que je peux être heureux et épanoui malgré le passé et la maladie ? Oui, j'ai envie d'y croire. 

En réalisant ton premier message, je pense qu'il y a de l'anxiété sous-jacente à tes doutes et à ton mal être en ce moment et que ton rdv avec le psychiatre va peut-être te donner des pistes a ce sujets. 

Je trouve positif ton idée des concours administratif car c'est la sécurité de l'emploi par la suite, quelque chose qui peut avoir son importance étant donné l'instabilité que peut introduire le trouble dans la vie. 

Je comprends également que tu n'es plus envie de te mettre la pression, je pense que c'est sain, que ça aide à aller mieux. Je suis comme moi, le stress ne me rend pas du tout service dans la gestion de ma pathologie. 


   
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marlasinger
(@marlasinger)
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Posté par: @gossentq

peut-on redevenir celui qu'on était?

Je ne pense pas... Chaque instant, chaque doute, chacunes de nos actions ou de nos choix, chaque nouvelle pensée nous change d'une certaine façon. On est pas la même personne qu'il y a un an, ou même que ce matin. On est comme 100 milliards versions différentes de nous-même au fond, celle d'il y a avant la maladie, celle d'après, celle de maintenant, celle de demain... Evidemment qu'il y a des versions qu'on préfère et qui nous manquent, qui font qu'on se dit "tiens je suis tombé bien bas". La nostalgie des moments plus doux, tragique, car ces jolis moments sont si loins de nous à présent et ils nous rient à la face. Et on s'enfonce... toujours plus bas... Et on pleure... pour faire taire nos joies. 

Du charabia pour te dire au final, qu'il faut essayer de regarder le plus vers l'avant possible. Tu veux être qui demain? 

 


   
Mosis reacted
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